Le sept mai 2015, j’ai pris le TGV n° 4321 à Auray afin de me rendre à Rennes où je devais récupérer notre bagnole familiale qui après être restée en rade sur le périphérique de la ville le week-end précédent avait état réparée par un garagiste malhonnête (pléonasme) et donc elle était prête à repartir sur les routes de France et de Navarre. Dans sa grande bonté, notre assureur m'a payé le train et le taxi pour que j'aille la récupérer. Je précise pour l’anecdote que j’étais placé en 1ère classe ; après on se demande pourquoi les primes d’assurances ne baissent pas ? Quel intérêt de me foutre en première classe ? Toujours est-il que nous étions en semaine et que j’avais dû poser ma matinée. Je n’étais pas mécontent de prendre le train en ce jour de printemps lumineux. C’était un peu comme une cassure dans la routine du boulot. Ma partenaire m’a emmené à Auray, on s’est fait un bisou de cinéma sur le quai de la gare et je suis parti. J’ai regardé les paysages, j’ai lu, bu un ou deux cafés et à Rennes, le taxi m’attendait et m’a conduit chez le garagiste d’où je suis parti très vite.
Comme j’avais posé la matinée, qu’il n’était même pas 10 heures et qu’il ne fallait qu’une heure pour rentrer, j’ai très vite décidé de sortir de l’autoroute au niveau de Brocéliande afin de visiter quelques bourgs mythiques, mythologiques devrais-je même dire. C’était l’époque où j’étais accaparé par mes recensements de cabines téléphoniques et donc je voulais voir si le pays du roi Arthur en avait gardé quelques-unes. J’ai traversé quatre bourgs, Beignon, Campénéac, Paimpont et Plélan-le-Grand et seul ce dernier malgré qu’il soit le plus peuplé (3600 habitants) ne possède pas de cabine mais l’expérience m’a appris que le nombre d’habitants n'est pas synonyme de cabine ou pas. Pour peu qu’un bourg ait été complètement réagencé et que l’édicule se situait au mauvais endroit, au mauvais moment, et bien, les maîtres d’oeuvre n’ont pas trop de scrupules à bazarder le machin.
Commençons donc par Paimpont, bourg brétillien qui se situe en lisière de la forêt. C’est un des bourgs de France que je préfère évidemment avant tout pour la légende mais aussi pour son architecture et sa tranquillité. Si aujourd’hui, je devais repartir à zéro, avec mon paletot sans manches et mon sac à dos sans bretelles, je m’en irai à Paimpont les poings dans mes poches crevées. Je m’installerai sur le muret au bord de l'étang de Paimpont et je vérifierais s’il y a du réseau.
Même si je ne suis pas parti en voiture de Camors, on ne change pas les habitudes, voici le trajet que j'aurais dû faire, un peu moins d'une heure de route pour se rendre dans ce bourg du pays gallo (car je rappelle qu'à partir d'une ligne verticale qui se situe au niveau de Ploërmel c'est à dire un peu avant Paimpont, non seulement, on ne parle plus le breton - déjà qu'on ne le parle plus en pays breton - mais en pays gallo on ne l'a jamais parlé) :
Mais nous n’y sommes pas. En ce 7 mai 2015, il faisait beau et je suis arrivé à Paimpont sans tuba ni clavecin. J’ai fait un créneau sur un parking désert et j’ai très vite trouvé la cabine. Elle se situe près d'un abribus le long de l'axe principal qui traverse le bourg.
A l'époque, je n'affinais pas mes recensements comme je l'ai fait après et je ne crois pas avoir vérifié si elle fonctionnait ou pas. J'ai juste pu constater que c'était une cabine standard, plutôt bien conservée et tout porte à croire qu'elle est en état de marche. Mais je ne voulais pas rester dans ce coin qui n'est pas le plus intéressant du village. Voyez par exemple le spectacle de l'autre côté de la route. Remarquez qu'on peut apprécier l'architecture de cet ancien garage qui fait un peu penser aux cinémas d'antan.
C'est en descendant que la féerie commence. Cet endroit de la Bretagne se caractérise par la rougeur des pierres de construction. Ce n'est certes pas Collonges-la-Rouge mais le fait est que le sous-sol est composé d'un minerai de fer qui donne au schiste sa couleur rouge. Voici la vue lorsqu'on descend vers le bas du bourg.
Le facteur faisait sa tournée, des promeneurs se promenaient et de la vigne vierge envahissait la façade d'une vieille bâtisse. Quand on remonte un peu sur la gauche, on rentre au cœur de la cité par un porche, et nous nous retrouvons dans la rue commerçante, celle qui est dédiée aux touristes encore que le terme 'touriste' ne convient pas pour désigner les gens qui viennent se ressourcer à Brocéliande. Il y a évidemment quelques commerces (souvent ésotériques) mais la rue dédiée compte plus de maisons d'habitation que de commerces.
La place de l'église est sobre mais où sont les pierres rouges ? Pourtant, je ne disais pas des conneries mais Paimpont est peut-être une exception dans les environs ou alors est-ce la lumière du soleil qui pâlit les pierres ?
Voici l'auberge le relais de Brocéliande, où j'aime toujours m'arrêter lorsque je vais à Paimpont. Je me souviens qu'il y a quelques années, nous y avons bu un café en matinée avec ma compagne à l'ombre des platanes et des ombrelles et j'ai un souvenir particulier de cette petite heure passée en terrasse. Nous écrivions des cartes postales (nous avons gardé cette vieille coutume) et l'on était bien ensemble à regarder le temps passer. Il y a quelque chose caché derrière chantait Laurent Voulzy à propos de cette forêt et c'est ce sentiment continu qui me submerge lorsque j'erre aux abords de la lande. Étrangement, j'ai perdu toutes les photos que j'avais pris (prises ?) lors de notre séjour en août 2011 (j'ai perdu tout août en fait, on ne sauvegarde jamais assez dirait mon ami Koumakeum) alors je n'ai pas grand chose à montrer car en ce 7 mai, j'étais assez pressé, je bossais l'après-midi.
La plupart des commerces tourne autour de la légende évidemment.
Paimpont est un peu une porte d'entrée de la forêt. Conseil d'ennemi : avant d'aller visiter les sites légendaires (val sans retour, château de Comper, tombeau de Merlin..), arrêtez vous d'abord à Paimpont même si vous n'avez pas besoin d'utiliser la cabine téléphonique des PTT (une chose qui me faire rire : en ce moment, sur une route pas loin de mon boulot, France Telecom-Orange est en train de faire des travaux, je ne sais trop quoi, peut-être qu'ils enterrent les lignes et partout où il y a un poteau téléphonique, ils ont mis au sol des petits drapeaux jaunes avec marqués dessus PTT (afin d'indiquer aux employés les endroits où il y a un truc à faire..il y a en des centaines sur plusieurs kilomètres, c'est amusant de penser qu'ils n'ont pas changé leurs matériels car il faut quand même savoir que la dénomination PTT n'existe plus depuis 1991).
Mais revenons au sujet. Une légende connue mondialement avec sa forêt qui s'est auto-proclamée forêt de Brocéliande (le nom officiel étant forêt de Paimpont et il faut savoir que les amateurs de la légende ne se sont toujours pas mis d'accord quant à la situation exacte de la forêt où de preux chevaliers partirent à l'assaut du Graal...certains la voient même en Sarthe et d'autres à Compiègne, faut arrêter les conneries merde), un bourg charmant disposant d'une cabine téléphonique et qui est un peu la capitale de Brocéliande, une abbaye et un étang dont je n'ai aucune photo et un pauvre type qui doit partir car il n'a pas que ça à faire.
Pour finir, je déroge à la règle et publie une photo qui n'est pas de moi (mais on voit le nom du pingouin qui l'a pris en bas à gauche, enfin non, on a juste son prénom...). Il s'agit d'un cliché de l'étang pris au coucher de soleil avec au fond un peu cachée par la brume, l'abbaye de Paimpont.
Paimpont, Ille et Vilaine, reportage réalisé le 7 mai 2015. temps de saison.
Loïc LT, 18/12/2015
Commentaires
j'ai un souvenir attendri de notre séjour dans ce joli coin de Bretagne. Pour peu qu'on soit accessible à l'ambiance de mystère et de légende qui y règne, on est gâtés !!!
Bon dimanche jeune homme.
Oui, il faut être sensible au mystère et à ce 'quelque chose caché derrière'. J'en connais bcp qui ont été déçus. Par exemple, le tombeau de Merlin est un modeste caillou comme on en voit partout et le val sans retour, un petit lac commun. Moi, cartésien endurci, c'est pourtant un endroit où je ressens un appel quasiment mystique. C'est bizarre.
Le garage, il me fait penser à un bâteau renversé !
Ces maisons de granit, c'est beau. C'est un truc qui me manque, par ici. Le granit, ça donne une majesté certaine aux plus simples maisons.