La sélection :
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* mon choix.
Et le lauréat est : les éclaireurs, Antoine Bello.
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Et le lauréat est : les éclaireurs, Antoine Bello.
La Tourneuse de pages me demande de présenter ma pal (qui signifie dans le jargon des bloggers "pile à lire"). Comme je ne peux pas faire de présentation avec Baigneur (il est parti pour 15 jours en Normandie avec Lola), il a fallu que je trouve autre chose. Je suis comme ça, il faut toujours que je fasse le malin.
Je m'étais inscrit à Babelio courant 2007 et j'avais très vite laissé tomber l'affaire, trouvant que cela faisait doublon avec facebook ou ce blog. C'est vrai quoi, ce n'est pas le tout de s'inscrire à droite et à gauche, encore faut-il que les services soient utiles. En fin de compte, j'y suis revenu et j'ai passé ma fin de soirée de mercredi à entrer tous les livres lus ces deux dernières années..J'y suis revenu parce que j'en ai un peu marre du module book-machin-chose de facebook (trop lent) et puis surtout pour le côté esthétique : ça a un certain style de voir toutes les couvertures de ses lectures les unes à côté des autres (même si on ne peut pas les exporter comme tel). L'ensemble est quand même encore très imparfait. Allez, on va dire que c'est un site en devenir. Mais bon, y'a de l'idée..et puis pourquoi pas..à condition, encore une fois, de ne pas en être esclave.
Jean Markale, écrivain breton spécialisé dans les légendes celtiques, est décédé hier. Il habitaità...Camors, c'est à dire dans mon bled. Il était très discret et je ne l'ai jamais croisé. Faut dire quand même qu'il ne devait pas passer inaperçu avec sa grande tignasse blanche et sa gueule de barde breton. La bibliothèque du bourg porte le nom de cet illustre habitant, cependant assez peu connu du grand public. Par contre, les fans des légendes arthuriennes, dont je suis, ont forcément eu entre les mains l'un de ses ouvrages et c'est précisément par l'un de ses livres que je suis rentré dans la légende. Il s'agissait de Brocéliande et l'énigme du Graal et j'en ai un bon souvenir. Dans une première partie, il explique son enfance passée en lisière de la forêt et la deuxième partie est un résumé de la légende. Un souvenir ému de ce livre...et que de ce livre puisque sa revisitation de la légende en plusieurs tomes parus à la suite m'avait laissé de marbre..trop plate et sans intérêt.
La mémoire parfois nous joue des tours : je crois que j'ai eu une petite altercation avec lui lors d'un salon du livre celtique au festival interceltique de Lorient. Comme j'étais jeune et un brin provocateur, je suis allé lui demander, comme ça, sûr de moi et de mes opinions s'il ne fallait pas plutôt situer la forêt de Brocéliande quelques part du côté de la Mayenne ou de la Sarthe . Et je crois qu'il m'avait répondu un peu sèchement qu'on s'en foutait de ça etc..mais voilà, aujourd'hui, je ne suis pas certain que cela s'est vraiment passé. Pourtant, étant donné l'événement, je devrais bien m'en souvenir. Et pourtant, je ne suis plus sûr de rien.
Mon nouveau marque-page représente une toile de Jan Groenhart intitulée endless landscape. Il mesure 14 cm, ce qui signifie qu'il n'est pas trop adapté pour les livres de petit format comme les poches par exemple. On peut toujours l'utiliser pour un poche mais comme il ne dépasse pas, le lecteur ne peut pas voir de loin où il en est dans l'avancement du livre. Tout au plus, verra-t-il un écart mais ce ne sera pas aussi clair qu'un beau marque-page qui dépasse (mais pas trop). Non, perso , pour les petits livres, je vais continuer à utiliser mon ancien marque-page, plus petit, qui représente un petit torrent dans la forêt de Brocéliande. Ça ne me dérange pas de continuer à l'utiliser, vu qu'il marche encore et qu'il n'est pas trop usé.
J'ai acheté ce nouveau marque-page dans la grande surface culturelle d'une petite ville normande abritant notamment une sous-préfecture, quelques églises, des remparts et pas mal de magasins. Enfin non, j'avais prévu l'acheter mais au moment de passer en caisse, j'ai oublié de le retirer du livre où je l'avais rangé, si bien que la caissière n'en a rien vu. Je jure sur la tête de mes filles que je ne l'ai pas fait exprès. (si cela avait été prémédité, je n'aurais pas été aussi cool et blagueur lors du passage en caisse - car à chaque fois que j'ai chapardé des petites choses en magasin, cela fut toujours au prix d'un immense stress et de sueurs très compromettantes).
Le livre inaugurant ce nouveau marque-page est prolongations de Alain Fleischer, ce qui est, il faut le dire, un beau début, tant ce livre est beau et épais. C'est un pavé de près de 600 pages édité dans la collection l'infini de Gallimard. J'essaie toujours de donner pour la première utilisation de mes nouveaux marque-pages le meilleur et le plus beau de ce que je dispose. Pour l'instant, j'en suis à la page 54 et et le marque-page ne s'est pas encore trompé, c'est à dire que j'ai toujours réouvert le livre à la page où je l'avais refermé. Au début, il faut se méfier, car je me suis laissé dire que certains marque-pages peuvent être très blagueurs et changer de pages tous seuls à un moment où le lecteur est hors de portée de vue. C'est la raison pour laquelle, lorsque je discute avec un lecteur qui me dit ne rien comprendre à tel ou tel roman, je me demande en moi-même si cette incompréhension ne provient pas d'un déplacement fortuit du marque-page. J'émets parfois l'hypothèse à certaines personnes qui pourraient comprendre la chose mais à chaque fois elles m'ont regardé bizarrement où alors elles se sont mises à rire. Les gens ne s'imaginent vraiment pas combien certains marque-pages peuvent être farceurs.
Mais là, donc, mon nouveau marque-page, non. Ça a l'air d'être un sérieux. On va lui souhaiter longue-vie et bonne entente avec le lecteur sympa !
Voilà une acquisition qui va faire baisser le prix moyen pondéré de mes achats de livres. Car c'est gratuit et c'est publie.net qui régale. Il suffit d'ouvrir un compte. Ensuite quand même je conseille de farfouiller dans le catalogue de cet éditeur virtuel. Il y a plein de petites choses à découvrir. Alors donc là, il s'agit d'autoroute (sous-titré road movie Dijon Nord, et croiser Cortazar) . Je l'avais rêvé, François Bon l'a fait ! J'avais adoré Paysage fer et je ne devrais pas être déçu de celui-là non plus. FB n'a pas de rival dès lors qu'il s'agit de sublimer le quotidien, le banal, le répétitif. Il le fait dans un style contemporain qui lui est propre. Certains trouvent ça anecdotique, moi je trouve ça grisant..
comme sont grisants les voyages sur la A84 les dimanches soir d'automne. Grisaille, champs à pertes de vue, aires de repos sans âme, visages tristes, Rennes approche, périphérie, zones vagues, chantiers...Ne me parlez pas quand tout ceci défile : je suis ailleurs, dans mon ailleurs.
Sept jours sur l'autoroute, à noter tous les événements qui s'y déroulent : c'est la tâche du narrateur, parti en repérage avec un cinéaste connu.
Au gré des rencontres : un jardinier, un péagiste de nuit, le spécialiste de l'hydrographie des routes, un couple venu rechercher ses alliances, jetées un an plus tôt après une dispute, un homme qui ne veut plus quitter l'autoroute, arrêté depuis trois semaines sur une aire de stationnement, un photographe japonais, une conductrice russe et le collectionneur d'objets perdus.
Et ce qui n'était qu'un travail préliminaire va conduire le cinéaste sur une piste imprévue. Le réseau de bitume est un monde à part. On peut y disparaître comme un peintre marchant dans soit propre tableau.
L'autoroute familière devient fantastique.
Demain, compte-rendu de lecture de la modification de Michel Butor.
Dans l'espace littéraire du site fnac.com, il y a parmi les meilleures ventes une espèce de livre bizarre qui s'intitule espèces d'espaces. Le machin fut commis par Georges Péréc et n'est pas considéré en général comme un grand classique de la littérature française. Mais alors, pourquoi cette 84ème place ? Qui que quoi donc où ? Qui sommes-nous, où allons-nous ? En attendant de trouver une réponse, j'ai envie de vous donner une idée de la chose par un extrait chopé sur remue.net , un site de littérature contemporaine :
J’ai plusieurs fois essayé de penser à un appartement dans lequel il y aurait une pièce inutile, absolument et délibérément inutile. Ça n’aurait pas été un débarras, ça n’aurait pas été une chambre supplémentaire, ni un couloir, ni un cagibi, ou un recoin. Ç’aurait été un espace sans fonction. Ça n’aurait servi à rien, ça n’aurait renvoyé à rien.
Il m’a été impossible, en dépit de mes efforts, de suivre cette pensée, cette image, jusqu’au bout. Le langage lui-même, me semble-t-il, s’est avéré inapte à décrire ce rien, ce vide, comme si l’on ne pouvait parler que de ce qui est plein, utile, et fonctionnel.
Un espace sans fonction. Non pas "sans fonction précise", mais précisément sans fonction ; non pas pluri-fonctionnel (cela, tout le monde sait le faire), mais a-fonctionnel. Ça n’aurait évidemment pas été un espace uniquement destiné à "libérer" les autres (fourre-tout, placard, penderie, rangement, etc.) mais un espace, je le répète, qui n’aurait servi à rien.
Comment penser le rien ? Comment penser le rien sans automatiquement mettre quelque chose autour de ce rien, ce qui en fait un trou, dans lequel on va s’empresser de mettre quelque chose, une pratique, une fonction, un destin, un regard, un besoin, un manque, un surplus ?
J’ai essayé de suivre avec docilité cette idée molle. J’ai rencontré beaucoup d’espaces inutilisés. Mais je ne voulais ni de l’inutilisable, ni de l’inutilisé, mais de l’inutile. Comment chasser la nécessité ? Je me suis imaginé que j’habitais un appartement immense, tellement immense que je ne parvenais jamais à me rappeler combien il y avait de pièces (je l’avais su, jadis, mais je l’avais oublié, et je savais que j’étais déjà trop vieux pour recommencer un dénombrement aussi compliqué) : toutes les pièces, sauf une, serviraient à quelque chose. Le tout était de trouver la dernière.
J’ai pensé au vieux Prince Bolkonski qui, lorsque le sort de son fils l’inquiète, cherche en vain pendant toute la nuit, de chambre en chambre, un flambeau à la main, suivi de son serviteur Tikhone portant des couvertures de fourrure, le lit où il trouvera enfin le sommeil. J’ai pensé à un roman de science-fiction dans lequel la notion même d’habitat aurait disparu ; j’ai pensé à une nouvelle de Borges (L’Immortel) dans laquelle des hommes que la nécessité de vivre et de mourir n’habite plus ont construit des palais en ruine et des escaliers inutilisables ; j’ai pensé à des gravures d’Escher et à des tableaux de Magritte ; j’ai pensé à une gigantesque boîte de Skinner : une chambre entièrement tendue de noir, un unique bouton sur un des murs : en appuyant sur le bouton , on fait apparaître, pendant un bref instant, quelque chose comme une croix de Malte grise, sur fond blanc ; j’ai pensé aux grandes Pyramides et aux intérieurs d’église de Saenredam ; j’ai pensé à quelque chose de japonais ; j’ai pensé au vague souvenir que j’avais d’un texte d’Heissenbüttel dans lequel le narrateur découvre une pièce sans portes ni fenêtres ; j’ai pensé à des rêves que j’avais faits sur ce même thème, découvrant dans mon propre appartement une pièce que je ne connaissais pas.
Jean Echenoz fait partie de mes écrivains préférés. J'aime son style et sa façon d'envisager la littérature (où la forme compte autant voire plus que le fond). Alors en plus, quand il écrit un bouquin sur la course à pied, je jubile. Courir est sorti il y a quelques jours et j'ai envie de conseiller de vite courir l'acheter. Concrètement il s'agit d'une sorte de biographie du coureur de fond hongrois Zatopek. Je dis 'une sorte', parce que déjà c'est une formule que j'utilise beaucoup (et trop sans doute) et aussi parce qu'écrite par Echenoz, ça ne peut ressembler à aucune autre biographie. Le larousse de 1973 définit 'une sorte de' de la sorte : une chose ou une personne qui ressemble à. Ce qui fait que pour éviter d'utiliser l'expression j'aurais pu dire "concrètement il s'agit d'une chose ressemblant à une biographie", mais comme ici on sait que la chose est un roman, on peut affiner et ça donnerait ceci : "concrètement, il s'agit d'un roman qui ressemble à une biographie".
On va y arriver.
Mais la question que je me pose aujourd'hui, c'est "est-ce que courir va marcher ?". Toujours est-il qu'en ce qui me concerne, je ne vais pas lire ce roman tout de suite. Je ne paie rien pour attendre et j'ai déjà dans ma liste automnale (mes amitiés à Eric Reinhardt et qu'il profite bien de la lumière si spéciale des soirées d'octobre aux alentours du GrandPalais), cherokee que j'avais acheté sur alapage car il n'était pas cher, ok ?
Par contre, ce que je vais faire tout à l'heure c'est écouter Monsieur Echenoz car il est l'invité d'Alain Veinstein à 23h30 sur france culture. J'aime beaucoup quand il parle aussi car il a un débit assez lent, une voix hésitante qui émet plein de heu et ce timbre si particulier qu'ont les gros fumeurs (encore que là, je m'avance un peu). Car c'est ça aussi le charme de la radio la nuit : laisser les gens parler au rythme qu'ils souhaitent.
On a une petite bibliothèque à Camors. Elle n'est pas très grande et pas très fournie. On a vite fait le tour ! Ceci dit, de temps en temps, il y a quelques nouveautés. Ce qui fait que ça vaut le coup d'y aller faire un tour de temps en temps. D'autant que tout ce qui est emprunté n'est pas acheté..et tout ce qui n'est pas acheté est toujours bon pour le, pour le.....pour le quoi, pour le pouvoir d'achat ! Car force est de constater que le pouvoir d'achat est devenu depuis quelques mois le nouvel étalon du bonheur. Plus t'en a, plus t'es heureux...et ton moral du ménage ne dépend que de ta capacité à pouvoir acheter plus ou moins beaucoup..beaucoup de choses belles et rutilantes, et surtout toujours plus. Si on ne peut pas acheter plus qu'avant, on n'a pas le moral. Voilà ce que les médias essaient de faire passer.
Très de plaisanterie (mais la plaisanterie a assez duré je trouve et il va être temps que les journalistes redescendent sur Terre et fassent leur boulot correctement, MERDE), par le passé, j'y ai emprunté cosmopolis de Don Delillo, doggy bag 1 de Philippe Djian, rendez-vous de Christine Angot et maintes autres choses. Samedi dernier, j'en suis sorti avec deux bouquins :
. on n'empêche pas un petit coeur d'aimer, de Claire Castillon. Vivement conseillé par Fanny, la bibliothécaire. Elle pense, connaissant ma passion pour les romans de Djian, que je dois aimer ça. Et ça me permet d'ajouter enfin dans ma liste de lecture un auteur féminin.
. et l'autre donc, sur lequel je me suis précipité en entrant dans le 9m2 de la bibliothèque (j'exagère à peine) : colère et passions à Doëlan de Claude Couderc. Doëlan, hein, pour ceux qui n'auraient pas remarqué, c'est dans l'adresse du blog..car le jour où j'ai créé cet endroit (fin 2005 je crois), je revenais d'une promenade dans ce petite port du Finistère Sud, petit port que j'ai toujours adoré et où je flânais beaucoup dans ma vingtaine d'années lorsque je taquinais la muse avec mon bic et mon bloc notes ( et souvent aussi avec mon paletot et mon anorak). On verra donc ce que donne ce roman écrit par un journaliste de France 3. Moi, ce que j'en attends c'est de l'atmosphère du petit port, des embruns et du souffle. L'histoire passera au second plan (le fait qu'il s'agit d'une histoire de lutte sociale pour le maintien d'une conserverie.)
Mais pour l'instant, je termine le boulevard périphérique. Et je n'aurais qu'un mot 'ouf'...