Il faut que je rajoute une autre chose sur les polars : l'aspect complètement irréaliste. Dans la plupart de ces romans (et dans mort sur la lagune aussi ) , il est question d'un meurtre. Déjà, dans la vraie vie, un meurtre n'est pas si courant. Contemplez votre petite vie et dîtes-moi combien de meurtres la jalonnent. Pour 99.9% d'entre vous, aucun. Maintenant, sur les 0.01% restant qui ont vécu un meurtre autour d'eux dans un passé plus ou moins proche, combien ont eu à faire à un meurtre dont dans un premier temps on ne connaissait pas le coupable ? Je dis ça en ma qualité de lecteur régulier des faits divers : dans la plupart des meurtres, l'assassin, soit se rend tout de suite, soit se suicide, soit est pédophile ou autre pervers. Cecit dit, c'est rare, mais ça arrive que les enquêteurs aient à rechercher l'identité du meurtrier parmi les amis, les voisins ou la famille. Bon mais ça arrive (affaire Grégory par exemple)..mais ça arrive tellement rarement que lorsque ça arrive ça fait la une des journaux et que l'inspecteur qui dirige l'affaire (dont c'est sans doute la seule affaire criminelle de la carrière) devient célèbre.
Où voulais-je en venir : les auteurs de polars ne mettent pas assez voire pas du tout l'accent sur ce côté rare et insolite du meurtre. A lire les polars, il semble naturel pour les protagonistes qu'une personne non seulement est morte mais en plus a été tuée..et en plus on sait pas par qui.
Celui que je viens de lire est un excellent polar. bonne intrigue, atmosphère sympa. un meurtre..quelques personnages autour et à la police de trouver qui est le meurtrier. Le tout se passe dans une petite station balnéaire italienne au début de l'automne. L'auteur restitue très bien l'ambiance un peu hors-saison, les hôtels fermés, la brume, la plage quasiment déserte. C'est un polar très classique en fait..et en tant mieux, car mon idée est qu'en la matière plus c'est classique plus c'est bon. Les cent dernières pages sont haletantes et je les aies lu d'une souffle.
Et comme dans tout bon polar, il y a pas mal d'incohérences dont celles énoncées plus haut puis celle-ci : Rick, l'un des personnages principaux pense qu'il va être accusé du meurtre et qu'il ne pourra pas prouver le contraire. Donc son amie Marta lui dit que la seule façon qu'il a de s'en sortir est de fuir..et elle pense tout de suite a des amis riches habitant une grande maison perdue dans la Suisse profonde. Il ne fait aucun doute pour Marta qui ses amis vont être d'accord de loger Rick, des années s'il le faut (le temps que l'affaire s'endorme). Voilà l'incohérence : on a beau être des amis sympas, habiter en Suisse (pays où on aime bien cacher les choses et les gens), dans un coin perdu, on ne peut quand même s'estimer heureux de devoir cacher un type suspecté de meurtre, fusse-t-il le compagnon d'une des nos amis..et puis en dehors de l'aspect dangereux de la chose, quand on est chez soi en famille, on n'a pas forcément envie que du jour au lendemain débarque un inconnu susceptible de rester longtemps. En plus dans le roman, l'amie sympa qui habite en Suisse est mise au courant très vite, accepte très vite comme si tout cela n'avait aucune importance pour elle. Je suis désolé mais un inconnu qui débarque dans votre quotidien 24/24, du jour au lendemain, c'est pas anodin. zut, je radote.
Je suis dur avec les romans policiers ? Je ne devrais pas me poser toutes ces questions et les lire sans me prendre la tête et prendre du plaisir, point barre..oui, c'est ce que j'ai fait...mais il fallait bien que je dise quelque chose. dire aussi que j'aime bien la collection rivages/noir, la taille du livre, la police de caractère et les couvertures qui sont souvent très évocatrices. Je ne connaissais pas Scerbanenco mais je vous le conseille si vous chercher à passer un bon moment dans un polar qui n'a d'autre prétention que de vous faire passer un bon moment.