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  • CR286 : un bonheur parfait - James Salter

    bonheur.jpgTous les deux ans à peu près, j’apprends l’existence d’un auteur américain présenté comme un très grand. C’est ainsi que je ne connaissais pas James Salter jusqu’il y a quelques mois lorsqu’il a sorti son dernier roman (et qui sera effectivement son dernier puisqu’il est mort peu après).

    Dans sa biographie, j’ai choisi un bonheur parfait paru en 1975, un de ses romans les plus connus maintes fois récompensés et traduit en français en 1997.

    Il ne faut pas être sorti de Saint-Donatien pour deviner que le titre est une antiphrase. Ce bonheur parfait ne l’est évidemment pas. L’histoire se passe dans les années 60 ou 50, Nedra et Viri, un couple de bourgeois vivent avec leurs deux filles dans une maison de campagne non loin de New-York. Lui est architecte et elle s’occupe de la maison. Nedra est rayonnante, spirituelle, aime recevoir. Les dîners entre amis de la haute bourgeoisie cultivée composée de beaucoup d’artistes bobo se succèdent, comme les saisons que l’auteur retranscrit à merveille. Cette maison située près d’un fleuve est comme un paradis, le feu crépite dans la cheminée et la neige tombe en hiver.  Le jardin produit de nombreux fruits, le chien, le poney et la tortue font le bonheur des enfants. Le tableau est parfait. C’est Martine (à l’école, embellit son jardin...) en version roman américain. Et le fait que Viri comme Nedra font dans l’adultère n’altèrent en rien ce bonheur apparent. Tout le monde les envie et l’avenir leur appartient.

    Mais la quarantaine dépassée, Nedra désire retrouver sa liberté. L’auteur, s’il est très précis dans l’analyse des rapports humains est par contre peu bavard concernant la situation réelle de ce couple...mais on devine qu’elle n’était ni plus mauvaise ni meilleure qu’un autre. C’est juste que Nedra aspire à autre chose. Un matin, elle part quasiment sans bagages, les filles ont plus ou moins quitté le nid et Viri se retrouve seul, à peine désemparé.

    Chacun va alors vivre sa propre vie avec des destins différents, Viri ayant été largué met du temps à reprendre pieds et Nedra, plus que jamais obsédée par le fait de vieillir cumulera les aventures avec plus ou moins de bonheur.

    Ce roman est quand même assez décevant. Au trop plein de mondanités entre gens friqués, je me suis lassé de ce ronronnement familial qui dure les trois quarts du roman. On sait dès le départ quasiment ce qui va se passer mais l’auteur ne parvient pas à nous y préparer. La décision de Nedra est aussi brutale que la réaction d'un chat surpris dans son sommeil. Côté face, il y a une belle plume, voire plutôt un beau pinceau tant cette oeuvre de James Salter s’apparente plus à un tableau qu’à un roman.

    lecture sur kindle, septembre 2015. parution en 1975, traduction par Lisa Rosenbaum et Anne Rabinovitch en 1997, éditions de l’Olivier, 395 pages. 3/5

    Loïc LT