Supposons
Supposons que l’arbre qui jouxte le théâtre de Pont-Audemer, un Ginkgo Biloba d’une belle élégance avec ses harpes antédiluviennes, supposons que de cet arbre qui a l’âge d’homme je prenne et j’ai pris un rameau, supposons qu’à la bonne époque, quand l’humidité grise le ciel et le froid fait devenir d’or puis tomber ses feuilles, supposons que je le plante et supposons également qu’arrosé de manière mesurée à l’abri dans mon jardin d’hiver il développe ses racines, supposons qu’il explose en vert au printemps et qu’alors il soit mis en pleine terre pour que mes enfants eux-mêmes jeunes pousses à peine écloses le regardent grandir, supposons que chaque génération orchestre ainsi le début de la suivante, supposons même que cette idée se propage, alors ces rameaux seront les relais vivants sans fin du souvenir.
signé Gambetti (l'homme qui, décidément, voulait planter des arbres).
ginkgo biloba devant le théâtre l'éclat à Pont-Audemer. Combien de saisons encore avant que celui de Kerniel ressemble à celui-là ?
A propos de saisons, en rentrant de l'école, dans la voiture, Lola m'a récité ce poème de Louisa Paulin. Innocence et candeur des poèmes pour enfants (souvenir qu'on a tous de Maurice Carême) ! J'aime le ton que ma fille utilise lorsqu'elle dit sa poésie. C'est mélodieux et elle y met tout son cœur et sa joie de vivre :
Nouvelle année, année nouvelle,
Dis-nous, qu’as-tu sous ton bonnet ?
J’ai quatre demoiselles
Toutes grandes et belles.
La plus jeune est en dentelles.
La seconde en épis.
La cadette est en fruits,
Et la dernière en neige.
Voyez le beau cortège !
Nous chantons, nous dansons
La ronde des saisons.
Louisa Paulin
Commentaires
Je m'en souviens, de ce petit poème, un enfant (mais lequel ? voilà ce que c'est, que d'atteindre le demi-siècle, tu verras !) l'avait appris, ds mon entourage.
Belle photo, et je n'ai jamais vu pareil ginko. Il est vrai que ce n'est pas un arbre courant, mais les quelques spécimens que j'ai pu voir n'atteignaient pas cette belle stature.
Moi je dis que c'est un poême impromptu, et qui mérite un commentaire du teneur de blog quand même! C'est un poême refoulé de chez la littérature (Madézo), c'est un poême du dimande, du dimanche soir même, de l'instinct, de l'impromptu, de la pulsion, de l'instant. Du gars qu'à pas le temps d'aller travailler son texte plus loin.
Parution vaut acceptation. Je ne commente pas les poèmes. C'est l'intimité de chacun, cela se respecte.