Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lecture - Page 16

  • CR45 - dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modiano

    e6c33be140acacb3de88011a94436038.jpgCe roman ressemble en tous points à ce que Modiano a déjà écrit. Les fans ont donc dû être comblés. Perso j'aime bien lire un PM de temps en temps. Sans plus.
    J'ai été quand même déçu par celui-là, déçu en tout cas, au regard des espoirs entrevus en lisant les critiques unanimes à son sujet. Par ailleurs, le titre laissait penser que peut-être pour une fois l'écrivain abandonnait cette sorte d'inventaire des noms de rues de Paris et des gens disparus dont il ne reste que peu de traces pour nous raconter l'atmosphère chaleureuse du café Condé, ses habitués, leurs petites habitudes... Mais en fait, si le café est bien au centre du roman, on est plus souvent à l'extérieur qu'à l'intérieur. A l'extérieur, c'est à dire dans les petites rues de Paris, des petites rues parallèles empruntées par la petite bande du Condé, des petites rues sombres et loin des grands boulevards, et qui sont l'objet d'une étude par Rolland (l'un des trois narrateurs) qui les appellent des zones neutres. Mais j'aurais aimé que ce thème des zones neutres soit plus approfondi et que par exemple, Modiano nous distille des extraits de cette étude, en italique par exemple.
    Par ailleurs, le roman est polyphonique, méthode très à la mode qui consiste à faire se succéder plusieurs narrateurs. Je n'ai rien contre mais il se trouve qu'ici, il y a quelque chose qui ne colle pas à savoir que quel que soit le narrateur, Rolland, Louki ou l'étudiant, l'approche des choses et la façon d'analyser les faits et les gens est identique. Chaque partie est interchangeable alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que chaque narrateur voient les choses différemment, ce qui aurait été naturel. Si bien qu'en fin de compte, on se demande si un seul narrateur n'aurait pas suffit.
    Enfin, je trouve le titre très mauvais. Peu inspiré en tout cas. A la limite, "le café de la jeunesse perdue" aurait été suffisant. Mais "le café Condé" encore mieux, moins ronflant, moins caricatural.
    Enfin de compte, ça fait une petite déception. Moins bon qu'accident nocturne où PM assume totalement son style. L'impression est qu'avec ce dernier roman, Modiano a voulu coller à l'air du temps sans y arriver, sans pouvoir se débarrasser de ses obsessions spatio-temporelles.
    Mais il y quand même des paragraphes grisants :

    dans cette vie qui vous apparaît comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.

    lecture du 10.07 au 11.07

    note : 3/5

    loïc, 23h22

     

  • CR44 - la honte - Annie Ernaux

     
    043c6f4282d63a8048683b66e71c8104.jpgVoilà, j'ai lu mon premier roman d'Annie Ernaux ! C'est la frangine qui va être contente, elle adore cette écrivain. D'ailleurs, elle me reproche parfois de ne pas lire ou de ne pas aimer les écrivains féminins. Ce n'est pas totalement faux (seulement un quart des livres commentés sur ce blog sont écrits par des femmes). Je reviendrai peut-être sur le pourquoi du comment je trouve qu'en matière de littérature, je préfère la plume des hommes (pour résumer, je dirais que globalement ils sont plus philosophes et font moins dans l'anecdote).
    La honte est un petit livre qui se lit en 1h30. Annie Ernaux y relate avec beaucoup de finesse la honte qu'elle éprouva toute son adolescence d'avoir comme parents des petits épiciers d'une petite bourgade normande, le sentiment de la honte prenant naissance lors d'une dispute où son père faillit tuer sa mère. A partir de cet événement, la gamine de 12ans se met à avoir honte de tout, de son éducation religieuse, du bar-épicerie des parents, du petit logement annexe où tout le monde dort dans la même chambre et où l'on défèque dans un pot de chambre, honte de ses tenues, de la mentalité très vieille France de ses parents et des clients.
    C'est très bien raconté. Annie Ernaux met en relief cette période de son enfance (années 50) avec ce qu'elle est devenue aujourd'hui, sans aucune condescendance. Je crois que beaucoup de gens, à des degrés différents,  se sont retrouvés dans ce récit. A titre perso , je m'y retrouve assez, même si évidemment, le contexte et l'époque sont différents. Je me rappelle par exemple que j'avais honte de la R6 orange de mon père et qu'au collège j'avais dit à mes camarades qu'il avait une R11 (qui était le top dans les années 80). Un jour, alors que toute la famille se rendait à la messe dans cette R6, en descendant je tombe sur un des camarades à qui j'avais menti. J'étais rouge de honte pour ce mensonge et aussi pour ce spectacle d'une famille de braves paysans en tenue du dimanche se rendant à l'office de 10h30.
    Je m'égare..mais pas vraiment.

    dans la foulée, lecture de la place du même écrivain.  Ernaux parle ici de son père..sans laisser de place au sentiment. En disant tout simplement les choses. Mais quand même, l'impression de relire la honte. L'approche est différente mais dans mes souvenirs de lecture, je ne saurai sans doute plus distinguer l'un de l'autre.
     
    lecture les 6 et 8 juillet 08
    4/5 pour l'ensemble.
    les années sont dans la bibliothèque mais la lecture n'est pas programmée.

  • retour de Vendée

     

    f4d7b0c7127b3b948208aac3bfb34745.jpg

     

    Me voilà, les amis. Me voilà gonflé à bloc et repu de lectures diverses et variées. Je croyais avoir comme d'habitude eu les yeux plus gros que le ventre en mettant une tonne de livres dans la valise..mais il se trouve que j'ai bien assuré cette fois-ci et qu'à 2 jours près je n'avais plus rien à me mettre sous la dent.

    J'ai été un peu aidé par une météo, qui fut, comme je m'y attendais depuis le jour où nous avions réservé à cet endroit, très capricieuse. Et depuis que je ne lis plus du tout ni la presse quotidienne ni la presse hebdomadaire, je me donne encore plus de temps pour les romans. 

    J'ai lu du Ernaux, du Modiano, du Queffélec, du polar..et les notes sont déjà prêtes (puisque j'avais eu la bonne idée d'envoyer avec moi ma vieille machine à écrire Underwood. Maintenant, il me reste à tout retaper, ma machine à écrire n'ayant pas de mémoire, il m'est impossible de transférer quoi que ce soit. C'est fou ce qu'on peut s'emmerder avec toutes ces choses qui sont sensées nous simplifier la vie. 

    A très vite, Loïc, 32h83

     

  • CR43 - cent ans de solitude - Gabriel Garcia Marquez

    0e5247024480ed3cc5252f465f54e699.jpgCela fait des années que j'avais ce livre à portée de main, que je me promettais de le lire, mais que quelque chose me retenais, quelque chose comme la quatrième de couverture qui m'inspirait peu, quelque chose comme peu d'attirance pour les récits fantastiques ou quelque chose comme l'impression d'un pavé interminable. Et puis, en ce joli printemps 08, un matin que les rayons du soleil entraient difficilement à travers les volets fermés, je me suis éveillé en sursaut et j'ai crié "je vais le lire". Prisca s'est réveillé effrayé, m'a regardé comme on regarde un fou.
    Quelques jours plus tard, je commençais le roman.
    Après un début de lecture difficile où j'avais le sentiment de pénétrer une terre inconnue où tout me semblait hostile, je me suis peu familiarisé avec l'écriture très vivante de Garcia Marquez et puis je me suis attaché aux personnages, à cette famille Buendia et à ce village de Macondo, sorti tout droit de l'imagination de l'auteur. Macondo se crée au fin fond d'on ne sait où (mais l'on devine que nous sommes quelque part en Amérique du Sud). Et l'on suit son expansion à travers les années sous l'impulsion de la famille Buendia (José Arcadio Buendia ! José Arcadio Buendia !). Les Buendia sont parfois des explorateurs, parfois des chercheurs, parfois des guerriers (trop souvent), parfois des politiques, parfois des sentimentaux, parfois des fous..en tout cas ce sont des meneurs et souvent des colosses. Le récit de leurs aventures mélanges réalisme et fantastique mais le tout est tellement bien imbriqué que le lecteur, même très  cartésien comme je le suis, n'est surpris de rien, tant tout semble naturel. Ainsi, une des descendantes Buendia de la troisième génération, belle à en mourir, monte un jour au ciel corps et âme. Et puis on aussi cette pluie diluvienne qui dure onze mois (ou plus, je ne sais plus) et qui marque le début de la fin de la grandeur de Macondo.
    Mais Gabriel Garcia Marquez complique la vie du lecteur en utilisant que trois ou quatre prénoms pour dénommer les Buendia. Il est donc fortement conseillé de prende des notes ou alors de sortir l'arbre chronologique (que l'on trouve ici) qui personnellement ne m'a jamais quitté. Cependant sur les cent dernières pages, on ne sait plus à quel niveau de descendance on se situe mais ça n'a plus grande importance tant tout se délite à Macondo et que le peu qu'il reste de Buendia n'a plus beaucoup d'influences sur le cours des choses.
    Les dernières pages sont époustouflantes, divines même. Macondo est devenue un village fantôme et Auréliano Buendia vit une folle passion avec Amaranta Ursula (dont il apprendra ensuite qu'elle est sa tante). Ils font l'amour partout dans la maison et dans leur fureur érotique cassent tout, des rideaux aux vases. La maison est la proie des mites, des fourmis et des mauvaises herbes..et Auréliano aime Amaranta comme jamais un Buendia n'a aimé une femme. A l'extérieur Macondo se meurt. Sublimes pages jusque ce qu'Auréliano découvre la prophétie sur un manuscrit laissé par Melquiades un gitan ami du premier Buendia, José Arcadio Buendia. Cette prophétie annonce tout jusque sa découverte par Auréliano. La boucle est bouclée. Et le lecteur épaté.

    début de lecture : 22.06.08
    fin de lecture : 04.07.08

    note : 4.5/5

    lecture à venir : noces barbares, Yann Queffelèc

  • dans les bagages...

    6b3d52b2a01ec8a47851be68846ba089.jpg
     
     
    Je viens de réunir mon comité de lecture (qui comprends moi-même ainsi que personne d'autres) afin de désigner quels livres seront du voyage. Les nominés (tiens, il n'est pas dans le dictionnaire ce mot-là...) sont :
    - Zone mortuaire, Kelt et Ricard Montserrat
    - Le roman des phares (comprend 7 romans)
    - Noces barbares, Yann Queffèlec
    - Tours et détours de la vilaine fille, Mario Vargas Llosa
    - La vie devant soi, Romain Gary

    Mes fidèles lecteurs (s'il en reste) constateront que seuls deux livres sont extraits de ma "PAL" (comme on dit communément dans les blogs littéraires). En effet, mes envies du moment peuvent n'avoir rien à voir avec cette PAL qui est juste une sorte de 'feuille de route' (comment disent souvent nos politiques). Les plus érudits constateront que sur les 5 livres, 3 concernent la Bretagne. Les fins psychologues se diront que c'est parce que je quitte ma jolie région qu' inconsciemment, j'ai envie d'emporter avec moi des choses la concernant. Enfin, les plus réalistes se diront qu'une fois de plus avant de partir en vacances, j'ai les yeux plus gros que le ventre. Certes, je ne lirai pas 5 romans en 7 jours. Ou alors, c'est que vraiment le temps sera pourri de chez pourri. Ce qui est d'ailleurs fort possible, tant on sait que les dieux de la météo, qui sont du côté des bourgeois, (tout le monde en convient*), aiment emmerder les travailleurs exploités quand ceux-ci partent en vacances. Si j'avais un conseil à donner de ce côté là, ce serait de ne rien prévoir et de prendre la Météo de court en partant au dernier moment. Comme ça, la Météo n'a pas le temps de mettre en branle les dépressions, vents d'ouest et fronts frais, qui emmerdent tant les travailleurs. Elle n'a pas le temps car c'est très compliqué à mettre en œuvre au dernier moment. Par contre, si le travailleur dit 'je pars en vacances à tel endroit dans 3 semaines', là, elle a le temps et le travailleur aura un temps pourri.
    Plus je vieillis et acquiers ainsi une certaine sagesse, plus je me rend compte que tout est fait pour emmerder les petites gens et que la nature, le hasard et les choses sont du côté des plus riches. Vous ne m'enlèverez pas ça du crâne.
    Sinon je mets tout en œuvre pour finir cent ans de solitude avant samedi. En effet, je déteste partir avec un livre en cours, un livre qui m'aura suivi sur le trajet de l'usine et qui m'aura habité au travail même. Il faut totalement couper et s'allonger sur le sable fin avec des romans neufs ! Quand je dis que je mets tout en œuvre, ça fait très corvée mais il n'en est rien dans ce livre est un régal. Mais j'en reparlerai.

    * c'est la même règle qui fait que plus on est riche plus on bronze facilement.

  • José Arcadio Buendia !

    José Arcadio Buendia !
    José Arcadio Buendia !


    c913373adb32cb8b21f30ff915a2cd4c.jpgEh non, je ne deviens pas fou comme ce pauvre José Arcadio Buendia mais c'est juste que je me suis amouraché de la famille Buendia. Et je remarque que je me régale à chaque fois qu'un roman raconte l'histoire, voire l'épopée d'une famille sur plusieurs générations. Je pense évidemment aux Rougon-Macquart (Ursula me fait d'ailleurs beaucoup pensé à  Tante Dide, de par son omniprésence et son côté transgénérationnel ), qui ont une place à part dans mon coeur de lecteur mais aussi par exemple à Middlesex.
    Ceci dit, j'ai eu du mal à rentrer dans cent ans de solitude. Je trouvais agaçant tous ces prénoms identiques et puis cet excès de fantastique qui ouvre le roman. Et puis petit à petit je me suis attaché aux personnages, à la famille Buendia chez qui tout le monde s'appelle soit José Arcadio soit Aureliano..ou alors un mélange des deux, Aureliano José. Faut prendre des notes, hein, c'est impératif.
    Et puis, ce combat entre conservateurs et libéraux fait plus sourire qu'autre chose tant les motivations de chaque partie sont empreints d'hypocrisie et de naïveté.

    Par contre j'ai eu du mal à accepter que, sous prétexte de folie, on attache José Arcadio Buendia à un chataigner et qu'on le laisse ainsi prendre racine pendant des mois. Ce n'est quand même pas possible d'infliger une telle peine au fondateur de Macondo. Vous trouvez ça normal ? La folie peut se soigner autrement, même à Macondo.
     
    José Arcadio Buendia !
    José Arcadio Buendia !

    Viva la revoluçion !
    (euh non, qu'est ce que je raconte, moi ?)

    compte-rendu à venir, hein..peut-être jeudi, peut-être vendredi..mais avant samedi, parce que samedi je pars. Et c'est la faute à qui si je pars ? C'est la Faute-Sur-Mer.

    bisous à toutes et à tous.Loïc, 52h21

  • consommations estivales (avec débordement possible sur l'automne)

    Les livres lus ou en cours de lecture dégagent de la liste..qui s'incrémente alors tout seule, comme une grande.
    Je suis tombé sur un entretien entre Yves Calvi et Yann Queffélec il y a quelques jours sur France Inter et l'écrivain m'a impressionné par sa hauteur d'esprit, son humanisme et son sens de l'à-propos. Il mérite donc d'être lu.
    Vous ne devez pas connaître Didier Da Silva. C'est un blogger sympa aussi. Je ne sais pas du tout s'il est bon écrivain. Je ne manquerai pas de vous le dire.
    Tante Julia et le petit scriboullard est un roman qui a marqué mon adolescence et il me tarde de retrouver la prose de Mario Vargas Llosa.
    Quant à Pierre-Jean Rémy, on verra. 
    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson

    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec
    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy
    1a074f3a42c5a10fa638fea1164d80b3.jpg
     

  • CR42 - ferrovaires - Sereine Berlottier

    1fd2ac2cdd5e429fbc57b051abd60d6e.jpgdans la foulée du paysage fer, l'évidence s'impose
    lire le ferroviaires de Sereine Berlottier
    dont on se rappelle vaguement le passage chez Veinstein

    publie.net
    imprimer A4 sur des feuilles récupérées à l'usine
    bons de livraison au recto

    une femme prend le train
    départ Paris-Montparnasse (8h17)
    arrivée Saint Quentin-en-Yvelines (8h55)
    impressions de la dame : ses copassagers, le paysage défilant
    et une histoire dans l'histoire en italique
    dont on ne comprend rien

    bilan
    autant j'ai retrouvé mes propres impressions de voyageur dans le paysage fer de fb autant ici
    pas du tout
    images pas suffisamment banales
    sauf parfois

    il y a des cubes bétons, des villas, des barres, des hlm, des immeubles, des bicoques, des cabanes, des survivances, des effondrements

    le blogger sympa aime beaucoup l'idée de survivance et d'effondrement mais est trop exigeant là-dessus peut-être
    style
    on va parler d'écriture automatique -pour être gentil- car sentiment d'un premier jet laissé comme tel
    quasi-absence de ponctuation
    sauf la virgule

    pas accroché

     

    loic lt, 17h45

  • CR41 - Paysage fer - François Bon

    fd2c4ebf4d93b581c9196054801b6414.gifIl serait vain de me demander pourquoi j'ai un faible pour les zones industrielles et autres endroits périphériques, abandonnées, oubliées...Je n'ai pas la réponse. Mais de façon générale, je dirais que j'aime ce dont les gens se désintéressent et ce dont les gens n'auraient même pas idée qu'on puisse s'intéresser. Et surtout j'aime le quotidien, et la banalité des paysages qu'il nous ait donné de voir en allant au boulot ou ailleurs.
    Si je me souviens bien, je crois que c'est Philippe Vasset dans un livre blanc qui m'a appris l'existence de ce livre de François Bon. J'avais aussitôt noté les références. Je viens d'en terminer la lecture et je dois dire que c'est un vrai coup de coeur. L'écrivain, qui prend tous les jeudis le train Paris-Nancy entreprend de noter tout ce qu'il voit à travers la vitre, sans revenir sur ce qu'il écrit mais, à chaque passage ajoutant des détails supplémentaires.
    ça se lit comme un long poème industriel, comme une addition de questionnements à savoir ce qu'untel peut faire ici ou comment on peut appeler un bar le vieux Moulin alors qu'il n'y a pas de plan d'eaux dans les environs. Derrière l'anonymat des batîments, des usines, des pavillons, François Bon imagine les vies ou les non-vies, note l'incongru, l'insolite (comme ce famueux dancing de Foug...)


    Vue de Vitry-le-François

    C'est un jour de pluie et la lumière ne lève pas, tout ce qu'on reconnaît est là comme couché faisant gros dos, les chemins de bord de champs comme hésitant à disparaître dans les flaques qui se rejoignent, la glaise plus glaise et les sillons autant de ligne parallèles plus lumineuses qui n'importe quoi d'autre, le ciel même. Et les maisons toutes comme mortes, rien au fenêtres, ce matin on n'aère pas, les garages sont clos derrière leurs portes, et plus vides même les parkings des supermarchés malgré les réverbères encore allumés, et ce violet sombre de bitume où les quelques voitures se refléteraient presque. Qui est donc rentré au café Le Champ de Mars, ils sont trois véhicules garés et derrière les vitres en plein jour c'est éclairé, il doit faire noir quand même....


    ba oui quand même. On devine hein, trois pilliers de comptoir qui n'ont que ça à faire. Sont-ils encore vivants aujourd'hui ? Ect-ce qu'en menant une enquête approfondie, on arrivait à retrouver ces trois types ? Si FB a daté ses notes, ça pourrait aider. Il suffira d'aller à Vitry-Les-François et de demander à l'aubergiste. Peut-être aurait-il une idée. Ba oui, dans ce genre de village, même traversé par le rail, un bar n'a pas des milliers de clients réguliers. ça doit pouvoir se faire.

    Un régal. Des pointes d'humour. De la passion de la part de FB. richesse de vocabulaire, en tout cas, bonne connaissance du fer et de ses alliages. Petit hommage à Georges Simenon, que l'auteur apprécie (évidemment, j'ai envie de dire)

    on aime chez Simenon cette dégustation du monde, par quoi chaque objet qu'on en sépare, à partir d'une nappe et d'une odeur de cuisine, d'une rue selon ses heures er d'habitudes qui s'érigent en univers, avec une couleur et une saison, éloigne de soi toute idée qu'il pourrait en être autrement, et la parfaite connivence, si parfaite qu'elle s'annule, de la phrase qui le nomme avec l'objet dont on ne doute pas qu'il existe de cette façon, à cet endroit.

    Le livre fut publié en 2000. On devine que depuis, avec le tgv est, ça n'est plus pareil et qu'il est encore plus difficile de se faire une idée des paysages qui défilent...à 300kmh. D'ailleurs à plusieurs endrotis du récit, FB pressent les changements. Mais peut-être que le corail y circule encore ? A raison d'une fois par jour, ça suffit. ça me suffit en tout cas si dès fois j'avais l'envie de tenter l'expérience et de voir si 10ans après il est toujours inscrit  "dancing" sur un batîment qui n'a l'air de rien dans un bourg paumé entre Paris et Nancy.

    Quelques critiques sur le site de éditions Verdier

    note : 4/5

    Dans la foulée, il est impératif que je lise ferroviaires de Sereine Berlottier. On ne change pas une équipe qui gagne. Nancy Huston et  Gabriel Garcia Marquez attendront..sans doute le sable fin..qui arrive. La faute sur mer, quelque part plus au sud, dans une quinzaine de jours..

    loïc lt, 23h50

  • qui vient danser à Foug ?

    Je suis dans la lecture de paysage fer de François Bon. C'est exquis, j'en reparlerai. Mais je voulais juste faire partager ce petit fou rire impromptu que je viens de vivre. ça fait du bien de temps en temps, surtout après une soirée de foot malheureuse.
    Le narrateur qui prend le train Paris-Nancy tous les jeudis, raconte dans ce récit ce qu'il voit et ce dans les moindres détails. Et comme à chaque passage il ne peut tout voir, il étoffe son récit au fil des pages revenant sans cesse sur des lieux déjà présentés. Ce qui nous donne une sorte d'inventaire industriello-féroviaire très plaisant à lire. je trouve ça très poétique.  Et perso, ça me ramène à 1995, lorsque je prenais tous les week-ends le train Paris-Compiègne. C'est d'ailleurs pratiquement la seule expérience que j'ai du train (en dehors des tgv).

    fou rire : Page 40, FB se questionne sur le dancing de Foug (attention le style peut surprendre ) :

    7c8b62ad5556418c3bdfb72fad7228c3.jpg"On attend parfois tout le voyage pour ce qui surgira quelques secondes et ne délivrera rien que ce que la vue en sait déjà, le temps de refaire ses repères et réorganiser la vue globale. Le train va trop vite et tout a passé, on ne voit plus rien, on a juste vérifié que le mystère était encore là, c'est à Foug un peu avant Toul , où on ne ralentit pas, qu'il y a a cette place de la gare avec encore une fois la rue perpendiculaire, et sur la place l'étrange renvoi des deux taches roses pourquoi, un même propriétaire mais on ne peut s'avancer, d'abord sur le fronton du bâtiment le mot Dancing écrit en très gros, et en face, symétriquement, de l'autre côté de la rue perpendiculaire toujours vide, la rue où on aimerait marcher, où on aimerait faire même inventaire de détail mais jamais on ne le fera, jamais on n'y viendra : sur un fronton un peu large et à peine dix mètres en arrière, l'inscription en trois lignes Bar Restaurant Café de la Gare en même graphisme sur un même rose, et qui vient danser à Foug on ne le sait pas, on n'a jamais rencontré personne de Foug comme eux ici probablement seraient en peine de s'y repérer entre Chapelle-Bâton, Availles-Limouzine, Sauzé-Vaussais et Civray où on a vécu et dont on sait pour toujours le détail. Étrange  l'inscription Dancing sur son pignon parce que c'est une maison étroite aux trois étages vue en perpendiculaire sans façade, on ne saura que ce pignon et qu'au rez-de-chaussée comme aux deux premiers étages sont deux fenêtres, que les six fenêtres donc sont exactement superposées par trois avec leurs volets étroits et les rideaux (donc, c'est habité), qu'au deuxième étage entre les fenêtres sont deux minuscules lucarnes avec barreaux, comme on en mettrait pour aérer des toilettes ou une salle de bains, et tout en haut au troisième en mansarde sous le toit, les deux mêmes lucarnes accolées, mais sans fenêtres : on danserait donc, dans l'étroite maison avec escalier, toilettes, rideaux et étages ? Et pourquoi pas, comme on faisait dans les anciens palais à suite de salons (dans les livres) pour les bals d'apparat c'est peut-être plus excitant, avec les cuisines et salles à manger qu'ici on suppose, téléviseurs et paliers de faire la fête d'un soir. Le café hôtel de la Gare est dans l'angle lui aussi sous bannière rose, une vitrine et une porte comme tout un chacun des collègues et quand bien même le train va vite on sait reconnaître sur la vitre de la porte que sont comme partout les affiches tenues au scotch, avec les matches de foot (snif...ndlr), les loteries et les voyages en autobus : on s'arrêtera vérifier à Foug."


    Je viens de faire des recherches sur la toile. J'en sais beaucoup sur Foug désormais. Mais je suis fatigué. la suite demain...

     

    edit 18.06, 23h00 : on cherche, on trouve. Un blogger connait Foug. On le questionne gentiment à propos de cette place de la gare et sur ce qu'est devenu le dancing. Et l'on me répond :

    " Pour cela il faut aller demander à Marino qui adorait ce dancing où elle allait guincher le dimanche ! On y passait que des tubes : Viens poupoule, Et vlan passe moi l'éponge, Ramona,etc. Aujourd'hui, elle a une petite entreprise d'artisanat. Elle fait des boîtes de thon décorées.

    L'enquête se poursuit...pour qui, pourquoi, on n'en sait rien.