
Patrick Modiano vient donc d'obtenir le prix Nobel....à la surprise générale (mais chez Nobel, ce sont rarement les favoris qui l'emportent) et à la mienne parce que je ne m'y attendais, mais alors, pas du tout ! Il se trouve que hier, alors que j'étais en train de lire son dernier roman, je décide comme ça de changer mon bandeau facebook en optant pour un gros plan du visage de l'écrivain. Je trouve en effet qu'il se dégage de son regard une sérénité et cette impression qu'il saisit tout du monde et en même temps qu'il est à côté de la plaque. Donc, je mets son portrait sur ma page facebook, ce qui est purement anecdotique, convenons-en (en soi-même et surtout au regard de ce que Modiano doit penser de ce machin...déjà qu'il a mis un temps fou à faire apparaître les téléphones portables dans ses romans, qui, ont d'ailleurs du coup peut-être perdu un certain charme depuis), et un de mes contacts me lance 'tu as choisi ton prix Nobel toi !' et m'apprend ensuite qu'il fait partie des outsiders pour ce prix international aussi louche que prestigieux. Et ma surprise vient de là surtout : j'étais persuadé que c'était un auteur pas ou peu traduit et qui de toute façon ne pouvait être apprécié que par des français, et encore que par quelques-uns, c'est à dire des gens un peu paumés, spectateurs de leur existence et qui entendent des bruits bizarres, des sortes de bruits de fond qui semblent venir du fond de l'enfance, comme ces dimanches après-midi d'août lorsque le silence caniculaire est soudainement interrompu par l'aboiement d'un chien ou par une tronçonneuse.
J'ai appris la nouvelle à 13 heures pile sur France Culture. J'ai été déçu...je ne voulais pas qu'il l'obtienne car même s'il est vrai que des centaines de milliers de gens ont lu Modiano, je ne pense pas qu'on soit nombreux aujourd'hui à le considérer comme un compagnon quotidien, comme une sorte de maître à penser, à penser son passé, son enfance, comme quelqu'un qui nous donne des pistes pour remonter le temps..et donc tout ça pour dire, qu'en obtenant ce prix, c'est un peu comme si la petite communauté de modianophiles (même si le terme communauté ne semble pas très approprié car les fans de l'auteur ne se connaissent pas pour la plupart puisque justement l'un de leurs dénominateurs communs est d'être des loups solitaires) allait passer subitement au rang de multinationale.
Je tiens ce blog depuis 2007 et j'ai commenté 10 romans de Patrick Modiano, ce n'est pas beaucoup mais c'est quand même l'auteur le plus représenté (devant Philippe Djian qui, pour le coup est son total contraire). Mes comptes rendus valent ce qu'ils valent, je sais mes défauts (liés à mon manque de formation littéraire), je sais pourquoi je fais tout ça, c'est avant tout pour moi, un devoir, une exigence, une volonté de ne pas m'éloigner de la littérature. Et si je suis encore debout, littérairement parlant, je le dois beaucoup à l'auteur de...un cirque passe !
Loïc LT
. CR008 / rue des boutiques obscures
. CR017 / accident nocturne
. CR045 / dans le café de la jeunesse perdue
. CR114 / Dora Bruder
. CR160 / l'horizon
. CR209 / vestiaire de l'enfance
. CR218 / un cirque passe
. CR237 / l'herbe des nuits
. CR246 / villa triste
. CR263 / voyage de noces
Tranquillement et sans que cela soit prémédité, je prolonge ma série de lectures sur le thème de la première guerre mondiale. Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre avait ouvert le bal, suivi des croix de bois de Roland Dorgelès. Un peu pour faire pendant à ce dernier, je m’étais dis que serait ingénieux de trouver un récit autobiographique mais écrit par un soldat allemand. Orages d’acier s’est donc imposé et ce pour deux raisons : il est considéré par beaucoup comme le meilleur récit sur le sujet de la guerre de tranchées ( par André Gide par exemple) et je garde un souvenir exquis des falaises de marbre.
Je n'avais pas lu un Agatha Christie depuis au moins 25 ans. Je me souviens qu'abonné à la bibliothèque de Languidic, je m'y rendais régulièrement à vélocipède, j'empruntais 2 ou 3 Agatha que je dévorais dans les bois et les champs environnant Berloch, puis je les rendais et en reprenais d'autres. Cela a duré jusqu'à épuisement. Après, je ne me souviens plus ce que je me suis mis à lire ; il y a eut les Maurice Leblanc, les Gaston Leroux, puis les Stephen King je crois puis Zola aussi à cette période-là. C'était vraiment bien. C'était tout un monde qui s'ouvrait à moi. Paradoxalement, en ces temps collégiens, je détestais le français, j'étais même un des pires éléments de la classe. En quatrième, j'avais une prof qui m'avait pris en grippe. Je ne m'explique pas trop tout cela.
Ceci est une histoire vraie. Le type s’appelle Eddy Bellegueule, ça commence déjà mal pour lui. Il voit le jour dans le nord de la France (je ne dis pas 'décidément') et habite dans une maison en briques rouges. Son père est un ouvrier alcoolique qui mate des films pornos même pas en cachette et sa mère est une femme au foyer qui s’occupe de ses nombreux enfants. Tout le monde se connaît dans le village et l’on n’ aime pas trop la différence. Le soir dans les maisons, TF1 règne, les hommes boivent et battent souvent leur femme pendant que les ados font de la mobylette et se retrouvent dans des hangars ou des abris bus pour boire de la bière. Tout le monde peste contre les arabes et les noirs (absents du village pourtant). Eddy grandit dans cet univers populaire et crasse. Très vite il se sent différent. Au grand désespoir de ses parents, il préfère faire du théâtre que de jouer au foot. Ses manières efféminées font jaser, on se moque de lui. Tête de turc au collège, Eddy se refuse à admettre son homosexualité alors il se force avec les filles mais ça ne marche pas. Son corps qu’il haït et tente d’amadouer ne désire décidément pas le sexe opposé. L’enfance et l’adolescence d’Eddy sont un vrai chemin de croix, une lutte contre lui-même et contre les préjugés.
Je vous présente la cause de ma longue absence de ce blog : elle s'intitule le chardonneret qui avant d'être un roman est un tableau et avant d'être un tableau un oiseau (dont j'ignorais l'existence). Passons sur l'oiseau, arrêtons-nous sur le tableau. Exposé dans un musée de New-York, il représente comme son nom l'indique un chardonneret qui se tient sur un perchoir auquel il est relié par une chaîne. Il fait 33*22cm. Assez petit donc et une des raisons pour laquelle la romancière Donna tartt (dont j'avais lu il y a 20 ans le fameux maître des illusions) l'a choisi comme fil rouge de son dernier roman dont je suis venu ici vous dire ma première et dernière impression.
Ce n'est pas utile de faire des manières pour dire des choses simples : les croix de bois évoquent, à travers les souvenirs du narrateur, Jacques (le double de l'auteur), le quotidien dans les tranchées lors de la guerre 14-18. Le récit se compose de 17 chapitres indépendants qui sont chacun comme des tableaux représentant divers moments de la vie des soldats : l'arrière-front, le combat proprement dit, les relèves, l'attente dans les bourgs parmi les villageois. On fait la connaissance de Sulphart, de Gilbert, de Bouffioux (le ch'ti) et autres soldats aux caractères divers évidemment. Jacques, le narrateur, on se demande s'il n'est pas transparent tant il est peu mis à contribution, on ne lui adresse quasiment pas la parole, on dirait qu'il n'est là que pour écrire le livre. 


Plutôt que de faire un compte rendu de cette oeuvre (que j'avais lue il y a 20 ans), j'ai décidé de faire comme si je devais la résumer à mes filles.
présentation de l’éditeur : Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »… Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c’était à refaire ? À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration… « Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir » dit un proverbe qu’illustre ce roman d’une puissance et d’une habileté hors du commun, où la petite histoire d’un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle.