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  • CR30 : Middlesex - Jeffrey Eugenides

    d7d99c51e62a9cbe8b25b70744c1693e.jpgMiddlesex de Jeffrey Eugenides pèse 322 grammes, ce qui en fait un gros livre de poche. J'aime beaucoup les pavés car ça donne vraiment le temps d'habiter les personnages, de les comprendre et de se sentir aussi lié à leur destin. Mais là, la lecture s'étant faite sur trois semaines, je dois dire que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Ce n'est pas par manque d'intérêt...mais en ce mois de mars, je me suis fait doublement exploiter au boulot, si bien que le soir, je m'endormais littéralement devant mon bol de soupe. Alors, vous comprenez qu'il était difficile de me concentrer sur des choses aussi éloignées du quotidien où j'étais enfermé dans des considérations très terre à terre.

    Pensant à tout cela, vendredi soir, je me suis promis de le finir pour la fin du weekend..ce qui j'ai réussi, et sans forcer tant le récit était limpide et l'histoire assez haletante. Ce roman se déroule sur trois générations et raconte le destin d'une famille grecque qui émigre vers les Etats-Unis au début du XXème siècle. Tout aurait été en somme très banal si les émigrants, un frère et une soeur n'avaient pas décidé de se marier sur le paquebot les emmenant vers le rêve américain. Les conséquences de cet inceste se dévoileront deux générations plus tard, un bébé (prénommé Caliope et qui est aussi la narratrice) qui se présente comme étant une fille s'avère être aussi un garçon. Ce que personne ne remarquera pendant toute son enfance. Alors que toutes ses amies voient leurs corps se transformer à l'adolescence, rien ne se passe chez Caliope. Après moulets péripéties, quelques années plus tard, Caliope devient un garçon et se fait appelé Cal.

    A travers l'histoire de Caliope, le narrateur embrasse toute l'histoire de Etats-Unis et plus précisément de Détroit, ville où la famille Stéphanides a décidé de s'implanter en 1922. Lecture très instructive sur la dévouvert de soi-même, de son corps, sur la condition du réfugié et sur le modèle américain.  note : 4/5

    un extrait : en arrivant à Détroit, Lefty se fait pistonner par un cousin pour entrer dans l'usine Ford, principal employeur de la ville. Lefty et sa femme Desdemona ( qui est aussi sa soeur) sont, dans un premier temps, logés chez les cousins, Zizmo et Lina. Un jour, des envoyés de Ford lui rendent visite :

    Deux hommes se tenaient sur la paillasson. Ils portaient des costumes gris, des cravates rayés, des chaussures noires. Ils avaient des favoris courts. Ils tenaient à la main des mallettes identiques. En enlevant leurs chapeaux, ils révélèrent des cheveux du même châtain, soigneusement séparés par une raie au milieu. Zizmo retira la main de sa veste.

    " Nous appartenons au service social de l'entreprise Ford, dit le plus grand. Mr Stephanides est-il à la maison ?

    - oui ? dit Lefty.

    - Mr Stephanides, laissez-moi vous expliquer la raison de notre présence.

    - la direction estime, enchaîna le plus petit, que cinq dollars par jour entre les mains de certains hommes peuvent constituer un handicap énorme sur les voies de la droiture et de l'honnêteté et faire d'eux une menace pour la société en général.

    - Il a donc été décidé par Mr Ford - reprit alors le plus grand - que cet argent ne peut être alloué à qui ne saurait en faire usage en toute conscience et avec retenue.

    - Egalement - de nouveau le petit - que si un homme semble avoir les qaulités requises mais qu'il en vient à faiblir, l'entreprise est en droit de le priver de sa part de bénéfices jusqu'à ce qui se soit réhabilité. Pouvons-nous entrer ?

    Une fois à l'intérieur, ils se séparèrent. Le grand sortit un bloc de sa mallette. " Je vais vous poser quelques questions, si vous voulez bien. Buvez-vous, Mr Stephanides ?

    - non." Zizmo répondit pour lui.

    " Et qui êtes-vous, si je puis me permettre ?

    - M'appelle Zizmo.

    Vous êtes en pension ici ?

    - Je suis chez moi.

    - Ce sont donc Mr et Mrs Stephanides qui sont pensionnaires ?

    - C'est ça.

    - ça ne va pas. ça ne va pas, dit le grand. Nous encourageons  nos employés à souscrire un emrpunt-logement.

    - Il y travaille", dit Zizmo.

    Entre temps, le petit était entré dans la cuisine. Il souleva les couvercles, ouvrait la porte du four, scrutait le contenu de la poubelle. Desdemona allait s'y opposer, mais Lina la retint d'un regard. (Et remarquez comment le nez de Desdemona s'est mis à bouger. Depuis deux jours, son odorat est incroyablement fin. Les aliments commencent à avoir une drôle d'odeur pour elle, la feta sent les chaussettes sales, les olives la crotte de chèvre.)

    " Vous vous baignez souvent, Mr Stephanides ? demanda le grand.

    - Tous les jours, monsieur.

    - Vous vous brossez les dents souvent ?

    - Tous les jours, monsieur.

    - Avec quoi ?

    - De la poudre."

    Maintenant le petit était en train de monter les escaliers. Il envahit la chambre de mes grands-parents et inspecta les draps. Il entra dans la salle de bains et examina le siège des toilettes.

    A partir de maintenant, utilisez ceci, dit le grand. C'est un dentifrice. Voilà une brosse à dents neuve."

    Déconcerté, mon grand-père saisit les objets. "Nous venons de Bursa, expliqua-t-il. C'est une grande ville.

    - Brossez le long des gencives. De bas en haut pour le bas et de haut en bas pour le haut. Deux minutes matin et soir. Essayez.

    - Nous sommes des gens civilisés.

    - Dois-je comprendre que vous refusez de vous conformer aux instructins d'hygiène ?

    - Ecoutez-moi, dit Zizmo. Les Grecsz ont construit le Parthénon et les Egyptiens ont construit les pyramides à une époque où les Anglo-Saxons étaient encore vêtus de peaux de bêtes." (jolie la réplique)

    Le grand regarda Zizmo et nota quelque chose sur son bloc.

    "Comme ça ?" demanda mon grand-père. Avec une grimace hideuse, il fit aller et venir la brosse dans sa bouche sèche.

    "C'est dela. Parfait."

    Le petit réapparut alors. Il ouvrit son bloc et commença : "premier point : poubelle de la cuisine dépourvue de couvercle. Deuxième point : mouche sur la table de la cuisine. Troisième point : trop d'ail dans la cuisine. Provoque l'indigestion."

    (Et maintenant Desdemona localise le coupable : les cheveux du petit. L'odeur de la brillantine lui donne la nausée.)

    "C'est très généreux à vous de venir vous intéresser à la santé de vos employés, dit Zizmo. Il ne faudrait pas que quelqu'un tombe malade, n'est-ce pas ? ça pourrait ralentir la production.

    - Je vais faire semblant de ne pas avoir entendu, dit le grand, puisque vous n'êtes pas un employé de l'entreprise Ford. Toutefois, se retournant vers mon grand-père, je dois vous dire, Mr Stephanides, que dans mon rapport, je mentionnerai vos relations sociales. Je recommanderai que vous et Mrs Stephanides vous installiez dans votre propre foyer dès que la chose sera financièrement possible.

    - Et puis-je vous demander quelle est votre profession, monsieur ? voulut savoir le petit.

    - Je suis dans le transport, dit Zizmo.

    - Très gentil à vous, messieurs, d'être passés, intervint Lina. Mais si vous voulez bien nous excuser, nous allions nous mettre à table. Nous devons aller à l'église ce soir. Et bien sûr, Lefty doit être couché à neuf heures pour se reposer. Il aime être frais et dispos au réveil.

    - C'est bien. Très bien."

    Ensemble ils mirent leurs chapeaux et s'en allèrent.

  • zone de réception (2) - derniers arrivages

    970a172a91492e249176a7a39b935efb.jpgVoici les derniers livres à entrer dans la bibliothèque. Je les ai acheté au comptant en me couvrant par des put à des prix d'exercice éloignés. Leur consommation n'étant pas prévue pour le court terme, ces produits seront stockés à part en zone peu exposée :

    - Et mon coeur transparent, Véronique Ovaldé
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - Cherokee, Jean Echenoz
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le Moral des ménages, Eric Reinhardt.

    Chaque ouvrage a passé avec succès les différents niveaux de contrôle et ont donc été jugés propres à la consommation.

  • des jours et des gens (6) - hommage à Thierry Gilardi

    J'ai hésité mais je me sens obligé de dire mon émotion suite à l'annonce de la mort de Thierry Gilardi. Le foot fait partie de mes nombreuses passions et d'aussi loin que je me souvienne, petit avec mon père, dans les années 90 avec l'Olympique de Marseille, en 1998 avec l'équipe de France, les années 00 avec mon club chouchou, le fc Lorient, mes plus grandes émotions sportives sont liées à ce sport. Alors, vous comprendrez que d'apprendre la mort de celui qui commentait les plus grands matchs de foot a son importance. Ce n'est qu'après coup que je me dis qu'il le faisait super bien. Quel enthousiasme, quel ferveur, quel professionnalisme. Je n'ai d'ailleurs jamais entendu aucune moquerie, aucune attaque contre lui. Il semblait implicitement évidemment à tous les fans de foot que Thierry Gilardi faisait du bon travail et que les soirs de match, on était content de le retrouver, lui et l'éternel Jean-Michel Larqué. Je dirais même que compte tenu de ce que je pense de tf1, il était sans doute le seul de cette chaine que je n'avais pas honte de fréquenter.

    Et puis hier soir, yahoo m'apprend sa mort..et là, je tombe des nues. Tout à coup, le commentateur devient homme..mais l'homme n'est plus. Je suis triste, triste..triste à l'idée qu'on n'entendra plus ses cris, ses emportements, cette voix rocailleuse et terriblement attachante. Cet homme aimait le foot pasionnément comme on voudrait que tout le monde l'aime.

    bye bye Thierry.

  • des jours et des blogs (3) - re le blog de Panou

    Ca fait longtemps que je voulais faire une note sur les guillemets et cette tendance qu'on a depuis quelques années à les utiliser à outrance, à l'écrit comme à l'oral, comme pour ne pas assumer l'usage de certains termes. Et bien Panou, dont j'adore la plume nous fait une jolie note à ce sujet, que je vous invite à lire : par ici

  • france culture : sélection pour la semaine 13, année 08

    5e293098b6934ee34b72ecdba848138a.jpgJ'ai résolu de lister ici les émissions de France Culture que j'ai repéré. Peut-être le ferai-je semaine par semaine, peut-être quand je veux, peut-être pas du tout. (Il y a beaucoup de résolutions que je laisse tomber). Voici donc ma petite sélection pour la semaine 13, année 08.

    - mardi 25 mars - surpris par la nuit - à la poursuite de la fée verte : un documentaire sur l'absinthe (présentation)
    - jeudi 27 mars - sur les docks - Rungis, le marché des marchés (présentation)
    - vendredi 28 mars - sur les docks - traders et boursicoteurs

    Voilà, c'est tout. Je commence petitement donc.. Le thème des nouveaux chemins de la connaissance de cette semaine ne m'inspire guère. Les invités de Veinstein me sont inconnus...et justement, une fois de plus, c'est de cette émission que pourrait venir la surprise par la grâce d'un dialogue lumineux ou la voix hésitante de l'invité. La magie se situe souvent là, au plus profond de la nuit.

  • des jours et des gens (5) - Guillaume Durand, Raphael Enthoven, Véronique Ovaldé

    5f173fe71fbca0bdfd15ad603e0c6e1a.jpgDepuis que j'ai lu le roman rien de grave, y'a rien à faire, je ne peux pas m'empêcher lorsque je vois ou entends Raphael Enthoven de penser au type un peu narcissique mais quand même très attachant dont nous parle Justine Lévy. Désormais, il aura beau animer des débats philosphiques de haute volée, je ne verrai plus en lui que le compagnon qui a largué Justine pour Carla. C'est triste quand même pour quelqu'un comme moi qui essaie de se foutre des peoples et toutes ces conneries.

    C'est en substance ce que je me disais en le voyant sur le plateau d' Esprits libres (une émission potable on va dire) vendredi soir entouré d'éminents philosophes ou essayistes. Je le regardais en me disant qu'il devait se sentir fier d'être là, qu'il avait dû se regarder une n ième fois dans la glace avant de gagner le plateau etc etc. Ceci dit, le type a beaucoup de talent et aucune de ses interventions n'est inutile. Il n'a pas de chance quand même car il n'a rien fait de mal. Il a largué une fille pour une autre..pas de chance, parce que la première allait quelques années plus tard écrire un roman sur cette rupture...et la seconde allait devenir l'épouse de Nicolas Sarkozy.

    Donc voilà. Le débat portait sur le bien et le mal, la relativité de la chose, savoir si Hitler était humain..tout ça. Autour de la table Axel Kahn ou Jacques Marseille (toujours lumineux lui)..et puis à la fin, Emir Kusturica toujours aussi débrayé et mal coiffé. Un moment de télévision agréable.

    68cd96be434549aecdff3bb058e12aca.jpgSuite à quoi, je m'apprétais à éteindre le poste lorsque ô surprise, Guillaume Durand annonce Véronique Ovaldé pour la suite. Je venais ce jour même d'acheter et mon coeur transparent. Du coup zieutage de la dame et écoutage de l'échange. sympa mais pas subliminal. Elle semble être fière de la première phrase de son roman qui est la femme de Lancelot est morte cette nuit..mais perso je trouve qu'elle rappelle un peu trop la fameuse ce matin maman est morte d'Albert Camus.

    C'est un autre Raphael qui clos l'émission. Le chanteur Raphael sort un nouvel album au titre très moche et très con : 'je sais que la terre est plate'. beurk. Ce 'plate' casse tout et annonce quelque chose de plat, de médiocre. J'ai toujours pensé que les titres avaient leur importance. . Il y a deux ou trois ans, Elodie Frégé avait sorti un album intitulé 'le jeu des sept erreurs'. J'avais trouvé ça tout simplement très con et pas attirant.

    Je reviens brièvement sur Raphael Enthoven. En plus d'être un philosophe talentueux et l'ex de Carla Bruni, en plus également d'avoir une belle gueule, il est aussi (et surtout) l'animateur des nouveaux chemins de la connaissance, une émission quotidienne de France Culture présenté de la sorte sur le site de la radio :

    Avec cinq entretiens hebdomadaires d’une demi-heure, toutes sortes d’experts, de l’autodidacte à l’universitaire, scandés et pondérés par des archives et des textes tantôt graves, tantôt désopilants, selon l’humeur, le sujet, l’époque et l’invité, les « nouveaux chemins de la Connaissance », fidèles à leur vocation pluridisciplinaire, se proposent d’aborder – pour les rendre plus digestes - les sujets les plus divers (la bêtise, la diaspora, le racisme, la pornographie, les philosophies de l’absurde, le social-libéralisme, le tango, l’esclavage, l’état de droit, l’identité, le tragique, la mélancolie, la mort…).
    Pour inviter constamment l’auditeur à penser contre lui-même, ce qui est beaucoup plus difficile que de penser par soi-même.blockquote>

    Perso, je n'en loupe pas une et en sors toujours grandi. Les sujets sont très variés et en général, il y a un thème par semaine (exemple il y a deux mois, une semaine consacrée à l'étude de l'oeuvre de Maupassant.)

    Loïc

  • Comme un légo - Alain Bashung, paroles de Gérard Manset

    J'ai changé quelques mots, rectifié quelques fautes de frappe mais j'ai toujours des doutes à certains endroits. Cette nuit, j'en ai rêvé..oui, parfois mes nuits sont pénétrées de rêves métaphysiques. J'avais une explication à tout. Mais globalement quand même, le sens est très clair. Quelqu'un, en dehors du cirque dans lequel nous vivons jette un regard désabusé sur ce monde qui ne serait qu'une vaste construction en légo..enlevé du côté ludique du jeu.

    C'est un grand terrain de nulle part
    Avec de belles poignées d'argent
    La lunette d'un microscope
    Et tous ces petits êtres qui courent
    Car chacun vaque à son destin
    Petits ou grands,
    Comme durant les siècles égyptiens
    Péniblement
    A porter mille fois son poids sur lui
    Sous la chaleur et dans le vent
    Dans le soleil ou dans la nuit
    Voyez-vous ces êtres vivants
    Voyez-vous ces êtres vivants !
    Voyez-vous ces êtres vivants.

    Quelqu'un a inventé ce jeu
    Terrible, cruel, captivant,
    Les maisons, les lacs, les continents
    Comme un légo avec des gants
    La faiblesse des tous puissants
    Comme un légo avec du sang
    La force de décupler des perdants
    Comme un légo avec des dents
    Comme un légo avec des mains
    Comme un légo.

    Voyez-vous tous ces humains
    Danser ensemble à se donner la main
    S'embrasser dans le noir à cheveux blonds
    A ne pas voir demain comme ils seront
    Car si la Terre est ronde
    Et qu'ils s'agrippent
    Au delà c'est le vide
    Ainsi devant le restant d'une portion de frites
    Noir sidéral et quelques plats d'amibes
    Les capitales sont toutes les mêmes devenues
    Aux facettes d'un même miroir
    Vêtues d'acier, vêtues de noir
    Comme un légo mais sans mémoire
    Comme un légo mais sans mémoire !
    Comme un légo mais sans mémoire
    Aux facettes d'un même miroir
    Vêtues d'acier, vêtues de noir
    Comme un légo mais sans mémoire
    Comme un légo mais sans mémoire !
    Comme un légo mais sans mémoire.

    Pourquoi ne me réponds-tu jamais ?
    Sous un manguier de plus de dix mille pages
    A te balancer dans cette cage
    A voir le monde de si haut
    Comme un damier, comme un légo
    Comme un imputrescible radeau
    Comme un insecte tombé sur le dos
    Comme un insecte sur le dos
    Comme un insecte sur le dos.

    C'est un grand terrain de nulle part
    Avec de belles poignées d'argent
    La lunette d'un microscope
    On regarde, on regarde, on regarde dedans
    On voit de toutes petites choses qui luisent
    Ce sont des gens dans des chemises
    Comme deurant ces siècles de la longue nuit
    Dans le silence ou dans le bruit
    Dans le silence ou dans le bruit
    Dans le silence ou dans le bruit.

  • C'est un grand terrain de nulle part...

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    J'ai découvert par hasard en milieu de soirée  comme un légo, un titre présent sur le nouvel album d'Alain Bashung. Et ce fut le choc.

    Vite itunes, acheter, confirmer etc. Et en boucle depuis. C'est bouleversant, mélodieux, sublimement languissant, éternellement poétique, triste mais sublime. N'ayant pas trouvé les paroles sur le net (bizarrement), j'ai essayé de les retranscrire. Des doutes sur certains mots. Les paroles sont de Gérard Manset. C'est merveilleux. Ma journée est sauvée.

    C'est un grand terrain de nulle part / avec de belles poignées d'argent / la lunette d'un microscope / et tous ces petits êtres qui courent / car chacun vaque à son destin /petits ou grands, /comme durant les siècles égyptiens /péniblement. / A porter mille fois son poids sur lui / sous la chaleur et dans le vent / Dans le soleil ou dans la nuit / voyez-vous ces êtres vivants / voyez-vous ces être vivants ! / voyez-vous ces êtres vivants. / Quelqu'un a inventé ce jeu / terrible, cruel, captivant,/ les maisons, les lacs, les continents / comme un légo avec des gants / la faiblesse des tous puissants / comme un légo avec du sang / la force de décupler des perdants / comme un légo avec des dents / comme un légo avec des mains / comme un légo / Voyez-vous tous ces humains / danser ensemble à se donner la main / s'embrasser dans le noir à cheveux blonds /à ne pas voir demain comme ils seront / car si la Terre est ronde et qu'ils s'agrippent / au delà c'est le vide / ainsi devant le restant d'une portion de frites / noir sidéral et quelques plats d'amides / les capitales sont toutes les mêmes devenues / aux facettes d'un même miroir / vêtues d'acier , vêtues de noir / comme un légo mais sans mémoire / comme un légo mais sans mémoire ! / comme un légo mais sans mémoire / aux facettes d'un même miroir / vêtues d'acier, vêtues de noir / comme un légo mais sans mémoire / comme un légo mais sans mémoire ! comme un légo mais sans mémoire. / Pourquoi ne me réponds-tu jamais / sous un manguier (?) de plus de dix mille pages / à te balancer dans cette cage / à voir le monde de si haut / comme un damier, comme un légo / comme un imputrécible (?)  radeau / comme un insecte tombé sur le dos / comme un insecte sur le dos  / comme un insecte sur le dos. / C'est un grand terrain de nulle part / avec de belles poignées d'argent / la lunette d'un microscope / on regarde, on regarde, on regarde dedans / on voit de toutes petites choses qui luisent / ce sont des gens dans des chemises / comme durant ces siècles de la longue nuit / dans le silence ou dans le bruit / dans le silence ou dans le bruit  / dans le silence ou dans le bruit.

  • printemps des poètes (6) - le printemps est évident, car...

    Le soucis, quand un blog commence à dater est qu'on ne sait plus si on a déjà parlé d'un truc dont on a envie de parler. On peut bien faire des recherches mais on n'a pas trop envie..Et puis, si j'ai déjà posté ce poème de Rimbaud, ça ne me coûte rien de le refaire..tant je le trouve beau, riche en vocabulaire et en rimes délicieuses. Désolé ppur le copier-coller de mauvais goût mais c'est le printemps et le printemps, c'est quand même assez moche. (explications après)

    Le Printemps est évident, car
      Du cœur des Propriétés vertes,
      Le vol de Thiers et de Picard
      Tient ses splendeurs grandes ouvertes
    Ô Mai ! quels délirants culs-nus !
      Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
      Écoutez donc les bienvenus
      Semer les choses printanières !
    Ils ont schako, sabre et tam-tam,
      Non la vieille boîte à bougies
      Et des yoles qui n'ont jam, jam...
      Fendent le lac aux eaux rougies !
    Plus que jamais nous bambochons
      Quand arrivent sur nos tanières
      Crouler les jaunes cabochons
      Dans des aubes particulières !
    Thiers et Picard sont des Éros,
      Des enleveurs d'héliotropes,
      Au pétrole ils font des Corots
      Voici hannetonner leurs tropes...
    Ils sont familiers du Grand Truc !...
      Et couché dans les glaïeuls, Favre
      Fait son cillement aqueduc,
      Et ses reniflements à poivre !
    La grand'ville a le pavé chaud,
      Malgré vos douches de pétrole,
      Et décidément, il nous faut
      Vous secouer dans votre rôle...
    Et les Ruraux qui se prélassent
      Dans de longs accroupissements,
      Entendront des rameaux qui cassent
      Parmi les rouges froissements !

    Concernant le printemps, je suis encore sous le coup de ce qu'écrit Eric Reinhardt dans Cendrillon, à savoir qu'au printemps, on se doit de repartir de l'avant de faire des projets et donc quelque part d'entrer en concurrence..après la douce léthargie - cocoon attitude - des mois d'hiver.

    Au printemps, le soleil encore bas rentre dans la maison et casse toute ambiance et permet à la poussière de s'épanouir. Alors il n'est plus besoin de laisser allumer ces petites lampes diffusant une lumière orangée qui rend une pièce si agréable. Il n'y a rien de pire qu'un jour de printemps ensoleillé.

    Au printemps, le soleil brille mais pas suffisamment pour en profiter pleinement. On est encore loin des journées caniculaires d'août où allongé sur une chaise longue ou à même le gazon,  on sent la crème de bronzage et on tombe dans un état semi-comateux tant le soleil est brûlant. Le printemps on est loin de tout ça. Le printemps, c'est l'adolescence de la nature. Or un adolescent est stupide, orgueilleux et souvent couvert de boutons. L'adolescent se cherche et pourtant croit tout savoir. Le printemps, c'est pareil.

    Vive l'automne.

    Loïc

     

  • la couverture de télérama (2) - du 19 03 08

    d5e3e3ce10cca82516e2044b75fbd82a.jpgJe me suis planté mais faut dire qu'il y avait peu de chance. Je commence à bien connaître l'esprit de Télérama mais pas au point de prédire la couverture à venir. Donc voilà, ce mercredi, la couv représente une sorte de ligne de mire avec en sous-titre : 'télé, le big bang . la suppression de la pub à la tv. des professionnels répondent'.

    C'est l'occasion pour moi de vous donner mon avis sur la décision de Nicolas Sarkozy concernant l'arrêt de la publicité sur les chaines publiques. Je suis tout d'abord obligé de me demander les raisons qui l'ont poussé à la prendre. Et j'avoue que là, j'ai du mal à comprendre. On aurait trouvé assez logique qu'il décide d'une privatisation de France Télévision mais pas d'interdire la pub. Puisqu'interdire la publicité c'est quelque part, renforcer l'idée même de service public, service qui dans l'idéal ne doit pas être pollué par des fenêtres mercantiles. Non à mon avis, Nicolas Sarkozy a pris cette décision sans trop réfléchir, pour faire parler de lui, parce qu'il se disait que ça allait une fois de plus montrer combien ça bouge avec lui. Il aurait tout aussi bien pu décider n'importe quoi d'autre, pourvu qu'on parle de lui pendant quelques temps. Nicolas Sarkozy a des convictions, certes, des convictions respectables, mais elles sont peu de choses dès lors qu'il s'agit de faire parler de lui dans l'instant présent. Ainsi donc, je l'imagine en train de donner les grandes idées de son discours à Claude Guéant et lui dire 'tiens, ce serait sympa de dire qu'on va interdire la pub sur le service public, ça ferait son petit effet'.

    Voilà comment sont prises les grandes décisions aujourd'hui en France. Le président a annoncé bêtement et hâtivement la fin de la pub sur France Télévision. Ensuite, aux autres de  trouver d'autres solutions de financement.

    Sur le fond, mon avis est le suivant : bien sûr que le fait que le budget d'une télé dépende essentiellement de la pub a tendance a rendre les programmes médiocres car il faut atteindre le plus grand nombre de téléspectateurs pour attirer les investisseurs. C'est une évidence pour tout le monde. Maintenant, quoi qu'on dise, de façon générale, France 2 ou France 5 sont quand même de meilleure qualité que TF1 même si elles dépendent essentiellement de la publicité. On peut toujours ergoter sur la nullité de telle ou telle émission, dans l'ensemble quand même, il y a des sujets de satisfaction, notamment sur France 5 (cette dernière programme quand même ne l'oublions pas deux émissions littéraires à des heures de pointe).

    Donc globalement, l'existant, bon an mal an, ça le fait (même si par ailleurs, je suis très critique sur la façon dont est traité l'info). Et puis je ne vois vraiment pas pourquoi on priverait les chaines publiques de l'argent 'facile' en provenance des budgets marketing des multinationales. Franchement c'est vrai quoi. La seule contrepartie, c'est  12 minutes de publicité par heure et beaucoup moins en heures creuses. C'est quand même pas la mer à boire. Et puis la publicité, on y est habitué. Quand elle est ingénieuse, on l'aime bien et on a nos petites habitudes en fonction d'elle (toilettes, coup de fils à passer, enfants à coucher).

    Donc, globalement, je suis partisan que ça reste comme c'est là. Et mon petit doigt me dit (mais il se trompe souvent) que ça le restera.

    bisous à toutes et à tous, Loïc.

    ps : le tableau derrière est exposé dans notre salon. il a été peint par une artiste roumaine prénommé Cornélia.