Nous nous levons et rejoignons la grande salle. Un couple est déjà installé et un autre nous succède. Nous voilà donc tous réunis, inconnus et exagérément polis. Prisca et moi nous plaçons au milieu, un couple de parisiens guindé d’un côté et un couple de paimpolais pas fiers de l’autre. C’est bien la première fois que je me retrouve dans une telle configuration. L'hôtesse sert une quiche (faîte maison va sans dire) et pris dans un élan insensé, je m’auto-désigne pour la couper en faisant bien attention à me garder la plus grosse part...On me regarde faire religieusement mais j’ai beaucoup de mal car la pâte est dure et le couteau sans scies ! Les gens servis, la discussion peut commencer...on débute par les présentations : les braves gens du 22 sont de Paimpol et les fiers à notre droite de Ivry. Je ne me souviens plus trop du détail de nos échanges..mais ce fut globalement un échange de banalités courtoises sur les régions de France, la beauté de la Bretagne, l'impolitesse des allemands en vacances en France, l’écologie, la supercherie Tripadvisor, le gaz de schiste etc etc. Le type du 91 a commencé à beaucoup me contredire mais ça m’amusait plus que ça m’agaçait (car qu’avons nous à faire des gens qu’on voit quelques heures et que nous ne reverrons plus). La femme du 91 enfile des anecdotes et sait tout sur tout. Un moment au cours du repas, j’essaie de la coincer lançant le sujet sur le problème qui constitue le sous-sol de la capitale constitué d'un gruyère friable qui risque de s’effondrer à tout moment. Manque de bol, la dame travaillant à la ratp est renseignée sur la chose et nous annonce que l’effondrement de Paris est une hypothèse qui inquiète la société de transport. Autrement, elle comme moi sommes très curieux de la vie de la dame du manoir . Elle l’a déjà ‘interrogée’ mais elle est peu bavarde. En tout cas, c’est vrai que pour une hôtesse, elle est assez effacée. C’est sa personnalité dis-je, c’est aussi la caractéristique des finistériens complète Prisca (je rajoute aujourd’hui que les les finsitèriennes du sud sont différentes..trop bavardes et trop à l’aise..je ne les aime pas). Il faut apprendre à la connaître. Un moment, après le plat de résistance, alors qu’elle vient retirer les assiettes géantes, je la bombarde gentiment de questions...et elle se prête très bien à cet interrogatoire en règle. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais j’ai juste une chose à dire : la dame gagne à être connue. Gérer seule ce manoir et toutes les contraintes qui vont avec lui semble naturel...alors que nous sommes tous ébahis devant le travail qu’elle a fait toute seule depuis qu’elle l’a racheté. Contrairement aux apparences, ce manoir situé loin de tout, loin de la mer et des villes fait continuellement le plein...même en plein hiver où des commerciaux viennent y passer des nuits. Comme il doit être agréable d’y passer une soirée d’hiver au coin du feu ! Des discussions superficielles se poursuivent dont je suis un peu l’élément central. Le couple de Paimpol, mal à l’aise ne dit mot. On apprend quand même qu’elle, est serveuse dans un restaurant et que lui fut un ébéniste spécialisé dans les meubles rustiques de chez rustiques, c’est à dire très chargés et pour tout dire très moches. Sinon, les parisiens nous demandent quels pays du monde nous avons visités...
Après le dessert, chacun s'apprête à rejoindre ses appartements. Les parisiens vont dormir dans la chambre du cocher (disposant de deux lits simples séparés par une armoire -)), les paimpolais, dans la chambre du jardinier et nous dans la chambre pompeusement nommée 'chambre des bonnets rouges'. La dame nous signale que d’autres hôtes invités à un mariage à Roudouallec rentreront tard dans la nuit (comment, on se marie encore à Roudouallec ?, m'exclame-je pensant faire mon malin) . Soit. Le type du 91 annonce ouvertement qu’il a remarqué quelques bandes dessinées dans la bibliothèque du salon et qu’il va aller s’en lire une. Ce à quoi je lui réponds que je déteste les bd. Il me foudroie du regard et part en claquant la porte. (nan je déconne).
De retour dans la chambre, nous refaisons la soirée, nous nous moquons des autres et affirmons notre sympathie pour le couple du 22 qui n’a pas sorti un mot de la soirée. Quant aux parisiens, ils sont courtois, pédants et font des manières. Il y a juste la curiosité de la parisienne (qui fait sa miss Marple) qui nous amuse.
La nuit est tombée depuis longtemps sur le manoir. On entend des bruits bizarres, des gens qui se déplacent, des meubles qui bougent, des vibrations, des craquements, des chouettes qui chuintent, des chasses d’eau qui chassent de l'eau. L'angoisse peut commencer.
Loïc LT
Commentaires
Je suis déçue : même pas l'ombre d'un petit fantôme !? Mais qu'alliez-vous faire dans ce manoir meublé "rustique" ??? Et dis, sais-tu que j'ai bien noté qu'on ne sait toujours pas si tu as bu une bière à Meymac ? Alors, qu'allais-tu boire dans ce manoir ci ? ;-)
On n'a rien bu dans ce manoir ! On nous a même pas servi l'apéro !
Qu'est-ce qu'on allait chercher ? la tranquillité du Centre-Bretagne, ses hautes montagnes et puis on voulait être tous les deux pour fêter notre première année de mariage.
J'ai adoré ce weekend en dehors du temps. Mais je n'ai pas fini d'en parler...la suite est en préparation !
Quant à Meymac, c'est déjà bien loin..perdu dans les limbes du temps...
Mais je continue à faire la blague...quand on me demande ce que je veux, je réponds que 'je veux boire une bière à Meymac' -)