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littérature - Page 29

  • lecture en cours : tours et détours de la vilaine fille - Mario Vargas Llosa

    la tante julia et le petit scribouillard fait partie de mes grandes émotions littéraires. Après lecture des premières pages de tours et détours de la vilaine fille, je retrouve ce même style, cette même verve, cette même joie d'écrire et de narrer l'Amérique latine. bcp de bonheur en perspective...pour une rentrée qui s'annonce sous les meilleurs auspices.

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  • CR50 : le gardien du feu - Anatole Le Braz

    17fb2f60ebb191ce8794ef091f0c3383.jpgLe gardien du feu est un roman très court. Il ne fait que 120 pages. Il fait partie de la sélection du 'roman des phares', recueil de 7 récits qui ont en commun d'avoir comme élément  central un phare. Celui qui nous concerne ici est le phare de la Vieille, qui se situe au large de la pointe du Raz sur le rocher de Gorlébella. Le gardien Goulven est un léonard assez rustre qui vit lorsqu'il est sur le continent avec Adelle, une sublime trégorroise dont il est amoureux fou. Un jour, il se voit adjoindre un nouveau coéquipier dénommé Louarn. Les deux hommes s'entendent à merveille et se relaient au phare tous les quinze jours. Un jour qu'il revient du phare, Goulven apprend par une commère du village qu'Adelle le trompe avec Louarn . Sa détresse est énorme. Très vite, il monte un plan..dont personne ne doit sortir vivant. Il prépare à l'intérieur du phare une pièce avec une porte en fer munie d'un verrou indestructible. L'idée est d'attirer les deux tourtereaux en même temps sur le phare. Pour Louarn, ce n'est pas dur, il vient pour la relève. Il arrive ensuite à faire venir Adelle pour la première fois lui prétextant une petite fête à faire à trois. Un truc sympa. Profitant que les deux amants préparent le mobilier dans la pièce en question, Goulven referme la lourde porte sur eux..et ne les reverra jamais. Ce n'est que 13 jours et 13 nuits plus tard, après avoir du supporter cris et cognements contre la porte, qu'il les considérera comme morts.. C'est à ce moment que Goulven décide que son tour est venu. Il se suicide en se jetant à l'eau de l'étage supérieur du phare.
    bidonnant.
    Au delà de cette histoire au suspense insoutenable, les descriptions de la pointe du Raz sont fines et très réalistes, tout comme l'est l'analyse des mentalités comme par exemple des différences entre les léonards, rustres et froids et les trégorrois, fêtards et séduisants.
    Tout ça me donne envie d'aller faire un tour du côté de cette maudite pointe du Raz que je ne connais pas.
    Par ailleurs, je me suis souvenu en lisant ce livre du film l'équiper réalisé par Philippe Lioret. J'ai trouvé qu'il y avait des similitudes. Mais suite à quelques recherches, il semblerait que Lioret ne se soit nullement inspiré du roman d'Anatole Le Braz
    lecture du 27 au 28 août,
    note : 3.5/5
    lecture à venir : tours et détours de la vilaine fille de Mari Vargas Llosa
    loïc, 0h30

  • CR49 : le nom de la rose - Umberto Eco

    c6e4c69646f4d0639c229457a7734646.jpgJ'ai mis plus d'un mois à lire ce livre. Mais il faut dire que le temps n'est pas propice à la lecture. J'aime beaucoup lire dehors. Or à cause du réchauffement climatique, on ne peut plus rester dehors tranquillement. Soit il fait chaud à un point que c'est intenable, soit ce sont des orages brusques et violents. Alors le lecteur se réfugie à l'intérieur. Mais à l'intérieur, dans le dénuement et les cris des enfants qui ont faim, tout lui rappelle que son pouvoir d'achat chute. Du coup, il n'arrive pas à se concentrer sur son bouquin. C'est encore plus vrai lorsque la télé est allumée et que les médias (qui ne lui disent que des choses vraies) lui martellent que la France  est devenu  un pays pauvre au climat équatorial.
    Alors voilà, dans ces conditions, lire est une épreuve. Si le lecteur est croyant, il peut se dire que si la fin des temps approche, le royaume des cieux lui appartient..mais moi, je ne suis même pas croyant.
    Et je me suis pourtant coltiné 600 pages de bondieuseries. ça aurait dû m'ennuyer mais ce ne fut pas le cas. En même temps que d'avoir beaucoup appris sur la vie dans les monastères au plus profond du Moyen-âge et sur les tensions au sein de l'église entre partisans du pape et partisans de l'empereur (défendant et c'est le comble les thèses sur la pauvreté de Jésus), j'ai beaucoup ri. Je ne sais pas si c'était nerveux mais j'ai beaucoup ri. Et il se trouve que le rire est l'une des donnés importantes du livre parce que dans les nombreux débats au sein de la chrétienté, celui sur le rire est d'importance : est-ce que l'on peut rire et faire de la comédie tout en étant croyant ? Jésus riait-il ? Non semble dire les évangiles. L'idée est de laisser le rire aux petites gens afin de faire en sorte que jamais ses manifestations n'apparaissent comme des oeuvres d'art. Car se moquer de l'homme, c'est se moquer de Dieu. Il est également question de la Poétique d'Aristote, un ouvrage disparu. Cet ouvrage renfermerait des propos propres à ébranler l'Église.
    Et l'enquête dans tout ça ? Et bien, voilà, dans un monastère dont la bibliothèque est la plus importante du monde chrétien, des moines meurent assassinés les uns après les autres. Deux moines, Guillaume de Baskerville et Adso , son fidèle serviteur (et narrateur) arrivent sur les lieux en enquêtent. Petit à petit, le lecteur (qui a gobé quelques cachets pour pouvoir supporter tout ce qui lui tombe sur la tête) comprend que le livre d'Aristote ainsi qu'un autre ouvrage considéré comme hérétique (et qui met le rire en valeur) sont la clé du mystère.
    Il y a quelques longueurs parfois (souvent même) mais ça vaut vraiment le coup. On en sort grandi...et personnellement plus que jamais athée.
    Passionnant (mais il faut s'accrocher !!!!)
    Loïc, 22h40
    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson

    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec
    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy

  • lecture en cours : le nom de la rose - Umberto Eco

    172802229932210c2fe4f8ca0ac3cd1b.jpgQue voilà une lecture très exigeante, qui demande une attention perpétuelle ! Plein de citations latines (et encore du vieux latin, on dirait), des discours sans fin sur des conflits à l'intérieur de l'Eglise (autorité du pape contre franciscains...), il est question d'inquisition, de pénitence, d'antéchrist,  du Malin.  Evidemment les protagonistes sont  des moines...des moines en veux-tu en voilà...qui se ressemblent tous. Un impératif s'impose : avoir son bloc-note près de soi. Par ailleurs, j'ai beaucoup de mal à me figurer les lieux, à me les représenter, ce qui est embêtant puisqu'il s'agit d'une enquête concernant des meurtres commis dans un monastère. Je me demande si je ne ferais pas mieux de regarder quelques séquences du film de Jean-Jacques Annaud afin de me faire une idée de tout ça. Il parait que le film est assez fidèle pour ce qui de la représentation de l'abbaye.
    Bon mais c'est quand même assez exaltant, et comme qui dirait , jubilatoire (je ne mets pas entre guillemets, je mets en italique, c'est pas pareil zut). J'aime lire les pavés et encore plus lorsqu'ils élèvent l'esprit. Même si c'est vrai qu'il est question dans le nom de la rose, des temps obscures que furent le Moyen-Age. ça n'empêche. Mais je dirais que la virulence de mon athéisme n'a d'égal que ma fascination pour le fait religion, pour l'art religieux etc.. Je suis très sensible aux monuments religieux, comme par exemple à cette magnifique abbaye de Cerisy, situé dans le Calvados, c'est à dire non loin d'un endroit où je vais souvent. Plus j'y pense plus je me dis qu'il est impérieux que je visite l'endroit au plus vite.
    La lecture du roman devrait prendre du temps.

    Mais ne m'abandonnez pas.Sur ce blog, pendant ce mois d'août, il sera question de poésie et de Proust aussi...ou bien peut-être pas.

    Loïc

  • CR48 : zone mortuaire - Kelt et Ricardo Montserrat

    253334057b75d5ed5ea01a4df5a157a0.jpgComment peut-on écrire un roman cohérent, un roman qui se tient,  lorsqu'on est plusieurs amateurs à le faire, fussent-ils assistés par un écrivain professionnel ? C'est la question que je me posais avant de lire ce polar et que quelque part je pose encore après. Sous l'égide de Ricardo Montserrat, l'idée fut de réunir quelques habitants d'un quartier populaire  de Lorient (Kervénanec) afin que chacun apporte à son rythme et sa manière un peu d'eau au moulin. L'initiative est intéressante d'un point de vue social.
    Mais le seul intérêt de cette histoire pour moi est qu'elle se passe dans l'agglomération lorientaise. Sinon, ce n'est in plus ni moins que le récit d'un drame familial dans un environnement social dégradé où l'alcool et la drogue sont les seules planches de salut.
    terriblement glauque et même pas atmosphérique.
    note : 2/5
    lecture du 6 au 8 juillet.
    encore une note qui casse dur. Ce fut la dernière de la série 'lecture au camping'.
    Loïc


  • CR47 : les noces barbares - Yann Queffélec

    33db147ec299029f64578e231dbe8e80.jpgQue me reste-t-il de ce roman trois semaines après sa lecture ?...quelques images : un viol dans une tente militaire sur des dunes quelque part dans les Landes, un enfant caché dans un grenier, un asile psychiatrique quelque part dans une forêt, l'enfant qui fait une fugue et qui se cache des mois durant dans une épave échouée sur une plage désertée.
    ça ressemble à un roman de débutant, un roman où l'on veut en faire voir de toutes les couleurs au lecteur, un roman où les sentiments sont très crus mais trop caricaturaux. J'ai trouvé peu crédible ce récit qui se présente comme étant somme toute assez banal. Mais Yann Quéffelec étant un compatriote breton, j'ai envie de lui donner une seconde chance. A suivre donc.

    note : 2.5/5
    lecture les 9 et 10 juillet.

    En ce merveilleux été, les comptes-rendus ne casseront pas des briques et seront plutôt méchants. pas de chances pour les livres et auteurs concernés.
    Loïc, 17h30

  • CR46 - les passagers du Roissy-Express - François Maspéro

    Il existe comme cela aux confins du monde des contrées apparemment inhabitées où l'on voit parfois surgir sur les routes des gens qui cheminent vers d'improbables destinations.

    Anaïk et François décident de faire un voyage de quelques semaines en banlieue parisienne. Elle, aura l'appareil photo, lui tiendra le carnet de route.

    Donc ils partiraient pour un mois loin de chez eux, disant adieu aux leurs, comme on part pour n'importe quel pays que l'on veut visiter. Il noterait, elle photographierait. Ce serait une balade le nez en l'air, pas une enquête : ils n'avaient nullement l'intention de tout voir, de tout comprendre et de tout expliquer. La règle de base, celle qui conditionnait toutes les autres, c'était de prendre le RER de station à station et, à chaque fois, de s'arrêter, de trouver à se loger et de se promener. Ils regarderaient les paysages, les admireraient ou les détesteraient suivant les cas, chercheraient les traces du passé, visiteraient les musées et iraient au spectacle si l'occasion s'en présentait, ils essaieraient de saisir la géographie des lieux et des gens : de voir leurs visages. Qui étaient ceux qui avaient habité là ? Comment y avaient-ils vécu, aimé travaillé, souffert ? Qui y vivait aujourd'hui ?

    f33fa13a57d393fd7e74e0860639595b.jpgVoilà donc l'idée. La règle de base ne sera finalement pas vraiment appliquée, les circonstances et les déssertes ne s'y prêtant pas tout le temps mais l'esprit reste. Aller et venir, aller à la rencontre des gens, discuter...Bien que la lecture fut longue, je me suis régalé de ce livre qui n'est ni plus ni moins qu'un compte-rendu sans prise de tête du road-movie de deux passionnés dans toutes les villes ou presque ceinturant Paris. Alors ce ne sont que bretelles d'accès, hlm immondes, rues sans âmes, cités pavillonaires et zones diverses et désolées..et quelque part, cachés dans cet enchevêtrement d'endroits désertés, des petits paradis, des restaurants sympas ou même quelques vallées verdoyantes et riantes.
    Il y a pas exemple l'hôtel de l'Imprévu à Aubervilliers :
    Ce qu'il y a de mieux, à l'hôtel de l'Imprévu, c'est encore le panonceau officiel "hôtel de tourisme", avec une étoile. "Ah, dit la patronne, je ne savais pas qu'il y aurait une dame. Franchement, je vous conseille de prendre des chambres avec wc, à 140 francs, c'est pas pour dire mais c'est plus propre." L'hôtel donne sur l'avenue Jean Jaurès  c'est à dire sur l'inévitable nationale 2 et son cortège motorisé, à peu de distance du carrefour où elle devient l'avenue Paul Vaillant Couturier de La Courneuve. Les chambres sont au premier, on y accède par un escalier moisi qui débouche sur un palier aux dénivellations incertaines et, bien entendu, c'est l'instant que choisit la minuterie pour faire le noir absolu. Enfin, voici leurs portes. La moquette est tellement pourrie qu'on a peur de s'y enfoncer comme dans un marécage. Taches et brûlures de cigarettes ; une traînée récente, particulièrement, qui va du lit au lavabo, frappe l'oeil par la prodigalité et la vigueur de ses éclaboussures : cela tient de la queue de comète et de l'éjaculation d'un mammouth. La cuvette est grise de crasse et l'on imagine mal de s'y laver les mains ou quoi que ce soit d'autre.La chambre d'Anaïk, elle, fut bleue : elle sent le fromage de pieds, vieille expression virile du service militaire. Lugubre. Sur la pointe de ses pieds à lui, François regagne son lit, s'y recroqueville et reste sans bouger, comme sur une île qu'assiégiraient les méduses, les crapauds-buffles, la marée noire et la peste bubonique, attendant que vienne l'assomer un sommeil clément peuplé du barrissement des camions en rut et de calmars géants.
    note : 4.5/5

  • CR45 - dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modiano

    e6c33be140acacb3de88011a94436038.jpgCe roman ressemble en tous points à ce que Modiano a déjà écrit. Les fans ont donc dû être comblés. Perso j'aime bien lire un PM de temps en temps. Sans plus.
    J'ai été quand même déçu par celui-là, déçu en tout cas, au regard des espoirs entrevus en lisant les critiques unanimes à son sujet. Par ailleurs, le titre laissait penser que peut-être pour une fois l'écrivain abandonnait cette sorte d'inventaire des noms de rues de Paris et des gens disparus dont il ne reste que peu de traces pour nous raconter l'atmosphère chaleureuse du café Condé, ses habitués, leurs petites habitudes... Mais en fait, si le café est bien au centre du roman, on est plus souvent à l'extérieur qu'à l'intérieur. A l'extérieur, c'est à dire dans les petites rues de Paris, des petites rues parallèles empruntées par la petite bande du Condé, des petites rues sombres et loin des grands boulevards, et qui sont l'objet d'une étude par Rolland (l'un des trois narrateurs) qui les appellent des zones neutres. Mais j'aurais aimé que ce thème des zones neutres soit plus approfondi et que par exemple, Modiano nous distille des extraits de cette étude, en italique par exemple.
    Par ailleurs, le roman est polyphonique, méthode très à la mode qui consiste à faire se succéder plusieurs narrateurs. Je n'ai rien contre mais il se trouve qu'ici, il y a quelque chose qui ne colle pas à savoir que quel que soit le narrateur, Rolland, Louki ou l'étudiant, l'approche des choses et la façon d'analyser les faits et les gens est identique. Chaque partie est interchangeable alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que chaque narrateur voient les choses différemment, ce qui aurait été naturel. Si bien qu'en fin de compte, on se demande si un seul narrateur n'aurait pas suffit.
    Enfin, je trouve le titre très mauvais. Peu inspiré en tout cas. A la limite, "le café de la jeunesse perdue" aurait été suffisant. Mais "le café Condé" encore mieux, moins ronflant, moins caricatural.
    Enfin de compte, ça fait une petite déception. Moins bon qu'accident nocturne où PM assume totalement son style. L'impression est qu'avec ce dernier roman, Modiano a voulu coller à l'air du temps sans y arriver, sans pouvoir se débarrasser de ses obsessions spatio-temporelles.
    Mais il y quand même des paragraphes grisants :

    dans cette vie qui vous apparaît comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.

    lecture du 10.07 au 11.07

    note : 3/5

    loïc, 23h22

     

  • CR44 - la honte - Annie Ernaux

     
    043c6f4282d63a8048683b66e71c8104.jpgVoilà, j'ai lu mon premier roman d'Annie Ernaux ! C'est la frangine qui va être contente, elle adore cette écrivain. D'ailleurs, elle me reproche parfois de ne pas lire ou de ne pas aimer les écrivains féminins. Ce n'est pas totalement faux (seulement un quart des livres commentés sur ce blog sont écrits par des femmes). Je reviendrai peut-être sur le pourquoi du comment je trouve qu'en matière de littérature, je préfère la plume des hommes (pour résumer, je dirais que globalement ils sont plus philosophes et font moins dans l'anecdote).
    La honte est un petit livre qui se lit en 1h30. Annie Ernaux y relate avec beaucoup de finesse la honte qu'elle éprouva toute son adolescence d'avoir comme parents des petits épiciers d'une petite bourgade normande, le sentiment de la honte prenant naissance lors d'une dispute où son père faillit tuer sa mère. A partir de cet événement, la gamine de 12ans se met à avoir honte de tout, de son éducation religieuse, du bar-épicerie des parents, du petit logement annexe où tout le monde dort dans la même chambre et où l'on défèque dans un pot de chambre, honte de ses tenues, de la mentalité très vieille France de ses parents et des clients.
    C'est très bien raconté. Annie Ernaux met en relief cette période de son enfance (années 50) avec ce qu'elle est devenue aujourd'hui, sans aucune condescendance. Je crois que beaucoup de gens, à des degrés différents,  se sont retrouvés dans ce récit. A titre perso , je m'y retrouve assez, même si évidemment, le contexte et l'époque sont différents. Je me rappelle par exemple que j'avais honte de la R6 orange de mon père et qu'au collège j'avais dit à mes camarades qu'il avait une R11 (qui était le top dans les années 80). Un jour, alors que toute la famille se rendait à la messe dans cette R6, en descendant je tombe sur un des camarades à qui j'avais menti. J'étais rouge de honte pour ce mensonge et aussi pour ce spectacle d'une famille de braves paysans en tenue du dimanche se rendant à l'office de 10h30.
    Je m'égare..mais pas vraiment.

    dans la foulée, lecture de la place du même écrivain.  Ernaux parle ici de son père..sans laisser de place au sentiment. En disant tout simplement les choses. Mais quand même, l'impression de relire la honte. L'approche est différente mais dans mes souvenirs de lecture, je ne saurai sans doute plus distinguer l'un de l'autre.
     
    lecture les 6 et 8 juillet 08
    4/5 pour l'ensemble.
    les années sont dans la bibliothèque mais la lecture n'est pas programmée.

  • CR43 - cent ans de solitude - Gabriel Garcia Marquez

    0e5247024480ed3cc5252f465f54e699.jpgCela fait des années que j'avais ce livre à portée de main, que je me promettais de le lire, mais que quelque chose me retenais, quelque chose comme la quatrième de couverture qui m'inspirait peu, quelque chose comme peu d'attirance pour les récits fantastiques ou quelque chose comme l'impression d'un pavé interminable. Et puis, en ce joli printemps 08, un matin que les rayons du soleil entraient difficilement à travers les volets fermés, je me suis éveillé en sursaut et j'ai crié "je vais le lire". Prisca s'est réveillé effrayé, m'a regardé comme on regarde un fou.
    Quelques jours plus tard, je commençais le roman.
    Après un début de lecture difficile où j'avais le sentiment de pénétrer une terre inconnue où tout me semblait hostile, je me suis peu familiarisé avec l'écriture très vivante de Garcia Marquez et puis je me suis attaché aux personnages, à cette famille Buendia et à ce village de Macondo, sorti tout droit de l'imagination de l'auteur. Macondo se crée au fin fond d'on ne sait où (mais l'on devine que nous sommes quelque part en Amérique du Sud). Et l'on suit son expansion à travers les années sous l'impulsion de la famille Buendia (José Arcadio Buendia ! José Arcadio Buendia !). Les Buendia sont parfois des explorateurs, parfois des chercheurs, parfois des guerriers (trop souvent), parfois des politiques, parfois des sentimentaux, parfois des fous..en tout cas ce sont des meneurs et souvent des colosses. Le récit de leurs aventures mélanges réalisme et fantastique mais le tout est tellement bien imbriqué que le lecteur, même très  cartésien comme je le suis, n'est surpris de rien, tant tout semble naturel. Ainsi, une des descendantes Buendia de la troisième génération, belle à en mourir, monte un jour au ciel corps et âme. Et puis on aussi cette pluie diluvienne qui dure onze mois (ou plus, je ne sais plus) et qui marque le début de la fin de la grandeur de Macondo.
    Mais Gabriel Garcia Marquez complique la vie du lecteur en utilisant que trois ou quatre prénoms pour dénommer les Buendia. Il est donc fortement conseillé de prende des notes ou alors de sortir l'arbre chronologique (que l'on trouve ici) qui personnellement ne m'a jamais quitté. Cependant sur les cent dernières pages, on ne sait plus à quel niveau de descendance on se situe mais ça n'a plus grande importance tant tout se délite à Macondo et que le peu qu'il reste de Buendia n'a plus beaucoup d'influences sur le cours des choses.
    Les dernières pages sont époustouflantes, divines même. Macondo est devenue un village fantôme et Auréliano Buendia vit une folle passion avec Amaranta Ursula (dont il apprendra ensuite qu'elle est sa tante). Ils font l'amour partout dans la maison et dans leur fureur érotique cassent tout, des rideaux aux vases. La maison est la proie des mites, des fourmis et des mauvaises herbes..et Auréliano aime Amaranta comme jamais un Buendia n'a aimé une femme. A l'extérieur Macondo se meurt. Sublimes pages jusque ce qu'Auréliano découvre la prophétie sur un manuscrit laissé par Melquiades un gitan ami du premier Buendia, José Arcadio Buendia. Cette prophétie annonce tout jusque sa découverte par Auréliano. La boucle est bouclée. Et le lecteur épaté.

    début de lecture : 22.06.08
    fin de lecture : 04.07.08

    note : 4.5/5

    lecture à venir : noces barbares, Yann Queffelèc