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livre - Page 19

  • CR51 : Tours et détours de la vilaine fille - Mario Vargas Llosa

    3a5ea7b51902e8f6007b35fc71168903.jpgVoici le compte-rendu du meilleur roman que j'ai lu cette année. En 2007, ce fut Cendrillon de Eric Reinhardt. En 2008, cela risque fort d'être ce tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa. Car ce livre, ce n'est que du bonheur du début à la fin, l'essence même de la littérature.
    Tout le long du roman, le narrateur Ricardo, un traducteur péruvien vivant à Paris est amoureux d'une vilaine fille qui ne cessera de changer de nom au fur et à mesure de ses vies successives. Du coup, pour se simplifier la tâche, très vite il l'appelle la vilaine fille. Et ça lui va très bien. Car la vilaine fille se fiche de tout et de tout le monde. Complètement désinvolte, avide d'émotions fortes et attirée par le fric facile, elle ne satisfait pas de la vie un peu trop ronflante de Ricardo , qui se sent juste bien dans sa petite vie d'interprète et de traducteur. Alors, elle ne cesse de le quitter sans crier gare pour quelque amant fortuné rencontré ici ou là en France, dans les milieux aristocratiques anglais ou dans la mafia japonaise. La vilaine fille, si belle, si gracieuse et si féminine ne se fixe aucune règle. Elle va de par le monde (en commençant par être l'épouse d'un révolutionnaire castriste) pour finalement retomber, souvent un peu par hasard dans les bras de son Ricardo chéri , qui est vraiment le seul à l'aimer pour ce qu'elle est. C'est d'ailleurs là le seul petit défaut du roman : sur cette Terre peuplé de 6 milliards d'êtres humains, il semble inconcevable pour deux individus de se retrouver aussi facilement et et à chaque fois par hasard (sauf lors des retrouvailles à Madrid ). Cette histoire d'amour complètement déjantée qui durera 40ans se termine plutôt bien, on va dire puisque la vilaine fille, à bout de souffle, à bout de force, épuisée, malade, amaigrie, vient passer ces derniers jours sur Terre dans les bras de Ricardo . A ce moment, je n'ai pas pleuré mais j'ai eu comme un commencement de boule dans la gorge. Mais j'ai fermé le livre le sourire aux lèvres.
    Tours et détours de la vilaine fille se boit comme du petit lait. C'est frais, enjoué, comme l'est toujours la plume de Mario Vargas Llosa, qui fait partie de mes écrivains vivants préférés.
    Merci à lui. Vive la littérature..et les femmes comme la vilaine fille -))
    lecture du 29.08.08 au 06.09.08
    note : 4.5/5
    lecture à venir : ligne de faille de Nancy Huston

  • CR48 : zone mortuaire - Kelt et Ricardo Montserrat

    253334057b75d5ed5ea01a4df5a157a0.jpgComment peut-on écrire un roman cohérent, un roman qui se tient,  lorsqu'on est plusieurs amateurs à le faire, fussent-ils assistés par un écrivain professionnel ? C'est la question que je me posais avant de lire ce polar et que quelque part je pose encore après. Sous l'égide de Ricardo Montserrat, l'idée fut de réunir quelques habitants d'un quartier populaire  de Lorient (Kervénanec) afin que chacun apporte à son rythme et sa manière un peu d'eau au moulin. L'initiative est intéressante d'un point de vue social.
    Mais le seul intérêt de cette histoire pour moi est qu'elle se passe dans l'agglomération lorientaise. Sinon, ce n'est in plus ni moins que le récit d'un drame familial dans un environnement social dégradé où l'alcool et la drogue sont les seules planches de salut.
    terriblement glauque et même pas atmosphérique.
    note : 2/5
    lecture du 6 au 8 juillet.
    encore une note qui casse dur. Ce fut la dernière de la série 'lecture au camping'.
    Loïc


  • CR47 : les noces barbares - Yann Queffélec

    33db147ec299029f64578e231dbe8e80.jpgQue me reste-t-il de ce roman trois semaines après sa lecture ?...quelques images : un viol dans une tente militaire sur des dunes quelque part dans les Landes, un enfant caché dans un grenier, un asile psychiatrique quelque part dans une forêt, l'enfant qui fait une fugue et qui se cache des mois durant dans une épave échouée sur une plage désertée.
    ça ressemble à un roman de débutant, un roman où l'on veut en faire voir de toutes les couleurs au lecteur, un roman où les sentiments sont très crus mais trop caricaturaux. J'ai trouvé peu crédible ce récit qui se présente comme étant somme toute assez banal. Mais Yann Quéffelec étant un compatriote breton, j'ai envie de lui donner une seconde chance. A suivre donc.

    note : 2.5/5
    lecture les 9 et 10 juillet.

    En ce merveilleux été, les comptes-rendus ne casseront pas des briques et seront plutôt méchants. pas de chances pour les livres et auteurs concernés.
    Loïc, 17h30

  • CR41 - Paysage fer - François Bon

    fd2c4ebf4d93b581c9196054801b6414.gifIl serait vain de me demander pourquoi j'ai un faible pour les zones industrielles et autres endroits périphériques, abandonnées, oubliées...Je n'ai pas la réponse. Mais de façon générale, je dirais que j'aime ce dont les gens se désintéressent et ce dont les gens n'auraient même pas idée qu'on puisse s'intéresser. Et surtout j'aime le quotidien, et la banalité des paysages qu'il nous ait donné de voir en allant au boulot ou ailleurs.
    Si je me souviens bien, je crois que c'est Philippe Vasset dans un livre blanc qui m'a appris l'existence de ce livre de François Bon. J'avais aussitôt noté les références. Je viens d'en terminer la lecture et je dois dire que c'est un vrai coup de coeur. L'écrivain, qui prend tous les jeudis le train Paris-Nancy entreprend de noter tout ce qu'il voit à travers la vitre, sans revenir sur ce qu'il écrit mais, à chaque passage ajoutant des détails supplémentaires.
    ça se lit comme un long poème industriel, comme une addition de questionnements à savoir ce qu'untel peut faire ici ou comment on peut appeler un bar le vieux Moulin alors qu'il n'y a pas de plan d'eaux dans les environs. Derrière l'anonymat des batîments, des usines, des pavillons, François Bon imagine les vies ou les non-vies, note l'incongru, l'insolite (comme ce famueux dancing de Foug...)


    Vue de Vitry-le-François

    C'est un jour de pluie et la lumière ne lève pas, tout ce qu'on reconnaît est là comme couché faisant gros dos, les chemins de bord de champs comme hésitant à disparaître dans les flaques qui se rejoignent, la glaise plus glaise et les sillons autant de ligne parallèles plus lumineuses qui n'importe quoi d'autre, le ciel même. Et les maisons toutes comme mortes, rien au fenêtres, ce matin on n'aère pas, les garages sont clos derrière leurs portes, et plus vides même les parkings des supermarchés malgré les réverbères encore allumés, et ce violet sombre de bitume où les quelques voitures se refléteraient presque. Qui est donc rentré au café Le Champ de Mars, ils sont trois véhicules garés et derrière les vitres en plein jour c'est éclairé, il doit faire noir quand même....


    ba oui quand même. On devine hein, trois pilliers de comptoir qui n'ont que ça à faire. Sont-ils encore vivants aujourd'hui ? Ect-ce qu'en menant une enquête approfondie, on arrivait à retrouver ces trois types ? Si FB a daté ses notes, ça pourrait aider. Il suffira d'aller à Vitry-Les-François et de demander à l'aubergiste. Peut-être aurait-il une idée. Ba oui, dans ce genre de village, même traversé par le rail, un bar n'a pas des milliers de clients réguliers. ça doit pouvoir se faire.

    Un régal. Des pointes d'humour. De la passion de la part de FB. richesse de vocabulaire, en tout cas, bonne connaissance du fer et de ses alliages. Petit hommage à Georges Simenon, que l'auteur apprécie (évidemment, j'ai envie de dire)

    on aime chez Simenon cette dégustation du monde, par quoi chaque objet qu'on en sépare, à partir d'une nappe et d'une odeur de cuisine, d'une rue selon ses heures er d'habitudes qui s'érigent en univers, avec une couleur et une saison, éloigne de soi toute idée qu'il pourrait en être autrement, et la parfaite connivence, si parfaite qu'elle s'annule, de la phrase qui le nomme avec l'objet dont on ne doute pas qu'il existe de cette façon, à cet endroit.

    Le livre fut publié en 2000. On devine que depuis, avec le tgv est, ça n'est plus pareil et qu'il est encore plus difficile de se faire une idée des paysages qui défilent...à 300kmh. D'ailleurs à plusieurs endrotis du récit, FB pressent les changements. Mais peut-être que le corail y circule encore ? A raison d'une fois par jour, ça suffit. ça me suffit en tout cas si dès fois j'avais l'envie de tenter l'expérience et de voir si 10ans après il est toujours inscrit  "dancing" sur un batîment qui n'a l'air de rien dans un bourg paumé entre Paris et Nancy.

    Quelques critiques sur le site de éditions Verdier

    note : 4/5

    Dans la foulée, il est impératif que je lise ferroviaires de Sereine Berlottier. On ne change pas une équipe qui gagne. Nancy Huston et  Gabriel Garcia Marquez attendront..sans doute le sable fin..qui arrive. La faute sur mer, quelque part plus au sud, dans une quinzaine de jours..

    loïc lt, 23h50

  • CR40 - Cosmopolis - Don DeLillo

    547bcc4b553780a2670152c913226878.jpgCe roman, c'est l'histoire d'un golden Boy portant le doux nom d'Eric Packer. ça commence le matin quand il rentre dans sa limousine qui fait trois kilomètres de long. A l'intérieur, il y a tout ce qu'il faut pour vivre et surtout il y a des écrans qui lui permettent de suivre le cours des marchés, et en ce jour d'embouteillages dans les rues de New-York, Eric suit tout spécialement le cours du Yen dont il a parié des milliards sur la baisse. Mais c'est le contraire qui se produit. Quasiment tout le roman se situe dans la limousine, en compagnie d'Eric, le chauffeur, du garde du corps et des secrétaires et amantes qui se succèdent, venant d'on ne sait où. A la base, Eric cherche un coiffeur mais du fait du bouchon monstre, ça avance lentement et il se retrouve spectateur de tout un tas d'évènements comme le passage de l'enterrement d'un ancien rappeur très connu, le happening d'un groupe d'anarchistes. Eric se risque parfois à quelques petites escapades en dehors de sa Twingo. Essentiellement dans des bars pour rencontrer des maîtresses. Il y a aussi cette rave party en sous-sol, qui provoque l'éblouissement de notre héros.
    Parallèlement, une type, quelque part dans la ville, veut tuer Eric. Il a échafaudé tout un plan pour ça. Il veut la peau d'Eric, pour ce qu'il représente et parce que sa limousine déplace l'air dont les gens ont besoin pour respirer au  Bangladesh. Eric sent qui quelqu'un le cherche. Eric se prépare à la confrontation finale. Et il s'y prépare par tout un discours métaphysique, à la limite du démentiel. Les deux hommes finissent par se retrouver.

    Ce n'est qu'une fois le livre fermé qui je me suis dit que tout ça allait peut-être me marquer. Et parce que le style de Don DeLillo est très particulier, très fouillé, virant souvent au surréalisme, ce qui est très rare pour un écrivain américain (si je considère ceux que j'ai lu en tout cas). J'ai haï pendant toute la lecture la personne d'Eric Packer. Pas au point d'en souhaiter la mort mais au point de souhaiter la fin d'un système qui génère de tels monstres de cynisme.

    Loïc, 15h00

     

  • CR39 - la chaussure sur le toit - Vincent Delecroix

    449932fab00cb7d1536c2e9e3b210081.jpgA la fin de ce livre, il est indiqué " ce livre a été achevé à la villa Marguerite-Yourcenar, au Mont-Noir. Que toute l'équipe de la ville soit ici remerciée'. ça ne m'aurait pas fait réagir plus que ça si, il y a quelques jours, en regardant un reportage consacré à la villa Medicis, je n'avais appris que l'écrivain Vincent Delecroix y cherchait l'inspiration pour son nouveau roman. Je ne sais vraiment pas quelle conclusion tirer de ça.
    Voilà qui est dit. En tout cas, je me suis régalé avec la chaussure sur le toit, roman qui s'avère être une succession de nouvelles dont le point commun est qu'à chaque fois et pour des raisons différentes, il finit par être question d'une chaussure sur un toit. A priori aussi, toutes les histoires ont comme point central un même immeuble parisien, situé près de la gare du Nord. Chaque nouvelle est indépendante même si l'écrivain trouve un malin plaisir à glisser des détails ou des allusions, ce qui créé des petites correspondances, qui prêtent à sourire. 
    Le jeu consiste pour le lecteur, en cours de lecture d'une histoire, à se demander par quel subterfuge, cela va finir par amener à ce qu'une chaussure, une seule, finisse par se retrouver sur le toit de l'immeuble. Dans la première nouvelle, il s'agit d'une chaussure laissé par un ange, vu par une petite fille depuis sa chambre, dans une autre, c'est un bandit qui vient de rater un braquage et qui se réfugie sur le toit de l'immeuble et qui doit abandonner une chaussure car sa jambe et son pied sont enflés...etc
    lecture agréable. Je finis, ce soir, je suis en retard !
    Loïc, 8h15
    Me revoilou. Je rajouterais que c'est un roman divertissant, mais pas transcendant non plus.  Il sera oublié dans un an. Et je viens de me renseigner sur wikipedia concernant les pensionnaires de la villa Médicis.En fait, en étant sélectionné par un jury après avoir posé sa candidature, un artiste peut séjourner dans cette villa afin d'y produire une oeuvre.
    Pour les arts plastiques, on peut  comprendre mais pour un écrivain, je suis un peu surpris. En quoi le fait de vivre dans une villa romaine, favorise-t-il la création littéraire ?
    Loïc, 17h74

  • CR33 : lune sanglante - James Ellroy

    20a47123bc50b92beb2e246cc3960be1.jpgOn m'avait parlé de James Ellroy comme étant l'un des meilleurs auteurs de romans noirs de sa génération. Il était temps pour moi de vérifier la chose...et bien que je ne sois pas fan d'histoires de tueurs en série traqués par des flics solitaires, je dois avouer qu'il m'a été difficile de lâcher le bouquin une fois bien lancé (il y a juste les 30 premières pages qui sont un peu poussives). Je n'ai d'ailleurs éteint ma lampe de chevet qu'à 3 heures du matin pour pouvoir finir. Il était en effet impossible pour moi de m'endormir sans savoir qui du sergent détective Lloyd Hopkins ou du détraqué Teddy Verplanck allait avoir le dernier mot. La morale est sauve, c'est le sergent qui l'emporte. Ceci dit, Ellroy ne faisant pas dans le manichéisme primaire, nous sommes en présence d'un flic tordu, avide de sexe et de sensations fortes et d'un tueur en série poète et secrètement amoureux d'une seule femme.

    Cette lecture m'a sacrément secoué. Coup de chapeau aussi  à Freddy Michalski, le traducteur pour le style et le vocabulaire très riche.

    De toute façon,  je n'ai jamais été déçu par les polars sortis dans la collection rivages/noir. J'aime beaucoup cette collection, pour les romans eux-même évidemment mais aussi pour ses couvertures très soignées et son papier si particulier. Ce sont vraiment des livres qu'on a envie de toucher et de dévorer, au sens propre comme au figuré.

    Je continue dans le roman noir avec cette enflure de Didier Daeninckx (métropolice). Suivra Fred Vargas (pars vite et reviens tard). Après quoi, pour renverser la vapeur, j'aurai mérité mon petit harlequin (car c'est important de savoir qu'en ce bas monde,  l'Amour a encore un sens pour certains).

    Loïc, 21h30

  • CR31 : Et mon coeur transparent - Véronique Ovaldé

    f14c0aadb75db7d34dfece36af810b52.jpgA chaud, je le dis tout de suite : j'ai détesté ce livre. Pas tant l'histoire que ce style complètement tordu. D'ailleurs, plus qu'un style, je pencherais plutôt pour des carences de l'auteur, incapable de dire simplement des choses simples. Ou bien alors, c'est moi qui suis trop vieux jeu et qui aurais du mal avec des oeuvres trop avant-gardistes. Non, je ne crois pas. Je suis ouvert à tout...sauf peut-être à la médiocrité.

    Des mauvais livres, ça existe, là n'est pas le problème. Par contre, que des mauvais livres soient récompensés par des médias comme Télérama ou France Culture, là, je ne comprends plus. Je me disais pourtant qu'il ne pouvait sortir que quelque chose de bon d'un prix du livre France Culture-Télérama. Je me suis trompé.

    C'est dommage car j'étais depuis quelques semaines à la recherche d'un nouvel écrivain fétiche et j'avais eu le pressentiment que Véronique Ovaldé pouvait être l'heureuse élue. Non, elle rejoindra juste David Foenkinos, Balzac et Willian Faulkner dans ma liste des écrivains imbuvables.

    Je vais quand même mettre 1/5 : 0.5 points pour les saints, 0.5 points pour la chapelle. Euh non, 0.5 points pour le titre, qui est pas trop mal (tiré d'un poème de Verlaine où il fait ce rêve étrange et pénétrant...) et 0.5 points parce que ça m'a permis de lire pour la première fois un roman des éditions de l'Olivier.

     

    extrait : aucun

    note : 1/5

  • CR30 : Middlesex - Jeffrey Eugenides

    d7d99c51e62a9cbe8b25b70744c1693e.jpgMiddlesex de Jeffrey Eugenides pèse 322 grammes, ce qui en fait un gros livre de poche. J'aime beaucoup les pavés car ça donne vraiment le temps d'habiter les personnages, de les comprendre et de se sentir aussi lié à leur destin. Mais là, la lecture s'étant faite sur trois semaines, je dois dire que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Ce n'est pas par manque d'intérêt...mais en ce mois de mars, je me suis fait doublement exploiter au boulot, si bien que le soir, je m'endormais littéralement devant mon bol de soupe. Alors, vous comprenez qu'il était difficile de me concentrer sur des choses aussi éloignées du quotidien où j'étais enfermé dans des considérations très terre à terre.

    Pensant à tout cela, vendredi soir, je me suis promis de le finir pour la fin du weekend..ce qui j'ai réussi, et sans forcer tant le récit était limpide et l'histoire assez haletante. Ce roman se déroule sur trois générations et raconte le destin d'une famille grecque qui émigre vers les Etats-Unis au début du XXème siècle. Tout aurait été en somme très banal si les émigrants, un frère et une soeur n'avaient pas décidé de se marier sur le paquebot les emmenant vers le rêve américain. Les conséquences de cet inceste se dévoileront deux générations plus tard, un bébé (prénommé Caliope et qui est aussi la narratrice) qui se présente comme étant une fille s'avère être aussi un garçon. Ce que personne ne remarquera pendant toute son enfance. Alors que toutes ses amies voient leurs corps se transformer à l'adolescence, rien ne se passe chez Caliope. Après moulets péripéties, quelques années plus tard, Caliope devient un garçon et se fait appelé Cal.

    A travers l'histoire de Caliope, le narrateur embrasse toute l'histoire de Etats-Unis et plus précisément de Détroit, ville où la famille Stéphanides a décidé de s'implanter en 1922. Lecture très instructive sur la dévouvert de soi-même, de son corps, sur la condition du réfugié et sur le modèle américain.  note : 4/5

    un extrait : en arrivant à Détroit, Lefty se fait pistonner par un cousin pour entrer dans l'usine Ford, principal employeur de la ville. Lefty et sa femme Desdemona ( qui est aussi sa soeur) sont, dans un premier temps, logés chez les cousins, Zizmo et Lina. Un jour, des envoyés de Ford lui rendent visite :

    Deux hommes se tenaient sur la paillasson. Ils portaient des costumes gris, des cravates rayés, des chaussures noires. Ils avaient des favoris courts. Ils tenaient à la main des mallettes identiques. En enlevant leurs chapeaux, ils révélèrent des cheveux du même châtain, soigneusement séparés par une raie au milieu. Zizmo retira la main de sa veste.

    " Nous appartenons au service social de l'entreprise Ford, dit le plus grand. Mr Stephanides est-il à la maison ?

    - oui ? dit Lefty.

    - Mr Stephanides, laissez-moi vous expliquer la raison de notre présence.

    - la direction estime, enchaîna le plus petit, que cinq dollars par jour entre les mains de certains hommes peuvent constituer un handicap énorme sur les voies de la droiture et de l'honnêteté et faire d'eux une menace pour la société en général.

    - Il a donc été décidé par Mr Ford - reprit alors le plus grand - que cet argent ne peut être alloué à qui ne saurait en faire usage en toute conscience et avec retenue.

    - Egalement - de nouveau le petit - que si un homme semble avoir les qaulités requises mais qu'il en vient à faiblir, l'entreprise est en droit de le priver de sa part de bénéfices jusqu'à ce qui se soit réhabilité. Pouvons-nous entrer ?

    Une fois à l'intérieur, ils se séparèrent. Le grand sortit un bloc de sa mallette. " Je vais vous poser quelques questions, si vous voulez bien. Buvez-vous, Mr Stephanides ?

    - non." Zizmo répondit pour lui.

    " Et qui êtes-vous, si je puis me permettre ?

    - M'appelle Zizmo.

    Vous êtes en pension ici ?

    - Je suis chez moi.

    - Ce sont donc Mr et Mrs Stephanides qui sont pensionnaires ?

    - C'est ça.

    - ça ne va pas. ça ne va pas, dit le grand. Nous encourageons  nos employés à souscrire un emrpunt-logement.

    - Il y travaille", dit Zizmo.

    Entre temps, le petit était entré dans la cuisine. Il souleva les couvercles, ouvrait la porte du four, scrutait le contenu de la poubelle. Desdemona allait s'y opposer, mais Lina la retint d'un regard. (Et remarquez comment le nez de Desdemona s'est mis à bouger. Depuis deux jours, son odorat est incroyablement fin. Les aliments commencent à avoir une drôle d'odeur pour elle, la feta sent les chaussettes sales, les olives la crotte de chèvre.)

    " Vous vous baignez souvent, Mr Stephanides ? demanda le grand.

    - Tous les jours, monsieur.

    - Vous vous brossez les dents souvent ?

    - Tous les jours, monsieur.

    - Avec quoi ?

    - De la poudre."

    Maintenant le petit était en train de monter les escaliers. Il envahit la chambre de mes grands-parents et inspecta les draps. Il entra dans la salle de bains et examina le siège des toilettes.

    A partir de maintenant, utilisez ceci, dit le grand. C'est un dentifrice. Voilà une brosse à dents neuve."

    Déconcerté, mon grand-père saisit les objets. "Nous venons de Bursa, expliqua-t-il. C'est une grande ville.

    - Brossez le long des gencives. De bas en haut pour le bas et de haut en bas pour le haut. Deux minutes matin et soir. Essayez.

    - Nous sommes des gens civilisés.

    - Dois-je comprendre que vous refusez de vous conformer aux instructins d'hygiène ?

    - Ecoutez-moi, dit Zizmo. Les Grecsz ont construit le Parthénon et les Egyptiens ont construit les pyramides à une époque où les Anglo-Saxons étaient encore vêtus de peaux de bêtes." (jolie la réplique)

    Le grand regarda Zizmo et nota quelque chose sur son bloc.

    "Comme ça ?" demanda mon grand-père. Avec une grimace hideuse, il fit aller et venir la brosse dans sa bouche sèche.

    "C'est dela. Parfait."

    Le petit réapparut alors. Il ouvrit son bloc et commença : "premier point : poubelle de la cuisine dépourvue de couvercle. Deuxième point : mouche sur la table de la cuisine. Troisième point : trop d'ail dans la cuisine. Provoque l'indigestion."

    (Et maintenant Desdemona localise le coupable : les cheveux du petit. L'odeur de la brillantine lui donne la nausée.)

    "C'est très généreux à vous de venir vous intéresser à la santé de vos employés, dit Zizmo. Il ne faudrait pas que quelqu'un tombe malade, n'est-ce pas ? ça pourrait ralentir la production.

    - Je vais faire semblant de ne pas avoir entendu, dit le grand, puisque vous n'êtes pas un employé de l'entreprise Ford. Toutefois, se retournant vers mon grand-père, je dois vous dire, Mr Stephanides, que dans mon rapport, je mentionnerai vos relations sociales. Je recommanderai que vous et Mrs Stephanides vous installiez dans votre propre foyer dès que la chose sera financièrement possible.

    - Et puis-je vous demander quelle est votre profession, monsieur ? voulut savoir le petit.

    - Je suis dans le transport, dit Zizmo.

    - Très gentil à vous, messieurs, d'être passés, intervint Lina. Mais si vous voulez bien nous excuser, nous allions nous mettre à table. Nous devons aller à l'église ce soir. Et bien sûr, Lefty doit être couché à neuf heures pour se reposer. Il aime être frais et dispos au réveil.

    - C'est bien. Très bien."

    Ensemble ils mirent leurs chapeaux et s'en allèrent.

  • CR16 - Cendrillon - Eric Reinhardt

    01f0dc7a0731e09080ca3a3cb8b002e3.jpgCendrillon, que j'ai fini d'un souffle, dans un élan mystique  le soir de noël, est un roman énorme dans tous les sens du terme. Nous avons à faire dans ce livre à Eric Reinhardt, lui-même qui raconte la genêse de l'oeuvre et à ses avatars, Laurent Dahl, un trader épris de poésie, Patrick Neftel, une espèce de nihiliste frustré admiratif des attentats du 11/09, à Thierry Trockel, aussi, un chimiste désireux d'assouvir tous ses fantasmes sexuels. Je ne vais pas vous faire le résumé de tout ça, il y en a suffisamment sur le net. juste dire ce qui me traverse l'esprit.

    Ce que j'ai là, à l'esprit, c'est Laurent Dahl. Après quelques années au back office où il est humilié par les traders du front, il se fait embaucher par un ami trader, en tant qu'associé dans un hedge fund qu'il décide d'appeler Igitur en référence au poème de Mallarmé (un truc dont je n'ai jamais rien compris mais qui curieusement m'a servi longtemps de pseudo sur le net ). La mission de Dahl est de récolter un maximum de dolls (pour dollars) auprès d'investisseurs privés. Il se débrouille à merveille et le fond démarre sur les chapeaux de roue. Son associé, Steve Stihl, un génie de la finance gagne à tous les coups en prenant le marché à contre-pied..En 1998, voyant se gonfler les valeurs internet, il décide de mettre le paquet et de parier sur l'effondrement de la valeur Softbank. Il est sûr de lui. Mais softbank continue à grimper..vertigineusement, boosté par la concentration qui s'opère dans le secteur. Dahl est chargé de continuer à faire rentrer de la trésorerie pour couvrir ce qu'on appelle les 'appels de marge'. Acculés, les deux associés sont obligés de magouiller en rachetant à prix d'or une start-up insignifiante. On embauche un expert qu'on achète, chargé de surévaluer cette valeur..Pendant ce temps, Softbank coninue à grimper. Dahl, en voyage en France, croise une inconnue dans un train dont il devient fou. Il l'a perd de vue et dans une fuite en avant, fait tout pour la retrouver, faisant confiance au hasard ou au destin. A ce moment, le sort d'Igitur semble lui importer peu. Seule compte pour lui, cette femme croisée dans le train (c'est la raison pour laquelle Dahl est mon préféré dans ce roman, une sorte d'idéal..un trader mallarmén...on n'en croise pas tous les jours).

    J'ai envie aussi de vous parler d'Eric Reinhardt, l'écrivain. Attablé en terrasse du café le Nemours, il vante l'automne, saison de tous les possibles - 'l'atmosphère de l'automne inscrit du sens entre les choses, entre cet arbre et cette façade, entre ces branches et cette fenêtre, entre le kiosque à journaux et chaun des réverbères qui ponctuent l'esplanade, espace qui n'est plus vide mais substanciel, méditatif un espace qui a l'air de penser lui-même et de penser les êtres qui le traversent'. - Je vous le dis comme je le pense : Ce roman est la plus merveilleuse ode à l'automne que je n'ai jamais lu...ce qui est extraordinaire, c'est que ce poème à l'attention d'une saison côtoie sans heurt l'ambiance de folie qui règne sur les places boursières mondiales..Parralèlement, Patrick Neftel, looser incapable de trouver sa place dans la société rumine sa haine du système au fond de sa chambre dans la maison de maman. Ce qu'il voit à la télé le dégoute, sa mère le dégoute, le capitalisme le dégoute. Il voue une admiration sans borne à Patrick Durn, ce type qui assassina de sang froid plusieurs élus municipaux lors d'une réunion de conseil. Il prépare un attentat suicide à la télé. Chaque histoire finit dans la fuite en avant, Dahl dans la quête de cette femme croisée dans le train et suspendu au cours de l'action Softbank, Patrick Neftel, qui dispose d'armes et de munition prêt à comettre le pire, et Trockel qui s'en va avec sa femme rejoindre un couple en Allemagne afin d'assouvir le dernier de ses fantasmes...

    On en reste là mais on est abasourdis par tant de maîtrise dans le récit, par tant de poésie, par tant de cruauté, tant d'instincts primaires et en même temps par tant de réflexions profondes. Ce livre est énorme...chapeau bas à Mr Reinhardt. Et je vais vous dire pourquoi je n'aimerais par être à sa place aujourd'hui : car il va lui être difficile de faire mieux..et je vais vois dire de quoi je suis dégouté : non seulement, ce roman n'a eu aucun prix littéraire mais il n'apparaissaitt même pas dans les sélection finales. Je suis sûr d'une chose : le temps travaille pour lui.

    à venir dans une prochaine note, un nouvel extrait.

    Loïc, 23h15