Voici les derniers livres à entrer dans la bibliothèque. Je les ai acheté au comptant en me couvrant par des put à des prix d'exercice éloignés. Leur consommation n'étant pas prévue pour le court terme, ces produits seront stockés à part en zone peu exposée :
- Et mon coeur transparent, Véronique Ovaldé
- Lignes de faille, Nancy Huston
- Cherokee, Jean Echenoz
- Terminal Frigo, Jean Rolin
- Le Moral des ménages, Eric Reinhardt.
Chaque ouvrage a passé avec succès les différents niveaux de contrôle et ont donc été jugés propres à la consommation.
livres - Page 9
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zone de réception (2) - derniers arrivages
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des jours et des livres (5) - Jean Rolin
Je suis en train de lire zones de Jean Rolin et suis sous le charme. Le narrateur décrit de façon très précise en même temps que très poétique des rues, des quartiers, des zones de Paris dans lesquels il se promène. Pour l'instant, je ne sais pas ce qu'il cherche, ce qu'il veut mais il apparait que ces divagations dans des endroits sans intérêts et peu touristiques se suffisent à elle-même. Du même auteur, je suis également tenté par Terminal Frigo, une sorte de road-movie industriel dans les ports de pêche de France
ça me fait penser à la tentative d'épuisement d'un lieu parisien du maître en la matière, Georges Pérec. Je viens d'ailleurs de l'acheter et je trouve qu'il serait assez cohérent que je le lise juste après.
Après ce bain de littérature géographique, je vais lire Middlesex de Jeffrey Eugenides.
Depuis hier soir, nous sommes en Normandie où les filles viennent de passer 15 jours chez papy-mamy. Quand on est arrivé, après 3 heures de route épuisante, les filles nous ont sautés au cou en criant 'papa !' 'maman !'. C'était naturel, ça venait du fond du coeur et je crois que j'ai failli pleurer..pour la première fois depuis des années. Pendant une demi-heure, après cette arrivée inoubliable, j'étais sous l'emprise d'une émotion indicible que les apéros servis par les grands-parents avaient tendance à amplifier. Après on a mangé une raclette et bu beaucoup de vin rouge. Dessert et café-calva. Et puis billard avec bières. Résultat : ce matin, grosse gueule de bois.
Résultat donc, grosse gueule de bois ce matin. Mal au crâne, envie de vomir et tout qui bouge autour de moi comme dans un manège. Je suis quand même allé dans la grande librarie de Saint-Lô où j'ai l'habitude de flaner. Mal m'en a pris. Chaque fois que je penchais la tête pour voir les titres des livres ou que je me baissais pour voir les ouvrages d'en bas, je manquais m'évanouir. Je suis sorti sans rien alors que hier soir j'avais budgétisé pour cette sortie une somme conséquente
Là, il est 14h30, nurofen et doliprane aidant, je vais beaucoup mieux. Quelle galère les amis !
Loïc
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zone de réception (1) - 'les bienveillantes' de Jonathan Littell
Nouvelle rubrique dans laquelle il s'agira de suivre l'actualité de l'arrivée de livres dans la bibliothèque. Ne perdons pas de temps et commençons de suite avec la réception hier, samedi 23 d'un nouvel ouvrage. Interview de Chef Playmo :
- qu'avez-vous réceptionné hier ?
Il s'agit de les bienveillantes de Jonathan Little sorti en poche courant janvier 08.
- qu'est-ce que ce livre a de particulier ?
son poids : il pèse 680 grammes, ce qui pour un poche est un record, en tout cas ici dans la bibliothèque de Loïc. J'ai du requisitionner toute l'équipe Playmo pour porter l'objet.
- Loïc, vous avait-il averti de cet achat ?
pas du tout ! il s'agit d'une vraie surprise..Hier, nous étions tous en train de dépoussiérer les Zola et nous ne nous attendions pas à cette arrivée.
- A l'arrivée de l'objet, Loïc vous a-t-il donné des recommandations ?
Tout à fait, à chaque fois, il nous remet une sorte de feuille de route. Pour les bienveillantes, il nous a dit qu'il n'était sans doute pas prêt de le lire et que donc, il fallait que le livre soit entreposé dans un endroit où il ne prenne pas trop la poussière et pas trop exposé à la lumière. Sinon, ce sont les recommandations habituelles concernant la sécurité.
- Que savez-vous du livre en lui-même ?
C'est le prix Goncourt 2006, ce qui signifie que nous accueillons dans la bibliothèque notre quatrième prix Goncourt après à l'ombre des jeunes filles en fleur de Marcel Proust, rue des boutiques obscures de Patrick Modiano et je m'en vais de Jean Echenoz. Toute l'équipe Playmo apporte un soin particulier aux ouvrages ayant reçu ce prix.
Merci Chef Playmo, et à bientôt pour une nouvelle réception !
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des jours et des livres (4) - relire 'Cendrillon' ?
Sur le site Bibliobs où il m'arrive d'aller kékeufois, on conseille dans une récente note de relire Cendrillon d'Eric Reinhardt (Tant qu'à se plonger dans la dernière rentrée littéraire, je préconise aussi la relecture de Cendrillon, du divinateur Eric Reinhardt ) et l'aube le soir ou la nuit de Yasmina Reza. Je rappelle pour bien montrer la stupidité du conseil que ce sont des livres qui ont quelques mois et que donc leurs nombreux lecteurs les ont lu il n'y a que quelques mois..Et il faudrait déjà les relire ? Cendrillon est un pavé de 600 pages..et suffisamment étincellant pour qu'on s'en rappelle des années après. Conseiller de le lire, soit...conseiller de le conseiller à d'autres gens, évidemment..mais il faudrait être stupide de le relire. Ou alors être amnésique.
Ce qui me fait rebondir sur le nouvel obs, que j'ai reçu samedi dernier dans ma boite à lettre. Accompagné d'un offre d'abonnement alléchante évidemment, avec superbe stylo, lecteur dvd divx et écran plasma 109cm. Je l'ai parcouru donc car ce n'est pas si courant qu'un hebdo de gauche débarque à la maison..Suite à la lecture (juste en diagonale, faut pas exagérer), je me suis amusé à un jeu : compter le nombre de fois où le mot 'Sarkozy' apparait. Résultat : 57 fois, et évidemment, vous imaginez dans des articles assez acerbes à l'encontre du président. Ce qui est somme assez normal pour un tel hebdo. Mais quelle obsession quand même.
Ce qui me fait rebondir sur la crainte qu'avait certains sur une soit disante censure des médias sous présidence Sarkozy...Aujourd'hui, quand on y pense ça fait sourire. Au moins, on peut être rassuré de ce côté-là. Ce serait difficile de dire le contraire. Pour le reste, sur le fond, j'ai le sentiment d'une fuite en avant....Et je suis à peu près contre tout ce que propose ou dit le président (sur la shoah, pub sur les chaînes publiques, place de la religion ) mais je le respecte et je ne lui fais pas de procès d'intention. Il a été élu au suffrage universel. Le danger pour la démocratie, ce n'est pas Sarkozy mais c'est l'antisarkozysme ambiant érigé en sport national.
Quant à moi, je suis libéral, certes, mais pas conservateur.
Loïc
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des jours et des gens (4) - Jérôme Kerviel vs Laurent Dahl
Ce soir, je suis plongé dans les vers de Stéphane Mallarmé..ce qui m'a ramené à Cendrillon d'Eric Reinhardt. N'en finirai-je donc jamais avec ce roman ? Après quoi en rendant ma visite quotidienne au blog ligne de fuite , j'apprends que l'écrivain a fait une courte apparition dans la seule émission du paf qui vaille le détour, j'ai nommé ce soir ou jamais présenté par Frédéric Taddéi. Reinhardt constate qu'il y a plein de similitudes entre son personnage et le trader Jérôme Kerviel...et le lecteur constate une fois de plus que Cendrillon n'est pas seulement une invitation à mettre plus de poésie dans nos vies mais également un roman d'une actualité brûlante. Un roman total donc. Voici l'extrait :
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des jours et des livres (3) - le top ten
Compte tenue de mes lectures de ces deux dernières années, il me faut mettre à jour mon top ten. Ce sera l'occasion aussi de le mettre sur ce blog puisque jusque là, je l'avais juste déposé sur des forums divers et variés... Donc, 2 livres font leur rentrée et en éliminent donc deux qui sont l'inconnu du Nord Express et Patricia Hishsmith et les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Voici la liste :
Marcel Proust - du côté de chez Swann
Céline : voyage au bout de la nuit
Emile Zola - l'oeuvre
Eric Reinhardt : Cendrillon
Milan Kundera : l'insoutenable légèreté de l'être
Mario Vargas Llosa : Tante Julia et le petit scribouillard
Boris Vian : l'écume des jours
René Barjavel : l'enchanteur
Franz Kafka : le chateau
Paul Auster : brooklyn Follies6 écrivains français (ce qui me confirme dans l'idée que la littérature française est la meilleure du monde...). Les américains sont très bons aussi d'un point de vue stristement narratif. Ils n'ont pas leur pareil pour ce qui est de raconter une histoire. Mais ce que je regrette c'est que je ne leur trouve pas de style personnel alors que chez les français, on sait quand on lit un Modiano que c'est de Modiano ou quand on lit Zola que c'est du Zola. Ceci dit, chez les américains, la traduction joue beaucoup. A quel point ? Je ne sais pas..
Tout à l'heure, mon top ten cinéma.
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des jours et des livres (2) - Milan Kundera
Les essais de Milan Kundera sont aussi limpides et épurés que ses romans et le rideau (que je feuillette plus que je ne lis depuis tout à l'heure) n'échappe pas au constat. Milan Kundera élabore tout à un tas de concepts et théories (le kitsch par exemple) complexes et pourtant, à le lire, on a le sentiment que tout est simple et évident. Chaque phrase est un diamant, chaque pensée une illumination.
Par contre, pour bien comprendre un essai de Kundera, il faut un minimum de culture romanesque puisqu'il fait sans cesse référence à de grandes oeuvres pour appuyer ses théories. Si on n'a pas lu ces oeuvres, c'est plus compliqué de s'imprégner de l'idée. Par exemple, dans l'art du roman, il est beaucoup question de Jacques le Fataliste et dans le rideau de l'homme sans qualités. C'est la raison pour laquelle, j'ai une préférence pour ses romans.
phrase tirée de la fiche MK de wikipedia : Ainsi, la seule « morale » du roman serait la connaissance, le distinguant de la philosophie qui, abstraite (alors que le roman étudie toujours des situations concrètes), apporte un jugement. Le roman suspend ce jugement en montrant des faits susceptibles d'être interprétés et jugés diversement. Telle est la différence entre un roman de Kundera et le roman de Muriel Barbery (touts proportions gardées..) : chez Kundera, l'histoire appuie les théorie alors que chez Barbery, les théories et l'histoire sont indépendantes.
J'ai lu les romans de Kundera dans les années 90 et je dois dire qu'ils occupent une place privilégiée dans mes souvenirs littéraires. . Ceci dit, j'aimerais en relire , pour le plaisir surtout mais aussi pour les juger avec ce regard d'adulte que j'ai aujourd'hui et que je n'avais pas il y a 15 ans..donc voilà..juste comme ça...se rappeler parfois de ces oeuvres qui nous ont marquées..et ça pourrait être l'occasion de revoir du film 'l'insoutenable légéèreté de l'être' de Philip Kaufman, qui restitue à merveille l'atmosphère et le ton kunderien.
Quelle joie ce serait d'apprendre la sortie d'un nouveau roman du maître..
Loïc, 22h00
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souvenirs de lectures : passages avec zone.
Dans tous ces livres que j'ai lus dernièrement, il arrive évidemment qu'il soit question de terrains vagues. Et comme le terrain vague est un peu le fîl rouge de ce blog, (thème que d'aucuns jugeront profondément débile), j'ai décidé de retranscrire ici certains des passages en question. Et pour inaugurer cette série, il m'est revenu à l'esprit un passage exquis de je m'en vais de Jean Echenoz, livre que j'ai beaucoup aimé, je le rappelle.
J'extrapole un peu le thème du terrain vague à des zones industrielles désertes et les zones péri-urbaines sans intérêt. Terrain vague au sens large donc...(voilà une note qui ne risque pas de faire monter l'audience - très basse - de ce blog ! Mais on s'en fout, on est entre nous (enfin non je suis avec moi))
Entrée dans Charenton, la Fiat a viré à droite dans une petite artère qui porte le nom de Molière ou de Mozart, Baumgartmer ne se rappelle jamais lequel des deux mais il sait qu'elle aboutit perpendiculairement à une autre voie rapide, au-delà de laquelle s'étend une minuscule zone industrielle bordant la Seine. Cette zone est composée de rangée d'entrepôts, de perspectives de boxes à rideau métallique sur certains desquels sont peints des noms de firmes, au pochoir ou pas. Signalées par un grand panneau - la Flexibilité au service de la Logistique -, il y existe également nombre de cellules de stockage en location, d'une surface comprise entre deux et mille mètres carrés. Il s'y trouve encore deux ou trois petites usines très calmes qui ont l'air de tourner au quart de leur potentiel ainsi qu'une station d'épuration, tout cela distribué autour d'un tronçon de route apparemment privé de nom.
C'est un secteur encore plus vide que partout ailleurs au milieu de l'été, et presque silencieux : les seuls bruits perceptibles y aboutissent sous forme de rumeur floue, de frémissements sourds, d'échos d'on ne sait quoi. Pendant l'année, à la rigueur, peuvent s'y promener deux couples âgés avec leur chien. Certains moniteurs d'auto-école ont aussi repéré cet endroit et se sont passé le mot, profitant du trafic nul pour y faire évoluer leurs élèves à moindre risque et parfois aussi, sa machine sur l'épaule, un cyclotouriste le traverse pour emprunter le petit pont qui franchit la Seine vers Ivry.
Je suis subjugué par ce style décapant et déroutant en même de poétique. D'ailleurs, plus les semaines passent qui m'éloignent de la lecture de ce roman, plus il apparait qu'il m'a profondément marqué (c'est l'effet inverse au livre de Barbery qui m'a laissé sur le coup une grosse impression et qui aujourd'hui me semble d'une naïvité et d'une vacuité abyssales).
Loïc, 22h35
ps : la photo est extraite du site blanc de Philippe Vasset (lien en bas à gauche, merci à lui)
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Entre ces deux Nestor Burma, j'hésite...
Mais en attendant, je dois finir trente ans et des poussières de Jay McInerney Et j'ai bien du mal. Je m'attendais à un roman classique à la Auster et en fait, je le trouve compliqué, tiré pas les cheveux et longuet. L'histoire se tient (encore que je me lasse un peu de l'american way of life..). A la base, je cherchais un roman qui traite du krack boursier du 18 octobre 1987, vu par des new-yorkais moyens. On m'a conseillé celui-là. Mais pas mal de clichés et de lieux communs dans ce livre..
ensuite un Nestor donc
ensuite, la suite de Doggy Bag
ensuite, peut-être les bienveillantes (en poche)
ensuite d'autres trucs.
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Cendrillon, Eric Reinhardt - passages choisis (2)
Je crois que fondamentalement, ce que j'ai aimé dans le livre de Reinhardt, c'est qu'il aborde beaucoup de thèmes : l'économie, la spéculation, le sexe, l'amour, la création, la frustration, la poésie, le stress etc, tout ce qui remplit la vie de l'homme occidental contemporain. Par exemple, j'ai beaucoup de mal à lire un roman qui parle uniquement de ' '..Si on prend 'la possibilité d'un île' de feu MH, on a une seule thématique bien identifiable. Or, nos réalités sont diverses et ce n'est pas parce que je serais le fruit d'une manipulation génétique que toute ma vie, tout mon quotidien dépendrait et se concevrait par rapport à ça. Un bon roman doit embrasser la réalité du quotidien dans toute sa grandeur et aussi toute sa faiblesse. Je repense à Laurent Dahl qui passe le mercredi après-midi chez sa petite amie, Marie Mercier, une petite bourgeoise. Il a quelques ennuis gastriques et se retrouve confronté à une situation peu plaisante : enfermé dans les toilettes des Mercier, il ne sait comment se débarasser de son slip dans lequel il n'a pas su retenir. Cette histoire n'est pas anodine. Souvent les ennuis qu'on a de ce côté-là de nos vies sont assez révélateurs de certains caractères. Je prends mon cas. Enfant puis ado, j'étais un mec très timide (je le suis encore un peu mais il apparait qu'avec l'âge l'expérience de la vie prend le dessus sur la timidité) et je me souviens d'un voyage scolaire en Grande Bretagne alors que j'étais en 3ème. Nous avions chacun notre famille d'accueil. Et pour moi, ce voyage a été un stress de tous les instants. Ce qu'il m'en reste aujourd'hui, c'est que pendant 7 jours, je n'ai pas du tout déféqué car je ne comprenais pas le système de chasse d'eau des toilettes de ma famille d'accueil (et j'aurais été trop gêné de leur demander de venir tirer la chasse d'eau étant donné les odeurs etc). En journée, nous quittions nos familles et allions en car visiter Londres et autres endroits sympathiques. Mais j'étais tellement omnibulé par cette maudite chasse d'eau au système assez complexe que je n'ai profité de rien et toutes mes pensées revenaient à la façon dont j'allais pouvoir accomplir mes besoins. Mes camarades riaient, draguaient les petites anglaises et moi, j'étais là, à me retenir..et à ne pouvoir non plus uriner de façon apaisée tellement j'avais peur qu'en me laissant aller par devant, tout ne parte à l'arrière.
'J'ai remarqué que plus on est envahi par le doute, plus on s'attache à une fausse lucidité d'esprit avec l'espoir d'éclaircir par le raisonnement ce que le sentiment a rendu trouble et obscur.' écrivait Moravia. Dans ce sentiment que j'avais d'être un bon à rien, j'ai été incapable pendant cette semaine horrible de trouver une solution à un problème pourtant simple. Je focalisais tellement sur ce problème que dès qu'il me fallait envisager une solution, ma façon de raisonner la chose déraillait complètement.
A la différence de Laurent Dahl, qui des années plus tard devient un des des traders les plus riches de la city, je n'ai jamais pu me sortir de cette hyper-timidité et cela évidemment a eu des conséquences sur ma vie professionnelle. Pourtant je me trouve quelques points communs avec Dahl : une adolescence difficile, l'amour de la poésie et de la culture en général, l'envie de réussir par tous les moyens légaux (mais pas forcément éthiques). Je dirais même qu'au début des années 2000, j'ai découvert à mon humble niveau l'argent facile, celui qu'on pouvait se faire très vite avec les produits de placement à fort effet de levier. Il m'est arrivé de faire du 900% sur un warrant qui ne montait que si le cac baissait. Mais il m'est arrivé aussi de tout perdre. résultat des opérations : je n'ai rien gagné dans ces folles années et j'y ai même laissé quelques plumes. J'étais à cette période obsédé par les indices boursiers et au boulot, je ne cessais d'actualiser boursorama pour voir comment évoluait mon panier de valeurs minutes après minutes. C'était devenu n'importe quoi..et aujourd'hui que je ne joue plus à ça, j'ai remplacé ces obsessions par d'autres (et j'en parlerais qu'avec un peu de recul..)
Je ne me souviens plus trop du caractère de Laurent Dahl. (déjà..je sais, on oublie vite)...mais dans cette fuite en avant, pendant qu'il perd des millions de dollars sur la hausse du titre softbank, il croise une inconnue dans le train..et alors, et c'est ce qui fait la différence entre Laurent Dahl et Nick Leeson, c'est que Dahl, après avoir croisé le regard de cette fille, se fout complètement du cours de la bourse. Une seule chose importe pour lui : retrouver cette fille. Après l'avoir recherché grâce à quelques indices sur les hôtels d'aéroport où elle aurait pû descendre, il n'y croit plus qu'en invoquant le hasard, qui devrait une nouvelle fois lui venir en aide..Dahl, après avoir gagné un max de thunes en profitant à fond des dérives du système abandonne tout pour un regard. Laurent Dahl vous parle (ce qui justifiera le titre de cette note):
'Une situation désastreuse, je la retourne assez vite et j'en envisage le bon côté, les avantages et les vertus. Chez la plupart des gens les années s'empilent, toutes semblables, indistinctes. Moi je voudrais que ma vie se déploie comme un dallage dans un jardin... que chaque année constitue un progrès sur la précédente... que chaque année ait sa couleur, son identitié, ses spécificités. Cela requiert de la part de celui qui s'est fixé cette ambition des efforts considérables. Et une sort de fétichisme insensé du temps qui passe... des souvenirs que l'on laisse derrière soi... des sensations qu'on en retire... Je me souviens précisément de toutes mes dates importantes. Mon passé est ponctué comme par des monuments par des dates et des événements fondateurs. C'est un système dialectique qui unit passé, présent, futur. Sinon, je meurs. Sinon, c'est terminé pour moi. Sinon, je serais balayé dans l'instant par la terreur que m'inspire l'existence. Et c'est logique d'une certaine manière. Durant toute mon adolescence je me suis évadé dans des images - des images de mon avenir que je fabriquais, des sensations, des tableaux, des situations rêvées. Et à présent que j'ai rejoint le futur de cet adolescent... que je suis devenu le jeune homme de vingt-trois ans qu'il fantasmait...puis-je les trahir, puis-je trahir l'adolescent que j'ai été et les images qu'il fabriquait ? Je ne peux y échapper, je dois continuer à produire, à engranger des images... c'est un système trop ancien... je dois m'y plier...Je suis dans chaque instant celui que j'ai été, celui que je suis et celui que je serai' (p272/273)