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poésie - Page 2

  • les vieux sonnets d'un type # 1- insomnie

    Quelqu'un m'avait demandé de pas les jeter, de les sortir du grenier. Toutes proportions gardées, en bon rimbaldien, je dirais bien que je les renie, qu'ils sont très naïfs, que les rimes chaussent de trop gros sabots, que c'est souvent très lourdingue. Mais halte à l'auto-flagellation. Dans la quelque centaine de poèmes écrits il y a 25 ans, quelques uns méritent une existence posthume, virtuelle même (c'est à dire éternelle). Mon épouse, soupçonnant que je les jette (comme le font les poètes maudits -) suite à une conversation qu'on a eue il y a quelques jours a décidé de les ramener de Berloch ! De Berloch ! Alors, je ne demande pas forcément qu'on commente pour dire que c'est beau ou ceci cela. Je veux juste leur donner une seconde vie. C'est à prendre ou à laisser. Il faut assumer ce qu'on a fait. Je n'ai tué personne en les écrivant ! J'en distillerai un de temps en temps. 

    Loïc LT 

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    De Berloch, qu'ils sont revenus, oui oui oui. 

  • un voile d'ombrage # poème à deux mains

    De l'Autre vie s'écoulent les ombres d'ici bas

    Sous le voile du poète, se déclinent vers et rimes

    Clair obscur d'un mystère qui se dévoilera

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime? (Marguerit)

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ?

    Ce n'est qu'un bout de tissu importé de Chine

    Un polygone pour des moments intimes

    Sous lequel quelques uns peut-être bouquinent

     

    Quand d'autres se prélassent

    A l'abri de l'astre qui sur l'abbaye

    Diffuse ses rayons en même temps qu'il embrase

    Le parc du manoir et les bois de Bieuzy.

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ? (Loïc)

     

    Dites-moi, ça rime à quoi cette clarté de limbes

    étalant sur les âmes sa pâle couverture

    Ce soleil évanoui des nouvelles lectures

    Ce halo de l'esprit qui sans cesse le nimbe?

     

    Cela ressemble au doute auréolé d'oubli

    A l'état incertain d'un devenir en veille

    Peut-être la jouissance de la simple amnésie

    Quand il faudrait penser à vivre le Réveil ?

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites moi à quoi ça rime ?  (Marguerit)

     

    Sinon, un voile d'ombrage, dites-moi, à quoi ça rime ?

    Il fait sombre tout à coup, la lumière s'est éteinte

    Reste seule l'étoffe, devenue la victime

    De la nuit et du vent et sa sinistre plainte

     

    Le voile s'est envolé, plus léger qu'une flamme

    Il survole l'Armorique de Laz à Brocéliande

    Où happé par une elfe s'en servant d'oriflamme

    Notre voile rejoint le cœur de la légende.  (Loïc)

     

    A quoi ça rime ces pénombres

    Ce brusque envol de palombes ?

    Si personne ne pense le voile

    Le Génie lui mettra les voiles!

     

    J’ai ouïe dire : Je crois en l'homme

    Comme le centre de l’Univers !

     

    On se souvint pourtant sur terre

    Aux jours de Galilée qu'en somme

    Il gravite autour d’un soleil

    Tantôt dans l’ombre ou la lumière !

     

    Qui est Celui qui seul l’éclaire

    Qui l’a pensé et sur lui veille

    Pour qu’il existe en conscience

    Sous le voile des évidences ?

     

    Quelle stance !

     

    Si l’hombre est d’une telle étoffe

    Si sa pâleur n’est pas éteinte

    Si la victime cesse sa plainte

    Et brille à nouveau dans une strophe !

     

    Quelle apostrophe !

     

    Si ce voile d’ombrage n’est pas soir

    Du désespoir le paradigme

    Mais seulement un reposoir

    Un espace temps pour les énigmes !

     

    Quelle rime!

     

    Sinon, ce voile d’ombrage, dite-moi, à quoi ça rime ? (Marguerit)

     

    Marguerit et Loïc, novembre 2015

     

  • bonne pensée du matin

    brûme.JPG

    La lande est toute grise

    Mais L’Orient se réveille

    Et accroît son emprise

    Quand monte le soleil

     

    C’est une sphère jaune

    Qui pendant la journée

    De son cosmique trône

    Éclaire nos contrées. 

     

    Mais pour l’instant la brume

    recouvre les vallons

    Provoquant l’amertume

    du piètre écrivaillon

     

    Du piètre écrivaillon

    Qui dans son enthousiasme

    N’a pas dans son brouillon

    Perçu le pléonasme

     

    Mais la lande se fiche

    Des vers mal embranchés

    Des rimes pauvres ou riches

    D'un type pas réveillé. 

     

    Elle attend juste indolente

    Que l'astre débarrasse

    Cette brume insolente

    Qui la nuit la terrasse. 

     

    Loïc LT (piètre écrivaillon). 11.11.2015

  • le contribuable

    Un contribuable était vexé de ne s’être employé jamais qu’à la perfection de vulgaires déclarations de revenus. Il prévoyait d’étonnantes révolutions fiscales, et soupçonnait ses compatriotes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée de chiffres et de quotients. Il voulait changer la donne, l’heure du grand soir et de la satisfactions essentiels. Que ce fut ou non une aberration, il voulut. Il possédait au moins un assez gros bagage juridique.

    Tous les inspecteurs qui l’avaient connus furent assassinés. Quel saccage du jardin de la légalité ! Sous le sabre, ils le bénirent. Mais ils réapparurent.

    Il tua tous ceux qui le poursuivaient, après la traque et l’encerclement.

    Il s’amusa à égorger les secrétaires. Il fit flamber les perceptions. Il se ruait sur les fonctionnaires et les taillait en pièces.

    Peut-on s’extasier dans la destruction, réformer par la cruauté ! Le peuple ne murmura pas.

    Un soir, il fraudait. Une inspectrice apparut, d’une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d’un bonheur indicible, insupportable même. ! Le contribuable et l’inspectrice s’unirent probablement dans la santé essentielle. Comment n’auraient-ils pas pu en mourir ? Ensemble donc ils moururent.

    La fiscalité savante manque à notre désir.

     

    Loïc LT (pastiche AR)

  • recensement des cabines # 11 Quistinic (2/2)

    Il faut battre le fer quand il est chaud alors reprenons les chemins de Quistinic, chargé de ma folie qui a poussé ses racines de joie à mon côté, dès l'âge de raison. Cette plaque posée prêt de l'entrée de la médiathèque ne m'a pas laissé de marbre (jeu de mots)

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    Wikipedia m'informe que le type est le fils d'instituteurs de Quistinic et qu'il n'a guère quitter le département. Il vécut à Vannes et gagna son pain de seigle au Service Maritime des Ponts-et-Chaussées.  Il aurait commis 4 recueils de poésie qu'on peut trouver sur Priceminister mais à des prix inabordables en temps de crise (c'est à dire depuis 1973 et le choc pétrolier). Son poème le plus connu (tiré du recueil la part du vent) s'intitule les douze lutins mais c'est un poème pour noël un peu naïf. Je lui préfère celui-ci du même recueil. 

    JE SUIS DE CE PAYS…
     
    Je suis de ce pays mais ne m’y cherchez pas,
    Car je le fuis souvent pour mieux me retrouver.
    J’ai mes landes, à moi, où il fait bon rêver
    Et mes chemins secrets dociles à mes pas.
     
    Je suis de ce pays et je suis de ce temps
    Mais comme les oiseaux et comme la lumière,
    Comme le vent sans havre et comme l’océan
    Qui sans cesse défait et refait ses frontières.
     
    Et ne me dites pas que ma voix est lointaine
    Et qu’entre nous les ponts n’effacent pas les gouffres,
    Car je suis avec vous dans chaque enfant qui souffre,
    Dans chaque désespoir, chaque détresse humaine.
     
    In "La part du vent" , 1957
     
    Le seul portrait que j'ai trouvé de lui est ce croquis réalisé par  François Peron.

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    Paul-Alexis a donc dû traîner ses guêtres dans les rues de Quistinic. Enfant, sans doute vivait-il dans l'enceinte de l'école publique. Sans doute a-t-il rencontré ses contemporains (Guillevic, Henri Thomas)....Peut-être s'est-il accoudé à cette fenêtre pour rêvasser...

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    ou à celle-là :

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    Voilà pour Paul-Alexis. J'imagine qu'à Quistinic, peu connaissent son existence mais je ne pouvais pas ne pas l'évoquer ici. On est loin des cabines évidemment quoi que des cabines vieillissantes à la poésie, il n'y a qu'un fil (jeu de mots encore). 

    J'aime beaucoup cette vue, je lui trouve une certaine harmonie. 

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    Cette fougère qui pousse sur toute la longueur d'un talus est sans doute une Asplenium mais je n'y mettrai pas mon tricot Saint-James préféré au feu.

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    Voici l'ancien café de la mairie. L'étage semble habité, les ouvertures ont été refaites. Par contre, le rez-de-chaussée a l'air en piteux état. Si ça se trouve, il y a encore le comptoir, la tireuse à bière, les tables et les chaises Il manque des carreaux aux fenêtres. Les anciens sans doute se souviennent de ce café fermé depuis le dernier succès de Michel Polnareff.

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    Cette petite vitrine a fière allure mais une information trouvée ici m'informe que la multinationale a cessé son activité le 01/01/2013. Il s'agissait apparemment juste d'un dépôt de pain, d'épicerie et de cartes téléphoniques...en concurrence sans doute avec la boutique sur la photo suivante. Il y a dû y avoir du règlement de compte, genre l'un qui traite l'autre de chameau. Une main courante a-t-elle été posée ? Toujours est-il que bien que fermé depuis 2 ans, la vitrine est bien entretenue. 

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    Je suis obligé de poster cette photo de la carrosserie située à la sortie du bourg. On notera le numéro de téléphone à 6 chiffres :

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    Mais il faut quitter Quistinic car il est 12:15 et aucune fille ne sortait de la mairie.

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    Je laisse le mot de la fin à Paul-Alexis Robic

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     Loïc LT, rédigé le 26.04.2015
  • aube

    Accepter ne se peut

    comprendre ne se peut

    on ne peut pas vouloir accepter ni comprendre

     

    On avance peu à peu

    comme un colporteur

    d’une aube à l’autre

     

    Phillipe Jaccottet , Poésie ,1946-1967

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    aube-Camors-16 11 2014

  • Un ami frappe à ma porte.

    pignon_saint_michel_n&b_188x289.jpgJe parlais de Rimbaud dans ma précédente note, Rimbaud mon compagnon de route depuis tant d'années, celui qui causa mes premiers vols en librairies (amis libraires et bibliothécaires d'Hennebont, ne cherchez plus, ils sont avec moi -), Rimbaud que je laisse de côté de temps en temps mais qui revient sans crier gare, Rimbaud, le dernier que je préfère lire sur papier (et pourtant, il faut être absolument moderne !), Rimbaud à qui je dois un inoubliable séjour à Charleville en compagnie de la femme aimée. 

    Or, voici qu'il vient de refrapper à ma porte m'apportant sur un plateau Adieu, le poème qui clos une saison en enfer. Ce coquin revient alors que je suis en train de me plonger dans l'histoire du christianisme (Il en fait souvent allusion dans son oeuvre mais je n'ai jamais cru qu'il se soit converti avant de mourir). Revient-il pour me narguer, pour me remettre dans le droit chemin ? Je ne sais pas mais qu'il se rassure, païen je suis, païen je resterai ! Rien n'est vanité ; à la science, et en avant !

     

     L'automne déjà ! — Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, — loin des gens qui meurent sur les saisons.
         L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le cœur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.
         Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !
         — Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !
         Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
         Suis-je trompé, la charité serait-elle sœur de la mort, pour moi ?
         Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
         Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?

    __________

         Oui, l'heure nouvelle est au moins très sévère.
         Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, — des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. — Damnés, si je me vengeais !
         Il faut être absolument moderne.
         Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
         Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
         Que parlais-je de main amie ! un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, — j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; — et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

    Avril-août, 1873.

     

  • Guillevic fut un poète (1907-1997).

    On peut rêver

     

    On peut rêver

    De partir.

     

    On peut rêver

    De rester.

     

    Le mieux

    Est de partir dans le rester,

     

    Comme le soleil,

    Comme la source,

     

    Comme les racines.

     

     

    Guillevic

  • Du côté de chez Gambetti, suite...

    Supposons

    Supposons que l’arbre qui jouxte le théâtre de Pont-Audemer, un Ginkgo Biloba d’une belle élégance avec ses harpes antédiluviennes, supposons que de cet arbre qui a l’âge d’homme je prenne et j’ai pris un rameau, supposons qu’à la bonne époque, quand l’humidité grise le ciel et le froid fait devenir d’or puis tomber ses feuilles, supposons que je le plante et supposons également qu’arrosé de manière mesurée à l’abri dans mon jardin d’hiver il développe ses racines, supposons qu’il explose en vert au printemps et qu’alors il soit mis en pleine terre pour que mes enfants eux-mêmes jeunes pousses à peine écloses le regardent grandir, supposons que chaque génération orchestre ainsi le début de la suivante, supposons même que cette idée se propage, alors ces rameaux seront les relais vivants sans fin du souvenir.

    signé Gambetti (l'homme qui, décidément, voulait planter des arbres)

     

    ginkgo pontaudemer.jpg

    ginkgo biloba devant le théâtre l'éclat à Pont-Audemer. Combien de saisons encore avant que celui de Kerniel ressemble à celui-là ?

    A propos de saisons, en rentrant de l'école, dans la voiture, Lola m'a récité ce poème de Louisa Paulin. Innocence et candeur des poèmes pour enfants (souvenir qu'on a tous de Maurice Carême) !  J'aime le ton que ma fille utilise lorsqu'elle dit sa poésie. C'est mélodieux et elle y met tout son cœur et sa joie de vivre :

    Nouvelle année, année nouvelle,
    Dis-nous, qu’as-tu sous ton bonnet ?
    J’ai quatre demoiselles
    Toutes grandes et belles.
    La plus jeune est en dentelles.
    La seconde en épis.
    La cadette est en fruits,
    Et la dernière en neige.
    Voyez le beau cortège !
    Nous chantons, nous dansons
    La ronde des saisons.

    Louisa Paulin

     

  • tergiversations...

    L'année 2013 s'est achevée dans le vent, la douceur et la pluie et me concernant par une belle indigestion aux huîtres. 2014 a déjà 5 jours, le vent souffle toujours, la pluie tombe sans fin et la douceur océanique nous caresse toujours la peau lorsqu'on se risque à mettre le nez dehors. Le sapin de noël commence à tirer la tronche. Il était prévu que nous l'enlevions aujourd'hui mais nous avons préféré regarder un film. Demain matin, nous allons tous les quatre nous lever tôt et partir chacun vers les quatre points cardinaux, l'une vers un collège au nord, l'une vers une école primaire à l'ouest, l'une vers un bureau au sud et votre serviteur vers un atelier à l'est (dans la réalité, ce n'est pas si net mais la réalité n'est jamais comme on voudrait). Nous sortirons, le vent soufflera, la pluie tombera et la douceur océanique nous caressera le visage.

    J'ai souvent parlé d'Henri Thomas sur ce blog. Tout le monde a bien compris que je préfère sa poésie à sa prose. En 2014 (au fait : belle année à tous), j'ai envie de découvrir et de faire découvrir Eugène Guillevic. Guillevic comme son nom l'indique était breton de naissance (alors que Henri Thomas le fut d' adoption) mais ce n'est pas qu'il fut breton qui m'importe.

     

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    En tout cas, je vais me faire un plaisir comme pour Henri Thomas (à propos, ces deux-là se sont-ils connus ?) de me porter acquéreur de quelques ouvrages. Ensuite, je me ferai une joie de le lire, de m'en imprégner et je prendrai la liberté de l'aimer ou pas. Ensuite, en parler ici ou autour de moi. Dans mon entourage, on adore que je parle de poésie -)

    Je commence cette année Guillevic par un sonnet (mais par ailleurs, il faisait plutôt dans le vers libre) où il évoque ce qui fut sans doute l'école de son enfance. Saint-Jean-Brévelay est un bourg moche situé à 20 minutes de chez moi.

    L'école publique

    À Saint-Jean-Brévelay notre école publique
    Était petite et très, très pauvre : des carreaux
    Manquaient et pour finir c'est qu'il en manquait trop
    Pour qu'on mette partout du carton par applique,

    Car il faut voir bien clair lorsque le maître explique.
    Alors le vent soufflait par tous ces soupiraux
    Et nous avons eu froid souvent sous nos sarraus.
    Par surcroît le plancher était épisodique,

    Et l'on sait qu'avec l'eau du toit la terre fait
    Des espèces de lacs boueux d'un bel effet.
    Pourtant j'ai bien appris dans cette pauvre école :
     

    Orthographe, calcul, histoire des Français,
    Le Quatorze juillet, Valmy, la Carmagnole,
    Le progrès, ses reculs, et, toujours, son succès.

    Dans cette pauvre école, je me doute qu'on apprenait ! Et on ne perdait pas son temps avec des activités périscolaires...J'aime bien le 'plancher épisodique'. Ce poème fait partie du recueil '31 sonnets' paru en 1954 et que le poète n'a jamais voulu faire rééditer par la suite, ce qui fait qu'il est aujourd'hui très difficile de le trouver à un prix abordable. Or, comme par hasard, c'est celui-là que je voudrais (du fait de ma préférence pour la poésie classique). On le trouve sur priceminister à 30 euros tout compris...premières tergiversations de l'année 2014...l'acheter ou pas, revoter à gauche ou ne plus voter, planter des bambous ou plus...

    Loïc LT