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littérature - Page 6

  • CR235 : l'établi - Robert Linhart

    compte rendu de lecture,littérature,littérature française,livre,culture,robert linhartAh ba, je croyais avoir fait le compte rendu de l'établi mais non en fait. Comme le match de foot est chiant et que je suis seul et bien pourquoi ne pas m'y mettre, ça fait quand même déjà trois semaines que je l'ai lu. J'ai découvert Robert Linhart dans l'émission Hors-Champs de Laure Adler sur France Culture. Il fut dans les années 60 l'un des principaux leaders d'un mouvement maoïste (avant de couler une bielle par la suite, ce que raconte sa fille Virginie dans le jour où mon père s'est tu) et à ce titre, avec ses camarades, décision fut prise de s'établir incognito dans les usines afin déjà de voir en vrai la réalité du monde ouvrier et puis de tenter de semer les graines de la révolte. Fin 1968, quelques mois après la Grande Révolution donc, Robert a choisi sa proie : ce sera l'usine Citroen de Clichy où l'on fabrique essentiellement des 2CV. Dans l'établi (écrit 10 ans après l'expérience et n'ayant pas pris de note, en faisant appel à se seule mémoire), Robert raconte ces quelques mois parmi les ouvriers. Il raconte comment il se fait embaucher très facilement (on ne s'embarasse pas trop avec les formalités à cette époque-là) et comment les premiers jours, il ne parvient pas à faire ce qu'on lui demande tant il est emprunté. Bon an mal an, il arrive à se stabiliser à un poste et là, au fil des semaines, tranquillement il essaie de rentrer en contact avec les ouvriers, afin de voir ce qu'ils ont dans le ventre. Il est déçu de constater un certain fatalisme chez ces derniers et puis surtout il réalise que ses belles idées révolutionnaires ne pèsent pas lourd à côté du poids du quotidien. Le système répressif très subtil mis en place par Citroen est par ailleurs implacable. Les petits chefs lèchent le cul des grands pontes et l'organisation de la production empêche toute vélléité contestataire. Robert se trouve un peu coincé et se désespère.

    Et puis arrive un jour où une nouvelle injustice s'abat sur les ouvriers : la direction décide subitement que les jours non travaillés pendant les événements du printemps 68 doivent être récupérés (je schématise) et que donc tous les salariés vont devoir finir une heure plus tard tous les soirs pendant quelques mois. Devant le manque de réactivité du syndicat (qui en prend pour son grade pendant tout le récit tant il apparaît comme étant à la botte de la direction), Robert et quelques autres meneurs décident de passer à l'attaque. Un jour où tout le monde devait finir à 18:00 au lieu des habituels 17:00, un débrayage a lieu, pas très bien suivi les premiers jours et puis, petit à petit le mouvement prend de l'ampleur. Robert est heureux, il a  ce qu'il voulait. Mais la direction réagit, fait du chantage auprès des africains en situation plus ou moins irrégulière. Certains sont même virés. Robert est fourgué dans une annexe en dehors de l'usine, il perd le contact et le mouvement se termine en queue de poisson. Par ailleurs, on a découvert que Robert était un intellectuel de gauche. Démasqué il est viré mais il s'en fout, il n'avait pas prévu rester. Et de toute façon, le jour où il quitte l'usine, celle-ci ferme définitivement ses portes.

    C'est un document remarquable, non seulement sur le combat contre les puissances obscures du capitalisme mais aussi sur le quotidien des ouvriers dans les années 60. La fraternité entre tous ces gens de nationalités différentes (beaucoup d'africains et de yougoslaves) est touchante. Robert retranscrit à merveille la petite histoire de chacun, les drames, les joies car (clin d'oeil à Franck Magloire qui a eu la gentillesse de m'envoyer un petit mail),

    les bourgeois s'imaginent toujours avoir le monopole des itinéraires personnels. Quelle farce ! Ils ont le monopole de la parole publique, c'est tout. Ils s'étalent. Les autres vivent leur histoire avec intensité, mais en silence'

    Même si depuis, beaucoup de choses ont changé et que, bon an mal an,  la condition des ouvriers s'est quand même améliorée, le rapport de force entre les dominants et les dominés est toujours là, mais on ne sait plus trop qui sont les dominants, dans quel tour de quel pays ils prennent des décisions ayant pour but d'augmenter les marges. Il faut lire l'établi, qui par ailleurs est un bijou littéraire. Bravo Robert. Ce monde de fous a besoin de visionnaires comme toi. 

    lecture : juillet 2012, éditions de minuit, kindle, note : 4/5

    loïc LT

     

  • CR234 : les corrections - Jonathan Franzen

    51FCSW78VNL._SL500_AA300_.jpgJonathan Franzen est le "grantauteuraméricain" du moment. Télérama le dit, Arte le dit et surtout le NY Times dont il a fait la une l'affirme. Les américains sont comme ça, il leur faut tout le temps un écrivain au dessus du lot, un écrivain qui écrase tout. Mais pas n'importe quel écrivain...car Jonathan Franzen n'est pas le Marc Levy ou le Guillaume Musso US. Rien à voir. Franzen est un vrai grand auteur qui fait de la littérature, n'est-il pas. Accesoirement nous fait savoir un récent reportage d'Arte qui lui était consacré, Franzen est ornithologue et n'hésite pas à enfourcher son 4X4 pour aller étudier les piafs dans le désert de  Mojave. Par ailleurs, mr Franzen en a marre qu'on lui pose toujours les mêmes questions sur le 11 septembre 2002.

    Ensuite, il s'agit de lire du bonhomme son ouvrage le plus connu, le plus vendu etc à savoir les corrections, publiées au début de ce siècle. La lecture de ce bouquin de 700 pages s'est faite prosaïquement. Mon parti pris était de commencer par la première page et de les tourner au fur et à mesure que je les terminais. Après quelques mois de lecture uniquement sur liseuse, ça m'a fait tout bizarre d'avoir des pages à tourner. Je trouvais presque ça fatigant. Nous étions en ces temps là en vacances aux confins de Lot, nous roulions et visitions beaucoup de ces petits villages charmants nichés au coeur des vallées verdoyantes et le soir, rentrés dans notre maison mobile (parlons français), la fatigue avait raison de nous et je n'avais pas trop le courage de parcourir avec mes yeux des mots (et dont la succession composaient des phrases faisant sens). En rentrant dans le Morbihan, comme il me restait encore 15 jours de ce qu'on appelle vulgairement des congés payés (mis en place en 1936 par le Front Populaire, Articles L223-1 à L223-17 du code du travail), j'ai terminé cette lecture avant de finalement juger le roman plutôt moyen, même si je dois reconnaitre que le Franzen en question a beaucoup de talent...mais son problème, je pense est que comme moi dans cette note, trop de place est laissé à des futilités, des anecdotes et des détails qui sont autant de subterfuges qui servent à cacher l'absence d'histoire en fin de compte.

    Et l'histoire, quelle est-elle au juste ? C'est celle de la classe moyenne ! la fameuse middle class américaine sur laquelle les auteurs américains ne cessent de gloser afin, parait-il de nous montrer ce qui se cache derrière les apparences honorables et sérieuses, pour faire apparaitre la rouille sous le vernis. A travers la famille Lambert (parents en retraite et les trois enfants et petits enfants), Franzen nous apprend donc que pour ainsi dire tous les américains sont chtarbés. Plus qu'une histoire, il s'agit avant tout d'un instantané. Il y a des passages bidonnants, la plupart des protagonistes sont pathétiques, quelques situations sont cocasses mais mon à mon sens le compte n'y est pas. Des auteurs comme Philip Roth, Russel Banks ou Paul Auster décrivent largement aussi bien la société américaine sans avoir besoin de tout déballer. 

    Est-ce une raison pour ne pas lire freedom qui est déjà sur ma kindle ? pas sûr !

    lecture : juillet 2012, Points, 694 pages, note : 3/5

     

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  • coup de coeur : *l'établi* de Robert Linhart

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    Fin 1968, l'intellectuel maoïste Robert Linhardt décide de se faire embaucher dans l'usine Citroen de Choisy afin de vivre au quotidien avec les ouvriers et de tenter d'y instiller ses idées révolutionnaires. Ce livre est un document incroyable sur la condition ouvrière, vu ici sous l'angle unique la la lutte des classes. C'est un parti pris évidemment mais n'empêche que c'est un livre très fort doublé d'une oeuvre littéraire. Pendant 2 jours, je me suis senti presque communiste. 

    Un petit extrait savoureux pour mettre en bouche  (avant un hypothétique compte rendu) ? Un jour , un des grands directeurs, entouré de proches collaborateurs viennent faire une petite visite :

    "Trois heures et demi. Qu'est-ce que c'est que ça, encore ? L'atelier est envahi. Blouses blanches, blouses bleues, combinaisons de régleurs, complets-veston-cravate... Ils marchent d'un pas décidé, sur un front de cinq mètres, parlent fort, écartent de leur passage tout ce qui gêne. Pas de doute, ils sont chez eux, c'est à eux tout ça, ils sont les maîtres. Visite surprise de landlords, de propriétaires, tout ce que vous voudrez (bien sûr, légalement, c'est des salariés, comme tout le monde. Mais regardez-les : le gratin des salariés, c'est déjà le patronat, et ça vous écrase du regard au passage comme si vous étiez un insecte). Élégants, les complets, avec fines rayures, plis partout où il faut, impeccables, repassés (qu'est-ce qu'on peut se sentir clodo, tout à coup, dans sa vareuse tachée, trouée, trempée de sueur et d'huile, à trimbaler des tôles crues), juste la cravate un peu desserrée parfois, pour la chaleur, et un échantillon complet de gueules de cadres, les visages bouffis des vieux importants, les visages studieux à lunettes des jeunes ingénieurs frais émoulus de la grande école, et ceux qui essayent de se faire la tête énergique du cadre qui en veut, celui qui fume des Marlboro, s'asperge d'un after-shave exotique et sait prendre une décision en deux secondes (doit faire du voilier celui-là), et les traits serviles de celui qui trottine tout juste derrière Monsieur le Directeur le plus important du lot, l'arriviste à attaché-case, bien décidé à ne jamais quitter son supérieur de plus de cinquante centimètres, et des cheveux bien peignés, des raies régulières, des coiffures à la mode, de la brillantine au kilo, des joues rasées de près dans des salles de bain confortables, des blouses repassées, sans une tache, des bedaines de bureaucrates, des blocs-notes, des serviettes, des dossiers... Combien sont-ils ? Sept ou huit, mais ils font du bruit pour quinze, parlent fort, virevoltent dans l'atelier. Le contremaître Gravier a bondi hors de sa cage vitrée pour accueillir ("Bonjour, Monsieur le Directeur... blablabla... Oui, Monsieur le Directeur... comme l'a dit Monsieur le chef de service adjoint de... prévenu... les chiffres... ici... la liste... depuis ce matin... blablabla... Monsieur le Directeur") et Antoine le chef d'équipe court aussi se coller à la troupe, et même Danglois, le régleur du syndicat jaune, sorti d'on ne sait où, ramène sa blouse grise et son tas de graisse pour accompagner ces messieurs. Et tout ce beau monde va, vient, regarde, note, vous bouscule au passage, envoie chercher ceci, envoie chercher cela.
    Au milieu, leur chef, Monsieur le directeur de je ne sais plus quoi (mais très haut dans la hiérarchie Citroën, proche collaborateur de Bercot, s'il vous plaît), Bineau. Gros, l'air autoritaire, sanglé dans un complet trois pièces sombre, rosette à la boutonnière. Il a une tête de type qui lit le Figaro à l'arrière de sa DS noire étincelante, pendant que le chauffeur à casquette fait du slalom dans les embouteillages. Il mène la danse, Bineau. L'air pas commode avec ça : on n'aurait pas intérêt à essayer de lui raconter des histoires. Regard perçant, ton cassant, soyez précis, soyez bref, je comprends vite, mon temps c'est beaucoup d'argent, beaucoup plus que vous n'en verrez passer dans l'année. Un vrai meneur d'hommes. Mieux : un manager. L'œil fixé sur la courbe irrégulière du cash-flow.


  • CR233 : Martin Eden - Jack London

    martin eden, jack londonAu début du XXe, sur la côte est des Etats-Unis, Martin Eden, marin au long cour, costaud, bagarreur traine sa misère de ports en ports jusqu'au jour où sauvant un jeune bourgeois d'une bagarre, il fait son entrée dans une maison bien tenue où il rencontre Ruth, une jolie et frêle demoiselle dont il devient éperdument  et secrètement amoureux. A partir de là, il n'a qu'une ambition : la conquérir et pour ce, il décide de parfaire son bagage intellectuel. Partant de très bas, il passe ses journées en bibliothèque et rentré dans sa piaule, il dévore des bouquins de toutes sortes jusqu'au bout de la nuit. Très vite, il se sent la fibre littéraire...il découvre qu'il dispose d'une grande aisance pour l'écriture. Il se met à écrire des poèmes, des nouvelles, des essais en tout genre qu'il expédie à des magazines. Tout est refusé. Pendant ce temps, Ruth finit par lui déclarer son amour mais lui demande de se trouver une situation car jamais ses parents n'accepteront qu'elle se marie avec un fainéant, pauvre et bourlingueur. Mais Martin Eden, croyant en son génie refuse. Il est convaincu que ce qu'il écrie finira par rencontrer le succès. En attendant, il sombre dans la pauvreté, passe des jours sans manger et doit déposer vêtements et vélos au Mont-de-Pieté. Il est rejeté de tous, saus de Brissenden un ami lettré et alcoolique avec qui il passe ses soirées à refaire le monde. Martin Eden s'intéresse aussi à la politique. Anti-système, il n'en reste pas moins anti-socialiste. Martin est nietzchéen. 

    Et puis, petit à petit, le vent tourne. Continuant à expédier ses manuscrits à gauche et à droite, ils finissent par être acceptés et à lui rapporter beaucoup d'argent. Entre temps, Ruth ne pouvant plus accepter sa situation avait mis fin à leur relation. Martin Eden devient un écrivain célèbre que tout le monde s'arrache. Mais alors qu'au tout début de sa carrière littéraire, il n'avait que dans l'idée de devenir célèbre pour l'amour de Ruth, aujourd'hui, tout cela lui semble vain. Il est dégouté par tous ces bourgeois qui le rejetaient avant et qui l'invitent à diner désormais. Martin Eden se sent plus proche des petites gens qu'ils connaissaient jadis et qui ne l'ont jamais laissé tomber. Il les arrose de sa générosité, puis, ces bonnes oeuvres exécutées, il décide de fuire, embarque sur le paquebot la Mariposa, sans trop savoir pour qui et pour quoi. Dans sa cabine, désoeuvré, déprimé, il décide d'en finir. Par le hublot et se jette à l'eau. Il nage jusqu'au bout de ses forces et puis se laisse submerger par les flots :

    Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.

    Ce fut une lecture agréable mais que j'ai pourtant failli interrompre tant je trouvais dans les premières pages le propos un peu simpliste : un pauvre, illettré et bagarreur qui tente de séduire une jolie bourgeoise à principes. Mais plus que l'histoire d'amour (de toute façon du début à la fin, je n'ai pas supporté Ruth, incapable d'aller au bout de ses sentiments), c'est tout le côté écriture et rapport avec les maisons d'édition qui m'a tenue en haleine. Cela nous ramène à une autre époque de la littérature où les auteurs pour être connus devaient avant tout publier dans des magazines, au risque d'y vendre leur âme afin de plaire au plus grand nombre. On suit Martin Eden dans son combat contre les éditorialistes et l'on devine que c'est l'histoire de Jack London que l'on suit. 

    lecture juin/juillet 2012, kindle, note 3.5/5

  • CR232 : le bouchon de Cristal - Maurice Leblanc

    45959_9814497.jpgAlors que j'avais aux alentours de quinze ans, je me rappelle clairement que m'étant mis subitement à lire, j'avais englouti tous les Agatha Christie que contenait la bibliothèque de Languidic, quelques autres auteurs britanniques (P.D James, Patricia Highsmith...), et ensuite, je m'étais replié sur des auteurs français dont Maurice Leblanc. J'ai découvert alors   les Arsène Lupin. Je me souviens d'une jubilation intense. Par contre, je ne me souviens plus vraiment des titres que j'ai lus. Peut-être le bouchon de Cristal en faisait-il partie. En tout cas, je n'en avais pas relu  depuis cette période. 

    Encouragé par le prix (tout Lupin pour deux euros sur liseuse) et peut-être inconsciemment par l'envie de retrouver un parfum d'adolesence, je me suis porté acquéreur des oeuvres complètes de Maurice Leblanc. Et j'ai choisi ce roman par hasard.

    C'est l'histoire d'un député qui pratique le chantage grâce à la possession d'une liste de noms de personnalités ayant trempés dans un scandale financier. Un peu par hasard  (un cambriolage qui tourne mal), Lupin se trouve impliqué dans l'affaire. Un peu par hasard aussi, la liste lui tombe sur le paletot...pour lui être subtilisée aussitôt. Arsène Lupin ne comprend rien, quelqu'un se moque de lui...pendant une bonne partie du roman, il est le dindon de la farce du député Daubrecq, le maître chanteur. Courses poursuites, espionnages, cambriolages se succèdent..le temps joue contre Lupin dont un ami est sur le point de se faire guillotiner. Et puis, alors qu'on croit Lupin vaincu, il l'emporte et tout finit bien. Évidemment. A quinze ans, ça m'amusait, ça me passionnait même...aujourd'hui, je trouve que c'est juste un peu divertissant..mais surtout prévisible et répétitif.  Mais ce qu'on recherche aussi en lisant Maurice Leblanc, c'est peut-être ce charme un peu désuet de la France de la belle époque, les moustaches qui frisent, le haut-de-forme, les décapotables et les magouilles de la IIIème république. A lire, en ce qui me concerne comme lecture intermédiaire. 

    lecture : mai/juin 2012, kindle, note : 2.5/5

  • CR231 : un détour par la vie - Henri Thomas

    876351572.jpgJ’aurais tant aimé adorer cet écrivain que je suis déçu de devoir faire part de ma déception suite à la lecture de ce roman qui n’a de beau et d’original que le titre. Un détour par la vie, quand même, quoi ça promettait nan ? Gambetti, lui, évoluait dans extinction de Thomas Bernhard, ça en jette aussi, mais l’intérieur a tenu ses promesses et puis aujourd”hui, des mois après, extinction est toujours présent grâce à ce Gambetti, qui est devenu, en quelque sorte, l’agrégateur imaginaire de tous mes interlocuteurs et antagonistes.
    Il n’en sera pas de même pour Henri Blécher, qui a défaut d’être un héros est le personnage principal de un détour par la vie, ce roman dont il me faut maintenant tenter l’écriture du résumé. Blécher étudiant en droit à Strasbourg est logé chez l’un de ses professeurs, Mr Bourquet en compagnie de Picot un type avec qui il n’a pas beaucoup d’affinité. L’action se déroule à la fin des années 30. Contre toute attente, Blécher quitte la maison et ses études pour se rendre à Paris retrouver la femme qu’il aime. Bien qui soit plutôt transparent, pas mal de gens gravitent autour de lui..le professeur qu’on ne croyait plus revoir réapparaît, pour qui, pour quoi, il est attaché à Blécher. C’est bizarre souvent, les événements n’ont pas de cohérence et l’auteur disserte sur des détails dont on n’a que faire, sur des personnages de second plan, comme la copine d’un ami de Blécher qui doit rapatrier des meubles d’Italie et qui aimerait bien que la mère de Blécher accepte de les entreposer dans la ferme qu’elle possède dans l’Est, je ne sais plus trop où. En fait, ça n’a ni queue, ni tête, genre aussi quand Blécher fait sa fugue, il retrouve Gywnever, son ami dans le train, et il sort du wagon après que deux filles, inconnues de lui et de son ami y soient entrées. Blécher se rend compte, arrivé à Paris qu’il a perdu les clefs de sa chambre (celle que lui loue le professeur) dans le train, heureusement, Gywnever les a retrouvé...mais pourquoi l’auteur revient-il sans cesse sur les deux filles dont on ne sait rien et avec lesquels ni Blécher ni son ami n’ont parlé ? Tout est un peu comme ça, C’est incohérent, informe et à peine bien écrit. Une autre petite étrangeté : le petit texte de la 4ème de couverture n’est pas un extrait du livre alors qu’il en avait l’air.
    Et sinon alors, quel est ce détour par la vie ? C’est peut-être le fait que Henri Blécher décide comme ça subitement d’interrompre ses études afin de vivre pleinement à Paris, afin d’aimer et de se laisser vivre. Henri Thomas en parle dans apostrophe mais il faut payer pour écouter. Peut-être vais-je le faire.
    Bon, Gambetti m’a dit qu’il fallait persévérer avec Henri Thomas, qu’il n’y a que comme ça que l’on peut pénétrer son univers. Persévérons alors.

    lecture : 05.2012
    Gallimard, nrf, 178 pages
    année de parution : 1988
    note : 1.5/5

  • CR230 : la montagne magique - Thomas Mann

    9782253057529.jpgAu début du XXème siècle, le contribuable allemand Hans Castorp, ingénieur de 23ans, fils et orphelin de bonne famille rend visite à son cousin Joachim Ziemssen qui se soigne d’une tuberculose au sanatorium Berghof qui se situe dans les Alpes suisses sur la commune de Davos (connue aujourd’hui pour être un lieu de rencontre pour les communistes du monde entier). A la base, il ne doit y rester que 3 semaines, ce qui est déjà pas mal pour une visite de courtoisie, mais à l’aise dans cet endroit où il n’y a rien d’autre à faire que de s’allonger sur des chaises longues et de refaire le monde entre camarades de la haute société, il trouve le prétexte d’une température corporelle légèrement excédentaire (37°4...tu parles) pour prolonger le séjour avec l’assentiment du docteur Hofrat Behrens, médecin en chef du Berghof (épaulé par l’excellent docteur Krokovski qui oblige tous les “malades” (entre guillemets car les ¾ des pensionnaires du Berghof sont des malades imaginaires, Hans Castorp le premier) à venir écouter ses conférences psychanalytiques.
    Pendant ce long séjour qui dure quelques années, il ne se passe pas grand chose dans la vie de Hans Castorp si ce ne sont de longues discussions de haute tenue qu’il entretient avec différents protagonistes dont le plus marquant est l’inénarrable Ludovico Settembrini, italien de nationalité, humaniste et apôtre de la Raison et du Progrès. Par ailleurs, l’ami Hans tombe amoureux d’une Clawdia Chauchat (l’histoire d’amour du roman, on va dire...mais très platonique quand même).
    La vie du Berghof suit son cours avec son rythme,  ses codes et ses fantaisies, des pensionnaires partent, d’autres arrivent, il arrive même que certains décèdent..Joachim, militaire de profession  décide de partir, contre l’avis du Berhens...Hans Castorp, reste, fidèle parmi les fidèles, trainant toujours cette température de 37.4, voire au-dessus, waouh ! il ne conçoit plus de retourner en plaine
    “il vivrait là-bas dans le monde du pays plat, au milieu d’hommes qui n’avaient aucune idée de la manière dont il fallait vivre, qui ne savaient rien du thermomètre, de l’art de s’empaqueter, du sac de fourrure, des trois promenades quotidiennes, de...il était difficile de dire, il était difficile d’énumérer tout ce dont ils ne savaient rien en bas.”
    ...c’est vrai que je n’ai pas parlé du cérémonial de la couverture...ou comment, allongé sur sa chaise longue  s’empaqueter intégralement en utilisant qu’une seule main.
    Ce faisant, 1914 étant, l’Europe est en proie à quelque agitation. Si ce n’est Settembrini, nos hypocondriaques réunis ne semblent pas s’en inquiéter. Mais finalement Hans Castorp, que sept années de discussions et de méditations auront grandi, se sent enfin concerné par l'état du monde,  s’en va et lui pour qui les dernières années ne furent que rêveries et repos finit sur un champ de bataille et l’auteur de laisser au lecteur  le choix de son destin.

    Et moi, de vous dire que j’ai adoré ce livre mi-roman mi-essai, qui aborde en 800 pageset sans prise de tête à peu près tous les grands thèmes de notre époque (4ème de couv) non sans une certaine dose d’humour et de dérision.
    La montagne magique porte bien son nom.

    lecture : du 18.04.2012 au 15.05.2012
    kindle, 818 pages
    année de parution : 1924
    traduction : Maurice Betz
    note : 4.5/5

  • un détour par la vie (histoire d'un achat)

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    Ce titre m’a tout de suite interpellé. Prisca aussi d’ailleurs. Elle était là près de moi et j’étais en train de surfer sur ce qu’on appelle communément l’internet. Concrètement, je fouinais dans la bibliographie d’Henri Thomas, mon nouveau chouchou ( et tu vas voir que dans quelques mois, je vais en dégainer un autre et je sais même déjà qui c’est : Henri Calet, encore un Henri, tiens).
    Un détour par la vie : je m’imagine la chose : un poète , un vrai, un solitaire, reclus, il vit en marge, loin de tous, loin du monde. Et puis l’amour frappe à sa porte mais pour le conquérir, il doit sauter dans le grand bain de la vie, juste provisoirement peut-être, il doit faire un détour par la vie. Mais je n’ai pas réussi à trouver de résumé. Il n’y a pas sur la toile l’ombre du début d’un commentaire ou du critique de ce livre. Juste à deux ou trois endroits, les trois lignes de la 4ème de couv : “J’étais poursuivi par ce qui bouge, s’envole, tourne et change tout en restant fidèle malgré soi à la vie qui passe. J’ai fait pour te trouver un détour par la vie.”
    (entre parenthèses, bizarre cet usage du soi. J’aurais écrit moi, non ? pour une fois, quand je pose des questions sur ce blog, j'aimerais bien que quelqu'on réponde, je suis énervé ce soir, je crois que chacun comprend pourquoi)
    Sans plus de détails et rien que pour le titre, donc, j’ai procédé à l’achat dudit livre publié dans la fameuse collection blanche de Gallimard. Quelques jours plus tard, un type vêtu d’une tenue bleu foncé est sorti d’une automobile de couleur jaune et a glissé l’objet dans une boite métallique verte posée sur un trépied à l’entrée de la propriété. C’est du concret ce que je raconte là, c’est la vie de tous les jours et le type en question exerce la profession de facteur au sein du groupe la poste qui est une société anonyme depuis 2010. Sur ce, j’ai fait un détour par la boite aux lettres (c’est ainsi qu’on appelle la boite métallique servant à entreposer le courrier) afin de prendre possession dudit livre qui était emballé dans une sorte d’enveloppe avec du papier bulle à l’intérieur.
    Depuis, un détour par la vie est des nôtres. En attendant d'être consommé, Il est posé sur un meuble ikea expedit. Il attend son tour. Il attend que je redescende de la montagne magique. Espérons que le détour par la vie ne soit pas la morne plaine.
    Petite anecdote concernant HT (que je tiens de Luc Autret, un type qui bosse dans un obscur service de référencement des livres), il parait que François Mitrand aimait beaucoup Henri Thomas et qu’il l’avait même convié à l’Elysée. Le poète est arrivé mal fagoté (je rappelle qu’Henri Thomas ne savait pas s’habiller) et je ne sais pas ce qui s’est passé après.

    llt


  • Henri Thomas, un certain poète #2

    Avril

    Je songe, je perds
    mon peu de raison,
    je vois le désert
    au fond des maisons,

    Le printemps revient,
    qu’est-ce que j’attends ?
    on ne cueille rien
    aux vignes du temps,

    — rien, mais sous l’azur
    dorment mes images,
    frissons de l’impur,
    noirceur des feuillages,

    — rayons hésitants,
    nuages des jours,
    que me veut le temps ?
    j’ai d’autres séjours.

    (signe de vie, Gallimard)

    J'ai eu du mal à trouver un nom pour ce petit hommage en poèmes à ce grand poète que fut Henri Thomas. Un certain poète m'est venu comme ça entre deux portes et je trouve que ça définit bien sa poésie et son existence. Mais évidemment, l'expression étant trop évidente, elle a déjà été employée par une certaine Florence Chapiro.

    J'ai reçu hier par la poste ses poésies parues chez Gallimard. Elles rassemblent les recueils travaux d'aveugle, signe de vie, le monde absent, nul désordre et sous le lien du temps. Un poème, c'est à prendre ou à laisser. Si le premier vers ne me parle pas, je n'insiste pas. Je recherche sens et musique.

    — rayons hésitants,
    nuages des jours,
    que me veut le temps ?
    j’ai d’autres séjours.


  • Henri Thomas (1912-1993), un certain poète

    henrithomas.jpg

    La dernière strophe est splendide. J'ai lu et commenté un roman de cet écrivain oublié qui a fini ces jours du côté de Carnac.

    poésie, poème, henri thomas, littérature