Je suis un homme d'obsessions...par moments, c'est la littérature, d'autres moment le sport, en ce moment c'est le jardin. Je crois que c'est une façon d'oublier le quotidien, les pressions diverses et au final notre funeste destin . Un membre de ma famille est en train de lutter contre un cancer qui s'est emparé de tout son être. C'est un homme bon, qui a toujours vécu dans la mesure, un homme qui aimait les plaisirs simples de la vie...quelqu'un qui se réfugiait dans le bricolage et la pêche comme je me réfugie dans la recherche du temps perdu et le culture du bambou. Avec sa femme, ils partaient faire des balades en camping-car mais jamais trop loin puisque l'endroit qu'ils chérissaient le plus au monde (je suis hélas obligé de parler au passé de certains choses qu'il ne peut plus faire), c'était sa chère Normandie...des endroits comme Agon-Coutainville ou Port-en Bessin n'avaient aucun secret pour lui. C'est un vrai normand, également amateur de calembours et de jeux de mots. A côté de nos différences, nous avons je crois des points communs : nous sommes des hommes calmes, jamais pressés et têtus. Moi je suis breton, c'est normal mais lui c'est un vrai têtu. Quand il avait décidé de faire un truc, personne ne pouvait l'en empêcher.
Et puis, je ne peux pas oublier que lui et sa femme ne m'ont jamais laissé tomber lorsque j'ai traversé une sorte de dépression dans laquelle j'étais empêtré avec la certitude de ne pas pouvoir en sortir. Cette dépression qui date de 10 ans n'était pas tombée du ciel mais résultait de quelques années complètement folles pendant lesquelles, incapable d'assumer ce que j'étais devenu (c'est à dire, l'homme de ma femme et le père de mes enfants...avec cerise sur le gâteau, un boulot dans une boite de comptabilité très stressant), je me suis réfugié dans des substances diverses provoquant des dépendances dont il est difficile de se sortir. Aujourd'hui, je suis sorti d'affaire au prix d'un effort que ne peuvent imaginer ceux qui ne l'ont pas vécu. Et je le dois aussi à tous les gens qui m'ont soutenu à ces moments-là.
Cet homme, c'est le père de ma femme. Et je tiens ici (et une boule me monte à la gorge en écrivant ces lignes) à lui rendre hommage.
Dans le film l'armée des ombres, il y a une phrase qui m'a marqué (cité par Gerbier (Lino Ventura) sur le point de se faire exécuter et qui s'en sort finalement) et qui est facile à citer quand on est bien portant et qui en plus peut un peu réconforter ceux qui sont sur le point de rejoindre la nuit éternelle Cette phrase qui nous parle, à nous tous êtres vivants nous dit que nous ne mourons jamais :
Je voudrais tout de même vivre, et je vais mourir, et je n'ai pas peur. C'est impossible de ne pas avoir peur quand on va mourir. C'est parce que je suis trop borné, trop animal pour y croire. Et si je n'y crois pas jusqu'au dernier instant, jusqu'à la plus fine limite, je ne mourrai jamais. Quelle découverte !
Loïc LT