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paul-alexis robic

  • la part du vent - Paul-Alexis Robic

    Lorsque j'ai visité le bourg de Quistinic le printemps dernier, j'ai appris qu'un poète y était né et que la bibliothèque porte  son nom. Il s'agit de Paul-Alexis Robic (1907-1973). Ce poète est tellement peu connu que lorsqu'on tape son nom sur google, mon blog est très bien placé dans les réponses.  Arlequin m'avait dit dans un commentaire que la poésie de Robic ressemblait à celle de René Guy Cadou (1920-1951) et en parcourant le recueil de Robic que j'ai acquis depuis, j'ai découvert que Robic avait écrit un poème à l'attention de René Guy Cadou et qu’on ne le trouve nulle part sur la toile. Comme quoi, il y a encore de quoi alimenter le réseau. Ces deux-là étaient des amis à quel point je ne sais pas, la biographie de Robic est assez sommaire.  Je ne connais pas René Guy Cadou, né en Loire-Inférieure (d’où la référence à la Brière dans le poème) et apparemment plus connu que Cadou. En tout cas, les deux ont le point commun d’être des fils d’instituteurs et ça aide. 

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    A René Guy Cadou

     

    Parce que je suis né, René Guy, comme toi

    En Bretagne dans une humble maison d’école

    Un soir où le grand vent volait à haute voix

    Des ardoises aux vieux toits :

    Parce que mon ami s’appelait le Grand Meaulnes

    Et qu’il se tient toujours derrière mon épaule,

    A l’orée d’un grand parc nocturne illuminé ;

    Parce que j’ai couru par chaumes et landiers ;

    Parce que j’aime les granges et les greniers

    Pleins d’odeurs miraculeuses de l’enfance ;

    Parce que j’ai mâché le blé mûr et la menthe ;

    Parce que j’ai mangé la soupe des rouliers

    Et parce que la Poésie est mon amante ;

    Parce que j’ai scié mes bûches pour l’hiver ;

    Parce que j’ai besoin d’un feu craquant et clair,

    Chêne ou hêtre odorant, pour réchauffer mes os

    Quand la bise conteuse de vieilles légendes

    Chantonne sous ma porte et plaque à mes carreaux

    Les grands marais gelés du ciel ;

    Parce que la neige et le givre

    Gardent toujours pour moi l’odeur des vieux noëls,

    Parce que l’arbre est mon ami et qu’il m’arrive

    Silencieusement d’échanger des messages

    Avec les pierres, les nuages ;

    Parce que ta demeure et comme celle

    Du berger santon des collines de plein ciel ;

    Parce que tes poèmes

    Sont vrais comme le pain que partage le pauvre

    Et la bonne clarté de la lampe que l’hôte

    Élève pour le voyageur dans la nuit noire

    -Ce n’est pas à ton ombre aujourd’hui que je parle,

    Mon poète, mais à toi-même, bien vivant,

    Ami sauvage et doux comme le vent

    Qui frissonne le soir sur tes longues Brières,

    Et je salue en toi, seigneur des hautes terres

    D’amour et de beauté, l’homme dont la ferveur

    Fait jaillir, attisant un humble feu de brandes

    La haute flamme d’or qui consume la cendre. 

     
    Ce poème est paru dans le recueil la part du vent (éditions Janus). Sur la première page il y a une dédicace qui date de 1957 de Paul-Alexis Robic à un certain docteur Le Rolle, grand ami des poète et des enfants.

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    Si j'avais du temps à perdre, genre faire des rapprochements hasardeux, je m'étonnerais qu'un certain docteur Le Rolle exerce à Saint-Herblain en Loire-Inférieure (c'est à dire dans le pays de Cadou) , euh, en Loire-Atlantique pardon (tiens, je préférais Loire Inférieure...inférieure à la Bretagne -) et je me disais qu'il avait pu prendre le cabinet de son père. En poussant les investigations, je pourrais téléphoner à ce cabinet à demander au médecin si son père était médecin également et amoureux de poésie. 

    J'aime beaucoup ce poème dédié à son ami. On y trouve son attachement à ses racines et en même temps quelques accents rimbaldiens ( nostalgie de l'enfance, le grenier, le pain -poème les effarés-....). D'ailleurs, le premier poème de la part du vent s'intitule Se lève l'aube. 

    Se lève l'aube d'hiver...

    Comme une réponse à j'ai embrassé l'aube d'été...

    Se lève l'aube est un très beau poème qui convient bien à ce mois de décembre 2015, gris, pluvieux et pâle mais j'ai du mal à comprendre la fin. Quand j'aurai trouvé la clé, j'en reparlerai,  Robic mérite bien plusieurs notes.

    Loïc LT, 17/12/2015

  • recensement des cabines # 11 Quistinic (2/2)

    Il faut battre le fer quand il est chaud alors reprenons les chemins de Quistinic, chargé de ma folie qui a poussé ses racines de joie à mon côté, dès l'âge de raison. Cette plaque posée prêt de l'entrée de la médiathèque ne m'a pas laissé de marbre (jeu de mots)

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    Wikipedia m'informe que le type est le fils d'instituteurs de Quistinic et qu'il n'a guère quitter le département. Il vécut à Vannes et gagna son pain de seigle au Service Maritime des Ponts-et-Chaussées.  Il aurait commis 4 recueils de poésie qu'on peut trouver sur Priceminister mais à des prix inabordables en temps de crise (c'est à dire depuis 1973 et le choc pétrolier). Son poème le plus connu (tiré du recueil la part du vent) s'intitule les douze lutins mais c'est un poème pour noël un peu naïf. Je lui préfère celui-ci du même recueil. 

    JE SUIS DE CE PAYS…
     
    Je suis de ce pays mais ne m’y cherchez pas,
    Car je le fuis souvent pour mieux me retrouver.
    J’ai mes landes, à moi, où il fait bon rêver
    Et mes chemins secrets dociles à mes pas.
     
    Je suis de ce pays et je suis de ce temps
    Mais comme les oiseaux et comme la lumière,
    Comme le vent sans havre et comme l’océan
    Qui sans cesse défait et refait ses frontières.
     
    Et ne me dites pas que ma voix est lointaine
    Et qu’entre nous les ponts n’effacent pas les gouffres,
    Car je suis avec vous dans chaque enfant qui souffre,
    Dans chaque désespoir, chaque détresse humaine.
     
    In "La part du vent" , 1957
     
    Le seul portrait que j'ai trouvé de lui est ce croquis réalisé par  François Peron.

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    Paul-Alexis a donc dû traîner ses guêtres dans les rues de Quistinic. Enfant, sans doute vivait-il dans l'enceinte de l'école publique. Sans doute a-t-il rencontré ses contemporains (Guillevic, Henri Thomas)....Peut-être s'est-il accoudé à cette fenêtre pour rêvasser...

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    ou à celle-là :

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    Voilà pour Paul-Alexis. J'imagine qu'à Quistinic, peu connaissent son existence mais je ne pouvais pas ne pas l'évoquer ici. On est loin des cabines évidemment quoi que des cabines vieillissantes à la poésie, il n'y a qu'un fil (jeu de mots encore). 

    J'aime beaucoup cette vue, je lui trouve une certaine harmonie. 

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    Cette fougère qui pousse sur toute la longueur d'un talus est sans doute une Asplenium mais je n'y mettrai pas mon tricot Saint-James préféré au feu.

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    Voici l'ancien café de la mairie. L'étage semble habité, les ouvertures ont été refaites. Par contre, le rez-de-chaussée a l'air en piteux état. Si ça se trouve, il y a encore le comptoir, la tireuse à bière, les tables et les chaises Il manque des carreaux aux fenêtres. Les anciens sans doute se souviennent de ce café fermé depuis le dernier succès de Michel Polnareff.

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    Cette petite vitrine a fière allure mais une information trouvée ici m'informe que la multinationale a cessé son activité le 01/01/2013. Il s'agissait apparemment juste d'un dépôt de pain, d'épicerie et de cartes téléphoniques...en concurrence sans doute avec la boutique sur la photo suivante. Il y a dû y avoir du règlement de compte, genre l'un qui traite l'autre de chameau. Une main courante a-t-elle été posée ? Toujours est-il que bien que fermé depuis 2 ans, la vitrine est bien entretenue. 

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    Je suis obligé de poster cette photo de la carrosserie située à la sortie du bourg. On notera le numéro de téléphone à 6 chiffres :

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    Mais il faut quitter Quistinic car il est 12:15 et aucune fille ne sortait de la mairie.

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    Je laisse le mot de la fin à Paul-Alexis Robic

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     Loïc LT, rédigé le 26.04.2015