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lecture - Page 17

  • CR40 - Cosmopolis - Don DeLillo

    547bcc4b553780a2670152c913226878.jpgCe roman, c'est l'histoire d'un golden Boy portant le doux nom d'Eric Packer. ça commence le matin quand il rentre dans sa limousine qui fait trois kilomètres de long. A l'intérieur, il y a tout ce qu'il faut pour vivre et surtout il y a des écrans qui lui permettent de suivre le cours des marchés, et en ce jour d'embouteillages dans les rues de New-York, Eric suit tout spécialement le cours du Yen dont il a parié des milliards sur la baisse. Mais c'est le contraire qui se produit. Quasiment tout le roman se situe dans la limousine, en compagnie d'Eric, le chauffeur, du garde du corps et des secrétaires et amantes qui se succèdent, venant d'on ne sait où. A la base, Eric cherche un coiffeur mais du fait du bouchon monstre, ça avance lentement et il se retrouve spectateur de tout un tas d'évènements comme le passage de l'enterrement d'un ancien rappeur très connu, le happening d'un groupe d'anarchistes. Eric se risque parfois à quelques petites escapades en dehors de sa Twingo. Essentiellement dans des bars pour rencontrer des maîtresses. Il y a aussi cette rave party en sous-sol, qui provoque l'éblouissement de notre héros.
    Parallèlement, une type, quelque part dans la ville, veut tuer Eric. Il a échafaudé tout un plan pour ça. Il veut la peau d'Eric, pour ce qu'il représente et parce que sa limousine déplace l'air dont les gens ont besoin pour respirer au  Bangladesh. Eric sent qui quelqu'un le cherche. Eric se prépare à la confrontation finale. Et il s'y prépare par tout un discours métaphysique, à la limite du démentiel. Les deux hommes finissent par se retrouver.

    Ce n'est qu'une fois le livre fermé qui je me suis dit que tout ça allait peut-être me marquer. Et parce que le style de Don DeLillo est très particulier, très fouillé, virant souvent au surréalisme, ce qui est très rare pour un écrivain américain (si je considère ceux que j'ai lu en tout cas). J'ai haï pendant toute la lecture la personne d'Eric Packer. Pas au point d'en souhaiter la mort mais au point de souhaiter la fin d'un système qui génère de tels monstres de cynisme.

    Loïc, 15h00

     

  • consommations estivales (prévision été 08)


    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson

     

    fbf4ff040bc35a0a83ca3f647a2cf157.jpg

     

  • CR39 - la chaussure sur le toit - Vincent Delecroix

    449932fab00cb7d1536c2e9e3b210081.jpgA la fin de ce livre, il est indiqué " ce livre a été achevé à la villa Marguerite-Yourcenar, au Mont-Noir. Que toute l'équipe de la ville soit ici remerciée'. ça ne m'aurait pas fait réagir plus que ça si, il y a quelques jours, en regardant un reportage consacré à la villa Medicis, je n'avais appris que l'écrivain Vincent Delecroix y cherchait l'inspiration pour son nouveau roman. Je ne sais vraiment pas quelle conclusion tirer de ça.
    Voilà qui est dit. En tout cas, je me suis régalé avec la chaussure sur le toit, roman qui s'avère être une succession de nouvelles dont le point commun est qu'à chaque fois et pour des raisons différentes, il finit par être question d'une chaussure sur un toit. A priori aussi, toutes les histoires ont comme point central un même immeuble parisien, situé près de la gare du Nord. Chaque nouvelle est indépendante même si l'écrivain trouve un malin plaisir à glisser des détails ou des allusions, ce qui créé des petites correspondances, qui prêtent à sourire. 
    Le jeu consiste pour le lecteur, en cours de lecture d'une histoire, à se demander par quel subterfuge, cela va finir par amener à ce qu'une chaussure, une seule, finisse par se retrouver sur le toit de l'immeuble. Dans la première nouvelle, il s'agit d'une chaussure laissé par un ange, vu par une petite fille depuis sa chambre, dans une autre, c'est un bandit qui vient de rater un braquage et qui se réfugie sur le toit de l'immeuble et qui doit abandonner une chaussure car sa jambe et son pied sont enflés...etc
    lecture agréable. Je finis, ce soir, je suis en retard !
    Loïc, 8h15
    Me revoilou. Je rajouterais que c'est un roman divertissant, mais pas transcendant non plus.  Il sera oublié dans un an. Et je viens de me renseigner sur wikipedia concernant les pensionnaires de la villa Médicis.En fait, en étant sélectionné par un jury après avoir posé sa candidature, un artiste peut séjourner dans cette villa afin d'y produire une oeuvre.
    Pour les arts plastiques, on peut  comprendre mais pour un écrivain, je suis un peu surpris. En quoi le fait de vivre dans une villa romaine, favorise-t-il la création littéraire ?
    Loïc, 17h74

  • CR38 - la maison de Claudine - Colette

    e471f4b67d351d5f79ba730d09782ee5.jpgJ'ai trouvé le style de Colette très agréable, haut en couleur. Le vocabulaire est riche et le tout est très poétique. Le lecteur est vraiment immergé dans une atmosphère, un endroit, en l'occurrence ici une maison de campagne avec jardin, chats et cuisine d'où sortent tout un tas d'odeurs. Mais quand même, il s'avère que tout cela manque de souffle -lyrique- et que les personnages manquent d'envergure. La maison de Claudine est uniquement un roman descriptif et à la fin, ça lasse. Par ailleurs, il s'agit en fait de petits chapitres, se présentant comme des nouvelles (d'ailleurs je crois que quelques uns d'entre eux ont été publiés indépendamment dans des journaux à feuilletons) n'ayant aucun rapport entre eux. le lecteur pourrait tout aussi bien commencer par le dernier chapitre.
    Je ne sais que dire d'autres si ce n'est que le soleil brille, qu'on entend les grigris et que j'irais bien me boire une petite bière en terrasse.
    Loïc, 16h40

  • où en est le lecteur sympa ?

    e094bb98787a58a026b193823541d5c8.gifQue savais-je de Colette avant de commencer cette lecture ? En fait, pas grand chose...juste qu'elle vécut au début du XX, qu'elle aimait les chats et qu'elle était plutôt une femme libre..mais de sa littérature, je ne savais rien...mais l'impression quand même d'une oeuvre foisonnante à laquelle il manque quand même LE ROMAN, quelque chose qui puisse marquer la littérature. Je me figurais aussi vaguement son visage, un visage ressemblant à celui des femmes des années folles, c'est à dire, lisse, charnel (voire dodu) avec un nez pointu. C'est fou comme en 50 ans, les standards ont changé, voire carrément la physionomie des femmes.
    Depuis lundi dernier, je suis plongé dans la maison de Claudine, roman choisi entre la dizaine contenu dans le volume 2 du bouquins qui lui est consacré. J'en ferai un compte-rendu, bien entendu mais je peux d'ores et déjà dire que j'aime beaucoup son style et ce type de roman "atmosphérique". L'atmosphère d'un lieu, la psychologie des personnages..plutôt que des faits.
    Comme c'est assez court, je prolongerai l'aventure par la lecture de le blé en herbe. Et se des gens sont intéressés par Colette, je ne peux que conseiller d'aller sur le blog de Lune de pluie (en lien à gauche).
    Et je me suis créé un nouveau créneau culturel entre midi et 13.30. Prix du carburant oblige, je ne quitte plus les environs de l'usine et gare l'"auto" (ça m'a toujours fait sourire d'entendre des gens prononcer ce mot) dans un bosquet où les feuillus sont énormes et où des lapins viennent fureter autour du véhicule sans se méfier de rien. En même temps, j'écoute les chroniqueurs de Tout arrive sur France Culture, (le meilleur jour étant évidemment la table ronde littérature du lundi).
    Je suis assez fier de ne plus rentrer chez moi à midi. Je perds moins de temps avec des conneries et surtout j'économise un max d'euros..pour compléter ma biblio, va sans dire ! Car, je suis persuadé qu'en se débrouillant bien et en étant le plus rationnel possible dans ses déplacements, on peut non seulement ne pas grever son portefeuille..mais même faire des économies..et puis découvrir Colette !! La vie est chouette.
     
    Loïc, 22h45

  • CR37 - not to be - Christine Angot

    bc0f40b876a8e5667d064fc6e392fc91.jpgJ'ai piqué ce livre dans la bibliothèque de la frangine. Il y a pas mal de conneries dans sa bibliothèque (Annie Ernaux, Christian Bobin..). Mais il faut s'ouvrir pour ne pas s'enfermer dans des préjugés..et des préjugés sur la mère Angot, il y en a ! Soit disant, elle ramène tout à elle et à son clitoris. Soit disant aussi, elle est mauvaise, prétentieuse et aime cracher son venin sur les plateaux de télé.
    J'ai voulu vérifier dans ses textes. Et pour ce et pour ne pas prendre trop de risque, j'ai choisi un petit roman. Il s'appelle not to be (joli titre) et fait moins de 100 pages. 100 pages, c'est en moyenne ce que je lis par jour. Mais 100 pages pour un roman, ça fait peu. Je me dis qu'avec si peu de texte, le lecteur n'a pas le temps de s'imprégner de l'histoire, de la psychologie des personnages, de s'imaginer les lieux. C'est trop court 100 pages. C'est la raison pour laquelle je ne lis jamais de nouvelles. A mon sens, la nouvelle est un art mineur pour écrivains fainéants et peu inspirés. Mais il y a des exceptions. Je ne suis pas contre l'idée d'un recueil de nouvelles où les personnages sont les mêmes d'une nouvelle à l'autre et qu'il y a ait un tronc commun. Mais les nouvelles sans liens entre elles : aucun intérêt.
    Je m'égare. Dans ce roman, le narrateur est un type malade allongé sur son lit d'hôpital. Il ne peut pas parler, il ne peut pas bouger. Les infirmières passent et trépassent, sa femme et ses parents aussi. Il fait part de ses pensées, de ses dégoûts, de ses envies. Il ramène souvent les choses au sexe, mais pas le sexe dans le sens "désir" mais le sexe dans le sens animal et basique. ça parle beaucoup de masturbation, de règles etc. ça lasse par moment mais pas trop...Si le roman avait fait 300 pages, j'aurais peut-être dit stop. Mais là, ça va. Le malade divague et on se perd dans ses pensées un peu tordues. C'est souvent très abstrait et j'ai eu souvent du mal à comprendre. Cette histoire d'enfants notamment..que Muriel, sa femme, attend ou n'attend pas..J'ai pas réussi à comprendre.
    Le style est très contemporain. Phrases courtes, nominales et incisives. Vocabulaire cru. Bonne maîtrise générale de la langue française.
    Ce roman date de 1991. Sinistre année. Pour moi en tout cas. Aussi pire que 2004.


    3/5

    Loïc

  • CR36 - les faux monnayeurs - André Gide

    30953fbac3b183b54443e6d68e2c902e.jpgVoilà, je termine à l'instant. Je suis fatigué mais je n'aurai pas le temps de venir ici ce weekend.
    Avec le printemps et les travaux des champs, le rythme de mes lectures a considérablement baissé. Et c'est un fait que l'on s'imprègne moins d'un livre lorsque sa lecture s'effiloche trop dans le temps. Cependant, j'ai beaucoup aimé ce roman même s'il demande beaucoup de concentration. Comme je l'avais écrit dans une précédente note, je me suis donc décidé très vite à faire un organigramme afin de me retrouver dans tous ses personnages, quasiment tous principaux que nous présentent André Gide. Et je m'y suis appuyé pendant toute la lecture.
    Ce roman, ce sont des histoires d'adolescents, plutôt de bonne famille, dans un Paris du début de XX. Le trait commun entre eux est qu'ils sont globalement tous attirés par leur propre sexe. Mais l'homosexualité (voire la pédérastie ) n'est jamais évoquée...juste sous-entendue et encore. Le lecteur devine bien que ce qui lie ces jeunes gens est plus que de l'amitié, mais il ne fait que deviner. Marcel Proust, par exemple est beaucoup plus explicite quand il évoque l'homosexualité.
    Le tout baigne dans une ambiance artistique et littéraire. Quelque-uns des personnages principaux sont écrivains ou poètes, d'autres étudient les lettres et d'autres encore sont directeurs de revue et chacun d'entre eux exposent avec brio et beaucoup de finesse des théories ou des conceptions du roman. Une bonne partie du roman est le journal d'Edouard, l'un des personnages centraux, celui-là même qui écrit un livre qui s'appelle 'les faux monnayeurs'..et à quelque chose près, le titre du roman de Gide ne tient qu'à ça. Curieuse mise en abime atténuée par le fait qu'à un moment du roman, il est quand même question d'un menu trafic de fausses pièces de monnaie (venus d'on ne sait où ) par de jeunes ados insouciants.
    J'avais toujours toujours pensé que cette oeuvre de  Gide était un standard de l'éducation nationale. Mais compte tenue de sa thématique, je me demande si je ne confond pas. En tout cas, vu le nom de mes bahuts ( collège Saint-Aubin, lycée Notre Dame du Voeu), il y avait peu de chance que ça tombe entre mes mains. Par contre, j'ai étudié la symphonie pastorale. J'en ai un vague souvenir et je crois bien que c'était très sympa également.
    Je viens de relire cette note vite fait et je trouve que j'ai manqué d'enthousiasme. J'ai vraiment adoré ce roman ! (Et j'ai eu la chance de lire dans un vieux poche sentant bon les années de grenier). La construction est très ingénieuse et le style limpide. Le tout fonctionne comme un puzzle et dans la première partie l'auteur nous présente chaque pièce séparément et puis petit à petit tout s'imbrique et entre en correspondance. C'est du grand art romanesque et je me dois exceptionnellement d'y mettre un 4/5.

    Je commence un Christine Angot. Gageons qu'elle saura me faire oublier toute cette fausse monnaie.
    Loïc, 01h10
    cee9a07c58d50769cef48f6c333546bf.jpgps : rien à voir mais la petite sensation, ici aujourd'hui à Kerniel, c'est que Moumoute a mis au monde quatre chatons. Les filles sont aux anges évidemment. ça me fait vraiment craquer également..et je suis toujours subjugué par l'instinct maternel et tout ce que fait que la nature se renouvelle à l'infini sans que les choses ne semblent compliquées..ce qui va être moins marrant m'attend ce weekend...où je vais devoir..suivez mon regard, j'en tremble déjà. Mais on va en garder un. Mais breuuh, je me déteste !

  • CR35 - pars vite et reviens tard - Fred Vargas

    7c50c3c7ffcb53e270977e3866ba0fa1.jpgC'est allongé sur le sable fin de la plage de Gâvres que j'ai enfin terminé ce bouquin. Il faisait aux alentours de 26° mais le fond de l'air était plutôt lourd. L'intérêt de cette plage que nous avions choisi pour cette première sortie en bord de mer de l'année est qu'elle est très longue et que donc les "gens" sont très espacés les uns des autres. On est donc tranquille. (j'en connais qui penseront qu'au contraire, c'est embêtant car on ne peut pas mater.). Donc Chloé comme d'hab s'en ait donné à coeur joie heureuse avec ses coquillages et ses étoiles de mer. Alors que lola, toujours aussi craintive n'a pas bougée de ce qu'elle appelle le "parapluie". Prisca a mis les pieds dans l'eau..et moi j'ai mis tout mon corps, après, je dois l'admettre, près d'un quart d'heure de préparation physique (mouillage des épaules, avancement à petits pas...) et mentale. Une fois que j'ai eu mis ma tête sous l'eau et j'eus nagé quelques mètres, j'ai regagné le sable et pensé que pour un mois de mai, ça n'était pas si mal.
    A ce moment là, j'ai sorti le polar de la glacière. Mmmh, il était bien frais, c'était agréable de le toucher et de le faire glisser le long de mes joues brûlantes. Par la même occasion, j'ai bu une petite bière que Prisca avait eu la bonne idée d'emmener...et puis là, coup de barre, je tombe comme une massue et dors à peu près une demi-heure. J'ai toujours pensé que les siestes impromptues sur la plage sont les siestes les plus profondes, les plus réparatrices et les plus merveilleuses qu'il soit. Quand je me suis réveillé, j'ai trouvé le polar à moitié enseveli par le sable. (C'est incroyable comme à la plage les objets ont cette envie de se planquer dans le sable.) Je me suis dit, "toi, je t'achève, ça fait quinze jours qu'on vit ensemble et il est temps  d'en terminer". Et une heure après, ce fut fait. Je me suis donc dit que cet après-midi au bord de l'Atlantique fut une triple réussite :
    - les filles étaient heureuses ;
    - j'ai réussi à me mettre entièrement sous l'eau (temp 16°) ;
    - j'ai fini ce polar.

    Le polar est bien écrit, l'histoire est sympa. Mais le fait est que j'en ai un peu marre des flics "originaux" (à tel point qu'aujourd'hui un polar original mettrait en scène un flic banal) et des meurtres en série opérés par des tueurs hyper-intelligents. A la fin, ça lasse. Mais quand même, Fred Vargas arrive à créer une petite atmosphère populeuse sympathique autour de la rue de la Gaîté et de la place Edgar-Quinet. Je n'aurais envie de voir l'adaptation cinématographique que pour une chose : voir comment le réalisateur s'y prend pour rend crédible les criées de Joss Le Guern, seule grande invention de ce livre.
    Cette lecture clôt la série des trois romans policiers que je m'étais juré de lire à la suite, histoire de les sortir de ma pal.  Je dirais que je le classe au dessus de Métropolice de Daeninckx mais en dessous de lune sanglante de James Ellroy.
    note : 3/5
    Loïc, 00h00

  • sans titre

    fd6c012793c26faf9146e5b8dd446d49.jpgJe mets du temps à lire pars vite et reviens tard pour deux raisons :
    - vous l'aurez remarqué, je me suis mis au vert ces derniers jours
    - et puis je ne suis pas spécialement enthousiasmé pour cette lecture. J'expliquerai pourquoi.

    Parallèlement je lis (enfin) les passagers du Roissy- Express de François Maspero et là par contre, c'est un régal. J'aime beaucoup l'idée d'un road-movie en zones péri-urbaines.
    extrait :
    Donc ils partiraient pour un mois loin de chez eux, disant adieu aux leurs, comme on part pour n'importe quel pays que l'on veut visiter. Il noterait, elle photographierait. Ce serait une balade le nez en l'air, pas une enquête : ils n'avaient nullement l'intention de tout voir, de tout comprendre et de tout expliquer. La règle de base, celle qui conditionnait toutes les autres, c'était de prendre le RER de station à station et, à chaque fois, de s'arrêter, de trouver à se loger et de se promener. Ils regarderaient les paysages, les admireraient ou les détesteraient suivant les cas, chercheraient les traces du passé, visiteraient les musées et iraient au spectacle si l'occasion s'en présentait, ils essaieraient de saisir la géographie des lieux et des gens : de voir leurs visages. Qui étaient ceux qui avaient habité là ? Comment y avaient-ils vécu, aimé, travaillé, souffert ? Qui y vivait aujourd'hui ?

    Si je fais un petit effort et que le weekend est pluvieux, compte-rendu du livre de Fred Vargas, dimanche soir.
     
    loïc, 8h25 

  • passages choisis : les motels vues par Bruce Bégout

    5e955b642ca63ebe544213fa2022c6ec.jpgLes motels, tels qu'on les voit dans les séries ou films us n'existent pas vraiment en France ni en Europe. On a des choses ressemblantes comme les formule 1 mais ce n'est pas tout à fait pareil. Bruce Bégout a eu la bonne idée d'écrire un essai sur ce sujet. Le livre est sorti aux éditions Allia, dont il faudrait parler tant elle fourmille de petits livres pas chers sur des thèmes rares et peu porteurs. Je ne fais que parcourir ce livre mais j'avoue que c'est une forme de littérature que j'aime beaucoup car il s'agit de décrire ce que Raymond Queneau appelait des espèces d'espaces, des espaces neutres et sans intérêt.

    page 16, Bruce Bégout décrit précisément ce qu'est un motel :

     

    Le motel se présente comme un bâtiment simple, souvent de plain-pied, qui n'offre à sa clientèle passagère qu'un unique service : une chambre à coucher. De par sa forme ordinaire et ses matériaux rudimentaires, il ressemble à un entrepôt de marchandises, muni de fenêtres identiques et d'un hall d'entrée d'une simplicité spartiate, où une forte odeur de détergent insensibilise tout sens de l'hospitalité. Les chambres sont austères pour la plupart, pourvues de commodités essentielles (lits, douche, lavabo, télévision), proches d'une place de parking et reliées entre elles en un assemblage monotone. On s'y arrête pour passer une ou deux nuits au maximum, en marge de la ville, presque en marge de la vie, tant on n'accorde en général aucun intérêt affectif ou esthétique à ce séjour. Seul le prix modique nous y attire. Les facilités de paiement, l'accès immédiat, la simplicité des services, une place de parking garantie, comptent également pour beaucoup dans notre choix. La logique du peu régit de part en part notre usage du motel. Pour l'homme urbain, cette modicité du séjour n'est pas qu'économique ; elle n'épargne pas seulement son portefeuille, mais aussi ses nerfs. Favorisant une forme d'abattement tranquille, le motel entraîne en effet chez ses visiteurs une manière d'économiser gestes et paroles, de se laisser envahir par l'anesthésiante simplicité du Banal.

    0078318f60c79e2cae59878d0ca3cef8.jpgL'atonie générale du bâtiment prêt-à-dormir se retrouve dans les façons frustes d'occuper l'espace : les formalités administratives qui accompagnent habituellement l'installation dans un hôtel sont ici réduites à leur plus simple expression. Il suffit de donner son nom ou plus simplement encore le numéro d'immatriculation se son véhicule, et, quelques secondes après, on peut se diriger vers sa chambre. De la même manière, tous les codes de sociabilité plus ou moins tacites qui organisent les relations au sein des bâtiments publics sont ici limités à quelques mots d'usage, au geste rudimentaire de prendre et de rendre sa clef. La codification minimale des lieux déteint sur le comportement humain. L'échange entre les clients se réduit à une entente mutuelle très pauvre qui consiste généralement dans la volonté de ne pas empiéter sur le domaine de l'autre, de ne pas lui faire d'ombre ni de lumière, cet autre présent et absent, devenu presque mystérieux par sa discrétion, que l'on devine furtivement au bout d'un couloir, en train de pénétrer dans sa chambre, ou toussant derrière les cloisons, mais que l'organisation spatiale du motel nous empêche absolument de rencontrer. Même si les voyageurs ou le gérant voulaient nouer une relation plus profonde, la structure des lieux les en dissuaderait. Dans un motel, tout est fait pour couper court à chaque tentative de constituer des "lignes de sympathie", des transistions douces d'une humeur à une autre, d'une parole à un geste. La disjonction règne en maître et renvoie chacun à sa propre existence privée sans porte ni fenêtre.