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poésie - Page 3

  • la cabine ivre (ébauche d'un pastiche)

     

    Comme j’étais fixé sur un socle infrangible

    Je ne pouvais quitter ce quartier de malheur

    Et des jeunes branleurs me prenaient pour cible

    taguant sur mes vitraux de sordides horreurs.

     

    J’étais un peu soucieux que mon appareillage

    Ne serve plus que deux ou trois fois dans l’année

    Alors quand un Génie m’a offert un voyage

    J’ai quitté sans douleur ce trottoir malfamé.  

     

    Et j’ai quitté la ville munie de trois bottines

    Empruntant dans la nuit de petites ruelles

    Et j’ai croisé des gens voyant une cabine

    Courir et ne croyant que cela soit réel.

     

    J”ai traversé des bois et des chemins de terre

    Des champs avec du blé ou bien du triticale

    Et j’ai même failli surpris par une pierre

    Faire tomber au sol mon caisson de métal.

     

    Or moi, cabine libre tout comme un troubadour

    J’ignorais le destin de ce vagabondage

    Et j’avais même un peu le regret de ces jours

    Où je servais de lieu pour de longs bavardages.

     

    Et il advint que Max cherchant de la ferraille

    Croisa médusé ma carcasse d’acier

    Et il n’eut aucun mal avec son attirail

    A me mettre en pièces et puis à m’embarquer.   

    Loïc LT/Arthur R 

    cabineivre2.jpg

    (dessin original de Marcel Marlier - Martine fait de la Bicyclette - (Casterman)

     

  • enquête rimbaldienne

    Avant de poursuivre le récit de ce périple de début février  qui tient quelques uns en haleine fétide, j'avais envie d'une petite pause rimbaldienne. Ce sera une pause photographique que l'on doit à Ernest-Pignon-Ernest-Pignon-Ernest, artiste plasticien, spécialiste de ce qu'on appelle aujourd'hui le street art,   qui dans les années 70 s'amusa à coller des portraits de Rimbaud sur les murs de Charleville (lieu de naissance du trafiquant d'armes) et de Paris. 

    DSC03823.JPG

    Que nous dit cette photo ? Pas de nom de rue, par contre, vous ne le voyez pas vous (je n'ai pas pris toute la photo, quel con) , deux concerts de Thiefaine sont annoncés pour les 13 et 14 mai ( la photo a donc sans doute été prise en début d'année), mais évidemment l'année n'est pas précisée puisque lorsqu'on colle une affiche, ce n'est pas pour annoncer un concert qui aura lieu dans deux ans. Donc, Hubert-Félix a donné deux concerts dans cette ville, tout comme Gilles Servat, qui est surtout  connu en Bretagne et là, j'apprends qu'il a donné des concerts en dehors des contrées armoricaines. Au-dessus de l'affiche, on voit clairement indiqué Angoulème donc tout porte à croire que la photo a été prise à Angoulême. 

    Or (oui je suis de l'école Yann Moix),

    Angoulême se situe à 400 kilomètres de Rennes. Ce n'est pas impossible que le chanteur  ait donné un concert là-bas puisque dans les années 70, sous l'impulsion de Alan Stivell, la musique bretonne était à la mode donc pourquoi pas. Sauf que dans le livre où j'ai chopé cette photo il est indiqué que les sérigraphies d'Ernest ont été collées et exposées, en 1978, sur les murs de Paris, de la région parisienne et de Charleville. On n'annoncerait pas un événement qui a lieu a Angoulême sur un mur de Paris. Restons donc sur l'idée que la photo a été prise à Angoulême et qu'il s'agissait d'une exception temporaire. 

    Qu'apprend-on par ailleurs sur la photo ? Qu'une personne déclare son amour à une autre (oui, j'ai bouffé le je), mais ce type de déclaration est possible partout, même à Plounévez-Quintin. Sinon, on voit un petite affichette jaune (ou un panneau) sur lequel il est indiqué MONTRRON. Aucune réponse de Google. Pour le reste, on a des affiches déchirées que ne me sont d'aucune aide. Je vais taper Ernest-Pignon-Ernest Angoulême pour voir si à tout hasard quelqu'un signale quelque part que l'artiste à collé une sérigraphie à Angoulême, genre pour une exposition temporaire . Aucune réponse. Le mystère reste donc entier et ce n'est pas cette fille pressée et se foutant de Servat et de Rimbaud comme de son premier jupon qui pourrait me mettre sur une piste. 

    Mais j'ai peut-être trouvé la réponse. Dans ce bouquin préfacé par Jack Lang où les photos d'Ernest alternent avec des poèmes d'Arthur, il y a une photo où l'on voit une femme qui marche à l'angle de la rue Friedland. Il existe beaucoup de rues Friedland en France mais, merci encore à Google Map, la photo prise en 2015 nous montre un angle de ladite rue ressemblant parfaitement à celui de la photo. J'en conclue donc que cette photo aussi a été prise à Angoulême.  

    arthur rimbaud, Ernest Pignon-Ernest

    A gauche, nous avons la photo d'Ernest datant donc des années 1970 (c'est l'artiste qui prenait les photos) et à droite, une photo prise par l'automobile de Google en 2015 à Angoulême rue Friedland. A part les panneaux de signalisation qui ont changé et en 30 ans, cela se conçoit, il faut avouer que la ressemblance est frappante. Même angle, même type de pierre et surtout on retrouve la corniche sur les deux clichés. 

    Je décrète donc que Ernest Pignon-Ernest a exposé à Angoulême et ce sans doute après 1978. Après avoir enlevé ses affiches de Paris et de Charleville, il n'est pas impossible qu'il ait fait un petit tour de France. Ça aurait été dommage de tout ranger dans un grenier. 

    Voilà pour la petite enquête du samedi soir. Sur ce, je vais boire deux ou trois verres d'eau agrémentés de cacahuètes et d'autres petits amuses bouches.

    Loïc LT

  • les vieux sonnets d'un type # 3 Génie

    C'est le noël de la poésie. Je continue de distiller quelques extraits de mes sonnets de l'autre siècle. Ce dernier est un peu prétentieux. Je ne l'assume pas ! Je est un autre.

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  • les vieux sonnets d'un type # 1- insomnie

    Quelqu'un m'avait demandé de pas les jeter, de les sortir du grenier. Toutes proportions gardées, en bon rimbaldien, je dirais bien que je les renie, qu'ils sont très naïfs, que les rimes chaussent de trop gros sabots, que c'est souvent très lourdingue. Mais halte à l'auto-flagellation. Dans la quelque centaine de poèmes écrits il y a 25 ans, quelques uns méritent une existence posthume, virtuelle même (c'est à dire éternelle). Mon épouse, soupçonnant que je les jette (comme le font les poètes maudits -) suite à une conversation qu'on a eue il y a quelques jours a décidé de les ramener de Berloch ! De Berloch ! Alors, je ne demande pas forcément qu'on commente pour dire que c'est beau ou ceci cela. Je veux juste leur donner une seconde vie. C'est à prendre ou à laisser. Il faut assumer ce qu'on a fait. Je n'ai tué personne en les écrivant ! J'en distillerai un de temps en temps. 

    Loïc LT 

    insomnie.jpg

    De Berloch, qu'ils sont revenus, oui oui oui. 

  • la part du vent - Paul-Alexis Robic

    Lorsque j'ai visité le bourg de Quistinic le printemps dernier, j'ai appris qu'un poète y était né et que la bibliothèque porte  son nom. Il s'agit de Paul-Alexis Robic (1907-1973). Ce poète est tellement peu connu que lorsqu'on tape son nom sur google, mon blog est très bien placé dans les réponses.  Arlequin m'avait dit dans un commentaire que la poésie de Robic ressemblait à celle de René Guy Cadou (1920-1951) et en parcourant le recueil de Robic que j'ai acquis depuis, j'ai découvert que Robic avait écrit un poème à l'attention de René Guy Cadou et qu’on ne le trouve nulle part sur la toile. Comme quoi, il y a encore de quoi alimenter le réseau. Ces deux-là étaient des amis à quel point je ne sais pas, la biographie de Robic est assez sommaire.  Je ne connais pas René Guy Cadou, né en Loire-Inférieure (d’où la référence à la Brière dans le poème) et apparemment plus connu que Cadou. En tout cas, les deux ont le point commun d’être des fils d’instituteurs et ça aide. 

    DSC01005.JPG

     

    A René Guy Cadou

     

    Parce que je suis né, René Guy, comme toi

    En Bretagne dans une humble maison d’école

    Un soir où le grand vent volait à haute voix

    Des ardoises aux vieux toits :

    Parce que mon ami s’appelait le Grand Meaulnes

    Et qu’il se tient toujours derrière mon épaule,

    A l’orée d’un grand parc nocturne illuminé ;

    Parce que j’ai couru par chaumes et landiers ;

    Parce que j’aime les granges et les greniers

    Pleins d’odeurs miraculeuses de l’enfance ;

    Parce que j’ai mâché le blé mûr et la menthe ;

    Parce que j’ai mangé la soupe des rouliers

    Et parce que la Poésie est mon amante ;

    Parce que j’ai scié mes bûches pour l’hiver ;

    Parce que j’ai besoin d’un feu craquant et clair,

    Chêne ou hêtre odorant, pour réchauffer mes os

    Quand la bise conteuse de vieilles légendes

    Chantonne sous ma porte et plaque à mes carreaux

    Les grands marais gelés du ciel ;

    Parce que la neige et le givre

    Gardent toujours pour moi l’odeur des vieux noëls,

    Parce que l’arbre est mon ami et qu’il m’arrive

    Silencieusement d’échanger des messages

    Avec les pierres, les nuages ;

    Parce que ta demeure et comme celle

    Du berger santon des collines de plein ciel ;

    Parce que tes poèmes

    Sont vrais comme le pain que partage le pauvre

    Et la bonne clarté de la lampe que l’hôte

    Élève pour le voyageur dans la nuit noire

    -Ce n’est pas à ton ombre aujourd’hui que je parle,

    Mon poète, mais à toi-même, bien vivant,

    Ami sauvage et doux comme le vent

    Qui frissonne le soir sur tes longues Brières,

    Et je salue en toi, seigneur des hautes terres

    D’amour et de beauté, l’homme dont la ferveur

    Fait jaillir, attisant un humble feu de brandes

    La haute flamme d’or qui consume la cendre. 

     
    Ce poème est paru dans le recueil la part du vent (éditions Janus). Sur la première page il y a une dédicace qui date de 1957 de Paul-Alexis Robic à un certain docteur Le Rolle, grand ami des poète et des enfants.

    DSC01002.JPG

    Si j'avais du temps à perdre, genre faire des rapprochements hasardeux, je m'étonnerais qu'un certain docteur Le Rolle exerce à Saint-Herblain en Loire-Inférieure (c'est à dire dans le pays de Cadou) , euh, en Loire-Atlantique pardon (tiens, je préférais Loire Inférieure...inférieure à la Bretagne -) et je me disais qu'il avait pu prendre le cabinet de son père. En poussant les investigations, je pourrais téléphoner à ce cabinet à demander au médecin si son père était médecin également et amoureux de poésie. 

    J'aime beaucoup ce poème dédié à son ami. On y trouve son attachement à ses racines et en même temps quelques accents rimbaldiens ( nostalgie de l'enfance, le grenier, le pain -poème les effarés-....). D'ailleurs, le premier poème de la part du vent s'intitule Se lève l'aube. 

    Se lève l'aube d'hiver...

    Comme une réponse à j'ai embrassé l'aube d'été...

    Se lève l'aube est un très beau poème qui convient bien à ce mois de décembre 2015, gris, pluvieux et pâle mais j'ai du mal à comprendre la fin. Quand j'aurai trouvé la clé, j'en reparlerai,  Robic mérite bien plusieurs notes.

    Loïc LT, 17/12/2015

  • un voile d'ombrage # poème à deux mains

    De l'Autre vie s'écoulent les ombres d'ici bas

    Sous le voile du poète, se déclinent vers et rimes

    Clair obscur d'un mystère qui se dévoilera

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime? (Marguerit)

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ?

    Ce n'est qu'un bout de tissu importé de Chine

    Un polygone pour des moments intimes

    Sous lequel quelques uns peut-être bouquinent

     

    Quand d'autres se prélassent

    A l'abri de l'astre qui sur l'abbaye

    Diffuse ses rayons en même temps qu'il embrase

    Le parc du manoir et les bois de Bieuzy.

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ? (Loïc)

     

    Dites-moi, ça rime à quoi cette clarté de limbes

    étalant sur les âmes sa pâle couverture

    Ce soleil évanoui des nouvelles lectures

    Ce halo de l'esprit qui sans cesse le nimbe?

     

    Cela ressemble au doute auréolé d'oubli

    A l'état incertain d'un devenir en veille

    Peut-être la jouissance de la simple amnésie

    Quand il faudrait penser à vivre le Réveil ?

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites moi à quoi ça rime ?  (Marguerit)

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ?

    Il fait sombre tout à coup, la lumière s'est éteinte

    Reste seule l'étoffe, devenue la victime

    De la nuit et du vent et sa sinistre plainte

     

    Le voile s'est envolé, plus léger qu'une flamme

    Il survole l'Armorique de Laz à Brocéliande

    Où happé par une elfe s'en servant d'oriflamme

    Notre voile rejoint le cœur de la légende.  (Loïc)

     

    A quoi ça rime ces pénombres

    Ce brusque envol de palombes ?

    Si personne ne pense le voile

    Le Génie lui mettra les voiles!

     

    J’ai ouïe dire : Je crois en l'homme

    Comme le centre de l’Univers !

     

    On se souvint pourtant sur terre

    Aux jours de Galilée qu'en somme

    Il gravite autour d’un soleil

    Tantôt dans l’ombre ou la lumière !

     

    Qui est Celui qui seul l’éclaire

    Qui l’a pensé et sur lui veille

    Pour qu’il existe en conscience

    Sous le voile des évidences ?

     

    Quelle stance !

     

    Si l’hombre est d’une telle étoffe

    Si sa pâleur n’est pas éteinte

    Si la victime cesse sa plainte

    Et brille à nouveau dans une strophe !

     

    Quelle apostrophe !

     

    Si ce voile d’ombrage n’est pas soir

    Du désespoir le paradigme

    Mais seulement un reposoir

    Un espace temps pour les énigmes !

     

    Quelle rime!

     

    Sinon, ce voile d’ombrage, dite-moi, à quoi ça rime ? (Marguerit)

     

    Marguerit et Loïc, novembre 2015

     

  • bonne pensée du matin

    brûme.JPG

    La lande est toute grise

    Mais L’Orient se réveille

    Et accroît son emprise

    Quand monte le soleil

     

    C’est une sphère jaune

    Qui pendant la journée

    De son cosmique trône

    Éclaire nos contrées. 

     

    Mais pour l’instant la brume

    recouvre les vallons

    Provoquant l’amertume

    du piètre écrivaillon

     

    Du piètre écrivaillon

    Qui dans son enthousiasme

    N’a pas dans son brouillon

    Perçu le pléonasme

     

    Mais la lande se fiche

    Des vers mal embranchés

    Des rimes pauvres ou riches

    D'un type pas réveillé. 

     

    Elle attend juste indolente

    Que l'astre débarrasse

    Cette brume insolente

    Qui la nuit la terrasse. 

     

    Loïc LT (piètre écrivaillon). 11.11.2015