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  • CR142 : la conspiration des ténèbres - Théodore Roszak

    9782253112884.jpgmot de l'éditeur : En fréquentant les cinémas miteux de Los Angeles, Jonathan Gates découvre l'oeuvre fascinante de Max Castle. Jeune prodige, celui-ci a tourné quelques films avant de tomber dans l'oubli. L'élucidation des mystères qui entourent la vie et l'oeuvre de Castle va devenir une véritable obsession pour Gates. A l'issue de sa quête, qui va le mener des sommets de l'industrie cinématographique jusqu'au coeur des sociétés secrètes, où plane l'ombre des cathares, il apprendra l'incroyable vérité sur ce maître des illusions que fut Max Castle et mettra au jour un étonnant complot.
    La Conspiration des ténèbres est un grand thriller historique et métaphysique, d'une intelligence et d'une érudition peu communes.
    Un roman qui fait date et qui sera bientôt adapté pour le cinéma par le metteur en scène Darren Aronofsky (Pi, Requiem for a Dream) et le scénariste Jim Uhls (Fight Club).

    - Emmenez ce livre le matin sur la plage et sachez que vous n'irez pas déjeuner, certainement pas dîner non plus. La Conspiration des ténèbres est hypnotique. On a du mal à s'en relever. -
    (Washington Post)



    mon avis : Je n'ai pas grand chose à dire de plus que la quatrième de couverture. Dire peut-être que Théodore Roszak réussit le tour de force de tenir le lecteur en haleine..par une simple enquête universitaire, c'est à dire que dans ce thriller bien que le verbe prime sur l'action, de multiples rebondissements jalonnent le récit. Et puis, c'est dans les cent dernière pages, alors qu'enfin il se passe quelque chose de "concret" que j'ai commencé presque à trouver ça long (je dois admettre aussi que j'avais espéré un ultime rebondissement dans les dernières pages..qui n'est pas venu).
    Dire aussi que finalement l'auteur a pris le soin de laisser une porte ouverte puisque finalement la fin du roman ne répond pas à toutes les réponses et notamment à celle que je n'ai cessé de me poser : Clare est-elle une orpheline et est-ce elle qui a manigancé tout le jeu de pistes auquel a dû se soumettre Jonathan Gates ?
    Et puis dire aussi que sans doute aucun autre roman ne nous en apprend autant sur le cinéma, sur ses techniques, son industrie, son histoire, ses réalisateurs. C'est une véritable déclaration d'amour à cet art, qui donne envie de se revisionner de vieux films.
    Les grincheux diront qu'il s'agit d'un roman de plus sur l'ésotérisme et les templiers, thèmes chers à des écrivains gros vendeurs. Ce à quoi on peut répondre que ce roman a été écrit au début des années 90 et qu'à cette date c'était un roman plutôt précurseur en la matière. Et puis ici, c'est tellement bien écrit et documenté qu'on excuse tout.

    Par ailleurs, une autre traduction est sortie récemment chez le même éditeur. Pour qui, pourquoi, je l'ignore, cette traduction réalisée par Edith Ochs me semblant irréprochable.

    un autre avis ici

    roman, paru en 1991
    le livre de poche, 824 pages
    lecture du 21/01 au 29/01/2010
    note : 4.5/5

  • il était une fois mon cinéma

    Longtemps j'ai aimé le cinéma. Parfois, à peine le film commencé, mes yeux s'émerveillaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire "c'est beau"...
    J'avais une petite vingtaine d'années, j'avais fini mes études, je venais de quitter l'armée et je n'avais pas trop envie de travailler. Nous étions en 1997 et j'étais dans une phase un peu libertaire.
    Les rangers et le béret rendus, je retrouvai le bon vieux lit moelleux de mon enfance. Bien décidé à ne pas empoigner la vie, je fis le choix de me laisser vivre et me mis à visionner cassettes vidéo sur cassettes vidéos. Je les empruntais soit au petit vidéo-club de Languidic (pour les nouveautés), soit et surtout à la médiathèque de Lorient où je trouvais tout un tas de vieux films dont quelques semaines auparavant je ne soupçonnais pas l'existence. Et puis quoi, je m'enfermais à double-tour dans ma petite chambre d'adolescent. Il faut dire qu'en sortant du régiment je m'étais acheté (avec je ne sais quel argent) un combiné télé-magnétoscope afin de ne plus être tributaire des programmes de la vieille télévision familiale.
    C'est en cet automne béni de 1997 que j'ai découvert les films de la nouvelle vague. Ce fut une révélation. Aujourd'hui encore Pierrot le fou et Cleo de 5 à 7 restent pour moi des références absolues que je ne me  lasse pas de revoir.
    Dans la foulée, je me suis fait tous les films de Sautet. Révélation également. J'adore encore le cinéma de Claude Sautet mais évidemment pour des raisons différentes que j'aime le cinéma de Godard. Je n'oublie pas le cinéma enchanté de Jacques Demy, les ovnis de Jacques Tati, de Jean-Pierre Melville...et quelques autres
    Cette gourmandise pour le septième art n'a duré que quelques mois. Il a fallu très vite que je me bouge le cul pour pouvoir enfin gagner ma vie. Quelques semaines plus tard, j'étais comptable, autant dire que c'en était fini de cette vie insouciante faite de lectures, de cinéma et de promenades par monts et par vaux.
    Depuis, je ne me suis plus jamais vraiment réintéressé au cinéma. Et lorsqu'il m'arrive de revisionner des films, ce sont pour la plupart ceux que je chérissais tant en cet automne 1997.
    Ce n'est pas un hasard si j'écris tout ça aujourd'hui. Je suis en train de lire un roman où il est beaucoup question de cinéma. La conspiration des ténèbres de Théodore Roszak est une véritable invitation a redécouvrir de vieux films, et même d'ailleurs les plus minables séries b (ceux qui ont lu le livre me comprendront).
    Alors, voilà, j'avais juste envie d'écrire une petite note sur le septième art.
    Mais je préfère la littérature au cinéma. Pour une raison toute simple : avec le cinéma, le réalisateur a des contraintes techniques, financières et humaines qui l'empêchent d'aller au fond de sa pensée. Le produit final ne peut être qu'imparfait..alors que de son côté l'écrivain n'a pour ainsi dire aucune contrainte autre que son seul talent et sa motivation. C'est ainsi que si Proust avait été metteur en scène plutôt qu'écrivain, il n'aurait jamais pu accomplir une oeuvre aussi géniale que la recherche du temps perdu. Et pour aller plus loin, si l'on considère  la recherche comme le Livre Ultime, on se rend compte que ses adaptations au cinéma, aussi valeureuses fussent-elles ne font qu'effleurer la surface de l'oeuvre.
    Antonin Artaud le pensait également lui qui affirma : La peau humaine des choses, le derme de la réalité, voilà avec quoi le cinéma joue d'abord.

    Loïc LT, 23h00

     

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  • CR141 : bella ciao - Eric Holder

    9782020975353.jpgJ'ai lu bella ciao courant décembre 2009 et dieu sait pourquoi je n'ai pas encore écrit le compte-rendu. Et voici que ce matin l'auteur m'envoie un mail "et quand l'espèce de blogger va-t-il donc faire le compte-rendu de mon roman ?". C'est un fait que dès que j'ai quelques jours de retard, hop, il faut que l'auteur du roman en question m'appelle. C'est quasiment systématique. Il est devenu impératif pour un écrivain d'être critiqué ici. Et cela fait des jaloux : l'autre jour, Marcel Proust en personne me contacte de l'au delà pour me  faire part de sa déception parce qu'ayant lu à la recherche du temps perdu bien avant l'ouverture du blog, son oeuvre ne fera donc jamais l'objet d'un compte-rendu en bonne et due forme.
    Je fais ce que je peux. Je ne vais pas relire la recherche pour faire plaisir à Mr Proust (par contre je lui ai répondu que j'avais plus ou moins comme projet de lire les plaisirs et les jours).

    Mais c'est vrai que Eric Holder mérite sa note d'autant que bella ciao est un bon roman. Je ne me souviens plus trop de l'histoire avec précision mais il me souvient de quelque chose qui se passe en Gironde, de très bucolique, très imagé et puis du héros, un certain Michel (ou était-ce Patrick), un écorché vif, un homme blessé, alcoolique et tout et ayant du mal à se relever d'un divorce. Il trouve de petits boulots manuels pour au final se poser dans une vigne. Il tente de se reconstruire. C'est tout ce que je peux dire aujourd'hui mais globalement quand même le sentiment est plus que positif.
    Mais j'ai été importuné pendant toute la lecture parce que j'avais en tête une chanson intitulée ciao bella (chanson sans intérêt chantée par qui, Rose, Anais, je ne saurais le dire). Et ça a perturbé un peu ma lecture. Juste un peu.


    roman, paru en 08/2009
    éditions du seuil, 146 pages
    lecture du 05/12 au 06/12/2009
    note : 3.5/5
    à venir : la conspiration des ténèbres, Théodore Roszcak

  • CR140 : la femme parfaite - Patrick Deville

    2707315079.jpgprésentation de l'éditeur : Paul Cortese vit seul avec son fils de quatre ans depuis le départ de Margot. Il ne retient des autres que la marque de leur cravate ou la griffe de leurs tailleurs. Courrier de cabinet aux Affaires étrangères, il profite d’un passeport qu’on lui enjoint d’acheminer à la Havane pour inventer aux yeux de son entourage la femme parfaite avec laquelle il est censé vivre. Mais qui manipule qui ?

    mon avis : Voici un petit roman que je conseille à tous ceux qui veulent se rappeler comment la jet-set s'habillait au milieu des années 90, avec quoi elle se parfumait et avec quelle marque de voiture elle se déplaçait. C'est un genre, il faut aimer. Vincent Delerm fait de la sorte, aujourd'hui dans la chanson et on appelle ça du name-dropping. Mais on devine que Patrick Deville (qui n'a même pas de fiche sur wikipedia , c'est quand même pas normal, il faut le mettre en garde à vue) use de ce procédé pour mieux se moquer de cette société de l'apparat dans laquelle se démène son héros. En dehors de ça, le style est particulier, très léché, presque minimaliste et l'on sent que chaque phrase est sculptée, travaillée, soupesée, comme il se doit lorsqu'on est éditée par les éditions de minuit.
    J'ai été par ailleurs un peu déçu par le récit qui partait pourtant d'une idée originale : un homme célibataire décide de faire croire à son entourage qu'il a rencontré une femme parfaite. Mais le problème est que l'entourage se limite à une ou deux personnes et la supercherie quasiment qu'une soirée (et qui plus est une soirée plutôt minable). Pour le reste, l'essentiel du roman ne sont que gesticulations diplomatiques et repas entre collègues. Mais ce n'est pas très grave puisqu'on devine que pour l'auteur l'histoire n'est qu'un prétexte. Seuls compte ici l'atmosphère et le style. Et rien que pour ça, ce petit roman vaut le détour.

    extraits :

    Je portais un pardessus noir, Gianni Versace. (p11)
    Je l'imaginais endormie dans un hamac à l'ombre d'un mancenillier, tout vêtue de blanc. Disons en chemise de voile de coton Mohanjjt et jupe en strecht et dentelle Karl Lagerfeld, un bracelet de coquillages Lino Lippi au poignet gauche, ses doigts caressant l'herbe à chaque balancement. (p39)
    Costume Kenzo noir sur T-shirt bleu, Karlheinz Stockhausen sur la platine laser, cheveux humides lissés en arrière, je descendis. (p53)
    Je porte assez souvent des sous-vêtements blancs, Calvin Klein. (p73)

    roman, paru en 1995
    éditions de minuit, 155 pages
    lecture du 18/01 au 19/01/2010
    note : 3.5/5
    à venir : bella ciao, Eric Holder

  • CR139 : la nébuleuse du crabe - Eric Chevillard

    v_2707319686.jpgLa nébuleuse du crabe ne constitue  pas vraiment un roman. Le livre se compose en effet de 52 chapitres indépendants mettant tous en scène un "type" qui s'appelle Crab (je mets des guillemets parce qu'il arrive que Crab ne soit pas vraiment humain). Le monde dans lequel il évolue est plutôt surréaliste et même quand il a une assise un tant soit peu réaliste, tout peut s'effondrer à tout moment. Le lecteur doit s'attendre à tout.
    C'est drôle et ingénieux. Il y a à picorer là-dedans pour épater la tablée dans quelque réunion de famille.
    Mais (je fais mon Zemmour qui envoie d'abord des fleurs pour pouvoir mieux pilonner ensuite)...
    Mais j'ai trouvé que la nébuleuse du crabe manquait d'homogénéité. Le livre refermé, je me suis dit "et donc ?". J'aurais eu le même sentiment si j'avais lu un livre de citations d'une traite. Chaque citation vaut le détour mais le tout ne signifie rien. Heureusement l'auteur a eu l'idée de faire court (123 pages). Je n'aurais pas supporter 10 pages de plus. Mais c'est un petit livre qu'il doit être bon de ressortir de sa bibliothèque pour en lire quelques séquences prises au hasard.
    Ceci dit, comme mes huit lecteurs assidus l'ont remarqué, je suis un grand fan de Chevillard puisque le matin, après m'être soulagé et avoir allumé la cafetière, la première chose que je fais est de consulter son blog dans lequel l'auteur perpétue l'esprit de la nébuleuse du crabe.

    Extraits au hasard :

    N'ayant pas écouté le bulletin météorologique faisant état du froid intense qui règne sur le pays, et des pluies ininterrompues, Crab sort de chez lui en chemisette et profite tout l'après-midi d'un grand soleil estival, par ignorance, exactement. Il pourrait se tenir un peu au courant de l'actualité. (p36)

    Ainsi, le prix Nobel de physique a été décerné au professeur Y pour ses remarquables travaux sur la désintégration fulgurante, tandis que Crab doit se contenter cette année encore du prix Nobel de la paix, ayant dérobé puis détruit les plans de la terrible invention du professeur Y.
    (p22)

    Les avis d'Antoine et de Lutain

    roman, paru en 1993
    éditions de minuit, 123 pages
    lecture du 13/01 au 17/01/2010
    note : 4/5
    à venir : bella ciao, Eric Holder

  • les raisins de la colère (suite)

    Gaff1158114490.jpgJe me propose de vous résumer la fin du roman. Attention donc, ceux qui ne veulent pas la connaître sont priés de ne pas lire cette note.

    C'est un final très marquant et j'ai passé même une nuit un peu cauchemardesque à me le ressasser (un peu comme la nuit de jeudi ou vendredi où les images de Haiti n'ont cesser de me hanter).

    A la fin du roman, la famille Joad (7 personnes en tout dont deux gamins) loge dans un wagon insalubre. C'est l'automne et les travaux des champs sont terminés. Ils n'ont donc plus de travail et pas un sou de côté. Ils sont épuisés, commencent à avoir faim et Rose,  va bientôt accoucher. Et comme il pleut beaucoup, la rivière qui coule non loin de là, monte et l'eau s'approche des wagons (parce qu'il y en a plusieurs, tous "habités" par des familles de saisonniers aussi mal en pont que les les Joad). Rose accouche mais sont enfant est mort-né. Les hommes essaient de construire une digue mais elle ne tient pas et l'eau rentre dans les wagons. Tout le monde doit partir.
    Errant sur une route au milieu ne nulle part, ils aperçoivent une grange au milieu d'un pré et s'y précipitent. A l'intérieur, deux hommes sont allongés sur la paille, un père et son fils. Le père est à demi-conscient, il est en train de mourir de faim. Alors, Rose qui vient d'accoucher et qui donc dispose d'une petite réserve de lait, prend l'homme affamé à part et l'allaite.  Le roman se termine comme ça et j'ai la chair de poule rien que de l'écrire...C'est littéralement bouleversant.

  • Chevillard en plein dans le mille

    "Je suis aussi un fin psychologue, voici ma dernière théorie : un enfant sans inhibition, sans timidité, tout de suite adapté et sociable, va grandir dans le groupe, dans la bande, acquérir par conséquent des réflexes et des comportements d’animal grégaire, pur produit de son époque, parfaitement à sa place dans le système, conforme aussi à ce que celui-ci attend de lui, sans originalité, tout en surface, un consommateur docile, une tête creuse… tandis que l’enfant rechigné, solitaire, complexé, sera bien obligé de se tenir à lui-même compagnie et donc de se rendre intéressant, il s’instruira, il apprendra à se connaître, il développera son sens critique. L’intelligence a autrefois connu l’humiliation et l’ennui ; la bêtise nous parle encore de son enfance heureuse."

    Eric Chevillard (l'autofictif)

    Ah ! cette vie de mon enfance...

    Non mais autrement, concernant cette théorie, mes 7 fidèles lecteurs devinent où je me se situe...

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  • ton héritage, Benjamin Biolay

     

    Si tu aimes les soirs de pluie Mon enfant, mon enfant Les ruelles de l'Italie Et les pas des passants Eternelle litanie Des feuilles mortes dans le vent Qui poussent un dernier cri Crie mon enfant

    Si tu aimes les éclaircies Mon enfant, mon enfant Prendre un bain de minuit Dans le grand océan Si tu aimes la mauvaise vie Ton reflet dans l'étang Si tu veux tes amis Près de toi tout le temps

    Si tu pries quand la nuit tombe Mon enfant, mon enfant Si tu ne fleuris pas les tombes Mais chéris les absents Si tu as peur de la bombe Et du ciel trop grand Si tu parles à ton ombre De temps en temps

    Si tu aimes la marée basse Mon enfant, mon enfant Le soleil sur la terrasse Et la lune sous le vent Si l'on perd souvent ta trace Dès qu' arrive le printemps Si la vie te dépasse Passe mon enfant

    Ca n'est pas ta faute C'est Ton héritage Et ça sera pire encore Quand tu auras mon âge Ca n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou plutôt sans

    Si tu oublies les prénoms Les adresses et les âges Mais presque jamais le son D'une voix, un visage Si tu aimes ce qui est bon Si tu vois des mirages Si tu préfères Paris Quand vient l'orage

    Si tu aimes les goûts amers Et les hivers tout blancs Si tu aimes les derniers verres Et les mystères troublants Si tu aimes sentir la terre Et jaillir le volcan Si tu as peur du vide Vide mon enfant

    Ca n'est pas ta faute C'est Ton héritage Et ça sera pire encore Quand tu auras mon âge Ca n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou plutôt sans

    Si tu aimes partir avant Mon enfant, mon enfant Avant que l'autre s'éveille Avant qu'il te laisse en plan Si tu as peur du sommeil Et que passe le temps Si tu aimes l'automne vermeil Merveille rouge sang

    Si tu as peur de la foule Mais supporte les gens Si tes idéaux s'écroulent Le soir de tes 20 ans Et si tout se déroule Jamais comme dans tes plans Si tu n'es qu'une pierre qui roule Roule mon enfant

    Ca n'est pas ta faute C'est Ton héritage Et ça sera pire encore Quand tu auras mon âge Ca n'est pas ta faute C'est ta chair, ton sang Il va falloir faire avec Ou plutôt sans

    Mon enfant...Mon enfant...

  • CR138 : les raisins de la colère - John Steinbeck

    les-raisins-de-la-colere_john-steinbeck_080919095112.jpgLe hasard fait qu'après avoir lu une autobiographie de ce bourgeois-bohème un brin cynique qu'est Frédéric Beigbeder, me tombe entre les mains les raisins de la colère, de John Steinbeck, un roman datant de 1939 et qui s'apparente à quelque chose comme une version romancée du capital de Karl Marx ou peut-être plutôt un germinal américain.
    Et pour en finir avec Beigbeder, voici ce qu'il en dit dans son dernier inventaire avant liquidation : "pour faire efficace, Steinbeck nous en met plein la vue et en rajoute dans le mélodrame naturaliste...le principal reproche qu'on peut faire à Steinbeck n'est pas de sentir le pâté mais le pathos".
    Comme de fait, il a peu raison. Les raisins de la colère est un peu trop manichéen pour être crédible. Cette réserve faite, ce livre est un chef d'oeuvre.
    Concrètement, ce roman fleuve traite des excès du capitalisme dans l'Amérique rurale des années 30 à travers la folle équipée d'une famille de paysans (lesJoad) de l'Oklahoma désireuse de rejoindre la "verte" et prometteuse Californie..qui s'avérera bien plus horrible que la région natale, l'optimisme un peu naïf des débuts laissant place au désarroi le plus total jusqu'aux dernières pages proprement bouleversantes. Le récit est entrecoupé de quelqueschapitres qui permettent au lecteur de prendre du recul, de mieux comprendre le système ou de se voir offrir quelques descriptions très poétiques.
    Saisissant.
    Le roman a été adapté au cinéma en 1940. Et je me pâme encore à la lecture de cette anecdote trouvée sur wikipedia :
    Le film a connu une brève exploitation en URSS. Le pouvoir communiste en place autorise en effet sa projection, trouvant dans cette histoire qui se déroule durant la crise de 1929, l'occasion de fustiger le capitalisme. La réaction du public russe ne fut toutefois pas celle escomptée, puisqu'il s'émerveilla que, même au plus profond de la misère, les personnages possèdent encore une voiture. La censure le retira donc aussitôt des écrans.

    roman, paru en 1939
    folio n°83, 639 pages
    lecture du 05/01 au 12/01/2010
    note : 4/5
    à venir : bella ciao, Eric Holder

  • variété française : mon top5 des années 00

    - corps et armes (2000), Etienne Daho
    Un Daho en état de grâce. pas grand chose à jeter dans cet album (à part peut-être la chanson qui donne justement le titre au tout)
    - Caldeira (2006), Valérie Leulliot
    Une merveille...des mélodies accrocheuses, des textes touchants, une voix posée. Un album plein de féminité injustement boudé
    - Chevrotine (2006), Holden
    Un peu de la même veine que Caldeira (et d'ailleurs même maison de disque). Divin
    - bleu pétrole (2008), Alain Bashung
    sombre et surréaliste. Bashung au sommet de son art
    - les piqûres d'araignée (2006) , Vincent Delerm
    lui, j'étais anti à ses débuts mais le virage pris avec cet album m'a agréablement surpris. J"ai écouté en boucle et en boucle le titre "les piqûres d'araignée". un Delerm optimiste.

    Le point commun de tous ces albums est qu'ils n'ont que moyennement cartonné, voire pas du tout. J'espère que le temps travaille pour eux et que dans quelques années beaucoup se diront "comment ai-je pu passer à côté de ça".

    Par ailleurs, moi qui n'aime pas beaucoup le mot "crise" parce qu'il est utilisé à tort et à travers, je dois dire qu'il y a vraiment une "crise" dans le disque, lié non pas au fait que les gens ne veulent plus acheter de musique mais dû évidemment au bouleversement technique qu'a amené dans ce secteur l'arrivée d'internet et du format mp3. A partir de là, je ne pense pas que l'album physique ait de l'avenir (il  y en aura encore dans les rayons bien sûr mais pour la même raison qu'il y a encore des vinyls).  Ce secteur arrivera, j'en suis sûr, à trouver un mode de distribution virtuel équitable et accessible au plus grand nombre.

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