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CR61 : le complot contre l'Amérique - Philip Roth

9782070774678FS.gifCe livre de Philip Roth que je viens de terminer fait partie de ces romans qui marquent.
L'idée de Roth fut d'imaginer ce que serait devenu l'Amérique (et du coup le monde) si l'aviateur Lindbergh, antisémite notoire, s'était présenté et avait gagné les élections de 1940 contre Roosevelt, et ce à travers le regard du petit garçon juif qu'il fut, vivant dans la ville de Newark. La prouesse de l'écrivain fut donc d'avoir imaginer comment aurait pu tourner l'histoire si les États-Unis avaient décidé de ne pas entrer en guerre contre l'Allemagne, tout en restant cohérent et crédible dans le propos. Parallèlement à la grande histoire, le lecteur suit la montée d'un antisémitisme rampant aux États-Unis, entretenu par une administration suffisamment intelligente pour inciter et entretenir de façon subtile les actes antisémites. 90% des américains soutiennent Lindbergh dans son désir de neutralité vis à vis du conflit mondial. Même des juifs influents sensibles à son aura en arrivent à le soutenir et à entrer dans son administration. Seuls quelques courageux dont le père de Philip osent dire tout haut ce que quasiment personne pense tout bas. Le père a une ligne de conduite claire et dès le départ sait où veut en venir Lindbergh. Il est donc séduit par les discours radiophoniques deWinchell , un anti-Lindbergh qui n'a de cesse d'avertir l'Amérique des intentions de leur président. Tout cela finit en guerre civile, Lindbergh disparaît et Roosevelt est réélu président.
Moralité : rien n'est jamais acquis, le Monstre est toujours tapis quelque part au fond de nos plus sombres instincts. Une démocratie apaisée ne l'est jamais complètement.
C'est mon premier Roth..et sans doute pas le dernier. D'ailleurs, on m'a conseillé la pastorale américaine.
Par ailleurs, j'ai été très sensible au fait que Philip Roth ait récemment apporté son soutien à Milan Kundera (pour l'affaire qu'on sait).

Je voudrais parler maintenant de l'idée que je me fais du roman américain : tous les romans d'auteurs américains que j'ai lus (une petite dizaine à tout casser, oui je sais, c'est peu) se ressemblent quelque part, à savoir qu'il s'agit d"histoires très bien racontées mettant en scène des familles américaines plus ou moins types avec leurs lots de tragédies, de personnages attachants (comme l'est le père Roth dans le complot contre l'Amérique) ou détestables avec toujours pour la plupart des protagonistes le rêve américain comme idéal. Si je prends par exemple middlewest de Jeffrey Eugenides ou trente ans et des poussières de Jay Mcinerney, c'est à peu près ça. Les récits sont bien construits, bien enlevés comme on dit et en général ce sont des bouquins de 500 pages. Le lecteur est pris dans l'histoire comme dans un tourbillon. Mais en fin de compte, si je prends beaucoup de plaisir à lire ces romans, je ne leur trouve que peu d'intérêts littéraires, contrairement aux romans d'auteurs français contemporains (Jean Echenoz, Alain Fleischer, Régis Jauffrey...), qui sont plus introspectifs, plus subtils, plus profonds et plus expérimentaux aussi. Chaque type a un intérêt évidemment mais le fait est que je trouve plus mon compte dans la littérature française. Maintenant, c'est vrai qu'il faudrait que je lise plus d'auteurs américains (en commençant par Faulkner) pour voir si cette idée se confirme.
Mais en fait, à bien y réfléchir, mon malaise avec le cinéma américain est du même type. Et toutes ces séries us que je ne peux pas supporter..J'ai un problème avec les États-Unis moi.
Ceci dit, je relirai des romans américains.

note : 3.5/5
lecture du 15/11 au 25/11
à venir : l'arrière-saison de Philippe Besson

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