Pas pour Hannah Buchan.
Pour son célèbre agitateur de père, pour son artiste de mère, Hannah est une vraie déception. Au lieu de grimper sur les barricades et de se fondre dans l'ébullition sociale, elle n'a d'autre ambition que d'épouser son petit ami médecin et de fonder une famille.
Installée dans une vie étriquée et morne de femme de médecin dans une petite ville du Maine, Hannah goûte aux charmes très, très discrets de la vie conjugale. C'est alors que le hasard lui offre l'occasion de sortir du carcan de son quotidien : malgré elle, Hannah va se rendre complice d'un grave délit. Pendant près de trente ans, cette seule erreur restera un secret bien enfoui. Mais après le 11 septembre vient le temps du doute, de la remise en question et de la suspicion ; et le passé d'Hannah va ressurgir inopinément. Du jour au lendemain, son petit monde soigneusement protégé va s'écrouler...
Le destin d'une femme à travers les mutations de son temps, les contradictions et les mystères d'une union conjugale durable... Avec son exceptionnel talent, Douglas Kennedy nous parle de la tension permanente entre responsabilité familiale et épanouissement individuel, et de l'électrique confrontation entre aspirations progressistes et valeurs conservatrices, si présente dans l'Amérique d'aujourd'hui.
mon avis : Si j'ai mis tant de temps avant de me décider à lire ce roman, c'est que j'étais convaincu qu'il s'agissait d'un chick lit (d'ailleurs la première réaction de ma compagne quand elle m'a vu avec ce bouquin fut "tiens, tu lis ça toi maintenant ?).
Mais le titre et la couverture du livre sont trompeurs. C'est d'ailleurs en fouinant dans la bibliothèque de belle-maman que je suis tombé dessus et que je me suis rendu compte de la supercherie. (mais déjà, une interview de Douglas Kennedy sur France Culture il y a quelques mois m'avait mis la puce à l'oreille.)
Au final, il s'agit d'un très bon roman : le type même du roman américain contemporain : une épopée familiale à travers plusieurs décennies sert de prétexte à une étude de civilisation et à des considérations politiques et sociales. Philip Roth fait des choses semblables mais en plus poussé peut-être. Kennedy est sans doute un brin plus populaire dans le style mais ça n'enlève rien à la finesse de son récit.
Pour la petite histoire, le titre est une antiphrase : dans ce roman, la vie conjugale des deux héros, si elle est globalement charmante n'est pas très discrète puisqu'elle finit par défrayer les unes de presse people.
Un petit bémol : un final un peu trop happy end, un peu trop chick lit justement.
Dommage. Ceci dit, l'ensemble est cohérent et bigrement jubilatoire.
roman, paru en 09/2005
Belfond, 661 pages
lecture du 13/09 au 24/09/09
note : 4/5
à venir : formation, Pierre Guyotat