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  • CR59 : Meuse l'oubli - Philippe Claudel

    IMGP5681.JPGC'est en flânant cet été sur un marché de la région que je suis tombé sur ce bouquin. Je dois dire que le titre m'a tout de suite interpellé (bien plus que l'auteur que je n'avais jamais lu). Meuse l'oubli, Meuse comme le fleuve qui arrose Charleville, cette ville où j'ai passé il y a quelques années deux jours qui resteront à jamais gravé dans ma mémoire.


    Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.


    Dans ce petit roman, Philippe Claudel fait de petites allusions au poète mais guère plus. Il faut dire que l'action ne se situe pas dans les Ardennes mais en Belgique. Mais quand même zut, je n'y peux rien, pour moi la Meuse, cela reste le fleuve des rimbaldiens.
    Venons-en au roman proprement dit : le narrateur est inconsolable suite au décès brutal de sa compagne Paule. Il décide d'aller se réfugier dans un petit village belge, paumé de chez paumé. Il débarque, trouve une chambre et des mois duranttraîne dans le village, et notamment au bar l'Ancre où il se prend des bitures avec les habitués. Il se lie d'amitié aussi avec le fossoyeur du cimetière, avec sa logeuse Madame Outsander. Il tente de noyer sa peine dans cette atmosphère bucolique et loin de tout. Les mois passent et la lourde peine devient une petite cicatrice mais hélas pense-t-il, c'est plus la marque du temps (ce grand réparateur) que de son travail intérieur.
    Ce petit roman se lit bien et malgré le sujet, j'ai eu presque sans cesse le sourire aux lèvres. Le tout est baigné dans une poésie rieuse et chatoyante. Les anecdotes* se succèdent aux descriptions très colorées et il faut dire ce qui est : on passe un bon moment de lecture. Il s'agit du premier roman et sans doute le plus méconnu de PhilippeClaudel.

    * Le fossoyeur croise par hasard le narrateur qui se promène dans le cimetière : " quand je vous ai vu la première fois, cet hiver que je vous ai vu, je me suis dit tout de suite, 230x200x110 pour la fosse, il faut toujours compter plus large, et à vue de nez, 45x60x70 pour la taille de la caisse qu'il vous faudrait, la caisse à réduction, car vous êtes tout de même assez grand...Une vraie manie de métreur, je ne peux pas m'en empêcher, dès que je vois quelqu'un, il faut que je le réduise..."

    note : 3/5
    lecture du 29.10 au 31/10
    à venir : à voir

  • CR58 : la modification - Michel Butor

    modif.jpgÇa fait un petit moment que vous  aviez programmé la lecture de ce livre. Pour de multiples raisons dont deux principales :
    - vous aviez envie de lire un roman de ce Butor dont vous ne connaissiez que l'essai consacré à Rimbaud (improvisations sur Rimbaud) ;
    - vous aimez bien vous faire un classique de temps en temps ( ce roman fait partie des  49 romans français qu'il faut avoir lu selon la bibliothèque idéale de Bernard Pivot).

    La lecture est terminée et elle fut assez fastidieuse. Vous avez eu du mal à entrer dans l'histoire de ce type marié qui prend le train Paris-Rome pour rejoindre sa maîtresse. Tout le récit se passe dans le train. Et il ne s'y passe pas grand chose, sauf dans la tête du narrateur. Le fait que le tout soit écrit à la deuxième personne du singulier ne vous a pas dérangé, non c'est plutôt un vous-ne-savez-quoi dans le style qui vous a gêné. Vous avez eu l'impression de vous heurter à chaque phrase. Et du coup parfois vous avez eu mal au ventre, comme ça vous arrive parfois quand une lecture vous fait mal. Mais à partir de quoi, du 3/4 du roman, cela a semblé aller mieux, c'est à dire en fait à partir de la modification, c'est à dire à partir du moment où le narrateur (qui est vous) se rend compte qu'il se trompe, qu'il ne doit pas prolonger l'aventure avec Cécile, sa maîtresse. Dès ce moment, le roman prend une nouvelle dimension, plus éthérée, plus aérienne. L'auteur se détache un peu du train et des voyageurs qu'il s'obstinait à décrire (et vous ne compreniez pas bien l'intérêt) pour s'attacher à expliquer pourquoi et comment est intervenue cette modification. Mais alors il vous explique :


    Vous vous dîtes : s'il n'y avait pas eu ces gens, s'il n'y avait pas eu ces objets et ces images auxquels se sont accrochés mes pensées de telle sorte qu'une machine mentale s'est constituée, (...), s'il n'y avait pas eu cet ensemble de circonstances, cette donne du jeu, peut-être cette fissure béante en ma personne ne se serait-elle pas produite cette nuit, mes illusions auraient-elles pu tenir encore quelques temps...


    La dernière partie du roman est brillante, évanescente et met en relief l'ensemble du roman. Si bien que vous terminez cette affaire mal engagée sur une bonne impression. Mais vous dîtes que c'est bien indécent de votre part de juger de la sorte des romans qui ont fait leur preuve. Trouvez à redire à des oeuvres qui font partie du patrimoine ! alors que vous êtes incapable de pondre un note ridicule sans faire de faute de grammaire ou d'orthographe.  Vous n'êtes qu'un blogueur (pardon pour l'insulte) et demain, 29 octobre est votre fête.

    note : 3/5
    lecture du 17/10 au 28/10
    à venir : Meuse l'oubli, Philippe Claudel

  • CR57 : On n'empêche pas un petit coeur d'aimer - Claire Castillon

    On_n_empeche_pas_un_petit_coeur_d_aimer.jpgDans la boite où je bosse, j'avais un collègue avec qui je discutais beaucoup. Il était beaucoup plus jeune que moi mais on s'entendait bien. (on était d'accord sur rien et c'est pour ça qu'on s'entendait bien). Il en a eu marre de continuer à se faire exploiter alors il s'est barré. Et bien ce type, Kevin -je peux dire son prénom-, il m'avait dit un jour, pensant bien me connaître "toi, t''es tout à fait le genre de mec qui discute avec un ami invisible". Touché au vif, j'ai rigolé et lui ai dit que non. Mais en fait, c'était pas faux. Je dialogue pas mal avec une sorte d'autre-moi-même . Mais les choses sont plus complexes : dans mon système interne, j'ai créé une constitution, un gouvernement, des comités de réflexion et des commissions chargées de gérer ma vie et mon quotidien. Genre : je suis en train de dépasser mon autorisation de découvert...donc il faut réunir la commission financière...Et là, alors que le vrai Loïc bosse et rêvasse, la commission se réunit et décide pour moi. Je fais se discuter en moi-même des membres à qui j'ai donné un nom etc etc. (mais en fait c'est moi qui la prend mais je fais comme si c'était la commission).
    Véridique..et après je m'étonne qu'on dise de moi que je ne fais que rêver où d'avoir l'air absent. Mais rendez-vous compte de ce que j'ai à gérer en interne !!! Tout ça pour dire que quelque part, quand il a parlé de l'ami invisible, Kévin, pourtant si proche, était loin de s'imaginer l'ampleur du truc : j'ai des centaines d'amis invisibles avec chacun des fonctions bien précises. (putain, quelle galère !). D'ailleurs, chut, l'un deux reprend l'interview commencé précédemment :


    alors, ce recueil de nouvelles ?
    - sympa, caustique, grinçant, virevoltant, amusant. Ce sont 23 petites nouvelles indépendantes avec comme thématique des scènes de vie de couple. Le narrateur est parfois la femme et parfois l'homme. Chacune fait quelques pages mais certaines d'entre elles en disent plus longs que des pavés romanesques. Car la plume de Claire Castillon va droit au but et au fond de la pensée du narrateur. Aucun tabou, tout est dit sans retenu. Je pense que tous les couples se retrouvent dans au moins une des nouvelles.

    tu y a retrouvé le tiens ?
    - oui, sans problème.

    quelle nouvelle ?
    - je te dirai pas.

    IMGP5468.JPGautre chose à ajouter ?
    - pas sur ce recueil en particulier mais sur la forme qu'est la nouvelle oui : j'ai reçu hier par la poste une enveloppe ( de taille normale). Je l'ai ouvert et à l'intérieur il y avait un recueil de nouvelles. Je l'avais commandé quelques jours plus tôt aux éditions filaplomb mais j'étais loin de m'imaginer le livre si petit. Imagine un livre de 20 pages, d'environ dix centimètres de long sur 7 de large. Et en plus, ce n'est pas un texte qu'il y a à l'intérieur..mais deux ! Ce n'est plus de la nouvelle..c'est de la mini-nouvelle, du télégramme littéraire. A suivre donc, j'en reparlerais.

    Que vas-tu lire maintenant ?
    - Je suis justement en train de contempler ma pile à lire et j'hésite entre la modification de Michel Butor et prolongations d'Alain Fleischer. pour pouf, une vache qui pisse dans un tonneau, c'est rigolo mais ce n'est pas marrant....C'est Butor qui l'emporte !

    Le prix Nobel à Le Clézio, t'en penses quoi ?
    - C'est mérité. De lui, je n'ai lu que la quarantaine et ça m'a marqué. J'en ai pas mal d'autres dans ma bibliothèque que je ne vais pas tarder à consommer je pense. Sinon, je voulais quand même dire que je ne suis pas d'accord avec Le Clézio quand il dit qu'il faudrait supprimer la tva sur les livres. Je trouve ça stupide...Sur certains produits alimentaires de première nécessité, à la limite, pourquoi pas..mais sur des produits culturels, non, non et non ! Ce serait indécent vis à vis de ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter des livres et puis ce serait le début de la fin. Pourquoi pas les disques aussi..et les spectacles etc etc. La culture doit  participer à la solidarité nationale. De toute façon, c'est impossible et il n'y a pas de débat sur la question.

    Et en plus, là, tu fais de la politique.
    - En plus ! Faut pas. Excuse-moi

    pas de problème. A bientôt Loïc


    note : 3.5/5
    lecture du 15.10 au 16.10
    à venir : la modification, Michel Butor

  • CR56 : colère et passions à Doëlan - Claude Couderc

    9782844970893FS.gifBonjour Loïc, qu'est-ce qui t'as poussé à lire ce livre ?
    - Il n'était pas dans ma liste de lecture mais je suis tombé dessus par hasard à la bibliothèque de mon petit bourg où je me rends de temps en temps. J'avais vu "Doëlan" dans le titre et une photo du port en couverture, alors forcément..


    Qu'est-ce qu'évoque Doëlan pour toi ?
    - Des balades en solitaire dans ce petit port de carte postale. J'y suis retourné il y a peu de temps et je me suis dit que j'avais idéalisé l'endroit..mais il reste les souvenirs...

    Et donc, ce roman ? - Je suis très déçu. Si Doëlan sert de décor à l'histoire, le charme de l'endroit n'y est en fait quasiment pas évoqué. Ça aurait aussi pu tout aussi bien s'appeler 'colère et passions à Etel' ou autre endroit. Et en plus, je ne suis même pas certain que la géographie de Doëlan soit respectée.


    En dehors de ça, que vaut ce livre ?
    - mmmh, pas grand chose en fait. On peut difficilement concentrer plus de clichés en si peu de pages. Un étranger débarque dans le village (un portugais...), rentre dans le bistrot où sont attablés des pêcheurs bourrus qui le regardent en chien de faïence. En moins de temps qu'il faut pour le dire, il trouve un boulot de pêcheur, tombe amoureux de la fille de la patronne du bar et se trouve mêlé à un lutte sociale pour le maintien de l'emploi dans la petite conserverie locale. Il devient le meneur..mais évidemment, il a un passé trouble, qui va éveiller la curiosité du patron de la conserverie (qui est en fait une caricature du patron cupide et méchant). On est a des années lumière de Germinal, va sans dire. Il n'y a aucune nuance ici.


    Et le style ?
    - il est quelconque. En fait, c'est un roman pour touriste, un petit roman de plage à mettre dans les vitrines des maisons de la presse du Finistère-Sud.

    Nous n'allons donc pas épiloguer sur ce bouquin. Passons à des choses plus générales. Que penses-tu de l'audience de ce blog ?
    - Je ne vais pas cacher que je suis assez déçu. J'ai très peu de visites et les mots tapés dans google qui mènent ici me laissent dubitatifs. Les commentaires sont très rares.


    Comment expliques-tu ça ?
    - plusieurs raisons. 1, c'est un blog littéraire, 2, je ne suis pas très "blogosphère", et donc je ne provoque pas de visites par des passages sur d'autres blogs. Quant aux commentaires, ce n'est pas grave, une note de lecture n'appelle pas forcément de commentaire.
    Mais globalement, je dirais que tenir ce blog me permet de me forcer à faire des notes de lecture. Ça oblige à une certaine discipline que je n'imposerais sans doute pas si les notes restaient confidentielles.


    Quelle est la spécificité de ton blog ?
    - Je ne cherche pas à me démarquer, mon blog est comme il est. Je ne calcule pas. Et je n'ai pas assez de recul pour savoir ce qu'il en est. Mais si tu veux mon avis je dirais que des blogs littéraires tenus par des ouvriers ayant fait des études en économie, il y en a pas des masses.


    Que voudrais-tu améliorer dans ce blog "sympa" ?
    La réponse est claire : mon style. Je le trouve rugueux, ampoulé...mais puis-je encore améliorer mon style à 35 ans ? J'aimerais mais ça n'est pas sûr. Par ailleurs, je retrouve pas mal de fautes de frappe après coup..ou carrément de vraies fautes d'orthographe. Ça me fout la honte à chaque fois. J'aimerais changer le titre aussi (encore, je sais...). C'est pour ça que je relis un peu de poésie : pour trouver une formule choc ! Enfin, je me trouve un peu trop outrecuidant par moments..mais je ne sais pas si je peux me changer de ce côté-là.

    Revenons à la littérature avec quelques questions pêle-mêle : y-a-t-il des romans que tu aimerais lire mais dont tu reportes sans cesse la lecture ?
    - Deux me viennent à l'esprit : la vie, mode d'emploi de Georges Pérec et le jeu des perles de verre de Hermann Hesse.


    Et y-a-t-il des romans que tu voudrais relire ?
    - Oui, il y en a quelques-uns..mais il y a tant de romans non lus que j'en envie de lire que les relectures ne me semblent pas prioritaires. D'ailleurs, en 15 ans de lecture, je n'ai jamais relu un roman. Ceci dit, je me dis souvent que je relirais bien le mépris d'Alberto Moravia, le château de Franz Kafka, l'oeuvre et l'argent d'Emile Zola.


    Quand lis-tu ?
    - Je trouve qu'au regard de mon temps disponible, mon rythme de lecture est plutôt soutenu. Dans une journée banale, comme celle d'aujourd'hui par exemple, il y a plusieurs fenêtres de lecture, la première étant le matin au petitdej avec les filles. Ça dure à peu près une demi-heure de 7h45 à 8h15 et c'est le moment pendant lequel je lis le plus vite. C'est hallucinant comme les pages défilent à cetteheure-là . Sinon, il y a la pause à midi aussi où je m'offre environ 3/4H de lecture. Le soir, je fais de mon mieux. Le problème est qu'à partir de 21h quand je commence à avoir du temps libre pour moi, j'ai souvent envie de dormir. Mais depuis quelques jours, je crois avoir trouvé la solution : au lieu du café décaféiné que je prenais habituellement en rentrant du boulot, j'enfile désormais quelques bols de vrai café. Et j'arrive à tenir jusque 1 heure du mat.


    Que penses-tu du livre numérique ?
    - Je ne  suis pas contre. Le machin sony que vient de sortir me tente bien mais j'attends une version plus élaborée..et aussi qu'un peu de concurrence entraîne une baisse de prix.

    Préfèrerais-tu que tes filles soient plutôt matheuses ou plutôt littéraires ?

    Aucune préférence, elles seront ce qu'elles seront..mais je ne leur en voudrais pas d'aimer la lecture. Par ailleurs, les plus grands passionnés de littérature que j'ai rencontré ont fait des études scientifiques. Je trouve que très souvent, les gens qui font des études en lettre ont une approche trop technique de la littérature.


    Et la poésie ?
    Je n'en parle pas ici..mais je ne l'oublie pas. Je relis beaucoup Rimbaud ces temps-ci.

    note : 2/5
    lecture du 11/10 au 14/10
    à venir : on n'empêche pas un petit coeur d'aimer de Claire Castillon

  • CR55 : le boulevard périphérique - Henry Bauchau

    51at5FI7alL._SS500_.jpgLauréat du prix France inter 07, j'attendais beaucoup de ce livre. Quasiment que des louanges un peu partout, un titre comme je les aime..et puis, c'est le flop. Si le style de Henry Bauchau est agréable et  fluide, je me suis ennuyé de la première à la dernière page. Il y a bien quelques paragraphes qui sortent du lot et qui peuvent être resservis hors contexte mais ça ne suffit pas.
    pitch : le narrateur va tous les jours à l'hôpital rendre visite à sa belle-fille qui se bat contre un cancer. Pour y aller, il doit emprunter le périphérique. Et à l'aller comme au retour, remontent en lui des souvenirs lointains de Stéphane, un ami qui l'a initié à l'alpinisme et qui, devenu résistant pendant la guerre est arrêté et tué par la gestapo . Le roman alterne présent et passé dans un jeu de miroir dont on ne sait trop les tenants et aboutissants. Tout est lugubre et pesant d'autant qu'on devine assez vite où tout ça nous mène inéluctablement.  Par ailleurs, j'ai été peut-être un peu dérangé par la fascination qu'exerce sur le narrateur le colonel Shadow, le ss ayant capturé et tué Stéphane. Et pourquoi cette place donnée à Shadow dans le roman ?
    Et puis l'atmosphère des hôpitaux lorsque la mort est proche, la famille prête à accepter le pire, les longs trajets en voiture où personne ne dit rien. Sans doute aussi, trop de souvenirs personnels douloureux qui font que ce roman ne fut pas , et c'est le cas de le dire, une réelle partie de plaisir.

    note : 2/5
    lecture du 04.10 au 10.10
    à venir : colère et passions à Doëlan, Claude Couderc

     

    **********************************


    Le vendredi soir est béni des dieux. Déjà au collège, je me souviens de l'exaltation qui étais la mienne lorsque le car scolaire me ramenait chez moi, non pas en empruntant le boulevard périphérique mais en parcourant la campagne de Languidic , qu'à la longue je connaissais comme ma poche. Il me déposait ainsi que ma soeur et quelques voisins en bas du village et nous rentrions dans nos pénates pour un week-end douillet loin des turpides de la scolarité, loin de cette vie sociale agressive à laquelle nous astreint l'école. Aujourd'hui, le vendredi soir, le sentiment est un peu le même, même si l'environnement a changé. Lorsque je quitte le boulot, plein de pensées positives m'envahissent et je me rends à la garderie chercher mes deux pitchounes avec le même empressement que si je ne les avais pas vu depuis des années. Lorsque j'arrive, je peux les voir de l'extérieur sans qu'elles me voient et c'est mon petit pêché mignon que de les contempler quelques instants. J'entre et elles me sautent au coup. On rentre. Maman ne va pas tarder. Qu'est-ce qu'on est bien tous les quatre le vendredi soir à se faire des projets pour le week-end. Il arrive qu'on prenne l'apéro. Il faut profiter pleinement de toutes les secondes qui s'égrènent car un vendredi soir passe vite. Le vendredi soir, ça n'est pas encore vraiment le week-end et ça n'est plus vraiment la semaine. C'est un entre-deux délectable à souhait.

  • lecture en cours : le boulevard périphérique, Henry Bauchau

    Landschap27-02-08.012.jpgCe livre d'Henry Bauchau m'ennuie en même temps qu'il me dérange. Je trouve surtout que le narrateur fait montre de trop de respect pour l' ancien ss.

    Dans cette citation de ce dernier, je ne fais mienne que la première phrase. La suite me débecte.

    Celui qui pense et sent avec compassion la douleur des enfants ne peut qu'aspirer à un monde bon et raisonnable. Il n'est pas ainsi mais on peut espérer, travailler dans ce sens. Si tout était raisonnable sur la terre, il ne se passerait plus rien. Sans l'homme et ses passions plus d'événements, sans lui pas d'événements. Cette perspective est pire que la souffrance des enfants, car pour eux aussi il faut des événements. Il est nécessaire qu'ils souffrent pour évoluer, grandir, devenir durs, forts, résistants et, parfois aussi, doux, patients, compatissants. Il faut des événements pour que le monde des hommes soit un monde. Sans événement pas d'espoir, pas d'amour, pas de fin. Nous, les hommes à démon, les démons si tu veux, c'est à cela que nous servons. Déclenchant l'événement nous pouvons dire ensuite - car ce n'est plus notre affaire - que ton règne où que le règne arrive.

    En ma qualité de père de deux gamines que j'aime plus que tout au monde, je fais tout ce qui est possible pour retarder le plus possible l'enseignement de certaines choses et pour leur éviter tout désagrément inutile.  Disons plutôt que je ne provoque pas, je laisse les faits arriver à elles et alors les questions ne tardent pas et fusent. Le matin, quand on se rend à l'école, Chloé me pose souvent plein de questions et souvent à propos de mots inconnus d'elle qu'elle entend sur france inter. Lola essaie de suivre sa soeur et avec elle c'est le délire. Et le soir, aussi, à table,  Prisca et moi avons à faire face à une batterie de questions sur des thèmes divers et variés et souvent donc, il y a des thèmes qu'on  ne voudrait pas aborder si vite. Je suis un peu protecteur sans doute mais je ne pense pas dépasser les bornes.

    Sinon, comme je le disais, le roman est pénible. Le style est très agréable, très coulant mais ça ne suffit pas à compenser l'impression général d'ennui et de tristesse qui en émane Par ailleurs, comme chez Kundera ou Kafka, il n'y a aucune pointe d'humour. Mais autant chez eux, on s'en satisfait, ici, c'est étouffant.

  • CR54 : doggy bag 3 - Philippe Djian

    wa_niptuck.jpgQuelque part, doggy bag, c'est un mélange des feux de l'amour (en plus trash et en moins guindé) et de nip-tuck (par exemple j'assimile très bien Marc et David aux deux médecins de nt). Les gens n'ont pas de soucis d'argent et ils vivent à deux cent à l'heure sans se soucier du qu'en-dira-t-on. Toutes les femmes sont des bombes sexuelles et les maisons sont de somptueuses demeures dans le style contemporain avec piscine et ascenseur personnel.

    Mais dans cette saison 3,  j'en veux beaucoup à Philippe Djian de maltraiter à ce point le patriarche de tout ce beau monde. Personne en effet ne peut plus encadrer Victor Sollens (qui dans mon esprit ressemble à Victor Newman ), que ce soit ses amis, ses deux fils ou sa femme. Mais c'est au point presque d'en souhaiter la mort. Et puis j'aurais bien aimé aussi que David Sollens continue à s'entraîner pour le marathon (voir saison 2) ce qui n'aurait pu lui faire que du bien. La course à pied permet de se détendre et le pauvre David en a grand besoin. Vu le tour que lui a joué sa femme, la sulfureuse Josiane, qui lui a fait croire qu'elle était enceinte dans le seul but de précipiter le mariage (car étrangement, même chez ces êtres libertins, il faut être marié pour avoir des enfants...). David Sollens est mon chouchou mais j'avoue que son frère Marc m'amuse beaucoup aussi surtout quand il injure le maire et ses acolytes (de purs escrocs ) qu'il déteste plus que tout au monde. Marc est un sanguin qui dit ce qu'il pense et qui pense ce qu'il dit. Il a la chance de vivre avec Edith, une superbe femme, elle aussi. Le gros défaut de Marc est son appétit sexuel insatiable et il a vraiment de la chance d'avoir trouvé en Edith, une femme toujours disponible. Même si c'est vrai, elle en a peu marre parfois.
    Le roman ouvre sur le viol d'Irène, la femme de Victor. Elle a 62 ans mais est toujours très bien conservée. Un peu par naïveté sans doute, elle se laisse embarquer par un inconnu dans sa camionnette, le jour même du mariage de David et Josiane. Le problème est que l'inconnu en question est un psychopathe et il va la traîner dans la forêt dans une espèce de cabane aménagée où il va la salir des jours durant, avant qu'elle arrive à s'échapper. Dieu merci, elle s'en tire plutôt bien, physiquement et psychologiquement parlant..Mais Irène, la prochaine fois, fais plus attention !
    J'ai trouvé très courageuse l'attitude de Sonia, la fille de Marc. Elle s'occupe corps et âme de Joel un handicapé qui ne répond plus de rien. Un légume en fait. Très courageuse parce que la demoiselle est jeune, jolie et qu'elle a toute la vie devant à elle. Mais non, elle préfére s'occuper de Joel , son chéri, devenu tétraplégique pour je ne sais plus quelle raison (voir saison 2). Et elle ne se pose même pas la question de savoir si elle fait bien ou pas. Elle le fait naturellement. C'est beau l'amour.
    Quoi d'autre ? plein d'autres chose. Mais on ne peut tout dire. Ça foisonne de tous les côtés, du début à la fin.  Car  on  ne s'ennuie pas une seconde dans un doggy bag !!!

    note : 4/5
    lecture : du 28.09 au 04.10

     

     

  • nouvelle liste de lecture

    IMGP5274.JPGJe n'ai pas vraiment terminé la liste de lecture que je m'étais fait avant l'été..mais elle était très ambitieuse et j'ai passé plus de temps que prévu dans le nom de la rose. De cette précédente liste, je reporte terminal frigo sur la nouvelle. J'ai vraiment envie de lire ce "truc" encore bizarre que nous offre Jean Rolin (père d'Olivier Rolin ?). Par contre j'annule les lectures de mémoires secrets..' de Pierre-Jean Rémy (je n'en ai trouvé de résumé de nulle part et au fond je ne sais pas de quoi il s'agit. J'ai lu quelques pages comme ça et je ne suis pas avancé. pas trop envie d'approfondir cette affaire-là). Le complot contre l'Amérique de Philip Roth est également annulé. Je ne crois pas au complot. Et puis il y Hofmann à Tokyo de Didier Da Silva. J'ai commencé et je n'ai pas accroché. Du coup j'ai suspendu. Et là j'annule.

    Voici les livres qui devraient m'accompagner jusque la fin de cette année. je regrette que les plumes ne soient que masculines. Mais je me rattraperai en 2009. Je regrette aussi qu'il n'y ait, à part Donald Waslake que de la littérature francophone. Mais je me rattraperai aussi en 2009 ( car j'ai envie de découvrir la littérature russe )...Mais je regrette, je regrette ! comme si ce n'était pas moi qui avais établi cette liste. Et bien si, c'est moi, et je l'assume totalement. Je suis très pressé de relire du Echenoz , très pressé d'emprunter le boulevard périphérique, celui qui, dans ses prolongations débouche sur une zone ( qui est loin d'être un eldorado) où personne n'est parfait, surtout en cette arrière-saisonles gens d'en face se demandent qu'est ce que la littérature.

    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - zone, Mathias Enard
    - prolongations, Alain Fleischer
    - cherokee, Jean Echenoz
    - eldorado, Laurent Gaudé
    - personne n'est parfait, Donald Westlake
    - classe tous risques, José Giovanni
    - le boulevard périphérique, Henry Bauchau
    - l'arrière saison, Philippe Besson
    - qu'est-ce que la littérature ?,  Jean-Sol Partre
    - les gens d'en face, Georges Simenon
    - la modification, Michel Butor
    - Meuse l'oubli, Philippe Claudel

  • CR53 : le rêve - Emile Zola

    330649161_L.jpgJe ne sais pas si je peux me permettre de dire que la lecture de ce roman m'a globalement ennuyé, que j'avais comme un noeud dans le ventre à chaque fois que j'en reprenais le cours. Je me demande si je peux me permettre car on a toujours des scrupules lorsqu'il s'agit de juger les romans d'auteurs classiques, Emile Zola qui plus est, le meilleur de tous, celui dont les romans m'ont apporté les plus grandes émotions littéraires, les plus grandes joies, les plus grandes peines..mais aussi celui qui fit naître en moi, par le passé un sentiment de révolte (disparu aujourd'hui pour je ne sais quelle raison).
    Mais bon, objectivement, je pense que le rêve est quand même bien au-dessous des autres Rougon-Macquart, tant dans le ton que dans l'ambition. Pour résumer en une phrase, il s'agit de la passion amoureuse d'une jeune brodeuse pauvre pour un jeune et riche notable dans une petite ville de la province profonde. Tout le monde s'y oppose etc etc. Impossible de marier une ouvrière et un bourgeois. Tout se passe dans l'ombre de l'imposante cathédrale, mainte fois décrite par Zola..et dans un univers tapissé de bondieuseries où le fait religieux passe au-dessus de tout. C'est peut-être ce qui m'a laissé : quelques semaines après la lecture laborieuse (mais ô combien instructive) du nom de la rose, cela fait trop sans doute.

    lecture du 16.09 au 27.09
    note : 3.5/5
    à venir : doggy bag 3, Philippe Djian

    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson
    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec

    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy

     

  • CR52 : lignes de faille - Nancy Huston

    7dcf0bb1688adbdc6d3c3582f5636451.jpgLe principe de ce roman est original : il s'agit de 4 récits dont les narrateurs successifs sont des enfants de six ans dont chacun est le parent du précédent. Le premier récit (de Sol) m'a globalement ennuyé, le deuxième un peu moins et ainsi de suite jusqu'au quatrième..car petit à petit on devine qu'un secret de famille plane sur ces générations qui se suivent et on sent monter la tension jusque la révélation finale.
    En même temps, il s'agit d'une plongée dans l'histoire contemporaine des États-Unis, en commençant par la fin (le 11.09.01 est évoqué) et en démarrant dans les années 40 (quelque part en Allemagne). Pas inintéressant de revisiter l'histoire sous le point de vue parfois naïf et en tout cas plein de candeurs des enfants.
    C'est savamment construit et plaisant à lire. Mais ça manque peut-être de souffle épique ( à la manière d'un middlesex, qui utilise - de mémoire - un peu le même procédé).


    On va dire que ça vaut 3.5/5. Pas 4...car j'ai été sans cesse agacé par le fait que dans les dialogues, Nancy Huston inverse systématiquement la disposition du verbe et du sujet (genre, elle va écrire :
    - quelle heure est-il, elle demande ?
    au lieu de
    - quelle heure est-il, demande-t-elle ? ). Ce qui sonne très mal.

    lecture du 07.09 au 14.09.08
    en poche (collection babel)
    note : 3.5/5
    lecture à venir : le rêve, Emile Zola

     

    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson
    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec

    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy