Quand j’étais petit, nous passions souvent devant ce garage agricole.
Il représentait pour moi un peu la porte de cette Bretagne intérieure où déjà à l’époque tout partait en vrille. Trente ans après, l’endroit n’a pas bougé. Tout semble figé et en même temps, l’activité semble se poursuivre.
Nous sommes à Bubry. On rentre dans le dur. Plus au nord, il y a Persquen où vécut mon grand-père. Il y aurait de bonnes photos à prendre dans ce bourg improbable où il y a quelques années, on pouvait encore boire un verre “chez Paulette”, un petit bar-épicerie qui me fascinait quand j’étais gamin parce qu'on y trouvait de tout. Ça ne fait pas longtemps qu'il est fermé :
Un soir de 1999, alors que je rentrais du boulot (je bossais à Guémené, que tout le monde connaît évidemment) , je décidai de m’y arrêter, et paf, sur qui je tombe, sur mon tonton Gérard qui discutait avec un type qui bossait à l’imprimerie de Guéméné. Je bus des bierres en leur compagnie et je ne sortis de chez Paulette que très tard, un peu ivre sans doute. Je me souviens vaguement que le mec de l'imprimerie m'avait sorti sa science sur son job de commercial, que Gérard s'ennuyait et que je ne savais plus comment faire pour partir.
Dans ce no man’s land que constitue le centre Bretagne, le pittoresque bourg de Guéméné ressemble un peu à un oasis commercial où l'on trouve pas mal de restaurants dont l'un "les 3 marchands" est une curiosité qui vaut le détour. Si on quitte Guémené pour aller vers l’ouest, on peut voir l’ex garage John-Deere où travaillait l'oncle Gérard et puis après, il faut se taper une longue ligne droite sinistre le long de laquelle le brouillard ne se lève presque jamais avant d’arriver à Lignol, bourg où se situe le domicile partagé dans lequel vit aujourd'hui ma grand-mère atteinte de la maladie Alzheimer. C'est bon, ça suit ?
Il est possible d'y faire du lèche-vitrine (avec un coup de bol, peut-être leur reste-t-il quelques pots de peinture Corona, c'est de la qualité Corona) :
Il faudrait qu’un jour, je prenne mon temps pour photographier ces endroits sinistrés mais pas dénués d’intérêt. Au détour d’un virage, une ferme abandonnée est toujours possible, au bout d’une rue, un restaurant “ouvert”, c’est en tout cas ce qui est écrit sur un bout de papier jauni plaqué contre la vitre poussiéreuse, et puis un garage de réparation de matériel agricole alors qu’il ne reste dans les environs qu’une poignée d’agriculteurs célibataires. et dépressifs. Porter également une attention sur le manque de goûts des habitants pour l'aménagement de leurs extérieurs...mais bon, on peut les comprendre aussi...à quoi bon...
llt, 19 03 2012