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  • CR264 : l'amour et les forêts - Eric Reinhardt

    l'amour et les forêts.jpgA peu peu près tous les trois ans, Eric Reinhardt  sort un nouveau roman avec toujours la même ambition : épuiser un sujet (ou une histoire plutôt car il ne traite jamais qu'un sujet) grâce à une écriture ample et fluide. L'amour et les forêts ne déroge pas à la règle. On y retrouve ce style unique, cette fougue, ce torrent dans lequel on s'engouffre sans pouvoir se défaire. Pour ce dernier, l'écrivain revient sur Cendrillon, son meilleur roman (qu'il craint ne jamais pouvoir égaler). Il reçoit une lettre remarquable d'une lectrice, Bénédicte Ombredanne qui lui explique en quoi Cendrillon a changé sa vie. Ils décident de se rencontrer à Paris, au café de Nemours ou ER a ses habitudes. Il ne sait pas encore que cette rencontre va bouleverser sa vie. 

    Julie se confie à Eric. Prof de collège (ou de lycée je ne sais plus), mariée à Jean-François, un employé de banque psychorigide, elle a deux enfants et vit dans l'est de la France. Elle s'ennuie, a soif d'idéal et décide suite à une sorte de bizarroïde pétage de plomb de son mari de s'inscrire sur Meetic où elle fait la connaissance de Christian chez qui elle  va passer une après-midi poético-sensuelle inoubliable. Quand elle rentre chez elle, c'est le début de la fin. Son mari la soupçonne de tromperie (ce qu'elle nie) et se fait de plus en plus oppressant. Elle devient dépressive et fait un séjour en hôpital psychiatrique. Et l'écrivain qui n'a plus de nouvelles d'elle depuis plusieurs mois n'est pas au bout de ses surprises. 

    ER qui nous avait habitué à étudier les gens par le prisme de l'analyse socio-économique (Cendrillon, le système Victoria) oriente avec l'amour et les forêts sa plume vers l'intimité et les rapports familiaux. Comme on pouvait s'y attendre, il s'en sort à merveille. On ne sort pas indemne de ce récit mené tambour battant. Une nouvelle fois, il utilise son arme favorite : les longs monologues dans lesquels se lancent les protagonistes à la façon du narrateur dans extinction de Thomas Bernhard (la référence qui tue et que personne ne va aller vérifier -) . Mais ces derniers ont le défaut de leur qualité : comment est-il concevable  que des discours portés par des personnes différentes (Jean-François, Marie-Claire) se ressemblent à ce point stylistiquement parlant et surtout s'avèrent être à chaque fois des monuments littéraires ? Mais que l'écrivain se rassure (et qui s'en fout surtout), le même reproche peut être fait à Choderlos De Laclos et à d'autres. Par ailleurs, soyons exigeants avec ceux qu'on aime, la fameuse après-midi avec Christian est dégoulinante de mièvrerie et Jean-François est trop peu complexe pour être crédible. 

    N'ayant pas lu d'interview de l'auteur au sujet de ce roman (qui sorti chez Gallimard bénéficie d'une grosse publicité), je ne suis pas en mesure de dire si cette histoire est vraie ou non...ce qui ne change rien à sa force ainsi qu'à celle de son analyse. 

    lecture : août 2014, kindle, 4/5. 

  • les pharisiens et les publicains

    politiqueLa  politique m'intéresse...en tout cas plus que la moyenne des contribuables qui m'entourent. Par exemple, je connais le nom du premier ministre (contrairement à la moitié de la population française...bon j'exagère un peu mais à peine) et je peux même citer le nom de tous les premiers ministres depuis Henri IV né Henri de Bourbon et surnommé Henri Le Grand. Mais si je ne parle plus de politique ici c'est que je suis autant dégoûté par l'actualité politique (et encore plus depuis la séquence pitoyable qu'on vient de vivre ) que par l'absence de saveur des raisins blancs italiens qu'on trouve à 1€/kg au Carrefour de Grand-Champ.

    Un type talentueux qui s'appelle Arnaud Montebourg ayant le verbe haut  occupe la fonction de ministre de l'économie. Il s'agit d'un poste stratégique au regard l'inertie de l'économie et le niveau de la dette (ceci dit je ne suis pas pour la croissance).  Il y a de quoi faire même si c'est difficile parce que la France ne se laisse pas réformer si facilement, voire pas du tout même. Le problème c'est que Montebourg voulait réformer (comme tout le monde)...mais à l'envers..c'est à dire laisser filer le déficit et donc la dette. Avec un minimum de bon sens, on sait que c'est le contraire qu'il faut faire. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il affirme être en désaccord avec la politique d'austérité menée par le président de la république. Si seulement cela pouvait être vrai, je serais le premier défenseur de F.Hollande. Mais ce n'est pas du tout vrai. Je mets quiconque au défi de me donner au moins un exemple concret qui pourrait prouver cette politique d'austérité...vous pouvez chercher il n'y en a pas. Donc, en fait en bon pharisien qu'il est, Arnaud Montebourg reproche à François Hollande de mener une politique que ce dernier ne mène même pas et qu'il ne mènera jamais. L'exécutif fait du surplace, fait semblant de réformer par des mesurettes à la marge. Il utilise de grandes phrases pour faire illusion, additionne les 'pactes', les 'chocs' , les 'assises' et les 'soubassements'. Le Verbe est roi, l'action passe après. C'est vraiment dommage parce que je pense que les socialistes ont plus la possibilité de réformer que les militaires (dont personne ne souhaite la prise de pouvoir). 

    Alors bon, j'aimerais croire que ça va changer, qu'ayant touché un plancher dans les sondages, Hollande se dise 'je n'ai plus rien à perdre, maintenant je passe à l'action..quitte à descendre encore et à me bloquer le dos'. Un moment, il faut peut-être que les hommes d'état se décident à sacrifier leurs ambitions personnelles au nom de l'intérêt du pays mais je doute que Hollande en fasse partie. Il n'a strictement rien fait depuis deux ans, pourquoi ça changerait. Et puis le problème qu'on a en France c'est que les politiciens sont des carriéristes et que pour être réélus ils doivent ménager la chèvre et le chou et distribuer les journaux le matin. 

    Tout ce que je dis a déjà a été dit, c'est facile de pianoter sur son clavier mais il fallait que ce soit redit. Et puis je ne suis pas partisan, je ne suis plus...je suis juste partisan du courage et du volontarisme qu'ils soient de droite ou de gauche (et je défends Amazon face aux requins bouledogue de l'édition hexagonale). Et puis je suis surtout favorable au transfert de tous les pouvoirs économiques aux publicains de Bruxelles, n'en déplaisent aux pharisiens. 

    Et n'oubliez-pas, c'est oracle ce que je dis

    Loïc LT

    * pharisien : personne qui, sûre de soi, juge de haut, avec orgueil et dureté, les actions ou les opinions des autres.

    * publicain : homme d'affaire, appartenant généralement à l'ordre équestre, qui par contrat avec l'autorité civile est autorisé à collecter les taxes en son nom.

  • CR263 : voyage de noces - Patrick Modiano

    voyages de noces.jpgOn retrouve dans ce livre toutes les obsessions de Modiano, comme on dit. Le narrateur, un type un peu désabusé (comme tous les narrateurs chez Modiano) et explorateur décide au lieu de partir vers une nouvelle expédition en Amérique du Sud (et sans en informer ses amis qui pensent qu'il a pris l'avion)  d'aller s'enterrer dans un hôtel en périphérie de Paris afin de retrouver la trace d'un couple d'amis, Rigaud et Ingrid qui l'avait pris en stop 30 ans plus tôt pendant la guerre alors qu'il se rendait dans le midi pour rien faire en particulier. Sans jamais l'évoquer, on devine qu'Ingrid cherche à fuir la Gestapo. Le couple se déclare en voyage de noces. Quelques années plus tard alors qu'il traîne sa misère à Rome, le narrateur apprend qu'une fille qui se trouve être Ingrid vient de se suicider dans cette même ville et dans le même hôtel que lui. Le monde de Modiano est petit, les gens se retrouvent morts ou vivants  un peu trop facilement...ou alors pas du tout. 

    Retour au présent. Le narrateur qui s'appelle Jean  retrouve dans ces lieux périphériques de Paris qu'il semble apprécier l'appartement où vécurent Rigaud et Ingrid. Celui-ci est vide et n'a pas été habité depuis que Rigaud l'a quitté et le propriétaire ne voit aucun problème à le lui louer. Dans cet appart, il ne reste pas beaucoup de traces de Rigaud à part une paire de skis et une lettre administrative où il est question d'un déménagement. 

    On apprend sur la fin que le père d'Ingrid a été enlevé par la Gestapo mais on ne sait pas pourquoi elle est allée se suicider à Rome des années plus tard...le poids du passé peut-être...Avec Modiano, on reste toujours un peu dans le flou et c'est ce qui fait le charme de ses romans. Celui-ci est un bon cru avec peut-être une petite particularité par rapport aux autres...laquelle, je ne saurais trop dire...peut-être un narrateur plus entreprenant, plus dans le feu de l'action...

    année de parution : 1990 ; lecture : août 2014, 4.5/5. kindle.

    Un nouveau Modiano pour octobre : pour que tu ne te perdes pas dans le quartier

    Loïc LT

  • (archives du blog). de la réalité de la crise.

    Comme je ne suis pas très inspiré en ce moment, je recycle des vieux articles que j'estime potables. Celui date de 2011 et mon opinion reste la même. 

    La crise (je mets toujours ce mot entre guillemets, je ne l'assume pas, voyez-vous) est avant tout une affection qui touche le langage. On dit que nous sommes en crise donc nous le sommes (je mets là en avant m’a dit un collègue le concept du discours performatif : c’est le fait de parler d’une chose qui la rend réelle).  Après personne ne prend la peine de vérifier sa réalité dans le quotidien. Tout juste va-t-on balancer des poncifs du genre “la vie est chère, il  y a de plus en plus de pauvres”. Ça ne mange pas de pain et ces idées reçues maintes fois ressassées depuis aussi longtemps que le capitalisme existe nous confirment dans l’idée de la crise. 
    Gambetti m’affirmait que le système capitaliste était à bout de souffle, qu’il était en train de s’autodétruire. Je ne comprends pas pourquoi il m’a dit ça : lui même a un bon job et il vit dans une belle maison nichée au cœur d’une vallée luxuriante. En fait pour lui comme beaucoup de monde, la crise n’a d’existence qu’à travers le discours médiatique. Si les médias lui avaient fait croire que depuis 5 ans l’Europe connaissait une forte expansion, ça aurait été pareil. Il l’aurait intégré au réel à peu près aussi facilement que la crise (je dis à peu près car le français se méfie toujours des médias quand ils sont trop positifs).
    Mais bon sang, ai-je répondu à Gambetti, va dans les bars, les restaurants, sur les plages, sur les aires d'autoroutes, regarde les maisons sortir de Terre, les files d'attente dans les supermarchés, les grosses bagnoles...elle est où la crise financière dans tout ça ? Pour 80% des gens, la crise est un concept abstrait dont ils ne découvrent la réalité que par les médias. Pour les autres, c'est dur, crise ou pas crise, ça l'a toujours et ça le sera toujours. C'est le principe même du système que de laisser des gens sur le bord de la route (tout en les aidant par la redistribution, ce qui est normal) pour que les autres aient envie de se battre pour ne pas rejoindre les premiers...et puis pour que les premiers gardent l'espoir d'y arriver.
    Il ne peut pas exister de système idéal où tout le monde serait heureux (encore que les plus pauvres ne sont pas tout le temps les plus malheureux) car il s'effondrerait sur lui-même car les gens ne verraient pas l'intérêt de se casser le cul.

    Je ne vois pas ce qui pourrait remplacer le capitalisme, assénai-je à Gambetti. Aucun théoricien économique n'a encore rien trouvé quoi que ce soit car il se confronte tout le temps à la nature même de l'être humain qui est d'être libre, consumériste et dont le penchant individualiste est plus fort que son attirance pour la collectivité. Et quand bien même, un esprit éclairé trouverait un système alternatif et que ce dernier était porté par un parti politique qui arriverait au pouvoir et le mettrait en oeuvre (admettons hein...), il n’y aurait pas d’autre solution pour que ce nouveau système s’installe dans la durée, d’empêcher que des élections aient lieu car à chaque fois, ce serait la menace de voir un parti pro-capitaliste les gagner.

    Loïc LT

  • CR262 : au rendez-vous des Terre-Neuvas - Georges Simenon

    20080506Maigret_au_rendez_vous_des_terre_neuvas_02.jpgCeci est le compte rendu de la lecture d’un roman policier. Le roman policier s’intitule au rendez-vous des Terre Neuvas et il fut écrit en 1930 par l’’écrivain belge Georges Simenon. Il  traite de la mort du capitaine d’un bateau de pêche juste après le retour d’une campagne à Terre-Neuve qui aura duré 3 mois. Le commissaire Maigret dont le prénom est Jules est sur place. Le commissaire est un fin limier...mais il n’a pas de chance, partout où se trouve que ce soit en vacances ou en visite familiale, un meurtre est commis. Mme Maigret est là aussi. Le couple loue une chambre dans un petit hôtel sans allure du port de Fécamp. Car l’histoire se situe à Fécamp en Normandie. 

    Mais je dis un peu n’importe quoi. C’est mon droit. Maigret est venu à Fécamp (alors qu’il s’apprêtait à partir en Alsace avec Mme) parce qu’un de ses amis quimpérois lui a demandé d’y aller afin de tenter de prouver l’innocence du présumé coupable qui jadis fut son élève. Ce présumé était le télégraphiste a bord de l’Océan (le bateau). Et tout porte à croire que pour des raisons encore inconnues, il ait tué le capitaine Fallut.

    Maigret entre ‘en action’...fidèle à lui-même. Il écoute les conversations dans les bistrots de pêcheurs, hume l’atmosphère du port, se fait psychologue. On est loin des ‘experts Miami’. On est dans le vrai, au coeur de le complexité des rapports humains.

    Et puis lire Maigret, c’est aussi se plonger au coeur de la France de l’entre deux guerres (et d’après guerre par la suite). Mais c’est la France du peuple que convoque l’écrivain, des gens de peu, qui triment pour s’en sortir...et c’est cette France des petits métiers, des troquets à tous les coins de rue, du marchand de lait qui passe tous les matins.

    J’ai aimé ce polar à la fin duquel Maigret résout l’énigme mais décide comme il fait parfois de ne pas poursuivre le coupable parce qu’il estime qu’il avait des raisons légitimes de passer à l’acte. Je ne sais pas si ça s’est fait vraiment ou si ça se fait encore aujourd’hui. Je l’ai aimé car j’aime les Maigret maritimes...le Maigret des écluses, des péniches et des petits ports de pêche où il ne fait pas bon traîner seul le soir.

    Je l’ai lu dimanche après-midi. C’était un dimanche triste, le ciel était bas et certains jours d’été provoquent chez moi une sensation de vide et d’absence qui m'amène à lire un Maigret.

    lecture le 17.08.2014. kindle. année de sortie : 1931. note : 4.5/5

  • [soirée ciné] : Lucy - Luc Besson

    Comme concept de base de son nouveau film de science-fiction, Luc besson utilise l’idée éculée selon laquelle l’être humain n’utilise que 10% de son cerveau. Ce qui constitue une matière idéale pour ce genre de film puisque tout de suite, même sans connaître le pitch, on devine à peu près comment l’affaire va se goupiller. Pour le reste, les ingrédients sont classiques : une belle fille à savoir Scarlett Johansson (celle qui voir ses facultés intellectuelles se multiplier suite à l’ingurgitation accidentelle d’une grosse quantité de drogue), des méchants dealers chinois armés jusqu’aux dents et puis, cerise sur le gâteau, un scientifique (Morgan Freeman) et professeur respecté censé donner une caution sérieuse au film. On fait une tambouille en s’inspirant de Matrix, d’Inception et du Cobaye, on gave le tout d’effets spéciaux et basta.

    Inutile que je fasse un résumé, on le trouve partout et il ne présente pas beaucoup d’intérêt. Luc Besson étant un réalisateur français, on espère un petit supplément d’âme...mais on peut attendre...et la comparaison de la cruauté de l’homme avec la sauvagerie du monde animal au début du film fait un peu trop ‘gros sabots’. La fin se termine en un méli-mélo intersidéral. Mais on est à des années lumière (pardon pour le jeu de mots) de 2001 l’odyssée de l’espace mais pourquoi je dis ça, c’est tellement évident…

    Sinon, même si le film est totalement dénué d'humour ou de dérision (genre Terminator 2), j'ai rigolé parfois...mais c'est juste que ça me fait toujours bidonner de voir la réaction des gens devant des situations paranormales. 

    Lucy est au cinéma ce qu’un bonbon Regalia est à l’alimentation. C’est bon, agréable, ça se mange vite mais ça ne sert à rien.

    Loïc LT