Les français aiment s'auto-flageller mais ils ne voient pas leur bonheur. Voici ce que l'honorable New York Times vient d'écrire à propos de l'hexagone, moi qui ne suis pas particulièrement patriote, j'avoue que ça fait chaud au cœur :
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Les français aiment s'auto-flageller mais ils ne voient pas leur bonheur. Voici ce que l'honorable New York Times vient d'écrire à propos de l'hexagone, moi qui ne suis pas particulièrement patriote, j'avoue que ça fait chaud au cœur :
Je me demande bien pourquoi les gens de la classe moyenne critiquent François Hollande alors que depuis un an, rien n'a changé dans leur vie : ils n'ont pas perdu leur boulot (pour 98% d'entre eux) et leur pouvoir d'achat augmente raisonnablement (de toute façon, pourquoi gagner encore plus ?), ils continuent tranquillement à rembourser l'emprunt de leur maison, ils partent au ski en hiver, je-ne-sais-où pendant trois semaines en été. Leur berline est étincelante et la petite voiture de madame, ma foi, elle est nerveuse et pratique. La pelouse est toujours bien tondue, les enfants suivent plus ou moins bien à l'école. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Les soi-disantes mesures de rigueur que subiraient tous les français ne les touchent pas d'un iota. Je peux vous l'affirmer. Je côtoie cette catégorie de gens tous les jours. C'est une catégorie très hétéroclite, certes, il y en a qui ne sont pas aussi bien lotis que d'autres mais globalement, la médiane s'en sort plus que bien. On n'en parle pas assez de cette France, que moi, j'appelle 'la France lisse' et que d'aucuns appellent la France silencieuse...car elle ne fait pas de bruit, elle ne fait pas grève, elle ne revendique rien. Je l'appelle la France lisse parce qu'elle n'a aucune aspérité. Leur vie suit une courbe rectiligne où tout se passe comme prévu, suivant un plan tacite qui se met en place dans la vingtaine d'années lorsque le couple se rencontre lors d'un anniversaire où du mariage d'un ami commun. On s'installe d'abord en location dans un appart. Ce n'est pas le Grand Amour, c'est juste l'amour comme il se doit, l'amour comme il faut. Puis vient le moment de devenir propriétaire. A peine installé dans la maison (une superbe contemporaine dans une cité pavillonnaire composée de centaines de superbes contemporaines), l'on conçoit un enfant et avant qu'il naisse, l'on se marie en grande pompe. Ensuite, on emménage, on ameuble (ikea), on s'occupe de ses extérieurs. On mange bio mais pas que, on invite des amis...on part en vacances. Ce qu'on ne fait pas ? on ne lit pas, on ne va pas au cinéma (sauf pour les gros gros succès), on ne trompe pas son conjoint, on ne se dispute jamais (parce qu'on ne parle que de choses superficielles). Surtout, on reste dans la norme, on ne se fait pas remarquer. De la sorte, tout se passe bien.
Et accessoirement, on critique le gouvernement. Je dis accessoirement parce que les gens de la classe moyenne discutent très peu des sujets de fond, des sujets qui ne concernent pas leur petit quotidien. C'est assez sidérant d'ailleurs que ce désintérêt totalement assumé pour la vie de la cité. On critique le gouvernement donc un peu, pour la forme, parce que ça fait bien, ça montre qu'on n'est pas dupe. On critique François Hollande. Alors que comme sous Sarkozy, la vie lisse continue...les allocs et les crédits d'impôts se créditent, des déductions diverses se déduisent, les services publics du bourg rendent toujours service. La vie banale et sans heurts de la classe moyenne s'écoule.
Je ne critique pas ! C'est une catégorie méritante et docile et qui se lève tôt. Je crois que j'en fais un peu partie d'ailleurs. Un peu, juste un peu.. juste un peu parce que j'ai l'impression qu'il s'est passé des choses dans ma vie qui font que je me suis un peu trop éloigné de la norme. Je ne suis pas sûr d'être éligible au label 'certifié classe moyenne' derrière lequel je ne cours pas vraiment.
Et si cette certification existait, il est certain qu'avoir un blog où l'on donne son avis et où l'on parle littérature serait éliminatoire -)
llt, 14052013
On savait déjà que la France n'avait pas vocation à accueillir toute la misère du monde, et là, voici qu'elle n'a pas vocation à rester au Mali. Ségolène Royal quant à elle n'a pas vocation à rester à la BPI (c'est pas plus mal mais bon on s'en fout de ce machin qui ne sert à rien). La ville de Nogent n'a pas vocation à gérer la brasserie Le Bellevue (ça vous en bouche un coin !) et Séclin n'a pas vocation à être une cité dortoir etc etc
Ce pays connait une véritable crise de vocation. Plus personne n'a vocation à rien. Tout est provisoire, en suspens.
Seul, je demeure.
Souvent, au début du printemps, ces vers de Rimbaud trottent dans ma tête de caboche.
Le Printemps est évident, car
Du coeur des Propriétés vertes,
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes !
Le troisième quatrain est la perfection faîte vers :
Ils ont shako, sabre et tam-tam,
Non la vieille boîte à bougies,
Et des yoles qui n'ont jam, jam...
Fendent le lac aux eaux rougies !
A un moment, dans ce même poème, il est question des enleveurs d'héliotropes. C'est le métier que je voulais faire quand j'étais petit. C'est joli mais on n'y comprend rien. Rimbaud n'avait pas vocation à se faire comprendre.
Comment peut-il exister dans un petit bourg un atelier qui ne fait que dans le pneu..Un garage encore (et encore), on comprendrait..Et qui irait changer ses pneus dans un tel bouiboui ?
C'est surréaliste et pourtant c'est la France d'Aujourd'hui, vu par Raymond Depardon.
François Bon apprécie et commente la photo (pour Télérama). Par ici