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poésie - Page 3

  • découverte d'un poète

    PC290112.JPGSouvent dans les marchés de noël ou autres marchés locaux, parmi les artisans et camelots du coin, il arrive que je croise un écrivain ou poète vers lequel personne ne s'arrête. Assis sur sa chaise derrière les quelques bouquins qu'il a emmenés (pas besoin d'envoyer une palette), il attend patiemment qu'une âme charitable s'arrête pour parcourir le livre et pourquoi pas engager la discussion. Personnellement, je le fais systématiquement. Si j'étais un peu prétentieux, je dirais que c'est  par fraternité poètique puisqu'à une période de ma vie, j'ai un peu taquiné la muse..bon, ça n'a rien donné ou pas grand chose mais toujours est-il que j'ai eu ce désir, ce besoin d'écrire en rimes. J'ai donc beaucoup de sympathie pour ceux qui y sont parvenus, pour qui c'est presque une chose naturelle...ô, ils n'en font pas leur métier, ce sont des poètes amateurs qui parfoisarrivent à se faire publier dans des maisons d'édition locales et qui n'ont d'autres moyens pour écouler leur stock (qui ne doit pas être monstrueux) que de tenir un stand dans ces marchés où le commun des mortels vient avant tout pour s'acheter du sauciflard ou du chouchen du cru.
    Je me dirige vers le stand donc. Souvent, il s'agit de romans du terroir, ce qui n'est pas ma tasse de thé. J'engage la discussion quand même car même si le texte ne m'intéresse pas, j'aime bien savoir comment travaillent les écrivains, s'ils font un plan ou s'ils écrivent à vue, quel est le rythme d'écriture etc etc. Lorsqu'il s'agit d'un poète, je suis un peu plus curieux mais souvent ils sont un peu plus taiseux. L'autre jour au marché de noël de Camors, je me suis porté acquéreur d'un petit recueil, sans avoir pu hélas discuter avec son auteur, absent au moment de mon passage. Mais, le recueil m'a déçu. Je sentais trop le dictionnaire de rimes à portée de main et cela faisait un peu forcé et bon ce n'était pas une poésie que j'aimais, (c'est à dire un peu verlainienne, avec un rythme et une musique, j'aime que le poème se lise d'un souffle comme le courant d'une onde pure).
    Prisca, sachant mon grand amour de l'Art (pour reprendre Rimbaud) a eu plus de chance que moi lors d'un autre marché où elle était allée sans moi. C'était à Languidic, ma ville natale et elle s'est arrêtée à un stand où un poète dédicaçait un de ses recueils. Il s'appelle Camille Jaouen et le recueil s'intitule mi-figue mi-raisin. Il est édité chez Chemin Faisant, un petit collectif d'auteurs basé à Ploemeur. Elle l'acheta.
    J'ai trouvé le recueil au pied du sapin et il ne m'a pas quitté toute la journée de noël. C'est un recueil plutôt sombre écrit dans un style assez classique et où il est beaucoup question de solitude, d'alcool, de dépression, de la mort... j'ai l'impression de me voir tel que je serais devenu si j'étais resté seul. Donc, voilà, je suis sensible à sa poésie. Elle me touche et c'est bien supérieur à ce que j'ai pu commettre (c'est pas dur en même temps). J'espère que l'auteur ne m'en voudra pas de diffuser ici un poème de ce recueil (poème de circonstance puisqu'il y est question des séances de dédicaces (j'ai hésité avec le bistrot):


    dédicaces

    Dans les salons du livre, on vient vendre son 'œuvre'
    et l'on en sort souvent Gros-Jean comme devant
    mais l'on est obligé d'avaler des couleuvres
    pour être un peu connu, pour aller de l'avant.

    Alors, on va passer des heures à attendre
    que quelqu'un daigne au moins feuilleter votre livre,
    ce livre qui, pour vous, est comme un être tendre,
    un enfant qui vous doit d'être né et de vivre.

    Mais ce quelqu'un, qui va repartir sans vos vers,
    ignore que ces mots qui l'ont laissé de glace,
    vous les avez bercés du printemps à l'hiver,
    longuement cajolés pour qu'ils soient bien en place.

    La poésie, toujours, c'est une part de soi
    que l'on offre à bas prix à qui veut bien la lire
    et qui, s'il est un peu troublé par vos émois,
    entendra, grâce à vous, le chant des oiseaux-lyres.

    Quant au poète, ici, il se sent mal à l'aise,
    exhibé comme au zoo devant ces messieurs-dames
    ...il étouffe et attend que cesse ce malaise:
    dans les salons du livre on vend un peu son âme !

    Camille Jaouen.

     

    (on peut acheter son dernier recueil (les olifants de la mémoire, lauréat du prix Bordulot 2012) en allant par ici). 

  • En attendant Gambetti

    Gambetti doit m'envoyer des textes ! En attendant ses putatives illuminations, voici un quatrain parfait, signé votre serviteur empruntant les lacets irlandais !

     

    Ce ne sont que des monts

    Escarpés et arides

    Sur lesquels des moutons

    Se remplissent le bide.


    01112013 (104).JPG


     

  • l'érable

    J’ai inventé aujourd’hui un poème qui vaut ce qu'il vaut. C’est un sonnet en hexasyllabes pas trop mal embranché (ça tombe bien, il est question d’un arbre) mais qui tombe un peu à plat (et sinon je cherche un autre mot que platitude, à bon entendeur). Le plus gros arbre de notre propriété est un érable et en général il commence à perdre ses feuilles dès la mi-août (sauf cette année).

    Je ne considère d'ailleurs pas vraiment cet écrit comme un poème. J’essaie juste de faire des phrases normales, des choses que l’on peut dire au quotidien et d’insérer des rimes dans ces phrases tous les six pieds. J’aime la puissance de la rime, j’aime quand ça claque en fin de vers. La rime donne de l’énergie à un écrit. J'aime aussi qu'il y ait une musique, un peu à la Verlaine, que la musique emporte naturellement le lecteur vers le dernier mot. Mon modèle en la matière, c'est Henri Thomas. Après, je me le récite à moi-même en conduisant ou ailleurs et j’en tire un plaisir particulier. C’est comme une friandise que je mâche et qui ne fond jamais.


    Voici les feuilles mortes

    Tombant sur la chaussée

    Alors qu’août nous exhorte

    A rester dénudés.


    Car l’érable pressé

    De perdre un peu de poids

    Lâche au cœur de l’été

    Ce qui fait son éclat.


    Et devant ce spectacle

    De la décrépitude

    Jamais je ne renâcle


    Muni de mes outils

    A rendre au sol meurtri

    Sa noble platitude.

     

    llt

     

  • crise des vocations

    On savait déjà que la France n'avait pas vocation à accueillir toute la misère du monde, et là, voici qu'elle n'a pas vocation à rester au Mali. Ségolène Royal quant à elle n'a pas vocation à rester à la BPI (c'est pas plus mal mais bon on s'en fout de ce machin qui ne sert à rien).  La ville de Nogent n'a pas vocation à gérer la brasserie Le Bellevue (ça vous en bouche un coin !) et Séclin n'a pas vocation à être une cité dortoir etc etc

    Ce pays connait une véritable crise de vocation. Plus personne n'a vocation à rien. Tout est provisoire, en suspens. 

    Seul, je demeure. 

    Souvent, au début du printemps, ces vers de Rimbaud trottent dans ma tête de caboche. 

    Le Printemps est évident, car
    Du coeur des Propriétés vertes,
    Le vol de Thiers et de Picard
    Tient ses splendeurs grandes ouvertes !

    Le troisième quatrain est la perfection faîte vers :

    Ils ont shako, sabre et tam-tam,
    Non la vieille boîte à bougies,
    Et des yoles qui n'ont jam, jam...
    Fendent le lac aux eaux rougies !

    A un moment, dans ce même poème, il est question des enleveurs d'héliotropes. C'est le métier que je voulais faire quand j'étais petit. C'est joli mais on n'y comprend rien. Rimbaud n'avait pas vocation à se faire comprendre. 

  • Henri Thomas, un certain poète #2

    Avril

    Je songe, je perds
    mon peu de raison,
    je vois le désert
    au fond des maisons,

    Le printemps revient,
    qu’est-ce que j’attends ?
    on ne cueille rien
    aux vignes du temps,

    — rien, mais sous l’azur
    dorment mes images,
    frissons de l’impur,
    noirceur des feuillages,

    — rayons hésitants,
    nuages des jours,
    que me veut le temps ?
    j’ai d’autres séjours.

    (signe de vie, Gallimard)

    J'ai eu du mal à trouver un nom pour ce petit hommage en poèmes à ce grand poète que fut Henri Thomas. Un certain poète m'est venu comme ça entre deux portes et je trouve que ça définit bien sa poésie et son existence. Mais évidemment, l'expression étant trop évidente, elle a déjà été employée par une certaine Florence Chapiro.

    J'ai reçu hier par la poste ses poésies parues chez Gallimard. Elles rassemblent les recueils travaux d'aveugle, signe de vie, le monde absent, nul désordre et sous le lien du temps. Un poème, c'est à prendre ou à laisser. Si le premier vers ne me parle pas, je n'insiste pas. Je recherche sens et musique.

    — rayons hésitants,
    nuages des jours,
    que me veut le temps ?
    j’ai d’autres séjours.


  • Henri Thomas (1912-1993), un certain poète

    henrithomas.jpg

    La dernière strophe est splendide. J'ai lu et commenté un roman de cet écrivain oublié qui a fini ces jours du côté de Carnac.

    poésie, poème, henri thomas, littérature

  • CR229 : un coin de table - Claude Chevreuil

    51xYGpGX0uL._SS500_.jpgS’il y a un portrait de Rimbaud qui me plaît et qui correspond à l’idée que je me fais du poète, c’est bien celui réalisé par Henri Fantin-Latour dans ce tableau. Assis près de son ami Verlaine ( en train de se boire un pichet de rouge à lui tout seul), il tourne le dos aux autres (Léon Valade, Ernest d’Hervilly, Camille Pelletan, Pierre Elzéar, Emile Blémont, Jean Aicard, poètes qui auront laissé une trace dans l’histoire que par leur présence dans ce tableau). Dans ce groupe des “vilains bonshommes”, il apparaît clairement qu’il n’y a que deux vrais vilains bonshommes : Verlaine et Rimbaud, le couple qui fait scandale dans le tout Paris de l’époque. Scandale et génie, tout est là.
    Claude Chevreuil raconte la genèse de cette oeuvre et pour se faire, fait parler Henri Fantin-Latour, peintre réaliste faisant dans le portrait et la nature morte. On traverse avec lui les tourments de la guerre de 1870 et de la Commune de Paris. On y découvre un homme serein, prenant beaucoup de distance avec les événements, un homme qui sacrifie sa vie amoureuse pour pouvoir s’occuper de son père malade. Courtois, humaniste, il est apprécié  des poètes qui se succèdent chez lui pour se confier ou pour lui faire part de leurs dernières productions. Au départ, le projet est de faire un tableau en hommage à Baudelaire (d’ailleurs ce sont les fleurs du mal que lit Ernest d’Hervilly sur la toile) et puis, le projet évolue, Arthur Rimbaud a débarqué de Charleville et à la lecture de ses poèmes, tout le monde comprend que quelque chose se passe, Fantin-Latour le premier. Il décide que Rimbaud sera présent sur la toile, qui finalement s’intitulera un coin de table.
    Dans la foulée, parce que j’aime bien fouiner dans les limbes de la littérature, j’ai lu un roman de l’un des autres vilains bonhommes, celui en haut-de-forme et qu’on voit de profil. Personne ne se souvient de lui, il s’agit de Pierre Elzéar et j’ai trouvé sur le site de la bnf, un de ses romans : la femme de Roland. Je l’ai lu cet après-midi, c’est une sorte de huis clos sentimental entre 6 personnes dont la figure principale est un vieux peintre qui devient aveugle et dont la jeune femme affriolante s’acoquine de son médecin. C’est plutôt une pièce de théâtre, ça n’a rien d’extraordinaire et en tout ça n’a rien de dérangeant, pour un vilain qu’il était censé être.

    lecture : mars/avril 2012
    éditions de Fallois,  281 pages
    année de parution : 2010
    note : 4/5

  • la poésie rentre dans la maison

    Je ne parle pas assez de poésie sur l’espèce de blog. C’est un fait que j’en lis très peu en ce moment. Mais je ne pars jamais en voyage ou en weekend sans un recueil dans mes bagages. J’ai besoin de savoir que j’ai de la poésie à portée de main.
    Mais depuis que Chloé sait lire et écrire, c’est grâce à elle que la poésie est présente dans la maison. Tous les parents connaissent ça. J’aime l’idée que l’on donne encore des poèmes à apprendre à nos chères têtes blondes (je déteste cette expression mais concernant Chloé, c'est vrai..elle m'est chère et elle est blonde -). J’aime entendre Chloé réciter sa poésie car, et pour ça je suis fière d’elle, elle ne récite pas bêtement sans comprendre, elle vit le texte. Elle pose des questions sur le sens. Ça me plait beaucoup..et maman lui fait réciter n’importe où, n’importe quand, dans le bain, en voiture, en cuisine ou avant le dernier bisou du soir.
    Pour demain, Chloé (qui est en CE2 à l’école publique des lutins) doit savoir ce poème de Pierre Gamarra intitulé mon cartable.


    Mon cartable a mille odeurs,
    Mon cartable sent la pomme,
    Le livre, l'encre et la gomme
    Et les crayons de couleurs.

    Mon cartable sent l'orange,
    Le bison et le nougat,
    Il sent tout ce que l'on mange
    Et ce qu'on ne mange pas.

    La figue, la mandarine,
    Le papier d'argent ou d'or,
    Et la coquille marine,
    Les bateaux sortant du port

    Les cow-boys et les noisettes,
    La craie et le caramel,
    Les confettis de la fête,
    Les billes remplies de ciel.

    Les longs cheveux de ma mère
    Et les joues de mon papa,
    Les matins dans la lumière,
    La rose et le chocolat.

  • photo inédite d'Arthur Rimbaud

    arthur_rimbaud_son_portrait_adulte_reference.jpg

    Depuis une demi heure, je regarde attentivement cette photo inédite d'Arthur Rimbaud dégotée dans une brocante par deux libraires parisiens (qui vont maintenant se disputer par avocats interposés pour savoir à qui elle appartient vraiment). Inconsciemment, sans doute, je cherche dans ce regard des clés pour comprendre les illuminations. Si un jour, je les trouve, j'en parlerai ici évidemment (en 2040 peut-être).

    Pour en savoir plus  : ici

    Promontoire

    L'aube d'or et la soirée frissonnante trouvent notre brick en large en face de cette villa et de ses dépendances, qui forment un promontoire aussi étendu que l'Épire et le Péloponnèse, ou que la grande île du Japon, ou que l'Arabie ! Des fanums qu'éclaire la rentrée des théories, d'immenses vues de la défense des côtes modernes ; des dunes illustrées de chaudes fleurs et de bacchanales ; de grands canaux de Carthage et des Embankments d'une Venise louche ; de molles éruptions d'Etnas et des crevasses de fleurs et d'eaux des glaciers ; des lavoirs entourés de peupliers d'Allemagne ; des talus de parcs singuliers pendant des têtes d'Arbres du Japon ; les façades circulaires des "Royal" ou des "Grand" de Scarbro ou de Brooklyn ; et leurs railways flanquent, creusent, surplombent les dispositions de cet Hôtel, choisies dans l'histoire des plus élégantes et des plus colossales constructions de l'Italie, de l'Amérique et de l'Asie, dont les fenêtres et les terrasses à présent pleines d'éclairages, de boissons et de brises riches, sont ouvertes à l'esprit des voyageurs et des nobles qui permettent, aux heures du jour, à toutes les tarentelles des côtes, et même aux ritournelles des vallées illustres de l'art, de décorer merveilleusement les façades du Palais-Promontoire.

     

  • CR145 : Rimbaud tel que je l'ai connu - Georges Izambard

    9782844181381FS.gifIl y a quelques jours de cela, j'errais dans  les rayons de la fnac de Vannes à l'affut de quelque nouveauté, lorsque soudain, je tombai sur  cet ouvrage improbable signé Georges Izambard, le professeur de rhétorique d'Arthur Rimbaud et qui fut aussi pendant une courte période l'ami du poète.
    En fait, il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre écrit par Izambard mais un assemblage réalisé après sa mort (il est décédé en 1921 soit 30 ans après Rimbaud) de lettres et articles où il parle de son ancien élève. Il y est beaucoup question du conflit qui l'opposa à Paterne Berrichon (mari d'Isabelle Rimbaud, soeur d'Arthur et qui entreprit d'écrire une biographie d'AR). Les deux hommes eurent en effet des échanges houleux par presse interposée. Izambard reprochait surtout à Berrichon de complètement travestir la réalité afin d'offrir au public un Rimbaud plus conforme à ses aspirations au point de tout simplement changer des mots ou de supprimer des phrases entières de lettres écrites par Arthur Rimbaud.
    Mais, plus que ces querelles pseudo-littéraires, le rimbaldien trouvera dans cet ouvrage de nombreuses anecdotes, truculentes pour beaucoup (comme par exemple l'emploi du temps d'Arthur lorsqu'il séjourna chez les soeurs Gindre ) ce qui n'apporte certes pas grand chose à la compréhension de l'oeuvre du poète mais qui permettent d'alimenter un peu plus le mythe (ou parfois de l'écorner..). Et à titre personnel, je suis friand de toutes ces anecdotes, presque plus que de l'oeuvre (dont je suis revenu) car il y a quelque chose de fascinant dans la figure de Rimbaud, qui dépasse son oeuvre.
    Une anecdote en particulier m'a beaucoup amusée. Rimbaud avait envoyé le poème le coeur supllicié à Izambard. Celui-ci le trouva quelconque et voulu lui prouver qu'il pouvait en faire autant. extrait, p 33 :

    et il m'envoyait, comme un échantillon de la formule nouvelle, ces triolets fameux que j'ai remis plus tard à Verlaine avec le reste, et qui ont fait la joie de plusieurs générations de décadents :

    le coeur supplicié (Arthur Rimbaud)

    Mon triste cœur bave à la poupe ...
    Mon cœur est plein de caporal!
    Ils y lancent des jets de soupe,
    Mon triste cœur bave à la poupe...
    Sous les quolibets de la troupe
    Qui lance un rire général,
    Mon triste cœur bave à la poupe,
    Mon cœur est plein de caporal!

    Ithyphalliques et pioupiesques
    Leurs insultes l'ont dépravé;
    À la vesprée, ils font des fresques
    Ithyphalliques et pioupiesques;
    Ô flots abracadabrantesques,
    Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé!
    Ithyphalliques et pioupiesques,
    Leurs insultes l'ont dépravé.

    Quand ils auront tari leurs chiques,
    Comment agir, ô cœur volé?
    Ce seront des refrains bachiques
    Quand ils auront tari leurs chiques!
    J'aurai des sursauts stomachiques
    Si mon cœur triste est ravalé!
    Quand ils auront tari leurs chiques,
    Comment agir, ô cœur volé


    "et je me mettais à mon tour en frais de triolets, histoire de pasticher les siens : les miens avaient pour titre : la Muse des Méphitiques..."


    la muse des Méphitiques ( Georges Izambard)

    Viens sur mon coeur, Muse des Méphitiques
    Et roucoulons comme deux amoureux.
    Pour bafouer toutes les esthétiques
    Viens dans mes bras, Muse des Méphitiques ;
    Je te ferai des petits rachitiques,
    Froids au toucher, verdâtres et goitreux..
    Viens dans mes bras, Muse des Méphitiques,
    Et folâtrons comme deux amoureux.
    Viens !... Tu verras le bourgeois baveux qui s’offusque
    Se cramponner d’horreur à son comptoir,
    Comme à son roc s'agglutine un mollusque
    Viens, tu verras le bourgeois baveux qui s’offusque
    Et son oeil torve, au fond d'un vase étrusque,
    Sa main crispée agrippant l'éteignoir.
    Et tu verras le Bourgeois qui s'offusque
    Se cramponner d'horreur à son comptoir.
    Voici venir l'ère des pourritures,
    Où les lépreux sortent des lazarets.
    O fleurs du Laid, rutilantes ordures,
    Nous fourrageant dans les monts d'épluchures,
    Voici venir l'ère des pourritures
    Psalmodions l'hosannah des gorets !
    Voici venir l'ère des pourritures
    Où les lépreux sortent des lazarets.


    fin de citation. Il faut admetre que le pastiche soutient bien la comparaison. Cela amusa beaucoup Rimbaud nous dit Izambard. Dans le même esprit, Izambard ne fut pas impressioné par la lettre du Voyant (vous revoilà professeur...) et le commentaire linéaire qu'il en fit ressemble à une leçon d'un professeur à son élève..de quoi calmer certains spécialistes un peu trop enthousiastes.

    biographie, paru en 01/2010
    Editions La Part Commune, 230 pages
    lecture du 08.02.2010 au 11.02.2010
    note : 4/5