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  • Un ami frappe à ma porte.

    pignon_saint_michel_n&b_188x289.jpgJe parlais de Rimbaud dans ma précédente note, Rimbaud mon compagnon de route depuis tant d'années, celui qui causa mes premiers vols en librairies (amis libraires et bibliothécaires d'Hennebont, ne cherchez plus, ils sont avec moi -), Rimbaud que je laisse de côté de temps en temps mais qui revient sans crier gare, Rimbaud, le dernier que je préfère lire sur papier (et pourtant, il faut être absolument moderne !), Rimbaud à qui je dois un inoubliable séjour à Charleville en compagnie de la femme aimée. 

    Or, voici qu'il vient de refrapper à ma porte m'apportant sur un plateau Adieu, le poème qui clos une saison en enfer. Ce coquin revient alors que je suis en train de me plonger dans l'histoire du christianisme (Il en fait souvent allusion dans son oeuvre mais je n'ai jamais cru qu'il se soit converti avant de mourir). Revient-il pour me narguer, pour me remettre dans le droit chemin ? Je ne sais pas mais qu'il se rassure, païen je suis, païen je resterai ! Rien n'est vanité ; à la science, et en avant !

     

     L'automne déjà ! — Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, — loin des gens qui meurent sur les saisons.
         L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le cœur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.
         Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !
         — Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !
         Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
         Suis-je trompé, la charité serait-elle sœur de la mort, pour moi ?
         Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
         Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?

    __________

         Oui, l'heure nouvelle est au moins très sévère.
         Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, — des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. — Damnés, si je me vengeais !
         Il faut être absolument moderne.
         Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
         Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
         Que parlais-je de main amie ! un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, — j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; — et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

    Avril-août, 1873.

     

  • le royaume, avant-propos.

    Dès que j'ai appris l'existence de ce livre, sa lecture s'est imposée à moi.

    Mais en avant d'en faire le compte rendu dans une prochaine note, je tenais à revenir sur ce que j'ai déjà évoqué sur ce blog à savoir, mon éducation chrétienne. Enfant, j'allais à la messe tous les dimanches, j'ai suivi toute la catéchèse...longtemps je ne me suis pas posé de questions sur la véracité de tout ce que le curé racontait. J'ai grandi avec la présence de la religion  et je vivais avec..je n'avais pas le recul et suffisamment d'esprit critique pour douter. La vie de Jésus faisait partie de ma vie comme l'école ou les loisirs. Ceci dit, je n'en n'étais nullement passionné. Je me rappelle en particulier des messes du dimanche matin à 10:30 à Languidic qui duraient 3/4 d'heures et que je trouvais si longues et ennuyeuses qu'il m'arrivait de regarder ma montre (offerte à ma première communion) 3 fois dans la même minute. Et je ne comprenais rien aux textes des actes des apôtres et tous ces trucs. J'avais honte d'aller communier etc (d'autant que la plupart de mes camarades de classe n'allaient pas à la messe) . Mes doutes sont venus avec l'adolescence. D'où ? D'un peu partout...de mes lectures profanes, de Rimbaud, des cours au lycée (pourtant privé) et puis d'une prise de conscience philosophique...un peu comme un enfant qui a 2 ans n'est pas surpris de voir disparaître un objet ou voir voler un homme mais qui a 5 ans commence à se poser des questions. Croire en la parole de l'évangile n'est pas moins grotesque que de croire au père-noël. Il n'y a pas d'échelle ni de demi-mesure dans le surnaturel : soit on y croit, soit on n'y croit pas. Mais comment un être sensé peut-il croire qu'un homme puisse changer de l'eau en vin, marcher sur les eaux, ressusciter un mort et se ressusciter lui-même ? Or des milliards de gens pensent ces choses qui outrepassent les lois de la physique ?

    Mais revenons à mon éducation. J'ai eu de la chance quand même d'avoir un père progressiste, anti-traditionaliste et très critique vis-à-vis de la richesse de l'église et de ses positions sociétales. 

    Aujourd'hui, j'ai 40 ans et plus que jamais je suis athée..mais on ne sort pas indemne d'une telle éducation (qui je le redis ne fut pas non plus si atroce). Inconsciemment, le discours catholique porte une responsabilité dans la construction de mon être. Jusque quel point, je ne saurais le dire..mais je tenais quand même à dire ici que le message catholique porte  plus de valeurs positives que négatives. C'est un message de paix, d'amour, de fraternité et de pardon. Mon père me dit souvent que le message compte plus que les faits abracadabrantesques qui se seraient passés il y a 2000 ans. Soit. Je me permets même de dire que les valeurs de catholicisme sont plus humanistes que celles de l'islam. 

    Mon idée est que Jésus a existé, qu'il fut une sorte de gourou ayant beaucoup de charisme et de bagou et qu'il a réussi à regrouper autour de lui des disciples sensibles à son discours et que ces derniers un peu fantasques ont réussi à créer une légende autour de leur mentor..jusqu'à enlever le corps de Jésus de son tombeau pour faire croire à sa résurrection. Il n'en reste pas moins que ce Jésus était  porteur d'un message vraiment novateur pour cette époque malgré qu'il fisse partie d'une secte.

    J'ai donc décidé de lire le livre de Carrère de mon plein gré alors que j'ai subi la catéchèse. Je suis devenu maître de mes choix. On ne me l'a pas imposé. 

    A venir donc : le compte rendu du roman d'Emmanuel Carrère. 

  • la parenthèse insolite (fin)

    C’est marrant, j’ai deux fois plus de choses à dire sur ce modeste séjour en Centre-Bretagne que sur notre voyage d’une semaine en Irlande du Sud (que je n’ai quasiment pas évoqué sur ce blog étant donné que j’en ai fait un livre tiré à 5 exemplaires et qui d’ailleurs n’a pas été très bien accueilli par la critique..snif snif). Je peux éventuellement demander à mon éditeur d’en retirer quelques exemplaires si quelques lecteurs sont intéressés -).Il s’intitule ‘Irlande, carnet de voyage’, est publié chez photobox et fait une trentaine de pages. Il ne fait pas partie de la première sélection du prix Goncourt 2014.

    Mais revenons à nos moutons (absents par contre des montagnes noires) et sur la fin de ce séjour, où vous l’aurez deviné il ne s’est rien passé d’exceptionnel, contrairement à ce que je vous ai fait croire...crédules que vous êtes.

    Après le petit-déjeuner susrelaté, nous avons regagné notre suite afin de regrouper nos affaires et avons procédé aux remerciements et salutations d’usage. Après quoi, peu pressés de retrouver la civilisation, les réseaux mobiles et la circulation automobile, nous avons flâné un peu dans le parc, aperçu les écuries d’augias, constaté l’omniprésence des champignons sous les arbres etc. Petite séance photo. Là, j'essaie de poser façon François Hollande, ça le fait ou pas ?

     

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    On aurait pu rester dans les environs afin de découvrir ces fameuses montagnes noires (qui ont donné leur nom à une radio locale basée à Gourin et intitulé Radio Montagne Noire). Avec le recul, c’est un peu mon regret. Mais nous avons préféré descendre le col de Toullaeron. Arrivés à Gourin, alors qu'il nous fallait faire le plein, nous sommes tombés sur cette vieille station tenue par un vieillard en fauteuil roulant qui nous a servi  en nous précisant qu’il ne lui restait qu’un fond de cuve livré 2 ans plus tôt. Nous sommes repartis sur les chapeaux de roue le réservoir rempli d'un carburant bouchonné mais qui ne nous a pas posé de soucis.

     

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    Le Faouët constituait la destination suivante. Nous connaissons tous les deux très bien ce bourg pour y avoir travaillé et folâtré quelques années. C’est un village coquet célèbre pour ses halles et pour avoir été le théâtre au 18è siècle des méfaits d’une racaille nommée Marion. Ce bourg réputé pour ses handburgers au au pain d'épice est une sorte d’oasis dans un désert économique. On a fait le tour de la place et avons dénombré je ne sais plus combien de restaurants ouverts, pas bondés mais presque. Mais c'est une coquette crêperie qui aura l'honneur de nous recevoir. Mais comme il était encore tôt, nous nous sommes rendus sur le célèbre site de Sainte-Barbe...un endroit envoûtant, avec un grand terre-plein surplombant une chapelle bâtie à flanc de falaise dont l’accès se fait par un escalier majestueux.

     

    L’endroit est vraiment remarquable et ce n’est pas un hasard si des allumés un peu mystiques sur les bords viennent s’y ressourcer et pour certains y jouer de la harpe.

     

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    Après la visite des lieux (la chapelle est belle mais pour les photos, ba aidez-vous de google), nous avons pris un kir breton sur la terrasse de la maison de garde. C’était bien. Nous serions bien restés là à humer l'air du temps.

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    Ô temps suspends ton vol, et vous heures propices, suspendez votre cours…

     

    Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,  

    Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

    S'envolent loin de nous de la même vitesse

    Que les jours de malheur ?

     

    Ensuite, nous sommes retournés dans le bourg pour enfourner de la galette. Et puis après, tout se perd en conjectures, ce ne sont qu'errements de villages perdus en villages fantôme et puis voici le sud Bretagne. A partir de quand on a l'impression qu'une frontière se franchit. Peut-être à partir du moment où l'herbe ne pousse plus sur les routes et sûrement aussi quand on passe le Blavet, fleuve de mon enfance au bord duquel j'ai lu tant de romans que ses berges s'en souviennent.

     

    Voilà les amis. La parenthèse se referme. La routine reprend ses droits. D'autres s'ouvriront et se refermeront...Mais je n'oublierai jamais ce séjour dans le manoir de Toullaéron. Et si par hasard, l'un de nos copensionnaires du manoir tombait sur ces pages (ce qui est loin d'être impossible), je veux lui dire que j'ai forcément un peu exagéré le trait car autrement c'est pas drôle. Considérez-vous comme l'un des personnages d'une nouvelle. Je vous aime comme vous êtes. Human after hall.

     

    Loïc LT, 18.09.2014

      

  • la parenthèse insolite (5)

    3031082014 (39).JPGLa fenêtre ne disposant pas de volets, c’est un soleil franc et amical qui nous réveille le matin. La campagne est endormie et nappée d’un petit brouillard inoffensif. Nous avons bien dormi. Personnellement, j’ai fait des rêves étranges ayant un lien avec le souper de la veille. Les parisiens devant partir tôt avaient annoncé vouloir prendre leur petit-déjeuner vers les 08:00 tandis que nous, nous nous étions annoncés pour 09:00. A 09:00, ils devraient avoir fini, non ? D’autant plus s’ils sont pressés. On va peut-être pouvoir petit-déjeuner tranquillement avec les paimpolais qui ne doivent pas être si inintéressants qu’ils l’ont laissé transparaître hier soir étouffés qu’ils étaient par la puissance de feu parisienne.

     

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    Manque de bol, lorsque nous arrivons dans la grande salle, les fiers sont toujours là et discutent avec une dame revenue du mariage de Roudouallec. Cette vieille dame, à la voix enrouée typique des fumeuses, se révèle être dans le genre, (je sais tout, j’ai tout vu)  une concurrente de taille aux parisiens. D’ailleurs, une discussion est déjà engagée. Cette nouvelle venue est nantaise et a travaillé toute sa vie à Paris. Nous voilà bien ! Nous nous intercalons tandis que les paimpolais arrivent comme un cheveu sur la soupe. Nous voilà donc tous à nouveau réunis prêt pour de nouveaux échanges inutiles. La parisienne ne semble pas trop réveillée. Elle n’est pas maquillée et ressemble à une femme qui a grimpé aux rideaux jusque tard dans la nuit. C’est donc la nantaise pleine de gouaille qui prend la direction des opérations.

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    Le petit-déjeuner est copieux, les confitures sont faites maison. Il ne manque rien.

    L’identité de Nantes constitue le thème de ce séminaire matinal. La nantaise affirme que Nantes n’est et ne sera jamais bretonne. Je me fous un peu de ce débat mais j’affirme avec aplomb que Nantes est plus bretonne que Rennes (qui se situe en pays Gallo). Mais je remarque très vite que la nantaise fait partie de ces personnes qui entendent sans écouter surtout quand le propos ne leur plait pas. Par ailleurs, elle nous fait part de son admiration pour l’ancien maire JM Ayrault. Voilà donc, j’ai trouvé la seule fan au monde de l’ancien premier ministre.

     

    3031082014%20%28108%29.JPGCette discussion qui tourne en rond a assez duré. Elle amuse un peu les parisiens..qui par ailleurs sont surpris d’apprendre que bien que je sois de la région, je ne sois pas fan du folklore local (musique bretonne etc).C’est incroyable les préjugés que ces gens peuvent avoir à propos des paysans provinciaux (n'empêche qu'en Bretagne, les sous-sols sont fermes et nous ne risquons pas de nous retrouver brutalement engloutis dans les entrailles du globe -).

    La parisienne, toujours un peu endormie me fait part de l’avancement de son enquête concernant l’hôtesse des lieux. Avant de racheter ce manoir, elle était magistrate..mais n’en sait pas plus. De retour à la maison, j’apprends sur le net qu’elle était spécialisée dans les droits de l’enfant. Décidément, cette aubergiste nous cache bien des secrets.

    Les parisiens doivent s’en aller. On se dit au revoir aussi simplement que si on allait se revoir très vite. Dans ces cas-là, on devrait se souhaiter ‘longue vie’. Peu après le départ des fiers mal réveillés, un couple de vieux débarque, également rentré cette nuit de cet énigmatique mariage à Roudouallec. Lui a l’air bougon et il lui manque un bras, elle, a l’allure bourgeoise mais semble de bonne compagnie. Evidemment ils connaissent la nantaise.

    Les franciliens partis, les paimpolais toujours mutiques, l’ambiance change quelque peu. La nantaise a perdu des auditeurs dignes de l'écouter et doit se contenter des convives inconsistants qui restent.

    Le bougon engage alors une discussion technique et surréaliste avec Prisca à propos de la différence légale entre les chambres d’hôtes et les hôtels traditionnels. Un dialogue de sourds s’instaure. Lui reste le nez dans son bol de thé et semble sûr de ses dires..tout comme Prisca qui ne se laisse pas impressionner. Moi j’erre dans la salle, prends des photos et m’interroge sur les rapports humains. Je me dis que chaque couple est un pays différent avec ses modes de pensées, ses codes etc et qu’on ne peut fondamentalement pas se comprendre. Pour s’en sortir, on ne fait qu’effleurer les choses. Communiquer est donc vain.

    A suivre,

    Loïc LT

     

  • Auray-Vannes 2014 : compte rendu

    Aujourd’hui, j’étais dans un jour 'avec'. Cette course que j’appréhendais parce qu’elle m’a jusque là laissée que de mauvais souvenirs s’est déroulée merveilleusement bien. Pourquoi ? Je l’ignore.

    En tout cas, au moment du départ, j’étais pas fier. Au pied du mur. Pour ne pas reproduire les erreurs du passé, j’opte pour un départ down tempo. De toute façon, je ne vise qu’un chrono de 2 heures. Ça me laisse une marge de manœuvre. En 2013, visant les 01h45, je me suis très vite carbonisé à vouloir suivre le meneur d’allure à 01h50.

    Départ toujours aussi dantesque. Des coureurs à perte de vue, une musique rythmée crachée par de puissants haut-parleurs. Les premiers kilomètres se passent bien, trop bien même, j’ai peur de très vite payer mes ardeurs. Mais c’est plus fort que moi. J’ai distancé le meneur d’allure à 02h00 ainsi que l’ami qui m’accompagnait. Il fait beau mais la chaleur n’est pas si accablante qu’attendue. Il y a un même un petit vent d’est pas désagréable.

    Je fais les 5 premiers kms à la moyenne de 5mn au km. La petite côte de Baden est avalée sans difficulté. Ensuite, ce sont de longues lignes droites (bien plus difficiles à gérer que les quelques bosses largement surestimées par les habitués de la course).

    Je profite évidemment des nombreux ravitaillements pour me désaltérer et me jeter des seaux d’eau sur la tête. Les 10 premiers kms sont parcourus en 50.51mn (contre 53.42 l’année dernière alors que je m’étais bien plus entraîné). Aucun signe de crampe (alors qu’elles avaient déjà commencé en 2013).

    C’est un vrai plaisir de courir quand ton corps répond présent. Plein de choses te passent par la tête, tu regardes le paysage, tu discutes un peu avec des concurrents.

    15km en 01h17. J’ai baissé un peu le rythmemais rien de bien méchant...d’autant que j’ai l’impression que je peux aller plus vite. Seulement j’ai peur qu’à un moment ça coince. Toujours en mémoire les précédentes participations.

    15km quand même, il ne m’en reste plus que 6. 6, c’est rien et je n’ai pas le début d’un commencement de fatigue.

    Arrive la côte du Vincin dont la seule difficulté est d’être située en fin de parcours. Ça peut être la côte de trop pour certains organismes fatigués...et bien cette côte, je ne l’avale pas, je la bouffe, je l'annihile. Cette côte n’existe plus, je l’ai détruite. J’entends même quelqu’un dans le public qui dit ‘c’est maintenant qu’il se réveille celui-là’. Après le Vincin, voici les faubourgs de Vannes.

    Là, j’admets je commence à  ressentir le prix des efforts. Je sens des crampes frapper aux portes. Mais je suis remonté à un rythme de 5mn au km !

    Arrivé au stade de Kercado, je finis au sprint et réalise 01h48 alors que je visais 02h00. Quel regret de n’avoir commencé à m'entraîner que depuis 1 mois, de n’avoir fait que 2 fractionnés…

    On apprend qu’un coureur de 30 ans est mort d’une crise cardiaque à l'entrée du stade. C’est une tragédie mais cela montre aussi  qu’il y a des risques. Le sport est bénéfique pour le corps mais poussé dans ses retranchements, on ne sait jamais comment il peut réagir. J’ai une pensée pour ce coureur dont la vie s’est terminée sur le bord de la route.

    Loïc LT

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    Ceux-là, je ne les vois jamais. bizarre, non ?

  • Auray-Vannes : J-1

    07:35, samedi matin. Brouillard matinal. Cela va se lever en cours de matinée. J'entends le coq qui chante et regarde la grande librairie en replay. L'invité principal est Emmanuel Carrère dont je suis en train de lire le dernier roman le royaume (après moult tergiversations).

    Aujourd'hui je vais faire le plein de pâtes. J'ai acheté deux sachets de riz cantonnais de Oncle Ben's aussi pour demain matin. 

    Parlons des objectifs. Contrairement aux autres années, je ne me donne aucune pression de ce côté-là. Par le passé, j'ai fait 1:40 et 01:50. Cette année, je devrais tourner si j'en crois mes dernières séances d'entrainement sur longue distance aux alentours de 02:00. Donc le petit objectif serait de faire moins de deux heures, ce qui donne du 5.41MN au km. Jouable mais méfiance. Cette course n'est pas comme les autres. Rien ne se passe comme prévu. 

    Pour cette fois, je veux prendre du plaisir. Mais le soucis est qu'il arrive que quand les jambes ne veulent pas,il n'y a à rien à faire et c'est d'ailleurs quelque chose de bizarre. Avoir la patate ou pas ne répond à aucune cause logique. Il m'est arrivé à l'entrainement de faire des footings énormes avec de bonnes sensations sans n'avoir rien dans le ventre et après avoir pris une cuite la veille. A contrario, j'ai raté des sorties que j'avais pourtant minutieusement préparées. Le corps a ses raisons que la raison ignore. 

    Prendre du plaisir donc. Cela veut dire, admirer le paysage, discuter avec d'autres compétiteurs, regarder les fesses des filles, réfléchir sur plein de choses (car j'ai remarqué que plein d'idées me viennent à l'esprit lorsque je cours). Dans cette optique, j'ai l'intention de m'arrêter une minute à tous les ravitaillements. 

    Voilà donc, mes trois lecteurs. A bientôt !

    Loïc LT

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  • Auray-Vannes : J-2

    Le semi-marathon Auray-Vannes se court comme son nom l'indique entre Auray et Vannes, deux villes du sud-Morbihan situées au bord de l'Atlantique. Mais on ne voit jamais la mer pendant la course...et c'est bien là son principal défaut. Comme de fait, le circuit emprunte la départementale 101, une route quelconque et sans âme qui longe la mer mais de loin...En plus d'être monotone, cette route peu ombragée est relativement cabossée. Pour un coureur à pied, c'est un enfer...d'autant plus qu'il y fait toujours chaud. Le dimanche 14 septembre 2014 ne dérogera pas à la règle :

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    25° à l'ombre, ça fait combien au soleil...30, 35, je ne saurais dire..Le chaleur sera donc le premier ennemi du coureur, plus d'ailleurs que les bosses tant redoutées mais qui en fait ne sont pas si méchantes.

     

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    L'entrée dans le bourg du Bono constitue la première difficulté. C'est une courte bosse mais très raide...à même de briser les ardeurs de tous les innocents partis la fleur au fusil. Après, d'autres bosses se succèdent. Les crampes apparaissent. De toute ma vie de jogger, je n'ai réellement souffert de crampes que dans cette course..dès le 10ème km même..Pas d'explication. Auray-Vannes est un enfer de A à Z. Tu le sais avant le départ et donc tu n'es surpris de rien.

     

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    Un moment, tu tombes sur un participant dont l'allure semble te convenir. Tu te dis que tu es en capacité de le suivre. Ce que tu fais...erreur..car règle de base de ce semi-marathon : chaque coureur que tu penses  pouvoir suivre finit par te dégoûter de la vie. Nulle fringale, nul épuisement...il va son chemin tranquillement et contrairement à toi ne souffre pas. Va donc cher inconnu, tu n'es que l'avatar de mes anciens camarades de classe et amis, le blond de Gad Elmaleh. Il y a des gens touchés par la grâce. 

    La course à pied est l'école de la vie. Rien ne se passe comme prévu. Tu as un beau établir une stratégie de course, elle part très vite en fumée. Alors, tu te retrouves seul en compagnie d'un fardeau, d'un terrible fardeau : ton corps..qui n'a plus aucune ressource..telle une auto sans carburant que tu tentes en vain de mener à son terme en profitant des descentes où tu peux rouler au point mort.

    Tu devines des gens au bord de la route, des milliers de gens qui sont venus pour te supporter mais tout cela te semble vain. Tu penses à des moments de joie, de détentes, les réveillons de noël, les après-midi d'été dans le hamac à lire du Simenon, les soirées d'hiver au coin du feu à lire du Modiano...tu es tellement mal que tu te dis que tu ne t'en sortiras pas. 

    Alors arrive la ville ! Vannes-ville-monde. D'abord c'est un faubourg aussi élégant qu'une belle rue de Paris. Le stade n'est pas loin mais si loin en même temps. Est-il permis de souffrir à ce point ? 

    Le stade et sa surface si douce sur laquelle il faut encore courir, encore souffrir. Ce matin encore, j'avais prévu  sprinter, puiser dans mes réserves pour faire bonne figure... mais c'est impossible, je ne suis plus que fatigue et souffrance. Le corps a abdiqué. Mais je suis en vie !

    En vie !

    Scénario catastrophe ou réaliste..verdict dimanche. 

    Loïc LT

  • la parenthèse insolite (4)

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    Nous nous levons et rejoignons la grande salle. Un couple est déjà installé et un autre nous succède. Nous voilà donc tous réunis, inconnus et exagérément polis.  Prisca et moi nous plaçons au milieu, un couple de parisiens guindé d’un côté et un couple de paimpolais pas fiers de l’autre. C’est bien la première fois que je me retrouve dans une telle configuration. L'hôtesse sert une quiche (faîte maison va sans dire) et pris dans un élan insensé, je m’auto-désigne pour la couper en faisant bien attention à me garder la plus grosse part...On me regarde faire religieusement mais j’ai beaucoup de mal car la pâte est dure et le couteau sans scies ! Les gens servis, la discussion peut commencer...on débute par les présentations : les braves gens du 22 sont de Paimpol et les fiers à notre droite de Ivry. Je ne me souviens plus  trop du détail de nos échanges..mais ce fut globalement un échange de banalités courtoises sur les régions de France, la beauté de la Bretagne, l'impolitesse des allemands en vacances en France, l’écologie, la supercherie Tripadvisor, le gaz de schiste etc etc. Le type du 91 a commencé à beaucoup me contredire mais ça m’amusait plus que ça m’agaçait (car qu’avons nous à faire des gens qu’on voit quelques heures et que nous ne reverrons plus). La femme du 91 enfile des anecdotes et sait tout sur tout. Un moment au cours du repas, j’essaie de la coincer lançant le sujet sur le problème qui constitue le sous-sol de la capitale constitué d'un gruyère friable qui risque de s’effondrer à tout moment. Manque de bol, la dame travaillant à la ratp est renseignée sur la chose et nous annonce que l’effondrement de Paris est une hypothèse qui inquiète la société de transport. Autrement,  elle comme moi sommes très curieux de la vie de la dame du manoir . Elle l’a déjà ‘interrogée’ mais elle est peu bavarde. En tout cas, c’est vrai que pour une hôtesse, elle est assez effacée. C’est sa personnalité dis-je, c’est aussi la caractéristique des finistériens complète Prisca (je rajoute aujourd’hui que les les finsitèriennes du sud sont différentes..trop bavardes et trop à l’aise..je ne les aime pas). Il faut apprendre à la connaître. Un moment, après le plat de résistance, alors qu’elle vient retirer les assiettes géantes, je la bombarde gentiment de questions...et elle se prête très bien à cet interrogatoire en règle. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais j’ai juste une chose à dire : la dame gagne à être connue. Gérer seule ce manoir et toutes les contraintes qui vont avec lui semble naturel...alors que nous sommes tous ébahis devant le travail qu’elle a fait toute seule depuis qu’elle l’a racheté. Contrairement aux apparences, ce manoir situé loin de tout, loin de la mer et des villes fait continuellement le plein...même en plein hiver où des commerciaux viennent y passer des nuits. Comme il doit être agréable d’y passer une soirée d’hiver au coin du feu ! Des discussions superficielles se poursuivent dont je suis un peu l’élément central. Le couple de Paimpol, mal à l’aise ne dit mot. On apprend quand même qu’elle, est serveuse dans un restaurant et que lui fut un ébéniste spécialisé dans les meubles rustiques de chez rustiques, c’est à dire très chargés et pour tout dire très moches. Sinon, les parisiens nous demandent quels pays du monde nous avons visités...

    Après le dessert, chacun s'apprête à rejoindre ses appartements. Les parisiens vont dormir dans la chambre du cocher (disposant de deux lits simples séparés par une armoire -)), les paimpolais, dans la chambre du jardinier et nous dans la chambre pompeusement nommée 'chambre des bonnets rouges'. La dame nous signale que d’autres hôtes invités à un mariage à Roudouallec rentreront tard dans la nuit (comment, on se marie encore à Roudouallec ?, m'exclame-je pensant faire mon malin) . Soit. Le type du 91 annonce ouvertement qu’il a remarqué quelques bandes dessinées dans la bibliothèque du salon et qu’il va aller s’en lire une. Ce à quoi je lui réponds que je déteste les bd. Il me foudroie du regard et part en claquant la porte. (nan je déconne).

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    De retour dans la chambre, nous refaisons la soirée, nous nous moquons des autres et affirmons notre sympathie pour le couple du 22 qui n’a pas sorti un mot de la soirée. Quant aux parisiens, ils sont courtois, pédants et font des manières. Il y a juste la curiosité de la parisienne (qui fait sa miss Marple) qui nous amuse.

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    La nuit est tombée depuis longtemps sur le manoir. On entend des bruits bizarres, des gens qui se déplacent, des meubles qui bougent, des vibrations, des craquements, des  chouettes qui chuintent, des chasses d’eau qui chassent de l'eau. L'angoisse peut commencer.

    Loïc LT

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  • CR265 : on ne voyait que le bonheur - Grégoire Delacourt

    delacourt.08c70161538.w400.jpgOn ne voyait que le bonheur est le titre idéal pour ce roman. On ne voit que le bonheur...de nos voisins, de nos amis membres de cette fameuse classe moyenne on ne voit qu’une face, la plus reluisante, la plus lisse, tout semble aller pour le mieux chez eux alors que chez nous, il y a plein de failles, des gouffres parfois. Comment ils font les autres pour vivre dans le bonheur perpétuel ?

    Mais évidemment, on n’est pas dupe. Tout n’est qu’apparence. Une pelouse bien tondue, deux bons boulots et des enfants beaux et studieux ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Je ne sais plus qui disait que toutes les familles sont des asiles de fous, la folie quotidienne, c’est au cœur des familles qu’elle s’épanouit mais c'est là qu’elle est aussi la moins visible des autres parce qu’en circuit fermé, parce que le secret de familles est le mieux gardé. C’est un peu ma conclusion de ce roman d’un auteur que je ne connaissais pas. Le narrateur évoque son enfance. Son père est un chimiste séduisant  qui travaille dans une droguerie où il peut préparer sur demande des mixtures répondant aux besoins de ses clientes. Il ne vend pas de poudre ni de munitions.  Je ne sais plus ce que fait la mère. Deux jumelles arrivent, Anna et Anne mais Anna (ou est-ce Anne)  meurt dans son sommeil (c’est ce qu’on croit dans un premier temps). Et tout se délite dans cette famille normale. La mère s’en va et finit son existence dans la misère. La jumelle rescapée encore sous le choc de la perte de sa sœur n’arrive plus à prononcer qu’un mot sur deux. C’est compliqué. On est pudique dans cette famille, on ne parle pas des choses essentielles.

    Et puis Antoine le narrateur évoque ensuite sa famille à lui, celle qu’il a construite avec Nathalie, une jolie rencontrée dans un magasin. Il  est expert en assurance et son but est d’être salaud et de mauvaise foi envers les assurés pour que la compagnie débourse un minimum. Un jour, par pitié pour une assurée enceinte, il décide d’accepter de bien la rembourser en établissant une fausse expertise. Il se fait virer. Nathalie le trompe et elle se barre puis revient. Ils font un deuxième enfant. Mais ça ne tourne pas rond : Antoine a peur que le mal-être soit génétique et dans un accès de folie tente d’assassiner sa fille aînée afin de lui épargner un même type d'existence...mais il la rate et elle a le visage défiguré.

    Voilà à peu près l’histoire. T'as compris Julie ? C’est écrit très simplement, les phrases sont courtes mais percutantes. Je trouve que l’ensemble se tient mais c’est le type même de roman qu’on oublie vite...pas assez long, pas assez approfondi. Il est sélectionné pour le Goncourt mais il ne l’obtiendra pas du fait de son manque d’ambition

    Mais le sujet des familles comme autant d’asiles de fous m’interpelle et correspond à ma pensée. C’est bien sûr romancé et exagéré ici mais les fondamentaux sont là. On ne voit que le bonheur. Parfois je me demande même si le bonheur ne se cache pas derrière ceux dont on ne voit que la misère.

    rentrée littéraire 2014. lecture : septembre 2014. kindle. 3/5

    Loïc LT