Pearl Buck entreprend de nous raconter l'histoire de sa mère, Carie, une américaine d'origine hollandaise qui, à la fin du XIX, décide d'aller porter la parole de l'évangile en Chine, en compagnie de son mari, Andrew. Sur place, les deux missionnaires sont confrontés à la misère de la population, tellement insupportable pour Carie qu'elle préfère alors aider plutôt que convertir...contrairement à son mari, plus pieux et pour qui le salut de l'âme prévaut sur le reste. Carie est décrite comme une femme haute en couleur, sensible mais rieuse, généreuse, gracieuse et amoureuse de son Amérique dont elle ne cesse de regretter les paysages et les habitants. Jamais abattue, Carie n'est pourtant pas épargnée par les malheurs et elle perdra quatre de ses sept enfants.
Mais l'exilée apparaît également comme une charge contre la religion, représentée par Andrew, un presbytérien illuminé, insensible et rigide. De son côté, Carie, devant tant de misère, a du mal à conserver sa foi et elle attend en vain un signe de dieu qui ne viendra pas.
Vraiment, un bel hommage de Pearl Buck à sa mère, un livre très émouvant. La littérature sert à ça aussi : rendre éternelles des figures exceptionnelles mais trop noyées dans l'histoire pour y laisser une trace.
roman, paru en 1936
livre de poche, 255 pages
lecture du 26/11 au 05/12/2009
note : 4/5
à venir : belle ciao, Eric Holder
Commentaires
Un livre que je relis régulièrement depuis mon adolescence. Pearl Buck (prix Nobel de Littérature) avait une écriture simple, mais un regard aiguisé sur le monde qui l'entourait. Un grand auteur qui m'a beaucoup apporté.
(Coucou Loïc !)
tiens Carla, as-tu des souvenirs assez précis de "l'exilée" pour que je te pose une question sur un point que je n'ai pas trop compris ? ou pas ?
Tente toujours - de toute façon le bouquin est dans ma bibliothèque ! :-D
en fait, dans le roman, la narratrice, c'est qui au juste ? On sait que c'est une des enfants de Carie mais le problème est qu'elle parle de tous les enfants de Carie à la 3e personne. Est-ce Consolation ? Mais alors "Pearl" n'est pas le vrai prénom de l'écrivain ? (Il n'est jamais question d'une Pearl dans le livre)
merci !
Je me souviens m'être posée les mêmes questions à chaque lecture. Je n'ai pas la réponse, et n'en n'ai pas trouvé dans la biographie de Pearl Buck (à savoir notamment si Consolation aurait pu être son second prénom par ex, ou un surnom "religieux" donné par ses parents). J'ai fini par penser qu'il s'agissait d'un procédé de distanciation de la narratrice. Après tout le livre est rédigé plus comme un roman que comme une biographie. Dans L'Ange Combattant, dans lequel elle évoque son père, Pearl Buck utilise le même procédé.
Au fait : j'aime bcp la dernière phrase de ce CR. Elle est très juste !
merci Carla. Je pense à peu près comme toi..mais je ne comprends pas trop l'intérêt de cette distanciation.