Je n'ai lu qu'une phrase de ce roman que je viens de terminer.
Hou là, avouez que ça commence fort.
Et pourtant, ce n'est pas une plaisanterie, c'est la vérité puisque zone ne contient qu'une phrase (avec quelques virgules mais très peu). Alors, c'est la marque des écrivains français que de vouloir faire des effets de style, de vouloir réinventer la forme etc..et certains disent que ça en devient lassant, qu'à trop soigner la forme, ils en oublient le fond. Peut-être que "certains" ont raison mais pas concernant ce roman de Mathias Enard (car sa qualité vient avant tout de son contenu). Et si avant d'en débuter la lecture, j'étais plus que sceptique quant à l'idée de cette phrase unique, il s'avère en fait que l'absence de points est assez logique au regard de la façon dont les pensées défilent dans l'esprit du narrateur, dans un souffle et le temps d'un voyage en train.
Et le contenu, c'est quoi, c'est toute l'histoire de l'Europe et du pourtour méditerranéen dans ce qu'elle a de plus tragique et de plus violent, vu par un ex agent secret français d'origine croate, un brin fasciste sur les bords et qui participa aussi directement à la guerre de Yougoslavie. Le type - qui a quitté toutes ses fonctions - voyage en train en direction de Rome où il doit remettre au Vatican une valise contenant des documents compromettants, moyennant pas mal d'euros (300.000 de mémoire et comme on dirait à M6, 300.000 c'est beaucoup d'argent). Tout le voyage durant, les images se bousculent dans sa tête, s'entrechoquent, aux guerres succèdent les génocides, aux génocides les attentats et les souvenirs défilent et en appellent d'autres, ce qui fait que pour le lecteur, chaque flash ne dure pas plus de deux ou trois pages. Parfois quand même quelques considérations sur la voyage en train et les passagers servent de transition et permettent au lecteur de reprendre son souffle avant de retourner dans les affres de l'histoire.
Quelque part, cette façon de présenter les faits en suivant les cheminements chaotiques, désordonnés et donc non structurés de l'esprit m'a rappelé Claude Simon qui, dans la route des Flandres procède un peu de la sorte (en plus hermétique). Mais pas vraiment Michel Butor (dont le seul point commun consiste au fait que la narrateur effectue également le voyageParis-Rome).
J'écrivais que Claude Simon était plus hermétique, puisque malgré les apparences, la lecture de Zone n'est pas si difficile. Malgré sa longueur, la phrase se lit assez vite.
Le roman est incroyablement bien documenté et peuplé de personnages secondaires (et souvent historiques) effroyables de haine. Mais ce qui donne sa force du récit, c'est le cynisme et le ton implacable avec le lequel s'exprime Francis Servain Mirkovic, le narrateur.
Et je dois avouer que j'ai quitté la zone un peu bouleversé.
roman, paru en 08/2008
Actes Sud, 517 pages
lecture du 16/07 au 25/07/09
note : 4/5
à venir : Rimbaud le fils, Pierre Michon
livres - Page 6
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CR109 - zone - Mathias Enard
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CR108 - Candide - Voltaire
résumé : Candide nous conte les mésaventures d'un voyageur philosophe qui affronte les horreurs de la guerre et les sanglants caprices de la Nature ; qui connaît les désillusions de l'amour et découvre les turpitudes de ses semblables, faisant à l'occasion l'expérience de leurs dangereuses fantaisies. Pourtant si l'homme est un bien méchant animal et si l'existence n'est qu'une cascade de catastrophes est-ce une raison pour que le héros perde sa sérénité et le récit son allégresse ? Sous la forme d'une ironique fiction, Candide propose une réflexion souriante sur l'omniprésence de la déraison qui puise sa force aux sources vives d'une expérience humaine, celle de l'auteur. Candide, on l'a dit, ce sont les Confessions de Voltaire, et c'est en cela qu'il nous émeut.
Mais ce roman d'apprentissage est aussi - et peut-être surtout - un festival merveilleusement ordonné de drôlerie et de fantaisie sarcastique, ruisselant d'un immense savoir maîtrise qui ne dédaigne jamais de porter le rire jusqu'au sublime. C'est en cela qu'il nous éblouit et qu'il nous charme.mon avis : Je n'ai pas grand chose à dire sur ce récit que j'ai lu entre deux trains, entre deux portes, entre deux avions qui m'emportent, entre New-York et Singapour , ma pensée fait comme un détour...euh non, alors oui, il me fallait un court roman pour une journée de transition, un court roman avant le colosse zone de Mathias Enard (dont j'aurais plaisir à vou parler dans le prochain cr). Dans ces cas-là, je choisis souvent un Modiano mais là, c'est Candide que j'avais sous la main (et puis, Raphael Enthoven n'est pas étranger non plus à cette envie de le lire (ou relire, l'ai-je déjà lu? )).
Candide est lu. Me suis bien amusé. Et puis autrement, j'ai toujours su qu'il y avait du Pangloss en moi. Une forte dose même.
conte philosophique, paru en 01/1759
lecture du 14/07 au 15/07/09
Pocket, 154 pages
note : /
à venir : zone, Mathias Enard -
CR107 - septentrion - Louis Calaferte
quatrième de couverture : ... Elle ouvre la porte. Éteint la lumière derrière elle. Elle reste sans bouger, dans l'encadrement, présentée, offerte... les cheveux noirs coulants, déployés autour de sa tête, sur les épaules découvertes dans la robe à grands ramages qui glisse le long de son corps, pelure de tissu soyeux presque de la couleur de sa peau bronze. Elle est belle... Elle attend. C'est un tel abandon, une telle offrande de sa présence que cela me trouble, me semble étrange, insensé, fascinant et pur comme la première approche du couple au seuil des noces. Je la porte, je l'encercle dans mon regard... A la vue de cette femme, quelque chose de moi se déchire...
mon avis : Qui connaît Louis Calaferte ? hein, qui ? pas grand monde en fait. Et c'est vraiment triste. Encore que, je fais mon malin là mais il y a encore quelques mois, ce nom m'était totalement inconnu. Et il a fallu que l'on m'offre un de ses livres pour que je découvre le bonhomme (décédé en 1994) et sa plume. Et si pendant tant d'années, je suis passé entre les mailles du filet, j'accuse, j'accuse qui je sais pas. le système peut-être.
Dans Septentrion, le narrateur, qui vit à Paris (dans les années 60) ne pense qu'à deux choses : baiser et bouffer. Quand il ne copule pas, il mange et quand il ne mange pas il copule. Et le lecteur a la droit aux détails les plus crus de ces deux activités ô combien humaines. Il bosse bien dans une usine de temps en temps mais de moins en moins ; il faut dire aussi que le type, qui gribouille quelques pages à ces heures perdues projette d'écrire un livre et que ses amis l'encouragent dans cette voie. Mais en attendant, en plus de l'encourager, il leur faut aider financièrement l'artiste maudit.
La relation avec la hollandaise Mlle Van Hoeck (qui occupe la première partie du livre) est désopilante en même temps que pathétique et les parties de jambe en l'air sont décrites avec beaucoup de réalisme..on s'y croirait ! tout comme les heures plus difficiles où le narrateur erre dans les rues de Paris, à la recherche d'un lit pour dormir et de quelque nourriture.
Je me suis attaché à lui malgré sa moralité qui peut laisser à désirer mais au fond qui est-il si n'est un épicurien qui veut Vivre pleinement, un existentialiste athée et qui s'assume comme tel ? ..(encore que, il ne cesse d'invoquer le christ mais je n'ai pas bien compris si c'était sincère ou purement provocateur). Certains diront qu'il n'est qu'un parasite, un boulet pour la société. D'un point de vue matérialiste certes, mais uniquement de ce point de vue puisque pour le reste, voyez l'oeuvre qu'il laisse à la postérité !
La plume de Calaferte est très vivante, étourdissante presque. Un mélange de Céline et de Sollers. Avec comme couleur personnelle chez Calaferte, un argot parisien bien maîtrisé et qui côtoie de grandes envolées lyriques...
Ce livre plus ou moins autobiographique (?) a été écrit au début des années 60 et fut censuré pendant plus de vingt ans avant d'être enfin republié chez Denoel en 1984.
Pour amateurs de sensations fortes.
extrait (p274) : Presque personne dans le compartiment. Heures creuses de la matinée. Mon regard se porte instinctivement sur une paire de jambes qui pend d'une banquette. La jupe courte s'arrête aux genoux. Fille entre les deux. Brune. Elle bouquine. Je m'installe sur le siège vide en face d'elle. La trique en l'air presque aussitôt. Ce qui démontre que j'en ai bougrement besoin. Vue de près, elle est ordinaire. Maigrelette approchant de la trentaine, mais je ne suis pas en position de chicaner sur la marchandise. N'importe quel cul fera l'affaire. Je n'arrive pas à voir ce qu'elle lit. Ça me servirait d'entrée en matière. Travaillons le sujet. J'avance une jambe, prudemment. Pas de réaction. Ni pour ni contre. Je me glisse légèrement en avant sur mon siège de façon à me retrouver encadrant ses jambes entre les deux miennes. Pression des genoux. Elle abaisse son livre, me regarde bien en face et hausse les épaules comme on a dû lui dire de faire avec les hommes entreprenants dans le métro. Elle a moins de trente ans ou alors elle ne les paraît pas. Je bande cette fois comme un vieil ours, sérieux. Quelques mots sur la lecture en guise d'amorce. Elle se garde de répondre. Prenant un nom d'écrivain qu'elle risque de connaître, du genre scribouilles qui posent leur fiente un peu partout, je brode allègrement, en termes choisis, qu'elle comprenne que je ne suis pas le premier venu. Ce mal que je me donne pour une pimbêche de second ordre, qu'en temps normal je n'aurais même pas gratifié d'un regard. La faim fait sortir le loup. Une faim d'ogre, si je puis me permettre la comparaison.
roman, paru en 03/1990
Folio, 436 pages
lecture du 11/07 au 14/07/09
note : 4/5
à venir : Candide, Voltaire -
CR106 - autoportrait de l'auteur en coureur de fond - Haruki Murakami
présentation de l'éditeur : Journal, essai autobiographique, éloge de la course à pied, au fil de confidences inédites, Haruki Murakami se dévoile et nous livre une méditation lumineuse sur ce bipède en quête de vérité qu'est l'homme... Le L avril 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz pour écrire un roman. Assis à sa table, il fume soixante cigarettes par jour et commence à prendre du poids. S'impose alors la nécessité d'une discipline et de la pratique intensive de la course à pied. Ténacité, capacité de concentration et talent : telles sont les qualités requises d'un romancier. La course à pied lui permet de cultiver sa patience, sa persévérance. Courir devient une métaphore de son travail d'écrivain. Courir est aussi un moyen de mieux se connaître, de découvrir sa véritable nature. On se met à l'épreuve de la douleur, on surmonte la souffrance. Corps et esprit sont intrinsèquement liés. Murakami court. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un marathon par an. Il court en écoutant du rock, pour faire le vide, sans penser à la ligne d'arrivée. Comme la vie, la course ne tire pas son sens de la fin inéluctable qui lui est fixée...
mon avis : j'avais deux bonnes raisons de vouloir lire ce livre : la première est qu'il y a longtemps que je voulais découvrir Haruki Murakami et la seconde est que je pratique la course à pied. (je ne mets pas de s à pied puisque tel est l'usage mais ce n'est l'envie qui me manque - on ne court pas avec un pied-) J'aurais aimé dire qu'en plus je suis écrivain mais ce n'est pas le cas.
Résultat : j'ai découvert l'écrivain japonais et son style est quelconque voire presque documentaire. Mais sans doute a-t-il procédé différemment avec cet autoportrait qu'il ne le fait dans ces romans. Sinon, je partage globalement sa vision de la course de fond, dans la façon de s'entraîner, dans ce qu'elle apporte et dans les parallèles qu'on peut faire entre la pratique de ce sport et d'autres activités qui remplissent nos vies.
Je conseille donc ce roman mais exclusivement aux joggers. Pour les autres, non..à moins que ça ne puisse donner l'envie de s'y mettre. C'est un bon sport..qui ne coûte pas cher, qui brûle les graisses, qui fait souffrir certes mais qui procure d'intenses moments de bonheur et de communion avec la nature et les éléments.
roman, paru en 02/2009
Belfond, 180 pages
lecture du 09/07 au 10/07/09
note : 3.75/5
à venir : septentrion, Louis Calaferte -
France Loisirs
Loin de moi l'idée de vouloir me moquer de FranceLoisirs. Ce n'est pas du tout mon intention et je respecte ce catalogue, que j'ai toujours plus ou moins connu depuis que je suis tout petit. Encore aujourd'hui, nous le recevons une fois par trimestre et achetons de jolis petits bouquins pour les filles. Et je dis joli; parce qu'en fin de compte, l'intérêt de FL réside avant tout dans l'esthétisme de ses livres. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne mais FL sous le nom des éditions FranceLoisirs republie des romans qui sont à la base sortis chez d'autres éditeurs et qui soit ont été des succès, soit correspondent à la ligne éditoriale de la boutique.
Et leur ligne éditoriale, c'est quoi ? plutôt des romans familiaux, grands publics ou très France profonde. Voilà à peu près l'idée. Et c'est pour cette raison que je n'y trouve pas mon compte. Ça n'est pas mon genre de littérature, c'est tout. Dans le dernier par exemple, que j'ai sous la main (le catalogue été 2009), les vedettes sont PPDA, Michel Sardou, Claude Michelet ou l'inénarrable Françoise Bourdin. Mais FL, c'est aussi une double page spécial fantaisy, une petite fenêtre érotique (avec deux ou livres, de Esparbec le plus souvent) et des livres pratiques sur la santé, la cuisine ou autres. Impossible de se perdre dans un FL : la mise en page et le style général n'ont pratiquement pas bougé depuis trente ans. Etre membre du club, c'est s'y sentir bien, avec des repères, des auteurs chouchous et des prix plus intéressants si l'on est un fidèle client (encore que globalement, c'est quand même assez cher).
Mais si je parle de FL aujourd'hui, c'est parce que j'ai reçu aujourd'hui, suite à un achat sur priceminister la joie de vivre d'Emile Zola (que j'ai lu et adoré il y a très longtemps), sorti aux éditions FranceLoisirs. Car si à FL, on dédaigne quelque peu la littérature classique (dans le dernier catalogue par exemple, il n'y a aucun roman classique), il arrive que le club sorte des collections maison et ce fut le cas des Rougon-Macquart il y a quelques années (1991/1992 et relooké en 2002). Et il se trouve que j'aime beaucoup cette collection Rougon-Macquart made in France-Loisirs. Mon idée est la suivante : je trouve que les RM s'accommodent mal de la pléiade (trop luxueuse au regard du propos) mais que pour une disposition dans une bibliothèque, ils méritent mieux que le livre de poche. Il ne reste donc que cette magnifique collection éditée par FL, très soignée, brochée avec une couverture sobre mais très figurative. Je les achète au compte-gouttes et non directement au Club FranceLoisirs (qui ne les vend plus) mais essentiellement d'occase sur priceminister où l'on trouve de tout pour une bouchée de pain. Il m'en reste encore quelques-uns à acheter mais rien ne presse.
Sinon, si France-Loisirs vous intéresse, je peux vous parrainer. Ça me permettra de changer ma cafetière. -
CR97 - bonbon palace - Elif Shafak
présentation de l'éditeur : Un roman choral qui, à travers le prisme d’un immeuble des bas quartiers d’Istanbul, offre un saisissant portrait de la société turque contemporaine.
Un récit haut en couleur aux personnages aussi inattendus qu’attachants, mené tambour battant par la géniale conteuse qu’est Elif Shafak (La Bâtarde d’Istanbul, Phébus, 2007: 24000 exemplaires vendus, sélectionné pour le Grand prix des lectrices de Elle).
Dans ce roman Elif Shafak donne vie au Bonbon Palace et à ses habitants. Cet immeuble à l’élégance désuète fut bâti en 1966 à Istanbul, sur le site d’un ancien cimetière musulman et arménien, par un riche Russe pour sa femme qui ne s’émouvait plus qu’à la vue de friandises…
Aujourd’hui décati, infesté par la vermine et les ordures, Bonbon Palace abrite dix appartements. S’y côtoient des voisins farfelus et très différents, composant une mosaïque de la société turque actuelle, reflétant ses aspirations, ses tensions et ses contradictions. Il y a d’abord le narrateur, un homme à femmes avec un penchant pour Kierkegaard. Puis le gérant de l’immeuble, le très religieux Hadji Hadji, conteur cruel à ses heures. Il y a aussi Cemal et Celal, les jumeaux coiffeurs; Hygiène Tijen qui n’a pas volé son surnom; Nadia, desperate housewife accro à un soap opera; la cafardeuse «maîtresse bleue»; la flamboyante Ethel en quête du grand amour…
Roman choral, roman truculent à l’ambiance digne d’un Almodovar, Bonbon Palace frappe par son énergie, sa fantaisie, son ironie. Il séduit par l’éventail des émotions qu’il déploie, passant en un clin d’œil du comique au tragique.
mon avis : Après la vie mode d'emploi de G.Perec (qu'en fin de compte j'ai moyennement apprécié), l'élégance du hérisson de Muriel Barbery (dont j'ai trouvé la lecture plaisante mais dont il ne me reste rien), encore un roman narrant la vie d'un immeuble. Ici, la bâtiment se situe à Istambul au début de ce siècle. L'auteur nous présente les habitants chapitres après chapitres, leurs passés, leurs fêlures, leurs manies, la façon dont ils font connaissance..avec à bonbon palace (surnom donné à l'immeuble par son premier propriétaire), en toile de fond, le problème des ordures qui s'amoncellent devant l'immeuble et qui sert de fil conducteur au récit.
Roman ambitieux, bien construit, belle plume, qui donne une image sympa de la Turquie...mais en fin de compte agaçant. Trop de longueurs sur le passé des gens, trop d'histoires imbriquées qui n'apportent rien. J'aurais préféré qu'on soit plus souvent dans le temps présent. Mais il y a quand même un vrai travail qui a été fait et me concernant c'est sans doute la première fois que je me plongeais dans la Turquie contemporaine, cette Turquie qui fait tant parler d'elle aujourd'hui, à l'heure où elle frappe aux portes de l'Europe . Évidemment, à la lecture de ce roman, on se dit que ce pays est plus complexe que les vieux clichés qu'on en a. Je dis évidemment parce qu'on s'en doutait, tout est tellement plus complexe qu'on ne pense et d'autant plus dans ce pays situé à un carrefour géopolitique et qui contient 70.000.000 d'âmes.
Malgré la petite déception, je note quand même cette auteur dont le talent doit vraiment se faire sentir dans un récit à la trame plus classique.Ce qu'en dit Amanda.
roman, paru en 08/2008
450 pages
lecture du 05 au 14/06/09
note : 2.5/5loïc, 23h40
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CR91 - passion fixe - Philippe Sollers
résumé (par l'auteur lui-même p372 du roman)
Un lecteur, ou une lectrice, ouvre ce livre, le feuillette, le fait traduire, comprend vaguement que l'auteur a dû faire partie d'un complot subversif difficile à identifier. Les événements dont il est question sont lointains, on n'en garde qu'un souvenir contradictoire, la plupart des historiens les classent parmi les révoltes sans lendemain. Le narrateur commence par avoir envie de se suicider, ne le fait pas, rencontre une femme qui transforme son existence. Dora est une jeune et jolie veuve, avocate, dont le mari, disparu prématurément, possédait une vaste bibliothèque. Des livres anciens, des manuscrits rares, l'ouvre d'un collectionneur. [..] Il y a aussi une pianiste célèbre, Clara, une personnage mystérieux, François, ce dernier étant peut-être un espion chinois.
Le ton général est très critique sur la société du temps de l'auteur, mais la société, au fond, à quelques transformations techniques près, est toujours la même. Les références chinoises abondent, ce qui est plutôt curieux pour un auteur occidental de cette période. Que veut-il Que cherche-t-il ? Le narrateur semble mener une vie clandestine organisée très libre, notamment sur le plan amoureux. Comme il pense à des tas de choses à la fois, son récit donne souvent l'impression d'une un tableau cubiste. Parfois on est perdu, mais on s'y retrouve toujours.
mon avis : L'oeuvre de Sollers me laisse l'impression d'un immense gâchis, car je trouve qu'il y a du génie chez cet écrivain de la suite et de la cohérence dans les idées et puis que le tout est écrit avec une verve éclatante mais que hélas, on est très vite agacé par une tendance qu'il a à se la péter, à se mettre en avant, à tout le temps à ramener la couverture à lui.
En ce qui concerne ce roman en particulier, je trouve que pour un type qui soi disant critique la société dans laquelle il vit (au point de souhaiter plus ou moins la révolution), il profite plus que bien de cette société, volant de capitales en capitales, couchant (dans tous les sens du terme) d'hôtels en hôtels etc. Son analyse de la société est plus que sommaire et ils se contente de caricaturer le capitalisme en la personnifiant sous les membres de la famille Leymarcher-Financier.
Et Dora, la "passion fixe" du narrateur (qu'on devine être Sollers, hein, ça se sent que la narrateur et l'écrivain ne font qu'un) est trop parfaite pour être vraie (mais chez Sollers, les femmes sont toujours comme ça, intelligentes, super canons, raffinées, super baiseuses et tout).
Et le tout est truffé de références à la culture chinoise, et comme personnellement je ne connais rien à la Chine, ça ne m'a pas aidé.
Sentiment mitigé donc entre un style flamboyant et un nombrilisme trop affirmé. Mais l'agacement l'emporte.
lecture du 01.05 au 08.05.09
folio, 399 pages
note : 2.5/5
à venir : Mytal, Ayerdhal -
CR87 - chroniques de San Francisco - Armistead Maupin
mot de l'éditeur : Le dernier quart de siècle sonnant, Mary Ann gagne San Francisco, où la libération sexuelle s'affiche en couleurs outrancières. Elle choisit d'être logée par Mme Madrigal, dans un refuge où se côtoient amicalement des "chats errants" de toutes origines. C'est le début d'une saga. Véritable phénomène depuis leur parution en 1976 sous forme de feuilleton, ces chroniques locales sont aujourd'hui traduites dans toutes les langues. Outre leur côté dépaysant, leur charme universel réside peut-être dans leurs personnages abandonnés, venus dans la ville libre trouver une famille différente, fondée sur des liens nouveaux.
mon avis : Évidemment, ça se boit comme du petit lait, les chapitres sont courts et les dialogues abondent mais ce roman s'apparente juste à un bon roman de plage (ou de train). Ce n'est pas être méchant que de l'écrire, je pense que le but de Maupin était de toucher le plus grand nombre. Mais il y a aussi que j'ai trouvé que ces chroniques vieillissaient mal. (même si elles peuvent avoir une petite valeur documentaire et à ce titre, je me suis dit plusieurs fois "bon sang que les années 70 furent superficielles..et quand on pense qu'elles sont suivies par les années 80...).
Bon voilà, je vais faire court. Et pour conclure, je dirai que je n'ai pas envie de lire la suite. Dans le même genre (si si), je préfère la série Doggy Bag de Philippe Djian (plus contemporaine, plus spirituelle, plus marrante, normal Djian est français -)Editions 10/18 (3 mars 2000), 382 pages
lecture du 13/04 au 17/04
note : 3/5 -
Je n'ai pas été tagué mais...
...je réponds quand même à ce questionnaire trouvé chez Phil.
- Plutôt corne ou marque-page ? corne-page. Plus sérieusement, quans ce sont des bouquins empruntés en bibliothèque ou qu'on m'a prêté, je corne facilement mais quans ce sont les miens, j'utilise un marque-page.
- As-tu déjà reçu un livre en cadeau ? oui, plus souvent que des pneus. les derniers sont le rivage des Syrtes de Julien Gracq et Septentrion de Louis Calaferte.
- Lis-tu dans ton bain ? Je ne prends que des douches. (chaque dernier dimanche du mois)
- As-tu déjà pensé à écrire un livre ? non, impossible pour moi d'écrire un livre. pas assez d'imagination et pas de style.
- Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ? ça ne me dérange pas. Par exemple, doggy bag est une série que j'adore.
- As-tu un livre culte ? Allez, l'oeuvre-vie de Rimbaud.
- Aimes-tu relire ? Ça fait longtemps que je ne l'ai pas fait mais là je serais intéressé par relire le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier et le mépris de Alberto Moravia.
- Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimé ? Ça ne m'est jamais arrivé. Et étant donné ma timidité excessive, je crois qu'il y aurait comme un blocage.
- Aimes-tu parler de tes lectures ? Si on me le demande oui, sinon non, je n'en parle pas. Le fait est que mon environnement n'est pas très littéraire.
- Comment choisis-tu tes livres ? Pas de règle. Mais j'essaie d'être varié, un peu de roman contemporain, un peu de classique, un peu de romans français et un peu de romans étrangers.
- Une lecture inavouable ? aucune, j'ai lu un harlequin en 2008 et je l'ai avoué.
- Des endroits préférés pour lire ? canapé, lit, table de jardin, voiture.
- Un livre idéal pour toi serait ? Avec du style et qui me fasse avancer intellectuellement.
- Lire par-dessus l’épaule ? non
- Télé, jeux vidéos ou livre ? télé non, je déteste la télé et les journalistes. C'est presque de la haine. Jeux vidéos, non. Que livre donc.
- Lire et manger ? les deux, mais jamais en même temps.
- Lecture en musique, en silence, peu importe ? Je préfère le silence même s'il m'arrive de lire en écoutant Mozart ou Satie par exemple.
- Lire un livre électronique ? oui et si j'avais de l'argent, j'aurais déjà acheté l'ebook dont on parle tant. Et je vais souvent voir ce qui sort chez publie.net.
- Le livre vous tombe des mains : aller jusqu’au bout ou pas ? J'essaie de finir quand même car je me dis que même si un livre ne me plait pas, peut-être à un endroit vers la fin, il y a une pensée ou quelque formule plaisante. Parfois je me dit qu'une simple phrase bien sentie peut faire la grandeur d'un roman.
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le top 10 de cent écrivains
Télérama a eu la bonne idée de demander à 100 écrivains français de lister leurs dix livres préférés. Quoi qu'on dise de ce type d'exercice, ça donne quand même une idée des influences et il faut dire ce qui est, il n'y a rien de plus excitant que de se plonger dans ce type de listes.
Les réponses sont assez variées et Marcel Proust avec à la recherche du temps perdu arrive largement en tête en étant cité 33 fois. Normal. Derrière on trouve Ulysse de James Joyce (cité 13 fois) (roman dont je n'ai jamais réussi à dépasser la page 10), Illiade et Odyssée d'Homère (9).
Bon, jusque là, tout est normal.
C'est après que ça se gâte...puisqu'arrive en 4ème position la princesse de Clèves de Mme de la Fayette. Ahurissant..et évidemment, on devine clairement que si le même questionnaire avait réalisé avant février 2006 ce roman ne serait pas apparu une fois. Mais on sait ce qui s'est passé entre temps. Nicolas Sarkozy a déclaré en 2006 que la présence de la princesse de Clèves dans la programme de recrutement de la fonction publique ne pouvait être l'initiative que d'un sadique ou d'un imbécile. Ça a fait tout un pataquès évidemment. Sarkozy illettré etc etc (alors que peut-être il aime ce roman, mais je m'en fous en fait).
Tout ça, on s'en fout. De la déclaration de NS (purement anecdotique et à seule fin d'amuser la galerie) à la polémique qui a suivi (dans le microcosme littéraire, on aime bien se choisir des ennemis communs, des sortes de tête de turc qui symboliseraient tout ce que la France compte d'illettrés et de je-ne-sais-quoi).
Par contre, ce qui m'apitoie, c'est de constater que pas mal de romanciers (dont Eric Reinhardt, ce qui me déçoit beaucoup) ont décidé de mettre la princesse de Clèves dans leur top10, sans doute par simple esprit militant ou par provocation. Je dis "sans doute" parce que je ne peux pas en être sûr. Mais en ma qualité de lecteur lambda, passionné de littérature, je ne crois pas que le roman de Mme de la Fayette fasse parti des 10 meilleurs livres du monde. Bon, je ne l'ai pas lu (je n'aime pas les romans avec des princesses écrits par des Mme de), c'est sans doute un bon roman mais si je ne l'ai pas lu, y'a une raison.
Donc, en plus de détenir le pouvoir exécutif, NS détient celui d'influencer les goûts littéraires des écrivains. Chapeau. Donc voilà, si demain, Sarkozy dit qu'il n'a pas aimé Martine petite maman, alors il y a forte chance que Martine petite maman devienne un des grands romans de la littérature mondiale. Faut arrêter. J'imagine l'écrivain en train de se dire "et je vais mettre la princesse de clèves, ça va faire son petit effet car je vais être le seul et ça va montrer à des milliers de gens combien j'aime pas NS, ça va montrer que je suis un esprit libre et rebelle..."
Ce soir, j'avais envie de m'énerver...pour une fois tiens.
Et aussi de donner mon top 10 (qui change de temps en temps, avec quand même un noyau dur de 6 romans immuables) :
- oeuvre-vie, Arthur Rimbaud
- voyage au bout de la nuit, Louis-ferdinand Céline
- le château, Franz Kafka
- à la recherche du temps perdu, Marcel Proust
- l'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera
- tante Julia et le petit scribouillard, Mario Vargas Llosa
- Cendrillon, Eric Reinhardt
- l'oeuvre, Emile Zola
- l'enchanteur, Barjavel
- le rivage des Syrtes, Julien Gracq