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  • CR299 : Poète et paysan - Jean-Louis Fournier

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    Il s'agit d'un tout petit ouvrage d'un auteur que je ne connaissais pas, un si petit roman que je n'ai pas envie d'en faire des longueurs. Pour résumer, un jeune parisien cultivé et côtoyant les milieux artistiques tombe amoureux d'une étudiante, fille de fermier du Pas-de-Calais. Il est si amoureux qu'il accepte d'aller travailler à la ferme avec comme objectif de devenir le patron quand son beau-père prendra sa retraite. Sauf qu'on se fait une idée de la campagne et le Nooord, c'est vraiment pas beau, c'est plat, c'est gris et la vie de fermier est difficile ce qui nous donne le droit à des situations cocasses. En attendant donc, le parisien est juste ouvrier agricole et voit sa future femme que lorsqu'elle rentre de Paris le week-end. Elle retrouve son futur mari qui est devenu son fiancé mais ce n'est plus le bellâtre bien sapé et qui sentait bon qu'elle avait connu à Paris. Entre temps, elle a trouvé un autre type plus fréquentable et le pauvre fermier qui n'arrive pas à se débarrasser d'une odeur de purin même après trois douches et qui accumule les bourdes sur l'exploitation se retrouve comme un con. Alors, il décide de partir. Il trouve un métier à la télévision lilloise et du coup intéresse à nouveau son ex-fiancée.
    Une fois de plus, le nord en prend pour son grade (il n’y a pas encore longtemps avec Eddy Bellegueule) et on va finir par croire que les clichés qu’on se fait des Hauts-de-France (puisque tel est le nouveau nom de cette région) sont vrais. Mais méfiance quand même. Ce petit roman est amusant et parsemé de passages poético-écologiques :

    Il y a des coquelicots dans les champs de blé.
    Il y a des bleuets dans les champs de blé.
    C’est beau
    Mais il commence à y avoir du maïs, de plus en plus de maïs. Dans le maïs, il n’y a plus de coquelicots. De toute façon, s’il y en avait, on ne les verrait pas. C’est trop grand, le maïs. Quand il y a du maïs, on ne voit plus la campagne, on ne voit plus rien. Sauf le maïs
    Les champs de maïs me font peur. J’ai l’impression que je vais en voir sortir un Vietcong avec une mitraillette et qu’il va m’abattre sans sommation.
    En plus, il paraît que ça boit beaucoup d’eau le maïs. A cause de lui, je ne peux plus prendre de bain l’été.
    Si les paysans en cultivent, ce n’est pas par amour de la plante, c’est par amour des subventions.
    Pourquoi on ne donne pas plutôt les subventions à ceux qui n’en plantent pas ?
    Il va y avoir moins de fleurs dans les champs. Heureusement, il reste les tournesols, on les voit de loin, les grands tournesols, on pense à Van Gogh.
    Les coquelicots, on commence à les tuer avec de la chimie.
    Heureusement, il y a des coquelicots qu’on ne tuera jamais. Ceux qui poussent dans les tableaux de Monet.

    Au moins, dans le Nord, ils ont des coquelicots. Il n’y en a pas en Bretagne car la terre est trop acide (sauf que hier j'en ai vu plein dans le jardin en friche de mon père mais il y a une raison particulière...et j'ai voulu en cueillir et à chaque fois que je coupais une tige, les fleurs tombaient snif ). Et je me permets de rectifier l’auteur. Les paysans sèment du maïs avant tout pour nourrir les bêtes. Ils le faisaient avant la politique agricole commune et le feront après. 
    Et bien, dans une bibliothèque, ce serait peut-être à ranger à côté des romans de Marie-Hélène Lafon. La démarche est différente. Jean-Louis Fournier prend plus de légèreté et fait plus dans la poésie alors que MH Lafon fait de la littérature haut de gamme, avec des mots compliqués et puis des situations souvent plus dramatiques. Mais c’est très bien d’écrire sur la France “profonde” comme on dit.
    Moi aussi, et je le dis sans fausse modestie, un éditeur m’a demandé de le faire mais pour l’instant, je ne m’en sens pas capable et pourtant en lisant chaque court chapitre de ce roman, je me dis que j’aurais été capable de les écrire mais de là, à les aligner....même pour n'en faire que 150 pages (en fait, je me demande s'il faut prendre la littérature au sérieux, je me pose trop de questions). 

    lecture mai 2016, sur livre papier, 155 pages, éditions Stock parution : février 2010, note : 3/5 

    Loïc LT

  • parcours de ma tondeuse (le 28 mai 2016)

    Hier j'ai tondu. Rien de plus normal, c'est le printemps, ça pousse vite, c'était samedi et il faisait beau. Pour voir un peu le parcours, j'avais embarqué ma montre GPS, ce qui me permet d'avoir des données détaillées et de faire mieux question optimisation du parcours la prochaine fois. Parcours :

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    Vous aurez compris que la partie du milieu correspond à la maison et la terrasse dans laquelle je ne rentre pas avec la tondeuse. La tondeuse ne remplace pas un aspirateur. Par contre, je ne m'explique pas la partie grise au nord de la maison alors que je suis passé partout dans ce coin-là. Je laisse bien quelques mètres carré par endroit pour la bio-diversité et sauver quelques pâquerettes et pissenlits mais je ne l'ai pas fait à cet endroit qui correspond à la partie centrale de notre pelouse, celle où l'on joue au badminton ou autres. 

    Le terrain fait 1400 m2, maison comprise et j'ai parcouru 2.8 kms (en 01h08mn) à la vitesse  de 24 minutes au kilomètre. (je rappelle que je possède une tondeuse normale et non un tracteur). J'ai donc parcouru le double de la surface ce qui est logique vu qu'on fait des va-et-vient incessants. La vitesse moyenne fut de 3.5kmh et le record fut de 5.3 kmh (j'ai plus de détails et je sais que ce record s'est déroulé dans une descente panier vide). Je suis monté à une altitude maximale de 61 m et suis descendu à 59 m, ce qui fait un dénivelé de 2 mètres, ce qui est logique car nous nous situons dans un village en pente qui descend vers les rives d'une rivière qui s'appelle l'Evel. J'ai brûlé 168 calories et que dire de plus à part que je me prends la tête avec rien !!

    Loïc LT

  • CR298 : le dernier ami - Tahar Ben Jelloun


    539813-gb.jpgParfois je me demande à quoi sert de commenter un roman lorsque la quatrième de couverture en plus d'être évidemment parfaite d'un point de vue critique reprend exactement ce qu'on a pensé du roman. C'est le cas pour celui-ci. En fait, je ne devrais pas lire les quatrièmes de couverture. Voilà encore un défaut des livres papier (parce que celui-là je l'ai lu en vrai), c'est cette foutue quatrième de couv qui en dit trop. Parfois, on peut ne pas être d'accord, alors pas de problème mais d'autres fois non. Il ne faudrait plus que je les lise. 

    Tahar Ben Jelloun ( que je n'avais jamais lu)  raconte l'histoire au long cours d'une amitié entre deux marocains s'étant rencontrés dans un lycée français de Tanger (ville portuaire  fantasmagorique pour les uns - Modiano- par exemple, ou affairiste pour les autres - Tanger fait tout pour attirer les entreprises étrangères-). Le tout se passe aux alentours de la guerre d'Algérie. L'un s'appelle Mohamed (mais tous ses amis l'appellent Mamed au grand désespoir du père) et l'autre s'appelle Ali. Le courant passe tout de suite entre les ados qui croquent la vie à pleines dents, additionnent les conquêtes et mènent des vies très libertines. L'un est repéré comme étant communiste et arrêté, l'autre est repéré comme étant son ami est arrêté également. 15 ans de galères commencent pour les deux compères, d'abord la prison, puis le redressement dans un camp militaire. Ensuite, remis en liberté, chacun s'installe et Mamed médecin de profession part exercer en Suède avec sa femme marocaine. Ali se sent seul, les courriers échangés ne suffisent pas et puis Mamed fait part de son désir de disposer d'un pied-à-terre au Maroc et le beau-père d'Ali se fait un plaisir de lui vendre un appartement beaucoup moins cher que le prix du marché. Ali s'occupe des travaux de rénovation et puis alors, j'abrège hein, Ali reçoit une lettre de Mamed dans laquelle celui-ci lui reproche de l'avoir trahi en ayant  survendu l'appartement et surfacturé les frais de rénovation. Ali ne comprend pas d'autant que c'est totalement faux. Mamed, en fait, atteint d'un cancer du poumon en phase terminale en veut à la Terre entière et c'est son ami de trente ans (les amitiés de 30 ans, ça finit toujours mal -) qui va prendre pour tout le monde. Il invente cette histoire d'arnaque qu'Ali apprend dans une lettre posthume de Mamed. 

    Bon, j'a été clair mais c'est un simple résumé. On dit souvent d'un auteur  que son écriture est limpide et je crois que cet adjectif ne peut pas coller mieux qu'à la prose  de Ben Jelloun tant elle  s'écoule comme une rivière indolente. Grâce au procédé (un peu démodé aujourd'hui) du roman à trois voix (Ali, Mamed et Ramon, un ami commun), l'auteur parvient à nous immiscer au cœur de cette amitié forte et en même temps tourmentée. Je ne vais pas faire une fois de plus le reproche que je fais souvent à savoir que bien qu'il y a trois narrateurs, il n'y a qu'un style, celui de l'auteur. (Il semble qu'il soit complexe pour un auteur de laisser sa plume à ses personnages). Parallèlement, ce roman nous permet de comprendre un peu mieux le Maroc et sa Monarchie autoritaire où la liberté n'est qu'apparence et où les sbires du pouvoir se mêlent subrepticement à la population. Je me suis toujours demandé pourquoi le Maroc avait échappé au printemps arabe (et avec le recul, quand on voit l'état des pays qui l'ont fait, on se dit que ce n'est peut-être pas plus mal) et bien, je crois que c'est cette liberté surveillée transparente et cette tolérance vis à vis des mœurs européennes qui ont permis à la Monarchie de ne pas trembler. 

    Le dernier ami convoque beaucoup de thèmes sur l'amour, l'amitié et le temps qui passe. Ce serait une histoire presque banale si elle n'avait pas subi un traitement littéraire de grande tenue. 

    lecture mai 2016, sur livre papier, 148 pages, éditions du Seuil, parution : février 2004, note : 4/5

    Loïc LT,19:30

  • information générale concernant la politique éditoriale du blog

    J'ai décidé de réorienter la "politique éditoriale" de ce blog. Je veux en effet ne plus me disperser et m'en tenir qu'à quelques sujets qui sont la littérature, le recensement des cabines (qui ne sera que provisoire hélas), l'écriture personnelle sur des sujets anodins (comme les choses par exemple)  et puis laisser une petite place à la poésie. Je continue à suivre de près la politique et à m'occuper de mon jardin mais sur ces deux points, je préfère utiliser Facebook qui offre plus de visibilité et d'échanges (d'ailleurs, comme je mets un lien sur Facebook de toutes mes notes postées ici, je note qu'il y a plus de commentaires là-bas qu'ici) . A la limite, pour la littérature, je pourrais aussi m'en tenir à Babelio qui est un réseau social de lecteurs bien goupillé mais

    j'aime ce blog, son histoire et le fait qu'il soit personnalisable. Les blogs sont en perte de vitesse, c'est un fait, les gens préfèrent que les infos leur tombent dessus (comme sur Facebook) plutôt que de faire l'effort d'aller sur tel ou tel blog, ce qui est compréhensible. Facebook est un outil formidable, mondial où  j'arrive à rentrer en contact avec des gens qui ont les mêmes lubies que moi, des lubies que je pensais être le seul à avoir. Facebook  est souvent critiqué et pourtant des gens de tous bords politiques l'utilisent. Les anti-systèmes l'utilisent, les zadistes, les fascistes, les bolcheviques, les poujadistes, les pharisiens, les teufeurs, les djihadistes, les chosistes, les lecteurs de Claude Simon, les fagotiers, l'Eglise, les citadins, les campagnards, les écolos...  Les gouvernements l'utilisent aussi. Tout le monde est sur Facebook. Je discutais avec un collègue qui a 19 ans et il me disait qu'il ne connaissait aucun ami qui ne soit pas sur le réseau créé par Marc Zuckerberg. Ne pas être sur Facebook, c'est comme dire "je n'utiliserai pas la seule route qui peut me mener à Trémargat". 

    C'est comme ça. Il faut vivre avec son temps. Dans quelques années, on  évoquera les blogs comme les livres en papier. 

    Loïc LT, 22 05 2016

     

  • recensement des cabines # 66 - Meucon (Morbihan 56)

    Le bourg de Meucon ne se situe pas très loin de mon boulot (un quart d'heure à peu près en prenant les chemins d'exploitation) alors j'ai profité de la pause-déjeuner pour m'y rendre, accompagné de Julie Schittly qui était désireuse de voir le FAMEUX recenseur à l'épreuve. Meucon se situe au nord de Vannes et est connu pour son aéroport et sa base militaire qui n'est plus ce qu'elle était, d'ailleurs ça fait froid dans le dos quand on traverse la base de voir tous ces campements et bâtiments délabrés. 

    Meucon dispose d'une cabine téléphonique standard, ce que j'explique parfaitement dans cette vidéo dont le son était légèrement perturbé par vent d'est-nord-est, force 7. 

     

    On a pris aussi quelques photos. 

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    Cette photo qui n'a l'air de rien et où j'ai une sale gueule n'est pas anodine. C'est la première fois que je vois qu'on indique que la cabine est à usage mixte (car on est allé voir plus loin et il n'y a pas de toilettes) et par ailleurs, avertis, je ne sais pas comment de ma venue, la commune a placardé la date de la venue du recenseur. Je regrette juste que l'on n'est pas mis mon nom mais ne soyons pas plus meuconnais que le meuconnais et saluons cette initiative inédite qui m'honore. 

    Merci au vidéaste qui a pris la vidéo, qui est d'ailleurs la première vidéo que j'ai réalisée lors d'un reportage cabine.

    Sinon, parlons de Meucon, bourgade au nord de Vannes qui ne vaut pas mieux, pas moins qu'une autre. Elle a une architecture globalement armoricaine mais à force de balancer des évidences, je vais finir par lasser les personnes humaines qui viennent faire quoi ici.MEUCON040316 (33).JPG

    La commune dispose de tous les commerces essentiels (d'ailleurs on a dévoré un sandwich sur place et moi un far sans pruneaux en plus) et je ne doute pas que le jeune maire Pierrick Messager (sportif et originaire de Fougères dans le 35) fera tout son possible  pour que la cabine ne soit pas démantelée et que pour le bourg continue à dormir avec fougue et énergie. 

    MEUCON040316 (18).JPG

    Voilà un peu l'architecture meuconnaise mais comme on dit sur les guides touristiques, son principal intérêt est de se situer a à peine une demi-heure de la 8ème merveille du monde (on n'est pas chauvins en Bretagne) à savoir le Golfe du Morbihan, qui est L'ATTRAIT, l'unique, la grandiose, la magnifique plus belle mer intérieure du monde. Et ce n'est pas Rex qui me contredira.

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    Malgré un climat doux, certains soirs d'hiver peuvent être frisquets et d'aucuns n'hésitent pas à enfiler  une petite laine. D'autres, plus précautionneux font des stocks de bois. Ainsi va la vie à Meucon. Le chargeur est de marque Mailleux, le tracteur a été acheté chez Gabillet mais je ne trouve pas la marque du tracteur , ni celle du godet, ni celle de la remorque (vu son âge, a-t-elle une marque d'ailleurs). En tout cas, le bois reste à débiter et la remorque en a vu d'autres. 

    MEUCON040316 (16).JPG

    Je n'ai pas envie d'épiloguer. Meucon n'est pas une fête, Meucon est,  point barre et c'est le moins qu'on puisse demander à un bourg.. 

    Meucon , (56890), Morbihan , maire  : Pierrick Messager  (depuis 2014),  2300 meuconnais (certains sites mettent 2 n), cabine téléphonique, modèle de Paris parfaitement fonctionnelle. numéro d'appel : 02 97 60 71 68. reportage réalisé le 04 mars 2016 entre 12:20 et 12:50. Présence d'un collaborateur fan de rap et habitant Vannes. 

    Loïc LT, le 21:05:2016

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  • Tangerine - Christophe & Alan Vega

    Le dernier album de Christophe est très intimiste (mais plus accessible que le précédent). Le chanteur aime bien travailler les sons, perturber l'auditeur mais parmi les titres, il y en a un, qui peut potentiellement devenir un tube et je suis désolé mais je l'adore (les autres aussi mais je les écoute la nuit tranquillement). Il s'y dégage une énergie et ce son electro n'est évidemment pas pour me déplaire. Je n'arrive pas à retranscrire Alan Vega d'autant que j'ai eu du mal à le faire pour Christophe. Le son n'est pas très bon, j'ai dû bidouiller à partir de deezer, convertir etc.  Allez, allez-y les vieux, , on vous écoute !


    podcast

     

    C'est le retour de la tangerine
    Tout au creux de ta main il fait soleil
    Si tu la lances dans le ciel
    Tu sais que tu la suivras
    Jusqu'à lundi ce jour si mauvais
    Mais le temps ne passera plus jamais
    Ni pour toi ni pour personne
    Ce sera un retour en guerre encore

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  • recensement des cabines # 65 - Roudouallec (Morbihan 56)

    J'ai réalisé ce reportage le 30 janvier 2016, autant dire que je demande de l'indulgence. Il me reste quand même des photos pour réveiller ma mémoire et aussi je me souviens de ce jour pluvieux au bout du bout du Morbihan. Le même jour, j'avais fait d'autres bourgs dans le coin mais nulle part ailleurs je n'avais ressenti cette impression d'abandon et d'être au bout du monde. 

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    Tiens, j'avais trouvé quelqu'un pour me prendre en photo ? Je n'en ai aucun souvenir. Sans doute quelqu'un de perdu ou je sais pas. Ah non, il ne faut pas que je tombe dans ce travers. On a toujours tendance à vouloir se moquer de ces coins reculés du Morbihan mais c'est exagéré. Il y a de la vie et des habitants qui paient leurs impôts comme tout le monde. 

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    Mais c'est un fait que ces photos font froid dans le dos. Mais je préfère un bourg reculé avec sa cabine qu'un joli patelin de bord de mer sans cabine. 

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    Roudouallec est connu pour avoir été le fer de lance de l'émigration bretonne vers les États-Unis au XIXe à tel point qu'Air-France y installa un bureau (source wikipedia, faut bien que je meuble). 

    A propos de meubles, ça m'étonnerait que ces maisons soient meublées ou alors tout est rongé par l'humidité, les mites, poussiéreux et quoi encore.

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    Dans ce village pâle comme la mort, l'un a pris le contre-pied et on salue son audace. 

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    Les trois élèves de l'école Sainte-Thérèse ne sont pas trop mal lotis non plus.

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    Il y a bien le logo de la Poste mais je ne vois pas les locaux. On dirait qu'ils étaient situés dans un bar qui est fermé aujourd'hui. Sinon, c'est vrai, il y a un peu de couleurs par ci par là, de quoi mettre du baume au cœur supplicié des habitants, coeur supplicié,  poème de Rimbaud dans lequel Jacques Chirac est allé dénicher le désormais célèbre adjectif  : abracadabrantesque. Pour l'anecdote, le poème évoque un viol entre soldats dans une chambrée. 

    le coeur supplicié 

    Mon triste cœur bave à la poupe ...
    Mon cœur est plein de caporal!
    Ils y lancent des jets de soupe,
    Mon triste cœur bave à la poupe...
    Sous les quolibets de la troupe
    Qui lance un rire général,
    Mon triste cœur bave à la poupe,
    Mon cœur est plein de caporal!

    Ithyphalliques et pioupiesques
    Leurs insultes l'ont dépravé;
    À la vesprée, ils font des fresques
    Ithyphalliques et pioupiesques;
    Ô flots abracadabrantesques,
    Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé!
    Ithyphalliques et pioupiesques,
    Leurs insultes l'ont dépravé.

    Quand ils auront tari leurs chiques,
    Comment agir, ô cœur volé?
    Ce seront des refrains bachiques
    Quand ils auront tari leurs chiques!
    J'aurai des sursauts stomachiques
    Si mon cœur triste est ravalé!
    Quand ils auront tari leurs chiques,
    Comment agir, ô cœur volé?

     

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    Il y a au moins deux bars à eau à Roudouallec et deux ou trois autres commerces et même une borne de recharge pour véhicules électriques. Pour info, toutes les bornes de recharge installées dans le Morbihan vont devoir être remplacées car l'entreprise qui les a conçues et qui devaient en assurer la gestion a déposé le bilan. C'est cocasse, non ? C'est pas grave, elles sont comme neuves, je crois qu'il y en a une qui a servi un jour à Baden. 

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    Quand je pense à toutes les inaugurations en moyennes pompes qui ont été réalisées après l'installation de ces machins. 

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    Bon, ce n'est pas que je m'ennuie, les roudouallécois sont sans doute des gens sympathiques. Ils ne sont plus que 700 à manger des potirons (spécialité locale ai-je entendu dire) alors qu'ils étaient 1700 avant l'exode rural. C'est hélas le destin de tous ces villages où il n'y pas un MacDo à moins d'une heure. 

    Roudouallec , (56110), Morbihan , maire à vie : Louis-Marc Rivoal  (depuis 1995), 727 roudouallécois, cabine téléphonique, modèle de Paris, . numéro d'appel : 02 97 37 53 24. reportage réalisé le 30 janvier 2016 entre 14:21 et 14:46.  météo : pluvieux

    Loïc LT

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    Eglise Sainte-Ernestine-de-Louvois  

  • CR297 : profession du père - Sorj Chalandon

    profession du père.jpgLorsque le général de Gaulle a rendu l'Algérie aux Algériens en 1962, il ne s'est évidemment pas fait que des amis. Parmi eux, André Choulans, père du petit Emile, narrateur de ce roman déroutant qui se déroule dans une ville de province (non nommée mais il paraît qu'il s'agit de Lyon) au début des années 60.  Le père d'Émile (ancien grand sportif et tout et tout n'a pas avalé que son vieil ami De Gaulle ait signé les accords d'Evian) est membre de l'OAS (organisation secrète luttant contre l'indépendance de l'Algérie, faut-il le rappeler).  C'est un homme fou et violent, surtout envers son fils à qui il veut transmettre ses idéaux et surtout plus concrètement l'entraîner afin qu'il tue de Gaulle - rien que ça -, ce qui d'ailleurs ne semble pas déranger Emile plus que ça. N’empêche qu'Emile, plus par jeu que par couardise décide de confier la mission à un ami d'école ( Luca, un nouveau venu) un peu naïf à qui il lui fait promettre monts et merveilles s'il parvient à ses fins. Dans un premier temps, il suffit juste d'envoyer des lettres anonymes ou de taguer OAS sur les murs. Mais le père d'Emile devient encore plus fou quand il apprend que son fils s'est choisi un complice alors qu'il était hors de question que l'OAS recrute n'importe qui n'importe comment. Alors le pauvre Emile en prend encore pour son grade. 

    Finalement, le meurtre du général n'aura évidemment pas lieu, d'ailleurs, jamais Chalandon ne nous explique comment André comptait s'y prendre, quand bien même il posséde une arme. L'auteur s'attache plus aux rapports humains (mère-fils, père-fils, Emile-Luca) qu'aux détails du projet qui est un peu la farce du roman. 

    La force de cette histoire rocambolesque dans laquelle les membres de l'OAS passent plus pour des barbouzes que pour des dangereux criminels tient dans le fait que l'auteur parvient grâce à une écriture dépouillée et truffée de dialogues à nous tenir en haleine alors qu'on n'est pas dupe que la folie du père ne peut mener nulle part. Profession du père est une sorte de huis-clos avec cinq protagonistes dont Emile est l'élément central  ; Emile dont on a du mal à savoir s'il mérite du dédain ou de l'affection tant on est troublé devant son détachement face à un projet qu'on n'aurait pas idée de confier à un enfant. La mère qui n'est qu'un second rôle n'est que d'un faible soutien pour son fils et symbolise la femme des années 60 tel qu'on l'imagine aujourd'hui. Luca prend le rôle du parfait naïf au destin pathétique. 

    Les années passent, tout ce petit monde vieillit et depuis 1970 le général mange les pissenlits par la racine. En plus d'être fou, le père devient grabataire. La fin traîne un peu en longueur si bien qu'on s'attend à un rebondissement qui ne vient pas. Mais ce roman qui mêle humour, violence et tendresse, grande et petite histoire, malice des uns et naïveté des autres, folie et lucidité nous trouble et nous interroge quant à la complexité de la nature humaine. 

    Vive la République et vivent l'Algérie et la Normandie libres !

    C'est le deuxième roman de rang que je lis dans lequel un enfant est maltraité. Il ne me reste plus qu'à relire vipère au poing et j'aurai réalisé un joli triptyque et bouclé la boucle (et cela m'a donné l'idée aussi de ressortir le fouet qui peut toujours servir -).

    lecture mai 2016, sur kindle, 320 pages, éditions Grasset, parution : août 2015, note : 3.5/5

    Loïc LT

    ps : correction des fautes d'orthographe à venir.

  • recensement des cabines # 64 - Saint-Jean-des-Baisants (Manche 50)

    Il n'y pas de  recenseur de cabines en Normandie (parce qu'il ne faut plus dire basse Normandie puisque la Normandie est maintenant unifiée pour le bonheur et la joie de tous bien que personnellement, tout comme Pierre Assouline, je crains un soulèvement des descendants des vikings pour reprendre leur indépendance. Je demande à l'Etat français et aux renseignements généraux de surveiller de près cette possibilité) alors comme je me rends de temps en temps dans le bocage manchois pour des raisons familiales, j'en profite pour recenser et c'est toujours un plaisir car tout est tellement différent du Morbihan et puis, surtout, les Méchants ne sont pas encore intervenus dans le Cotentin. 

    recensement des cabines,cabine,cabine téléphonique, Saint-Jean-des-Baisants

    Il faut 20 minutes pour se rendre dans ce bourg depuis l'abbaye où nous sommes en villégiature. Pour ce reportage, j'étais accompagné d'une de mes filles, ce qui aide beaucoup pour prendre certaines photos et surtout pour faire les imbéciles. 

    On a trouvé très vite la cabine que je vous présente en l'état, telle qu'en elle-même dans sa simplicité et sa solitude. On oublie trop de souligner la solitude des cabines depuis l'arrivée des téléphones cellulaires. J'espère que De Nerval s'est trompé quand il écrivit :

    Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d'amour dans le métal repose :
    "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

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    Je ne peux pas m'empêcher de me mettre en scène, imbu de ma personne que je suis. Je ne ressemble pourtant pas à Brad Pitt ou George Clooney mais bon, il faut s'assumer tel qu'on est. On ne peut pas faire autrement. J'ai toujours pensé qu'on avait le physique qu'on méritait. A dire vrai, je ne me trouve ni beau ni laid. Je me trouve blaid.

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     Premier voyage de Kabino en Normandie :

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    Je pense toujours que le démantèlement des cabines est une erreur car il n'y a rien de plus confortable que le plafond de l'édicule pour passer un coup de fil à un garagiste à qui on doit de l'argent. Il faudrait juste que les toits soient renforcés et nettoyés et qu'un escabeau permette aux gens d'y accéder. Je donne des idées mais je crains que ce ne soit trop tard. 

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     Selfie avec ma collaboratrice (Kabino est au fond) :

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    Kabino voulait à tout prix prendre le bus mais on l'a attendu...en vain...

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    Pendant ce temps, ma fille faisait des roues circulaires, photo qui vous permet d'admirer la magnifique vitrine du bar de Yannick. A ce propos, d'un point de vue architectural, désolé pour les baiseurs mais le bourg n'est pas franchement avenant :

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    Voici une photo qui résume assez bien le village :

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    Le clocher de l'église Saint-Ernestine-de-Louvois est en cours de rénovation et on ne doute pas que les travaux finis, le bourg aura une toute autre allure. 

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    Au revoir Saint-Jean-des-Baisants et longue vie aux baiseurs (je sais, elle est facile mais je n'ai pas pu m'empêcher, ce n'est pas le nom des habitants de ce bourg) !

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    Saint-Jean-des-Baisants , (50810), Manche , maire délégué : Yves Simon  (liste : baisons ensemble), 1250 baiseurs, cabine téléphonique, modèle de Paris, hors service. numéro d'appel : 02 33 57 42 35. reportage réalisé le 05 mai 2016 entre 17:41 et 18:02.  météo : beau 

    Loïc LT, le 08 mai 2016  

  • recensement des cabines # 63 - Saint-Fromond (Manche 50)


    Saint-Fromond se situe au nord de Saint-Lô à quelques kilomètres du Calvados. C'est un bourg sans charme comme beaucoup de bourgs normands (le principal intérêt de la Manche, c'est sa campagne, ses vallées, ses vergers, son bocage...) mais les bourgs ont payé un lourd tribu lors du débarquement, les alliés ne faisant pas dans la dentelle pour chasser l'ennemi. A Saint-Fromond, par exemple, le pont qui enjambe la Vire a été le théâtre d'affrontements violents et une stèle près du Fleuve rend hommage à un pilote canadien dont l'avion s'est écrasé en ce lieu-même. 

     

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    Mais ces bourgs sans charme reconstruits en moins de temps qu'il faut pour l'écrire recèlent d'enseignes désuètes, construites souvent après la guerre et qui sont souvent restées telles quelles, avec quelque rafraîchissement sans doute de temps en temps mais le tout vaut vraiment le détour. Par exemple, comment peut-il subsister une quincaillerie dans un bourg de 700 habitants (quincaillerie Lefrançois) ? En Bretagne, c'est totalement improbable. 

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     Par contre, la boucherie a rendu l'âme, ce qui est dommage car elle faisait de la sous-traitance pour le crédit Agricole. 

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    J'aurais beaucoup de choses d'autres à dire sur ce bourg mais je ne peux pas être exhaustif. Je pourrais l'épuiser dans un livre rien qu'en regardant quelques photos. Mais sachez que la société Mikit qui fabrique des maisons originales a investi plusieurs hectares dans lesquels des maisons poussent comme des champignons et où les prolétaires sont heureux de devenir propriétaires. 

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    Saint-Fromond , (50620), Manche , maire : Dominique Quinette  (liste Mikit-mi-Raisin), 780 fromondais. cabine téléphonique, modèle de Paris, hors service. numéro d'appel : 02 33 55 45 68. reportage réalisé le 06 mai 2016 entre 11:50 et 12:14.  météo : beau. 

    Loïc LT, le 07 mai 2016

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