On retrouve dans ce livre toutes les obsessions de Modiano, comme on dit. Le narrateur, un type un peu désabusé (comme tous les narrateurs chez Modiano) et explorateur décide au lieu de partir vers une nouvelle expédition en Amérique du Sud (et sans en informer ses amis qui pensent qu'il a pris l'avion) d'aller s'enterrer dans un hôtel en périphérie de Paris afin de retrouver la trace d'un couple d'amis, Rigaud et Ingrid qui l'avait pris en stop 30 ans plus tôt pendant la guerre alors qu'il se rendait dans le midi pour rien faire en particulier. Sans jamais l'évoquer, on devine qu'Ingrid cherche à fuir la Gestapo. Le couple se déclare en voyage de noces. Quelques années plus tard alors qu'il traîne sa misère à Rome, le narrateur apprend qu'une fille qui se trouve être Ingrid vient de se suicider dans cette même ville et dans le même hôtel que lui. Le monde de Modiano est petit, les gens se retrouvent morts ou vivants un peu trop facilement...ou alors pas du tout.
Retour au présent. Le narrateur qui s'appelle Jean retrouve dans ces lieux périphériques de Paris qu'il semble apprécier l'appartement où vécurent Rigaud et Ingrid. Celui-ci est vide et n'a pas été habité depuis que Rigaud l'a quitté et le propriétaire ne voit aucun problème à le lui louer. Dans cet appart, il ne reste pas beaucoup de traces de Rigaud à part une paire de skis et une lettre administrative où il est question d'un déménagement.
On apprend sur la fin que le père d'Ingrid a été enlevé par la Gestapo mais on ne sait pas pourquoi elle est allée se suicider à Rome des années plus tard...le poids du passé peut-être...Avec Modiano, on reste toujours un peu dans le flou et c'est ce qui fait le charme de ses romans. Celui-ci est un bon cru avec peut-être une petite particularité par rapport aux autres...laquelle, je ne saurais trop dire...peut-être un narrateur plus entreprenant, plus dans le feu de l'action...
année de parution : 1990 ; lecture : août 2014, 4.5/5. kindle.
Un nouveau Modiano pour octobre : pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
Loïc LT
Commentaires
Je veux bien que tu me prêtes le dernier Reinhardt quand tu l'auras lu. J'ai lu la critique Télérama, j'ai déjà oublié de quoi cela parlait, mais je me souviens avoir eu envie de le lire. Toujours pas lu Cendrillon, mais Le moral des ménages ne m'avait pas laissée insensible. As-tu entendu parler de La petite foule de Angot sorti en avril dernier ? Je l'ai entendue à la radio, elle dit des choses toujours très intéressantes, surtout maintenant qu'elle s'ouvre au monde qui l'entoure.
Te le prêter sera difficile ! C'est un ebook ! Je l'ai commencé il c'est très bon...pas une phrase inutile.
Eric Reinhardt y raconte ses rencontres avec une lectrice dont 'Cendrillon' a changée la vie. Je ne sais pas si c'est une histoire vraie ou quoi, je n'ai lu aucun papier au sujet de ce roman.
En tout cas, on retrouve un grand ER, lyrique et poétique. Pardon si l'adjectif est galvaudé mais c'est jubilatoire !
antagonisme des univers de Reinhardt et de Modiano: l'un préfère le café de Nemours et les alentours du Palais Royal quand l'autre a une prédilection pour les zones périphériques.
Bon ben je me le ferai offrir ou j'attendrai sa parution en poche.
Tu peux quand même l'acheter non !
Moi je l'ai eu gratuitement mais bon..j'ai des relations..