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abbaye de lanvaux

  • un voile d'ombrage # poème à deux mains

    De l'Autre vie s'écoulent les ombres d'ici bas

    Sous le voile du poète, se déclinent vers et rimes

    Clair obscur d'un mystère qui se dévoilera

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime? (Marguerit)

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ?

    Ce n'est qu'un bout de tissu importé de Chine

    Un polygone pour des moments intimes

    Sous lequel quelques uns peut-être bouquinent

     

    Quand d'autres se prélassent

    A l'abri de l'astre qui sur l'abbaye

    Diffuse ses rayons en même temps qu'il embrase

    Le parc du manoir et les bois de Bieuzy.

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ? (Loïc)

     

    Dites-moi, ça rime à quoi cette clarté de limbes

    étalant sur les âmes sa pâle couverture

    Ce soleil évanoui des nouvelles lectures

    Ce halo de l'esprit qui sans cesse le nimbe?

     

    Cela ressemble au doute auréolé d'oubli

    A l'état incertain d'un devenir en veille

    Peut-être la jouissance de la simple amnésie

    Quand il faudrait penser à vivre le Réveil ?

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites moi à quoi ça rime ?  (Marguerit)

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ?

    Il fait sombre tout à coup, la lumière s'est éteinte

    Reste seule l'étoffe, devenue la victime

    De la nuit et du vent et sa sinistre plainte

     

    Le voile s'est envolé, plus léger qu'une flamme

    Il survole l'Armorique de Laz à Brocéliande

    Où happé par une elfe s'en servant d'oriflamme

    Notre voile rejoint le cœur de la légende.  (Loïc)

     

    A quoi ça rime ces pénombres

    Ce brusque envol de palombes ?

    Si personne ne pense le voile

    Le Génie lui mettra les voiles!

     

    J’ai ouïe dire : Je crois en l'homme

    Comme le centre de l’Univers !

     

    On se souvint pourtant sur terre

    Aux jours de Galilée qu'en somme

    Il gravite autour d’un soleil

    Tantôt dans l’ombre ou la lumière !

     

    Qui est Celui qui seul l’éclaire

    Qui l’a pensé et sur lui veille

    Pour qu’il existe en conscience

    Sous le voile des évidences ?

     

    Quelle stance !

     

    Si l’hombre est d’une telle étoffe

    Si sa pâleur n’est pas éteinte

    Si la victime cesse sa plainte

    Et brille à nouveau dans une strophe !

     

    Quelle apostrophe !

     

    Si ce voile d’ombrage n’est pas soir

    Du désespoir le paradigme

    Mais seulement un reposoir

    Un espace temps pour les énigmes !

     

    Quelle rime!

     

    Sinon, ce voile d’ombrage, dite-moi, à quoi ça rime ? (Marguerit)

     

    Marguerit et Loïc, novembre 2015

     

  • une rencontre

    En attendant de trouver une suite à cette histoire abracadabrantesque et que j'arrive à retomber sur mes pieds (car j'invente au fur et à mesure), je voulais revenir un peu dans le réel et vous raconter une rencontre. Il y a 2 mois, ma femme m'avait commissionné pour remettre à une acheteuse du bon coin un voile d'ombrage car la dame proposait comme lieu de rendez-vous un endroit qui se situe sur mon trajet pour aller au boulot, en l’occurrence une abbaye en bas du village de Bieuzy-Lanvaux. C'est une abbaye cachée derrière de grands arbres qu'on ne distingue pas de la grande route sauf un peu en hiver lorsque les arbres sont dénudés. Comme je suis quelqu'un de curieux de tout, surtout lorsque je conduis, je m'étais souvent posé des questions à propos de cette grande bâtisse mais lorsque je posais des questions à des gens du coins, à chaque fois, ils confondaient avec Notre Dame de Fatima, un couvent plus connu qui se situe sur les hauteurs de Bieuzy. Cependant mon intérêt n'allait pas jusqu'à procéder à une enquête plus poussée.

    Et donc, ma femme me propose ce rendez-vous dans ce lieu mystérieux. Je crois que c'était en avril, mi-avril vers là, les arbres étaient déjà verts et le rendez-vous avait lieu vers les 18 heures. Arrivé sur place, je profitai d'un panneau touristique pour en savoir plus sur l'endroit. 

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    Après m'être garé, j'ai remarqué la voiture de la dame mais je ne savais pas où frapper. L'entrée principale de l'abbaye était condamnée et il y avait bien une entrée couverte côté nord mais qui n'avait pas l'air d'avoir servi depuis la mort de Pompidou.

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    J'ai erré dans un vaste parc avec de grands arbres séculaires, les moutons ratissant les prés, j'ai pris des photos et il a dû se passer vingt minutes avant qu'une dame sorte de l'entrée que je pensais inutilisable. C'était une dame d'une certaine classe d'une cinquantaine d'années , s'exprimant avec préciosité. J'avais oublié de signaler qu'il pleuvait alors nous nous mîmes à l'abri de l'entrée couverte et la transaction se déroula sans problème. 

    Je suis reparti en restant sur ma faim d'autant que l'acheteuse me lança de loin un propos du genre ' revenez quand vous voulez si vous voulez visiter le domaine'. En rentrant, je me suis posé pas mal de questions sur cette dame et sur ce domaine. Etait-ce vraiment une maison religieuse. En tout cas, rien dans le parc ne signalait une quelconque sainte activité. Nulle statue, nulle croix. Je me suis résolu à revenir plus tard, un soir en rentrant du taf.

    Et c'est ce que j'ai fait en ce soir du 1er juin 2015. Ce n'était pas prémédité, en approchant du bas de Bieuzy, je me suis dis 'tiens, retournons-y voir'. J'ai emprunté l'allée mais contrairement à la première fois, aucune voiture n'était garée. Deux chiens aboyaient et je me suis donc dit que s'il y avait quelqu'un, les aboiements allaient l'alerter. Mais une fois encore, j'ai eu le temps de faire 3 fois le tour de la bâtisse et m’asseoir deux minutes sur un banc avec qu'un être humain pointe le bout de son nez. Il s'agissait d'un vieil homme, aux cheveux blancs longs et portant une sorte de bonnet roulé. Il était un peu voûté et paraissait sympathique. Je me présentai et lui expliquai dans quelle circonstance j'étais déjà venu. Il me dit que la dame en question s'appelait Danielle et je n'ai pas trop compris ce qu'elle avait à faire avec ce manoir car selon ses dires, elles habitait avec son mari à Camors. Elle était poète. L'homme me dit qu'il s'appelait Jean et qu'il vivait seul dans ce manoir qui n'avait pas de caractère religieux...bien que..

     Article trouvé dans le télégramme datant du 10 avril 2002 : 

    jeanlanvaux.jpg862 ans. Quelques rides certes, mais alors que les années passent, elle semble pourtant, elle, retrouver une seconde jeunesse. Nichée au détour d'un petit chemin et à plus de 7 kilomètres du centre de Pluvigner, l'abbaye de Lanvaux renaît de ses cendres. Une résurrection qu'elle doit à la patience de sa propriétaire, Danièle Thirion.

    Cela fait déjà plus de vingt ans que l'artiste y travaille. «Je suis originaire du midi de la France mais mon mari, aujourd'hui décédé, était Breton. Il m'a fait découvrir cette région et j'en suis tombée totalement amoureuse. Lorsque nous avons décidé d'emménager ici, nous cherchions un endroit spécial qui invite à la création. Nous avons visité de nombreuses fermes et puis un jour j'ai demandé à la personne de l'agence si elle n'avait pas plutôt un endroit comme une abbaye. Elle nous a alors parlé de l'abbaye de Lanvaux. Nous avons rencontré les propriétaires, un couple de Belges qui était installé ici depuis 1939 ! Ils élevaient des poulets. Nous nous sommes bien entendus et nous avons racheté». Dix ans d'expositions et de rendez-vous des artistes Danièle et son époux laissent alors libre cours à leur passion et organisent de nombreuses expositions. De nombreux écrivains viennent également dédicacer dans cet endroit envoûtant leurs ouvrages. On citera, entre autres, Per Jakez Hélias, Jean Markale... «Mais pendant tout ce temps, soit près de dix ans, nous n'avons pas entamé les travaux de rénovation». Depuis, Danièle a rattrapé le temps perdu. Avec son compagnon, Jean Zunino, ils ont entrepris l'énorme chantier. «Enorme est un faible mot» confie Danièle Thirion. «Au niveau financier, c'est tellement élevé que je me demande comment nous avons fait !» Retour au sens religieux Au programme des travaux, la moitié de la toiture de l'abbaye a ainsi été refaite. La maison abbatiale a également été rénovée et deux gîtes ont été aménagés. L'abbaye a ainsi retrouvé sa vocation première, celle d'accueillir le public, et son sens religieux. Des groupes de prières ont ainsi été instaurés pour ceux qui le souhaitent. Sans oublier la rénovation de la fontaine Saint-Nicolas. «Ce fut un véritable travail de groupe» expliquent Danièle et Jean. «Michel Bresson (lire ci-dessous) nous a aidés ainsi que l'association Bieuzy-Lanvaux Découverte et Loisirs». Sans eux, nous n'y serions jamais arrivés !» Petit à petit, l'abbaye de Lanvaux retrouve ainsi de sa superbe et de son histoire. Une histoire riche. Nombre de personnalités ont foulé les trois hectares de la propriété au fil des siècles passés. Ainsi, à la fin du mois de mai 1795, c'est Cadoudal et ses Chouans qui y établissaient leurs cantonnements en vue du débarquement de Quiberon. Mais rapidement Les Bleus dénichaient leur repaire et passaient à l'attaque. Après avoir établi sa retraite, Cadoudal et ses hommes se repliaient dans la forêt de Floranges, toute proche. «Charles de Blois a passé également ici sa dernière nuit dans le pays d'Auray, en compagnie des cisterciens «souligne Danièle.» Des forges ont également été installées ici pendant quelques années. Sans oublier des maîtres verriers...» Cadoudal, Charles de Blois... Des documents sur l'histoire de l'abbaye, Danièle et Jean en ont des pleins cartons. «Nous voulons, au fil des années, lui redonner vie avec le plus grand respect possible du passé. «Actuellement, le couple reconstruit l'un des murs de la chapelle.» Mais cela va nous prendre du temps et va me coûter de l'argent» explique, le sourire aux lèvres, la propriétaire. Mais la passion aidant, le temps n'a plus de limites, et encore moins de limites financières !


    L'homme que l'on voit sur la photo bien que 13 années ont passé ressemble en tous points à l'homme triste que j'ai rencontré tout à l'heure. Car oui, l'homme était triste et toujours dans le deuil de sa compagne Danielle (ne pas confondre avec l'autre Danielle) décédée d'un cancer foudroyant en mai 2012. Tous leurs projets ont été interrompus, mais de toute façon, que pouvaient-il encore faire de cette bâtisse  à l'aube des 80 ans ? L'amour et la tendresse étaient sans doute leur ultime projet. 

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    Je pense surtout qu'ils étaient éperdument amoureux et qu'importe l'état du manoir. Depuis que Danielle n'est plus là, Jean traîne sa misère dans les couloirs du manoir et dans le parc. Il a mis le bien en vente mais sans trop y croire. Moi j'ai surtout eu l'impression qu'il voulait finir sa vie ici, entouré des toiles de sa compagne qui agrémentent les pièces du manoir (car j'ai visité aussi l'intérieur)

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    Je jetais parfois un regard à l'extérieur pendant que Jean commençait à me parler de religion, de trinité, d'Adam et Eve, de Marie-Madeleine... car s'il ne s'agit pas d'une maison religieuse, la religion tient une place importante dans ce lieu comme l'explique l'article du Télégramme. 

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    On a continué à discuter tout en passant d'une pièce à l'autre... 

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    Ensuite, on a reparlé de la dame qui m'avait acheté le voile d'ombrage et il m'a prêté un de ses recueils de poème où elle utilise le pseudo de Marguerit Jean. Voici le premier poème de ce petit volume.

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    Il y a du religieux là-dedans mais je trouve la sonorité générale très agréable, les rimes en ile et ule coulent goulûment. Et le foule des hommes me crie sans préambule que l'heure est arrivée à l'ultime pendule. On doit se sentir bien quand on termine un poème de la sorte. 

    A la fin, Jean n'était pas si pressé de me voir partir. Mais il faudra que je revienne lui ramener le recueil. Et puis autrement, ce soir, j'ai mis un temps fou mais j'ai trouvé l'endroit où l'abbaye est mise en vente. C'est une agence spécialisée dans les demeures de ce genre. L'abbaye de Lanvaux est à vendre 800.000€. 

    Je remercie Jean de sa gentillesse et d'avoir assouvi ma curiosité car quand je commence à  poser des questions, il est difficile de m'arrêter. J'ai été très touché par son chagrin, c'est un homme qui vit dans le passé, dans la nostalgie des années passées avec Danielle Thirion, la femme de sa vie. 

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    Loïc LT, le 01.06.2015