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lecture - Page 20

  • CR16 - Cendrillon - Eric Reinhardt

    01f0dc7a0731e09080ca3a3cb8b002e3.jpgCendrillon, que j'ai fini d'un souffle, dans un élan mystique  le soir de noël, est un roman énorme dans tous les sens du terme. Nous avons à faire dans ce livre à Eric Reinhardt, lui-même qui raconte la genêse de l'oeuvre et à ses avatars, Laurent Dahl, un trader épris de poésie, Patrick Neftel, une espèce de nihiliste frustré admiratif des attentats du 11/09, à Thierry Trockel, aussi, un chimiste désireux d'assouvir tous ses fantasmes sexuels. Je ne vais pas vous faire le résumé de tout ça, il y en a suffisamment sur le net. juste dire ce qui me traverse l'esprit.

    Ce que j'ai là, à l'esprit, c'est Laurent Dahl. Après quelques années au back office où il est humilié par les traders du front, il se fait embaucher par un ami trader, en tant qu'associé dans un hedge fund qu'il décide d'appeler Igitur en référence au poème de Mallarmé (un truc dont je n'ai jamais rien compris mais qui curieusement m'a servi longtemps de pseudo sur le net ). La mission de Dahl est de récolter un maximum de dolls (pour dollars) auprès d'investisseurs privés. Il se débrouille à merveille et le fond démarre sur les chapeaux de roue. Son associé, Steve Stihl, un génie de la finance gagne à tous les coups en prenant le marché à contre-pied..En 1998, voyant se gonfler les valeurs internet, il décide de mettre le paquet et de parier sur l'effondrement de la valeur Softbank. Il est sûr de lui. Mais softbank continue à grimper..vertigineusement, boosté par la concentration qui s'opère dans le secteur. Dahl est chargé de continuer à faire rentrer de la trésorerie pour couvrir ce qu'on appelle les 'appels de marge'. Acculés, les deux associés sont obligés de magouiller en rachetant à prix d'or une start-up insignifiante. On embauche un expert qu'on achète, chargé de surévaluer cette valeur..Pendant ce temps, Softbank coninue à grimper. Dahl, en voyage en France, croise une inconnue dans un train dont il devient fou. Il l'a perd de vue et dans une fuite en avant, fait tout pour la retrouver, faisant confiance au hasard ou au destin. A ce moment, le sort d'Igitur semble lui importer peu. Seule compte pour lui, cette femme croisée dans le train (c'est la raison pour laquelle Dahl est mon préféré dans ce roman, une sorte d'idéal..un trader mallarmén...on n'en croise pas tous les jours).

    J'ai envie aussi de vous parler d'Eric Reinhardt, l'écrivain. Attablé en terrasse du café le Nemours, il vante l'automne, saison de tous les possibles - 'l'atmosphère de l'automne inscrit du sens entre les choses, entre cet arbre et cette façade, entre ces branches et cette fenêtre, entre le kiosque à journaux et chaun des réverbères qui ponctuent l'esplanade, espace qui n'est plus vide mais substanciel, méditatif un espace qui a l'air de penser lui-même et de penser les êtres qui le traversent'. - Je vous le dis comme je le pense : Ce roman est la plus merveilleuse ode à l'automne que je n'ai jamais lu...ce qui est extraordinaire, c'est que ce poème à l'attention d'une saison côtoie sans heurt l'ambiance de folie qui règne sur les places boursières mondiales..Parralèlement, Patrick Neftel, looser incapable de trouver sa place dans la société rumine sa haine du système au fond de sa chambre dans la maison de maman. Ce qu'il voit à la télé le dégoute, sa mère le dégoute, le capitalisme le dégoute. Il voue une admiration sans borne à Patrick Durn, ce type qui assassina de sang froid plusieurs élus municipaux lors d'une réunion de conseil. Il prépare un attentat suicide à la télé. Chaque histoire finit dans la fuite en avant, Dahl dans la quête de cette femme croisée dans le train et suspendu au cours de l'action Softbank, Patrick Neftel, qui dispose d'armes et de munition prêt à comettre le pire, et Trockel qui s'en va avec sa femme rejoindre un couple en Allemagne afin d'assouvir le dernier de ses fantasmes...

    On en reste là mais on est abasourdis par tant de maîtrise dans le récit, par tant de poésie, par tant de cruauté, tant d'instincts primaires et en même temps par tant de réflexions profondes. Ce livre est énorme...chapeau bas à Mr Reinhardt. Et je vais vous dire pourquoi je n'aimerais par être à sa place aujourd'hui : car il va lui être difficile de faire mieux..et je vais vois dire de quoi je suis dégouté : non seulement, ce roman n'a eu aucun prix littéraire mais il n'apparaissaitt même pas dans les sélection finales. Je suis sûr d'une chose : le temps travaille pour lui.

    à venir dans une prochaine note, un nouvel extrait.

    Loïc, 23h15

     

  • Cendrillon, Eric Reinhardt - passages choisis

    f663301e95ace0af1109204acb0d5368.jpgCe livre qui recelle de pensées profondes et pertinentes sur Paris, le temps qui passe, les saisons, les rapports dans le couple, le stress au boulot, les hedge funds, valant plus qu'une petite fiche de lecture, j'ai décidé de vous en faire partager les passages les plus exaltants. Comme je pars quelques jours fêter noel dans une abbaye, je n'aurai aucun mal à le finir, ce qui sera à regret, puisqu'il y a des livres qu'on ne voudrait jamais finir. j'ai été un peu perturbé au premier quart de la lecture par une confusion entre les personnages, à tel point que je me suis demandé s'il ne s'agissait pas d'une erreur de l'écrivain..mais vérification faite, non..c'est une sorte de procédé où la même histoire initiale aboutit sur la création de 3 personnages différents tous issus su même moule si l'on puit dire (toujours cette difficulté chez moi à formuler les choses simples !!!).

    Bon, on va commencer sobrement avec quelques considérations sur les saisons. Ce passage me parle beaucoup parce que je résonne à peu près voire totalement de la même façon que Eric Reinhardt :

    L'approche scientifique, fondée sur une observation du soleil par rapport à la terre, aboutit à une répartition équitable : quatre saisons de trois mois chacune. L'approche sensible, fondée cette fois sur le vécu, sur les effets que les saisons produisent sur les sens, sur le corps, sur le mental, sur notre imaginaire, envisage-t-elle les choses avec la même froideur rationaliste ? On va voir qu'en réalité  l'année ne se divise pas en chapîtres de proportions égales - même si l'on trouve, en lieu et place de ce système homogène des trimestres, une sorte d'effet miroir et de répartition symétrique. L'automne démarre le 1er septembre et s'achève le 31 décembre. L'automne dure donc quatre mois. Quatre mois dont j'ai dit à l'instant qu'ils constituaient une architecture, une sorte de longue galerie majestueuse, large, haute sous plafond, ornée de miroirs, éclairée par des lustres : une salle de bal. Puis nous avons, au débouché de la galerie, auxquels on accède par le perron de la Saint-Sylvestre, accouplés, conjugaux, janvier et février, jardin à la française couvert de givre. L'hiver dure donc deux mois. Débute le 1er mars, qui s'achève le 30 juin, une période détestable qui s'appelle le printemps, prurit, hypermarché, intervalle commercial, adolescent, acnéique, immature, aux pulsions les plus sottes, aux engouements les plus précaires, j'y revindrai plus tard plus amplement. Le printemps dure donc quatre mois. Et puis démarre le 1er juillet, qui s'achève le 30 août, un intervalle qu'on intitule l'été et que  l'approche des mois d'automne perfuse de l'intérieur, comme une prémonition, comme un bonheur anticipé et l'ivresse d'une imminence, de sensations que je trouve délicieuses. L'été dure donc deux mois. J'apprécie l'été et l'hiver car ils encadrent l'automne et s'en imbibent : l'automne commence à résonner dans l'espace de l'été et continue de résonner dans l'espace de l'hiver. L'année se décompose ainsi en deux saisons de quatre mois, des quadrimestres, le printemps et l'automne, et en deux saisons de deux mois, des bimestres, l'été et l"hiver. Voilà la vraie réalité de la structure saisonnière fonsée sur une approche sensible, physique, mentale, psychologique. ( p215, éditions stock)

    J'apprécie dans la théorie de ER que l'automne ne soit pas une saison intermédiaire entre deux saisons abouties qui seraient l'été, le magnifique été et l'hiver, le méchant hiver ! L'automne est un aboutissement, le but, presque des saisons..Par ailleurs, l'été ne dure que deux mois, c'est vrai. Psychologiquement, on ne se sent pas encore en été en juin et plus tout à fait en septembre..idem pour l'hiver avec janvier et février. Si un jour, j'en ai le temps, je vous dirai comment je découpe ma journée de boulot de sept heures en six parties bien distinctes qui ont une influence forte sur mon humeur.

     

    Loïc, 2h00

  • CR15 - meutre chez tante Léonie - Estelle Monbrun

    2b3ca77de412d4218854c8d1eab75929.jpgPolar de construction classique (avec des leurres à la Agatha Christie), avec un meurtre dans un milieu huppé et le choix entre quatre ou cinq coupables possibles. Pas de quoi fouetter un chat, même s'il faut reconnaître qu'Estelle Monbrun maîtrise bien l'art du récit et connait toutes les recettes qui peuvent rendre un polar haletant. La particularité est que ça se passe dans le milieu proustien et sur les lieux mêmes où l'écrivain venait passer ses vacances. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait acheter ce livre. (publié chez Viviane Hamy dans la collection Bis...très moyen au niveau dactylographique et pour la présentation générale). Mais en fait, on a plutôt à à faire à des magouilles dans le milieu de l'édition, des manuscrits volés, des coucheries. Marcel Proust n'est qu'un prétexte. il est très peu question de la Recherche en elle-même.

    En plus, je dois me rendre à l'évidence que je ne peux plus comprendre un polar de ce genre sans prendre de note et noter au fil de ma lecture qui fait quoi etc. Comme je ne l'ai pas fait, j'ai confondu pendant toute la lecture Patrick Rainsford et Philippe Desforge. Ce qui était facheux.

    Je ne sais pas combien d'exemplaires de ce livre la dame a écoulé mais elle a au moins dû attirer nombre de proustophiles comme moi dont il a suffit lire 'tante léonie' pour acheter. Tant mieux et longue vie à elle.

    4/10

    Loïc, 0h55

     

  • CR14 : le dimanche de la vie - Raymond Queneau

    f2fd231a7afb9fc2c8c18182171540fa.jpgVu le prix du kérosène, on a pris l'habitude de ne plus rentrer à midi et d'aller manger un sandouiche, tranquillement dans sa wature au bord de l'étang de la forêt, parfois appelé par ici l'étang des mortes-eaux. On y croise pas grand monde en cette période de l'année et l'on est bien. On écoute Arnaud Laporte sur France Culture tout en dégustant son américain-jambon, l'on lit et l'on pique un somme en prenant soin de règler la sonnerie du portable à 13h20, afin de ne pas arriver en retard à l'endroit où se fait exploiter.

    C'est dans cette atmosphère neutre et automnale que l'on a achevé la lecture de 'le dimanche de la vie' de Raymond Queneau. A-t-on aimé ce livre ? moyennement. A-t-on ri ? par moment. A-t-on tout compris ? oui, sauf le titre, on ne comprend pas très bien le sens du titre, qui serait inspiré d'une citation de Hegel, philosophe dont on a parlé récemment par ici.  De quoi cela parle-t-il ? d'un brave type intitulé Augustin Brû à la veille de la seconde guerre mondiale. C'est un type un brin naïf, marié à Julia, une femme bien plus âgée que lui. Augustin a un petit commerce à Paris où il vend des cadres, Julia est cartomancienne. Augustin est un brin naïf, disions-nous, ce qui fait qu'il n'est jamais malheureux. Il passe ses journées à suivre du regard le défilement des aiguilles de l'horloge du magasin d'en face et élabore toute une théorie là-dessus. (je pense au temps qui passe et , comme il est identique à lui-même, je pense toujours à la même chose, c'est à dire que je finis par ne plus penser à rien).

    On apprécia aussi l'avertissement au début du livre : les personnages de ce roman étant réels, toute ressemblance avec des individus imaginaires serait fortuite. On se dit que ça donne tout de suite le ton. Mais généralement, tout est un peu loufoque dans ce livre et ça commence dès le début avec ce voyage de noces que Valentin fait tout seul car Julia ne peut abandonner sa boutique. C'est d'ailleurs ce voyage de noces qui est le meilleur moment du livre. Ce benêt de Valentin qui découvre Paris, ses rues, son métro, des hôtels, c'est quelque chose. On a mal pour lui mais souvent l'on ri de bon coeur.

    L'on n'a pas grand chose d'autre à dire ce souér.

    l'on signe.

  • CR13 : le monde de Sophie - Jostein Gaarder

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    C'est par cette pluvieuse journée d'automne que je viens de terminer le monde de Sophie, une sorte de roman initiatique écrit par un philosophe norvégien. J'ai toujours eu tellement de mal avec la matière philosophique qu'à chaque fois qu'on m'en parle avec des mots simples, je suis preneur. Il y a un an, j'avais acheté et parcouru 'apprendre à vivre' de Luc Ferry dans la même optique.

    Parlons brièvement du récit romanesque. Une fille de 15 ans, qui mène une vie normale dans une ville norvégienne banale se met du jour au lendemain à recevoir des cours de philosophie, par courrier d'abord, puis par un chien ensuite. Elle finit par rencontrer le philosophe, Alberto qui continue à lui faire découvrir en face à face l"histoire de la philosophie. Petit à petit, l'histoire devient fantastique et tout ça est assez ennuyeux. Au bout du compte, on apprendra qu'Alberto et Sophie n'ont pas vraiment d'existence réelle mais sont les personnages d'un roman écrit par un type de l'Onu, en poste au Liban qui écrit des lettres à sa fille. ça n'a pas beaucoup d'intérêt et on se demande où veut en venir l'auteur.

    Pour parler du reste, je vais m'extirper un peu du livre. Après tout, un cours philosophique est fait pour faire réfléchir. Je peux dire juste que toute la partie proprement philosophique est très agréable à lire.

    La philosophie se donne deux buts dans la vie :

    - essayer de comprendre le monde. d'où venons-nous ? où allons-nous ? qu'est-ce que la vie ? quelle est la place de l'être humain dans l'univers. Sommes-nous seuls ? pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

    - la quête de la sagesse ou apprendre à vivre au quotidien, en société, en harmonie avec son corps et avec les autres.

    Les théories philosophiques sont aussi variées que les écoles philosophiques. On peut dire en schématisant que l"histoire de la philosophie commence sous l'Antiquité, en Grèce essentiellement avec des hommes comme Socrate, Platon ou Aristote. Chacun essaie de s'extirper des croyances en cours, des dieux etc pour chercher une réponse rationnelle à l'énigme du monde. Suite à quoi, le christianisme remet les pendules à l'heure pour 1500ans ( de Jésus donc à l'aube de la renaissance). Tous les philosophes du Moyen-âge, de la renaissance et du siècle des lumières sont marqué par la religion et les derniers s'en extirpent en prenant comme référence les penseurs de l'antiquité. Depuis les siècles des lumières jusqu'aux temps contemporains, les dogmes de l'église plient petit à petit sous les coups des philosophes matérialistes, du progrès des sciences et du darwinisme. J'abrège.

    Malgré tout, tout vérité philosophique semble nous échapper.  Les philosophes, qui ne sont pas des gens idiots ou de mauvaise foi arrivent à des conclusions contraires. Aussi bien, certains en arrivent à affirmer que le monde n'est que matière (tout est divisible en atomes, même la conscience), aussi bien d'autres, comme Berkeley nient l'existence du monde matériel. Conclusion de Kant : on ne peut pas expliquer le monde (mais ce n'est pas grave lui aurait répondu Sartre car l'existence précède l'essence). Kant fait observer que s'agissant des problèmes fondamentaux, la raison produira toujours deux thèses tout aussi probables ou improbables qui s'affrontent (ex : on peut tout aussi bien affirmer que le monde a commencé un jour ou que le monde a toujours existé).

    A défaut de pouvoir expliquer le monde, on peut considérer son évolution et le sens dans lequel il va. Hegel affirme que l'histoire témoigne que l'humanité évolue dans le sens d'une plus grande rationalité, et d'une plus grande liberté, que malgré tous ses méandres, le processus historique va vers l'avant. Dans le même ordre d'idée, la raison est progressive, c'est à dire que la connaissance de l'être humain est en perpétuel développement et ne fait aussi que d'aller de l'avant. Kierkegaard pense quant à lui que la vérité est 'subjective' ce qui dans son esprit ne revient pas à dire que toutes les opinions se valent mais que les vérités vraiment importantes sont personnelles. Il considérait aussi qu'il y avait 3 attitudes possibles face à l'existence :

    - le stade esthétique où l'homme profite de la vie sans se donner de freins moraux ;

    - le stade éthique où l'on tente de vivre selon des critère moraux ;

    - le stade religieux où l'ont ne vit que pour et par dieu, quel qu'il soit.

    J'aurais tendance à dire qu'en général, on vit à cheval entre le premier et le second stade.

    Petit reproche à J. Gaarder : pourquoi réserver tout un chapitre à Karl Marx alors que les faits ont montré qu'il s'était pitoyablement trompé et ne réserver que quelques lignes à Nietzsche dont la philosophie était ambitieuse, même si parfois extrême ?

    conclusion personnelle : on ne peut pas dire que les grandes questions philosophiques taraudent nos quotidiens. Tout juste, parfois, en prenant l'apéro avec des amis, se dit-on 'quand même tout ça, c'est fou, l'immensité de l'univers, la vie, etc' mais ça s'arrête là et l'on reprend le cours de nos vies. Il en a toujours été ainsi. Seuls quelques rares hommes ou femmes ont l'envie et la capacité de le faire et ce sont ces rares gens qui ont fait l'histoire de la philosophie et donc le progrès (puisqu'il ne peut pas y avoir de progrès technique sans pensées philosophiques). Personnellement, je ne crois pas en dieu, en ce dieu chrétien dont Jésus aurait été l'émissaire. Je n'y crois pas. Ce serait trop beau..Je ne me suis donné aucune réponse aux grandes questions sur l'origine de l'univers et de la vie. Mais il y a quelques points où j'ai des certitudes : le surnaturel n'existe pas, le paranormal non plus et il ne s'est jamais rien passé sur Terre qui ne peut être expliqué rationnellement. Depuis que le monde est monde, tout ce qui s'y est produit est soumis aux lois de la nature et de la physique. C'est juste mon avis.

    Bon dimanche.

     

  • CR12 : Doggy Bag, saison 1 - Philippe Djian

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    On connaît un type qui n'est pas spécialement fan des séries américaines, quel qu'elle soit...et  il ne fait pas de différence entre les feux de l'amour et prison break. stupide, pensez-vous ? Non, globalement, même si elles sont plus ou moins bien foutues, elles lui font toutes le même effet, c'est à dire qu'elles représentent à son sens un monde totalement factice, en dehors du temps et en dehors de tout ce qui fait la cohérence de quotidien d'un être humain.

    un exemple tout bête : lorsque vous êtes en conversation téléphonique, vous ne raccrochez pas sans dire au revoir, en tout cas, sans prévenir à l'avance que vous désirez que l'appel se termine. Dans les séries et même les plus récentes, si. ça semble logique pour ces gens-là..et une fois raccroché, nous les vrais gens, on ne reste pas non plus dix secondes à rêvasser en regardant au loin. Dans les séries, si. Enfin bref.

    Philippe Djian a eu l'idée d'écrire un roman en utilisant la plupart des codes qui sont la marque de fabrique des séries américaines. On a donc à faire à une sorte de roman-concept. Mais qu'est-ce qui fait que sans le savoir, au bout de trois pages, on voit bien que telle était l"intention de l'auteur ? Qu'est-ce qui fait globalement la spécificité des séries us et qui saute aux yeux à ce point ?

    - ça discute pas mal entre gens qui n'ont en général pas de soucis matériels, encore moins de subsistance. Ce qui permet de laisser de côté tous les soucis primaires de l'être humain (sauf le sexe qui n'est pas primaire quand il ne s'agit pas de procréer), pour ne se concentrer que sur les sujets sentimentaux et autres sentiments qui grandissent l'homme, parmi lesquels il faut placer l'épanouissement sexuel.

    -comme en moyenne une série us dure 50 minutes, le réalisateur se doit de précipiter les événements s'il veut pouvoir placer toute une histoire. Du coup, aucune scène ne doit être inutile. C'est important car c'est ce qui ressort du livre de Djian. Tout va très vite, sans pause, sans description, sans pensées métaphysiques.

    Doggy Bag se déroule dans une ville américaine imaginaire, sans doute de Californie (Djian ne le dit pas mais tout le laisse à penser). Nous suivons les pérégrinations de deux frères, David et Marc, la quarantaine, beaux, riches et coureurs de jupons. Ils sont tous les deux les gérants associés d'une concession automobile qui vend des voitures de luxe. Edith, genre de femme fatale pour laquelle ils se sont déchirés et haïs 20 ans auparavant revient dans la ville (c'est le propre des séries aussi que de penser qu'on peut quitter la ville du jour au lendemain et revenir des années plus tard du jour au lendemain). Elle revient à la surprise de tout le monde. C'est Marc qui la cueille en premier. David laisse faire. Faut dire qu'il se tape Josiane, une infirmière qui a une jolie paire de fesses. Josiane a deux enfants et est séparé de son mari paralytique. Du coup, ce dernier les harcèle en jetant des animaux crevés devant leur fenêtre ou en tagant la Porche de David.  Un jour, alors que Josiane et David copulaient dans la salle de bain d'un hôtel où ils étaient en week-end, le petite garçon de Josiane se noie dans la piscine, faute de surveillance. Josiane est inconsolable et s'en veut.

    Pendant ce temps, Sonia, la fille d'Edith, 20 ans, s'envoie en l'air avec son dentiste et ne va pas tarder à apprendre que son père n'est pas  Paul (qui lui, s'envoie en l'air avec une nymphomane de 18 ans) et ex d'Edith mais soit David soit Marc. Victor Sollens (à ne pas confondre avec Victor Newman bien qu'il campe un peu le même personnage), père des deux frères, époux séparé d'Irène ne s'envoie en l'air avec personne car il a 70 ans et a mal à peu partout. Il renaît quand il apprend qu'il est le grand-père de cette admirable fille qu'est Sonia. A propos, Sonia a des soucis avec son dentiste qui ne veut plus la voir, ce même dentiste qui va se faire tabasser par Joel, prétendant malheureux de Sonia.

    Toutes ces histoires perturbent Irène, qui boit de plus en plus et que le retour d'Edith agace car elle a peur que ses deux fils devenus copains comme cochons ne s'entre-tuent à nouveau. Dans un moment de folie, elle essaie de tuer Edith en jetant sa voiture contre la sienne. Heureusement pour Edith, Irène conduit très mal et rate son coup. Comme on ne veut pas qu'elle recommence, on lui prescrit des antidépresseurs et on lui adjoint une infirmière, Josiane, quasiment 24h/24. Josiane toujours meurtrie après la noyade de son fils refuse désormais de se donner à David et devient bonne copine d'Irène. A la même période, Victor désire à nouveau le corps d'Irène.

    Pendant ce temps, David en a raz le bol de Robert, l'ex de Josiane. Il continue a harceler le couple et arrive même dans sa folie à monter un étage pour saccager la chambre de Josiane. David décide de le calmer et part en expédition avec Josiane. Il s'agit de lui tendre un piège dans un endroit paumé de la ville, on lui défonce son fauteuil roulant et surtout on lui défonce la gueule..à mort, pas à mort ? on ne le saura sans doute que dans le saison 2.

    Avec toutes ces conneries, j'ai oublié de vous parler de Béa, secrétaire à tout faire des frères Sollens (même pour leur acheter des slips). Elle est follement amoureuse des deux mecs mais il semble qu'elle ne les intéresse pas. Alors à défaut, elle se farcie des clients sur les banquettes arrières des mercedes en exposition.

    Il y aussi le conflit entre le frères et la mairie, dirigée semble-t-il par une bande d'escrocs. De chaque côté, on engage les meilleurs avocats de la ville pour une sombre affaire d'explosion de canalisation ayant sauté jusque sous le bureau de Marc, qui heureusement s'en sortira sain et sauf.

    voilà à peu près...Tout ça est à lire vraiment au second degré en considérant le tout comme un exercice de style. Les personnages ont très peu de moralité et sont d'un cynisme rarement atteint comme l'est la plume de Djian. Même si on réalise que tout ça ne volle pas haut, il y a de bons moments de franche rigolade ce qui donne envie de lire les autres saisons.

    édit : avoir réussi à écrire une note sans utiliser le 'je'..pas mal

    4/5

    signé Loïc, 19h00

     

     

     

     

  • CR11 : brooklyn follies - Paul Auster

    d15257b842b622abc6edfa3ac18b8e85.jpgBrooklyn a l'air d'être un quartier assez sympa, cosmopolite, avec plein de restaurants de tous les pays, avec de grandes artères qu'empruntent des taxis jaunes et de grosses cylindrées, avec quand même le long des artères des clodos qui font les poubelles avec de vieux caddies, un quartier composé de zones résidentielles avec des maisons comme on en voit dans les séries us - à la con -, des maisons qui se ressemblent à peu près toutes mais à l'intérieur desquelles les gens ont des vies trépidantes et souvent stressantes (mais pas forcément..), un quartier avec des parcs sympas pour faire du jogging le casque sur les oreilles, un quartier avec plein de galeries d'art contemporain, des librairies à tous les coins de rue etc etc.
    A défaut d'y aller, vous voulez vous plonger dans cette ambiance (qui perso, me fait rêver) ? Alors, je vous conseille de lire ce bouquin de Paul Auster. Vous aurez en prime une histoire sympathique, des personnages attachants, des analyses psychologiques très fines, une écriture agréable et coulante..pour en fin de compte un roman haletant comm on en lit peu dans sa vie. La dernière fois qu'un roman a pris une telle place dans mon quotidien (avoir hâte de la pause déjeuner juste pour se lire un petit chapître..), c'était, il me semble tante julia et le petit scribouillard de Mario Vargas Llosa.
    Ne  comparons pas ce que ne peut pas l'être mais quand même, on a envie parfois : à côté, l'élégance du hérisson de Muriel Barbery semble peu de chose...à tous les niveaux. Je ne sais plus trop la critique que j'en avais fait à chaud mais avec le recul, je me dis que ce best-seller, c'est bof.

    On appréciera aussi les quelques attaques contre Bush. Le roman se déroule à l'orée des années 2000 et déjà les protagonistes en perçoivent la menace. (à mon avis, Georges Bush est le pire président des Etats-Unis qu'on ait eu, le plus dangereux comme le plus idiot )

    Un bémol pour Brooklyn follies : l'impression sur la fin que l'auteur a hâte d'en finir. il se passe sur les cinquante dernières pages dix fois plus de choses que sur les trois cent  premières, ce qui, à mon sens, aurait mérité un peu plus de prolongement. Mais quand même, c'est jusque là, le meilleur roman lu cette année.

    Un petit mot sur le livre objet : paru chez acte-sud dans la collection babel..cette collection me plait beaucoup. Les couvertures sont très belles et ont un petit côté jauni pas désagréable.

     

    signé Loïc

     

  • CR10 : un livre blanc - Philippe Vasset

    9dd31d96835d343f75e1bdeb1b0d961f.jpgQuel autre livre pouvait mieux que celui-là inaugurer la nouvelle mouture de ce site ?
    ça fait un mois qu'un livre blanc m'avait tapé à l'oeil suite à une excellente critique d'un chroniqueur du nouvel obs.

    L'intention de Philippe Vasset avec cet ouvrage fut de recenser toutes les zones laissées en blanc sur les cartes ign de la région parisienne et d'aller voir sur place ce qu'étaient en réalité que ces lieux que les cartographes n'avaient pas réussi à identifier (ou voulu). Donc, le récit est découpé en quinze chapitres comme autant de zones blanches. A chaque fois, nous avons un extrait de la carte et l'on suit Philippe Vasset dans ses pérégrinations entre cabanes de sdf, entrepôts désaffectés, terrains vagues, bordures d'autoroutes, endroits bizarres. A la base, il dit être en quête de merveilleux..si si, Vasset pensait que si les cartes ne pouvaient décrire ces lieux, c'est que ces endroits étaient en dehors du descriptibles donc en dehors du réel; en dehors de la ville, en dehors du temps. Au bout du compte et très vite, il est déçu :

     

    " au bout de deux mois, j'avais complètement abandonné l'idée de faire apparaître la moindre parcelle de merveilleux : les blancs des cartes masquaient, c'était clair, non pas l'étrange, mais le honteux, l'inacceptable, l'à peine croyable..."

    Le livre est bien écrit, l'auteur trouve les mots justes pour décrire l'injuste" ou en tout cas l'inracontable. On rit même parfois quand il laisse aller son imagination devant une usine désaffectée (on imagine que le site était autrefois peuplé de scientifiques en blouse blanche devisant calmement et portant sous leurs bras des plans roulés en tube).
    Une fois refermée la dernière page, une idée vient : prendre la carte ign de l'endroit où l'on habite..je l'ai fait..et ô surprise, il n'y a quasiment que des zones en blancs..normal, les champs sont représentés en blanc. Donc, l'expérience ne marche pas pour la campagne..dommage.


    Sinon, l'écrivain prolonge l'aventure sur le site www.unsiteblanc.com

    Finissons par une petite minutes de poésie

    Le monde, c'est ce mouvement incessant entrevu par les trous de la coque de nos capitales, désormais paquebots de croisière pour le troisième âge. Sur des centains de kilomètres, ce sont des maisons à demi construites et déjà abandonnées, des bandes d'exclusion le long des frontières, des zones franches, des villes-entrepôts, des galeries commerciales et ces dalles de béton ceintes de hauts grillages où les zones de jeu peintes sur le sol sont depuis longtemps effacées. Ce sont les bâtiments flambant neufs de New Mumbai et Suzhou Industrial City, dont les façades brillent entre les fondrières et les tas de sable, et les resorts du sud de l'Espagne, vides six mois par an comme les colonies de Cisjordanie et les bases-vie des champs pétroliers de Hassi Messaoud.


    paru chez fayard dans la collection rentrée littéraire..

    signé Loïc, 0h10

  • CR9 : Je m'en vais - Jean Echenoz

    8b20a10dac7980a4004ce504f4dd7392.jpgAvant de lire ce livre, je ne connaissais de Jean Echenoz que ses quelques passages réguliers dans les émissions littéraires. A vue de nez, il m'apparaissait comme un type bien, bien sous tout rapport, écrivant des romans propres, sans fantaisies, sans fioritures, sans chichi. Une sorte  d'écrivain banal dans une production littéraire 'sans estomac'.
    Si l'habit ne fait pas le moine, l'écrivain ne fait pas le roman..."Je m'en vais" est un roman au style déjanté, qui sort vraiment de l'ordinaire et ce, pour deux raisons principales :
    - la place du narrateur : on ne sait pas qui il est, il ne fait pas partie du récit et pourtant il se permet des "je" et des remarques plus que subjectives.
    - des phrases tordues, destructurées où les verbes conjugués au présent côtoient ceux conjugués au passé, où les dialogues s'interposent, l'air de rien, dans une phrase narrative. Et plein de choses bizarres comme ça..à tel point qu'on se dit que les mêmes phrases écrites par un collégien seraient évidemment sanctionnées de rouge à la correction..Mais le fait est que Echenoz maîtrise à merveille ce joyeux bordel grammatical et que la surprise des premières pages passées, on s'habitue pour finalement aimer.

    Alors, s'agit-il plus d'un exercice de style qu'un récit avec une histoire etc ? peut-être..d'autant qu'on s'attend en lisant la 4ème de couverture à un récit d'exploration dans le pôle Nord (mais le titre aussi laisse entendre que ça parlera d'un départ)..mais en fait, le voyage en question ne dure que 4 ou 5 petits chapitres dans le livre et le roman n'est ni plus ni moins que la vie banale d'un galeriste parisien, alternant des hauts et des bas et courant de jupons en jupons. On imagine d'ailleurs tout à fait le roman sans le voyage au pôle et sans les conséquences de ce voyage.

    Alors, globalement, je dis chapeau..car j'ai beaucoup ri et un roman qui fait rire aux éclats est un roman réussi. Ce n'est pas un petit goncourt (1999) comme on a pu l'entendre. C'est un Goncourt audacieux pour un livre audacieux.
    Sur ce, les amis, je vais me plonger dans un roman étranger..pour changer un peu.

    bon weekend à toutes. signé Loïc, 0h00

  • CR8 : rue des boutiques obscures - Patrick Modiano

    a4902c340857765eb1922d1d9eb63861.jpgIl faut que je vous parle de rue des boutiques obscures, le roman de Modiano que je viens de lire..Enfin, je ne sais plus si je l'ai lu..et même si je l'ai lu, je ne me souviens plus de l'histoire..et qui suis-je au fait ? J'ai trouvé un carnet à spirale appartenant à un certain Loïc LT ? Est-ce un ami, un proche ou peut-être moi ? Une petite enquête m'apprend que ce Loïc a vécu à la fin du XXème siècle, zone du Ty-Mor à Hennebont dans un immeuble au bord d'un fleuve, immeuble ressemblant plus à un hangar qu'autre chose..A-t-il fréquenté le café aujourd'hui fermé qui jouxte cet immeuble ? S'est-il balladé le long de ce fleuve au bord duquel trônent des épaves ? Ensuite, je trouve sa trace au 21 rue Nationale, toujours à Hennebont..puis dans un petit bourg...où tout se précipite. Ce type qui semblait être un rêveur solitaire, que l'on croisa dans des fêtes un peu bizarres semble s'être rangé...une femme, des enfants..un maison, des livres...La hasard de l'enquête m''apprend que le dernier livre qu'il a lu fut rue des boutiques obscures de Patrick Modiano...

    Le roman porte bien son nom. De rues en rues, de rencontres en rencontres, d'indices en indices, le narrateur, amnésique,  part à la recherche de son passé. Les fausses pistes ne le sont pas tant que ça et lui donnent à chaque fois un indice supplémentaire. Le narrateur interroge les rues, les immeubles, les paysages. Petit à petit,  le puzzle se forme et le passé obscure devient plus clair, et les fantômes, des êtres humains...Voulant fuir la France pendant la guerre, un immigré dominicain (le narrateur) et sa compagne font confiance à un passeur qui s'avère être une crapule. Perdu dans la neige, le narrateur perd connaissance..

    J'ai A.D.O.R.E...pas spécialement pour l'histoire..d'ailleurs, sur le dernier tiers, je me suis totalement perdu dans le dédale des personnages..non, j'ai adoré pour cette petite musique de rien du tout, cette musique nostalgique d'un temps oublié et des êtres ordinaires qui ne laissent de traces que des numéros dans des bottins ou les souvenirs confus de gens les ayant vaguement rencontrés. Par le style dépouillé, il y a un peu de Kundera chez PM, par l'obsession des chiffres et des détails insignifiants, il y a un peu de Georges Pérec. Par la place du passé et des traces qu'il laisse, un peu de Proust...

    Ce qui fait un excellent roman...

     

    signé quelqu'un, à 22h15