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littérature - Page 34

  • souvenirs de lectures : passages avec zone.

    6eb0cb8eee4a3a438de587d4ff550123.jpgDans tous ces livres que j'ai lus dernièrement, il arrive évidemment qu'il soit question de terrains vagues. Et comme le terrain vague est un peu le fîl rouge de ce blog, (thème que d'aucuns jugeront profondément débile), j'ai décidé de retranscrire ici certains des passages en question. Et pour inaugurer cette série, il m'est revenu à l'esprit un passage exquis de je m'en vais de Jean Echenoz, livre que j'ai beaucoup aimé, je le rappelle.

    J'extrapole un peu le thème du terrain vague à des zones industrielles désertes et les zones péri-urbaines sans intérêt. Terrain vague au sens large donc...(voilà une note qui ne risque pas de faire monter l'audience - très basse - de ce blog ! Mais on s'en fout, on est entre nous (enfin non je suis avec moi))

    Entrée dans Charenton, la Fiat a viré à droite dans une petite artère qui porte le nom de Molière ou de Mozart, Baumgartmer ne se rappelle jamais lequel des deux mais il sait qu'elle aboutit perpendiculairement à une autre voie rapide, au-delà de laquelle s'étend une minuscule zone industrielle bordant la Seine. Cette zone est composée de rangée d'entrepôts, de perspectives de boxes à rideau métallique sur certains desquels sont peints des noms de firmes, au pochoir ou pas. Signalées par un grand panneau - la Flexibilité au service de la Logistique -, il y existe également nombre de cellules de stockage en location, d'une surface comprise entre deux et mille mètres carrés. Il s'y trouve encore deux ou trois petites usines très calmes qui ont l'air de tourner au quart de leur potentiel ainsi qu'une station d'épuration, tout cela distribué autour d'un tronçon de route apparemment privé de nom.

    C'est un secteur encore plus vide que partout ailleurs au milieu de l'été, et presque silencieux : les seuls bruits perceptibles y aboutissent sous forme de rumeur floue, de frémissements sourds, d'échos d'on ne sait quoi. Pendant l'année, à la rigueur, peuvent s'y promener deux couples âgés avec leur chien. Certains moniteurs d'auto-école ont aussi repéré cet endroit et se sont passé le mot, profitant du trafic nul pour y faire évoluer leurs élèves à moindre risque et parfois aussi, sa machine sur l'épaule, un cyclotouriste le traverse pour emprunter le petit pont qui franchit la Seine vers Ivry.

    Je suis subjugué par ce style décapant et déroutant en même de poétique. D'ailleurs, plus les semaines passent qui m'éloignent de la lecture de ce roman, plus il apparait qu'il m'a profondément marqué (c'est l'effet inverse au livre de Barbery qui m'a laissé sur le coup une grosse impression et qui aujourd'hui me semble d'une naïvité et d'une vacuité abyssales).

    Loïc, 22h35

    ps : la photo est extraite du site blanc de Philippe Vasset (lien en bas à gauche, merci à lui)

     

     

  • Entre ces deux Nestor Burma, j'hésite...

    709cd9e2875b315db96d7a703a1cd341.jpg Mais en attendant, je dois finir trente ans et des poussières de Jay McInerney Et j'ai bien du mal. Je m'attendais à un roman classique à la Auster et en fait, je le trouve compliqué, tiré pas les cheveux et longuet. L'histoire se tient (encore que je me lasse un peu de l'american way of life..). A la base, je cherchais un roman qui traite du krack boursier du 18 octobre 1987, vu par des new-yorkais moyens. On m'a conseillé celui-là. Mais pas mal de clichés et de lieux communs dans ce livre..

    ensuite un Nestor donc

    ensuite, la suite de Doggy Bag

    ensuite, peut-être les bienveillantes (en poche)

    ensuite d'autres trucs.

  • l'hiver des poètes

    Tranquillement mais sûrement, années après années et la trentaine fleurissante, il semblerait bien que la poésie, en tant que que genre littéraire ne me parle plus. Je trouve de la poésie dans les romans, dans certains regards croisés mais je ne la cherche plus dans les vers. Ce que je cherche aujourd'hui dans les vers, ce sont de jolies tournures, des exercices de styles, des choses marrantes. par exemple, je me régale des enjambements (il faut que je retrouve le poème 'l'averse' de Goudezki, notre maître à tous.
    Le poème 'Zone' d'Apollinaire pourrait être, à la seule lecture du titre l'emblême de ces lieux. Mais bizarrement, il parle plutôt du centre de Paris, grouillant et lumineux. Trop à mon goût. Mais quand même, y'a de ça ! Je trouve par ailleurs qu'il a des airs du 'villes' de Rimbaud.

    A la fin tu es las de ce monde ancien

    Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin

    Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine

    Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
    La religion seule est restée toute neuve la religion
    Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation

    Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
    L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
    Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
    D'entrer dan une église et de t'y confesser ce matin
    Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
    Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
    Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventure policières
    Portraits des grands hommes et mille titres divers

    J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
    Neuve et propre du soleil elle était le clairon
    Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
    Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
    Le matin par trois fois la sirène y gémit
    Une cloche rageuse y aboie vers midi
    Les inscriptions des enseignes et des murailles
    Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
    J'aime la grâce de cette rue industrielle
    Située à Paris entre la rue Aumont-Thieville et l'avenue des Ternes

  • CR20 : le démon d'onze heures - Lionel White

    3b278c63cd22f576f614038523abf7f0.jpgCeci est la première critique du livre le démon de onze heures réalisée sur la blogosphère littéraire. Déjà qu'à la base, ce blog est une rareté puisqu'il fait partie des seulement 2% des blogs du monde écrit en langue française. En conclusion, cher lecteur, on peut dire que vous êtes en train de lire un billet précieux...

    J'ai écrit plusieurs fois que je n'aimais pas le cinéma..c'est vrai, mais c'est vrai aussi que lorsqu'il se sublime par le génie d'un réalisateur, par un bon scénario ou par la rencontre d'acteurs exceptionnels, alors il se peut que l'émotion que me procure le cinéma est intense. Ce qu'il y a, c'est que toutes mes émotions de ce côté-là commence à dater et que je ne vois pas dans ce qui sort en ce moment quelque chose qui pourrait arriver à la cheville d'un Pierrot Le fou. Je ne reviendrai pas sur les raisons qui font que je voue à ce film un culte infini. J'en ai déjà parlé...Mais lorsqu'on aime ce film à ce point et qu'on ne sait plus que faire d'autres que de le regarder indéfiniment, on peut quand même varier le goût du plaisir en

    - lisant l'histoire de l'art de Elie Faure (ce que j'ai fait il y a quelques années)

    - lisant le démon de onze heures de Lionel White, ce que je viens de faire.

    Il s'agit d'un polar très agréable à lire mais qui ne doit une certaine notoriété qu'au fait d'avoir plus ou moins inspiré Jean-Luc Godard pour l'élaboration de son chef d'oeuvre. En fait, Godard a été très fidèle à la trame de départ et aux premiers déroulement de l'intrigue, puis par la suite a pris une totale indépendance si bien qu'au tiers du roman on ne reconnait plus rien de PLF. Le pitch de base : un type de la classe moyenne américaine est marié et a deux enfants. Il vient de perdre son boulot à la télé et boit beaucoup pour noyer sa peine. Sa femme, Marta, le supporte tant bien que mal et l'oblige quand même à assurer ses obligations sociétales, à savoir ici, se rendre à une soirée chez un ami où ils sont invités. ça emmerde profondément Conrad Madden mais il s'y ren.  En cours de soirée, il s'ennuie tellement qu'il rentre seul. Rentré chez lui, il tombe sur la baby-sitter des enfants et il lui propose de la accompagner chez elle. A partir de là, il tombe amoureux de la fille et ne rentrera plus jamais chez lui. La baby-sitter, Allie, est une femme-enfant sans aucune moralité qui n'hésite pas à tuer pour une contrariété. C'est ce qu'elle fait dès leurs premières heures de vie commune. Malgré lui, Conrad se rendra complice des meurtres d'Allie. Commence alors une cavale qui se transformera en course poursuite à travers l'Amérique profonde. Le livre est en quelque sorte le récit de cette cavale.

    Je mets 4/5 car un livre que l'on lit en deux heures sans lever la tête ne peut être foncièrement mauvais. (par contre, je ne comprends pas le titre..)

    Putain, la critique qui tue...

    Loïc, 19h15

  • CR18 : ensemble c'est tout - Anna Gavalda

    c11d405809cb088a0d4ad711865cc808.jpgJe m'entretenais tout à l'heure du politiquement et du culturellement correct avec une blogueuse ...et bien voilà un compte-rendu qui tombe à point, les milieux littéraires un peu précieux n'ayant de cesse de dégommer une certaine littérature française contemporaine dont Anna Gavalda serait l'une des réprésentantes. A titre perso, je dirais que je m'en fous. Je choisis un livre en fonction de son odeur, de son épaisseur, de mon humeur du moment et non en fonction des on-dit. Mais celui-ci je l'ai choisi encore plus arbitrairement. Le matin du 31.12, n'arrivant plus à dormir et ne voulant pas encore me lever, j'ai laissé ma main droite glissser sous le lit où elle a heurté ce livre de Gavalda qui trainait là depuis quelques mois. La lecture a commencé la minute suivante. Elle s'est terminée tout à l'heure. Bilan des courses, c'est pas mal. Après la radiographie des classes moyennes par Reinhardt (qui pénètre aussi beaucoup les classes supérieures - car tout est question de lutte des classes en ce bas monde, il faut le dire), me voici dans une sorte de radiographie de la France d'en bas..3 jeunes gens un peu bizarres hors système, plus ou moins dans la galère se rencontrent par hasard, se soutiennent, se relèvent...et finissent dans leur misère par être heureux. Ce que l'éditeur appelle 'la théorie des dominos à l'envers'. En parlant de Reinhardt, j'ai envie de vous dire que ce livre est quasiment l'antihèse de Cendrillon, sur la forme et sur le fond. Sur la forme puisque c'est un livre clairsemé d'alinéas et de chapîtres courts au contraire de Cendrillon. Et sur le fond, comme déjà dit aussi parce qu'ici, on est un peu plus dans l'optimisme de bon aloi. (dans Cendrillon aussi, il y a des pages qui font rêver mais il y a quand même l'idée que le système va un peu dans le mur...). Dans ensemble, c'est tout, non. Sa moralité serait qu'on peut s'en sortir avec de la bonne volonté, de la solidarité, par les petits bonheurs de la vie, en s'aimant...

    La première partie ça l'a fait. Et puis, à partir du moment où tout le monde nage dans un certain bonheur sans oser se l'avouer, ça l'a plus fait. Je ne sais pas pourquoi, je me sentais gêné pour eux. ça m'a lassé. Tout semble trop facile quand le bonheur règne.  Les gens s'aiment alors malgré leurs différences, le manque d'argent n'a pas d'importance et tout problème a sa solution.. sentiment bizarre qui me confirme que le bonheur et l'art cohabitent très mal (puisqu'évidemment, il faut considérer ce livre comme une oeuvre d'art, va sans dire).

    A propos d'oeuvre d'art, je m'attaque au présent du destin, un Harlequin signé Jane Porter..C'est bon, c'est bon, on se calme. Vous imaginez qu'il y a une explication...et qu'elle viendra...dans une future note. +

  • CR17 : Accident nocturne - Patrick Modiano

    caae7830b5076284c439c02ebca3747e.jpgComme je devais effectuer un voyage en train le 25.12.07 au soir, je me suis dit que ce serait l'occasion de me farcir un second Modiano. En effet, je sentais qu'après l'éblouissant roman Cendrillon de Eric Reinhardt, il me fallait redescendre sur Terre, (si je puis dire puisqu'avec PM, on est plutôt dans le vague et les souvenirs). J'ai donc choisi au Planète R de St Lo, grande librairie de la ville qui se situe en contrebas de l'avenue de la Liberté, en face de la rue Ambroise Paré (celle-là même ou très souvent un manège s'installe, ce qui créé quelques difficultés de circulation, tout du moins pour les gens qui se rendent à l'hôtel de ville par la rue Joseph Staline (perso, j'ai un truc, je me gare en face du square Carpeaux, cet endroit qui sépare la rue Gérard Janvion de l'avenue Marius Trésor)). J'ai donc pris le livre en question dans le rayon poche.  Je l'avais repéré sur la toile et y avais jeté mon dévolu suivant trois critères

    - un roman de Momo où il n'est pas question de l'Occupation

    - qui est passé quasiment inaperçu

    - une histoire banale, voire totalement indigente.

    Accident Nocturne réunissant ces trois conditions, l'ouvrage quitta définitivement les rayons du Planète R par cette triste matinée du 24.12. J'en ai profité pour acheter quelques cds, mais là n'est pas le sujet.

    25.12, 17H40. C'est Prisca qui m'accompagne à la gare. On se fait des baisers de cinéma et je monte dans le TER n°578521 qui avant d'arriver à Rennes traverse les gares de Carantilly, Marigny, Cérences, Folligny, Avranches, Pontaison-Mt St Michel, Dôl de Bretagne. Voyager la nuit à cet avantage qu'on ne voit rien du paysage et que donc, on ne perd par son temps à regarder défiler les champs et bosquets qui composent le bocage normand. Perso, j'aurais pû avoir un intérêt lors des passages dans les gares à admirer ces endroits un peu neutres qui entourent les chemins de fer...mais je les connais tellement sur cette ligne que ça ne m'intéresse plus. La wagon étant presque vide et à vue de nez, ne remarquant personne avec qui je puisse m'entretenir de quoi que ce soit, je me suis plongé dans ce roman qui s'est avéré conforme à mes attentes. Du Modiano presque caricatural avec un narrateur obsédé par des souvenirs anodins, obsédé aussi par les noms des rues de Paris et obsédé aussi par l'envie de comprendre pourquoi des choses tristement banales arrivent, en l'occurence ici, l'accident dont il fut victime à 18 ans (c'est à dire donc 30ans avant l'âge où il raconte les faits) en traversant à pied la place des Pyramides à Paris. Il n'aura qu'une petite séquelle à la cheville. Malgré tout, il se fait embarquer à l'hôtel de police le plus proche puis à un hôpital sans qu'il n'ait eu le temps de dire et de demander quoi que ce soit. Quelques jours plus tard, enfin libre, son but sera désormais de retrouver les différents protagonistes de l'accident (conductrice du véhicule qui l'a renversé etc..). Le narrateur pense que cet accident marque une rupture dans sa vie et que donc il lui est nécessaire d'en savoir les tenants et aboutissants. Pour ce, il mène sa propre enquête, jamais sûr de rien (et en tout cas pas de sa mémoire), enquête dont il arrivera à bout que par un heureux hasard. extrait :

    'Je me demande si la nuit où la voiture m'a renversé je ne venais pas d'accompagner Hélène Navachine à son train, gare du Nord. L'oubli finit par ronger des pans entiers de notre vie et, quelquefois, de toutes petites séquences intermédiaires. Et dans ce vieux film, les moisissures de la pellicule provoquent des sautes de temps et nous donnent l'impression que deux événements qui s'étaient produits à des mois d'intervalle ont eu lieu le même jour et qu'ils étaient même simultanés. Comment établir la moindre chronologie en voyant défiler ces images tronquées qui se chevauchent dans la plus grande confusion de notre mémoire, ou bien se succèdent tantôt lentes, tantôt saccadées, au milieu de trous noirs ? A la fin, la tête tourne.' grisant non ?

    J'ai aimé ce livre car c'est très fort d'arriver à écrire un roman avec si peu de matière et en plus sans une trace de sentimentalisme (et encore moins de sexe). Les 'héros' de Patrick Modiano sont des gens en dehors du temps, qui n'osent pas trop le contact et quand il en ont qui ne vont jamais dans la vif du sujet. Pour eux, le but de l'existence est d'arriver à se rappeler de choses oubliées. J'en voudrais à l'écrivain de quitter cette voie..et j'aurais l'occasion d'en reparler puisque le père-noël a eu l'heureuse idée de m'offrir 'dans le café de la jeunesse perdue' (paru chez Gallimard, achevé d'imprimer sur Roto-page par l'imprimerie Floch à Mayenne, le 11 octobre 2007. Dépôt légal : octobre 2007. numéro d'imprimeur : 69467 ISBN 978-2-07-078606-0/imprimé en France)

    ma note : 4/5

    bonne année 2008. Loïc

  • CR16 - Cendrillon - Eric Reinhardt

    01f0dc7a0731e09080ca3a3cb8b002e3.jpgCendrillon, que j'ai fini d'un souffle, dans un élan mystique  le soir de noël, est un roman énorme dans tous les sens du terme. Nous avons à faire dans ce livre à Eric Reinhardt, lui-même qui raconte la genêse de l'oeuvre et à ses avatars, Laurent Dahl, un trader épris de poésie, Patrick Neftel, une espèce de nihiliste frustré admiratif des attentats du 11/09, à Thierry Trockel, aussi, un chimiste désireux d'assouvir tous ses fantasmes sexuels. Je ne vais pas vous faire le résumé de tout ça, il y en a suffisamment sur le net. juste dire ce qui me traverse l'esprit.

    Ce que j'ai là, à l'esprit, c'est Laurent Dahl. Après quelques années au back office où il est humilié par les traders du front, il se fait embaucher par un ami trader, en tant qu'associé dans un hedge fund qu'il décide d'appeler Igitur en référence au poème de Mallarmé (un truc dont je n'ai jamais rien compris mais qui curieusement m'a servi longtemps de pseudo sur le net ). La mission de Dahl est de récolter un maximum de dolls (pour dollars) auprès d'investisseurs privés. Il se débrouille à merveille et le fond démarre sur les chapeaux de roue. Son associé, Steve Stihl, un génie de la finance gagne à tous les coups en prenant le marché à contre-pied..En 1998, voyant se gonfler les valeurs internet, il décide de mettre le paquet et de parier sur l'effondrement de la valeur Softbank. Il est sûr de lui. Mais softbank continue à grimper..vertigineusement, boosté par la concentration qui s'opère dans le secteur. Dahl est chargé de continuer à faire rentrer de la trésorerie pour couvrir ce qu'on appelle les 'appels de marge'. Acculés, les deux associés sont obligés de magouiller en rachetant à prix d'or une start-up insignifiante. On embauche un expert qu'on achète, chargé de surévaluer cette valeur..Pendant ce temps, Softbank coninue à grimper. Dahl, en voyage en France, croise une inconnue dans un train dont il devient fou. Il l'a perd de vue et dans une fuite en avant, fait tout pour la retrouver, faisant confiance au hasard ou au destin. A ce moment, le sort d'Igitur semble lui importer peu. Seule compte pour lui, cette femme croisée dans le train (c'est la raison pour laquelle Dahl est mon préféré dans ce roman, une sorte d'idéal..un trader mallarmén...on n'en croise pas tous les jours).

    J'ai envie aussi de vous parler d'Eric Reinhardt, l'écrivain. Attablé en terrasse du café le Nemours, il vante l'automne, saison de tous les possibles - 'l'atmosphère de l'automne inscrit du sens entre les choses, entre cet arbre et cette façade, entre ces branches et cette fenêtre, entre le kiosque à journaux et chaun des réverbères qui ponctuent l'esplanade, espace qui n'est plus vide mais substanciel, méditatif un espace qui a l'air de penser lui-même et de penser les êtres qui le traversent'. - Je vous le dis comme je le pense : Ce roman est la plus merveilleuse ode à l'automne que je n'ai jamais lu...ce qui est extraordinaire, c'est que ce poème à l'attention d'une saison côtoie sans heurt l'ambiance de folie qui règne sur les places boursières mondiales..Parralèlement, Patrick Neftel, looser incapable de trouver sa place dans la société rumine sa haine du système au fond de sa chambre dans la maison de maman. Ce qu'il voit à la télé le dégoute, sa mère le dégoute, le capitalisme le dégoute. Il voue une admiration sans borne à Patrick Durn, ce type qui assassina de sang froid plusieurs élus municipaux lors d'une réunion de conseil. Il prépare un attentat suicide à la télé. Chaque histoire finit dans la fuite en avant, Dahl dans la quête de cette femme croisée dans le train et suspendu au cours de l'action Softbank, Patrick Neftel, qui dispose d'armes et de munition prêt à comettre le pire, et Trockel qui s'en va avec sa femme rejoindre un couple en Allemagne afin d'assouvir le dernier de ses fantasmes...

    On en reste là mais on est abasourdis par tant de maîtrise dans le récit, par tant de poésie, par tant de cruauté, tant d'instincts primaires et en même temps par tant de réflexions profondes. Ce livre est énorme...chapeau bas à Mr Reinhardt. Et je vais vous dire pourquoi je n'aimerais par être à sa place aujourd'hui : car il va lui être difficile de faire mieux..et je vais vois dire de quoi je suis dégouté : non seulement, ce roman n'a eu aucun prix littéraire mais il n'apparaissaitt même pas dans les sélection finales. Je suis sûr d'une chose : le temps travaille pour lui.

    à venir dans une prochaine note, un nouvel extrait.

    Loïc, 23h15

     

  • Cendrillon, Eric Reinhardt - passages choisis

    f663301e95ace0af1109204acb0d5368.jpgCe livre qui recelle de pensées profondes et pertinentes sur Paris, le temps qui passe, les saisons, les rapports dans le couple, le stress au boulot, les hedge funds, valant plus qu'une petite fiche de lecture, j'ai décidé de vous en faire partager les passages les plus exaltants. Comme je pars quelques jours fêter noel dans une abbaye, je n'aurai aucun mal à le finir, ce qui sera à regret, puisqu'il y a des livres qu'on ne voudrait jamais finir. j'ai été un peu perturbé au premier quart de la lecture par une confusion entre les personnages, à tel point que je me suis demandé s'il ne s'agissait pas d'une erreur de l'écrivain..mais vérification faite, non..c'est une sorte de procédé où la même histoire initiale aboutit sur la création de 3 personnages différents tous issus su même moule si l'on puit dire (toujours cette difficulté chez moi à formuler les choses simples !!!).

    Bon, on va commencer sobrement avec quelques considérations sur les saisons. Ce passage me parle beaucoup parce que je résonne à peu près voire totalement de la même façon que Eric Reinhardt :

    L'approche scientifique, fondée sur une observation du soleil par rapport à la terre, aboutit à une répartition équitable : quatre saisons de trois mois chacune. L'approche sensible, fondée cette fois sur le vécu, sur les effets que les saisons produisent sur les sens, sur le corps, sur le mental, sur notre imaginaire, envisage-t-elle les choses avec la même froideur rationaliste ? On va voir qu'en réalité  l'année ne se divise pas en chapîtres de proportions égales - même si l'on trouve, en lieu et place de ce système homogène des trimestres, une sorte d'effet miroir et de répartition symétrique. L'automne démarre le 1er septembre et s'achève le 31 décembre. L'automne dure donc quatre mois. Quatre mois dont j'ai dit à l'instant qu'ils constituaient une architecture, une sorte de longue galerie majestueuse, large, haute sous plafond, ornée de miroirs, éclairée par des lustres : une salle de bal. Puis nous avons, au débouché de la galerie, auxquels on accède par le perron de la Saint-Sylvestre, accouplés, conjugaux, janvier et février, jardin à la française couvert de givre. L'hiver dure donc deux mois. Débute le 1er mars, qui s'achève le 30 juin, une période détestable qui s'appelle le printemps, prurit, hypermarché, intervalle commercial, adolescent, acnéique, immature, aux pulsions les plus sottes, aux engouements les plus précaires, j'y revindrai plus tard plus amplement. Le printemps dure donc quatre mois. Et puis démarre le 1er juillet, qui s'achève le 30 août, un intervalle qu'on intitule l'été et que  l'approche des mois d'automne perfuse de l'intérieur, comme une prémonition, comme un bonheur anticipé et l'ivresse d'une imminence, de sensations que je trouve délicieuses. L'été dure donc deux mois. J'apprécie l'été et l'hiver car ils encadrent l'automne et s'en imbibent : l'automne commence à résonner dans l'espace de l'été et continue de résonner dans l'espace de l'hiver. L'année se décompose ainsi en deux saisons de quatre mois, des quadrimestres, le printemps et l'automne, et en deux saisons de deux mois, des bimestres, l'été et l"hiver. Voilà la vraie réalité de la structure saisonnière fonsée sur une approche sensible, physique, mentale, psychologique. ( p215, éditions stock)

    J'apprécie dans la théorie de ER que l'automne ne soit pas une saison intermédiaire entre deux saisons abouties qui seraient l'été, le magnifique été et l'hiver, le méchant hiver ! L'automne est un aboutissement, le but, presque des saisons..Par ailleurs, l'été ne dure que deux mois, c'est vrai. Psychologiquement, on ne se sent pas encore en été en juin et plus tout à fait en septembre..idem pour l'hiver avec janvier et février. Si un jour, j'en ai le temps, je vous dirai comment je découpe ma journée de boulot de sept heures en six parties bien distinctes qui ont une influence forte sur mon humeur.

     

    Loïc, 2h00

  • du jour au lendemain (2) - Alain Veinstein

    17719f75f163f44e1dabc64e51875eea.jpgDans son livre 'l'intervieweur', Alain Veinstein distille quelques pensées, des impressions diverses ayant émaillées sa vie d'homme de radio en sa qualité de présentateur de l'émission 'du jour au lendemain' (où il invite toutes les nuits de 23h30 à 0h15 un écrivain qui vient de sortir un bouquin). Enfin bon, on ne sait pas trop si tout est vrai, le mot 'roman' étant apposé sur la couverture. Mais on sait aussi que les auteurs contemporains aiment bien classer leurs oeuvres un peu n'importe comment pour brouiller les pistes.

    Longtemps, je me suis endormi tard pour pouvoir écouter cette émission, qui existe quand même depuis au moins les années 80. Désormais, le soir, je suis un homme fatigué, fatigué de me faire exploiter sept heures durant pour des clopinettes. Mais grace au progrès de la technique, on a aujourd'hui la possiblité de podcaster les émissions de radio pour pouvoir les réécouter quand on veut, où on veut. C'est bien. Depuis que je suis l'émission, je me suis imaginé un tas de choses à son sujet..je me suis imaginé le studio en question, la tête de Veinstein (aujourd'hui, je sais à quoi il ressemble, ça n'est plus marrant). Et concernant le studio, je me figurais un petit truc misérable perdu dans les tréfonds de la maison de la radio, une espèce de placard pour émission anecdotique diffusée au coeur de la nuit..Et bien à sa sujet, je ne pouvais espérer mieux que ce premier paragraphe du livre en question :

    Le studio est situé au bout d'un dédale de couloirs qui fournit toujours un premier sujet de conversation aux non-familiers des lieux. L'un d'eux, un jour, m'attribuant le rôle le plus flatteur, l'a comparé à une toile d'araignée. L'image de la serre serait peut-être moins cruelle et plus juste, si on admet que le studio crée artificiellement les conditions pour que, dans un temps resserré, naisse une rencontre qui va faire fleurir la parole. Et pourtant, quand on franchit la porte massive qui fait penser à une porte d'avion ou de sous-marin en raison de son système d'ouverture et de fermeture qui requiert un minimum d'initiation, on se retrouve dans un volume pour ainsi dire à l'abandon, à l'éclairage indigent, meublé seulement d'une table ronde, et de quelques sièges dépareillés, où l'on est accueilli par une odeur de renfermé, mêlée à celle du tabac froid qui imprègne les murs tapissés de toilé élimée. Enfermé dans cette boite insonorisée, rempli d'un silence appelé à être constamment déchiré de musiques et de paroles, on a l'impression d'être perdu dans un endroit oublié du monde, tout en étant le point de mire d'une multitude de regards invisibles, braqués sur nous. Pas d'autres regards en fait, que ceux du réalisateur et du technicien qui s'activent dans la cabine, séparée du studio par une vitre. A défaut de regards, les murs, ici, ont des oreilles, qui surgissent dès qu'on parle pour de bon, c'est à dire quand les magnétophones se mettent à tourner.

    Je trouve finalement que mes fantasmes nocturnes (drôles de fantasmes....) n'étaient pas loin de la réalité. Je n'ai pas lu ce livre de Veinstein. Je le consulte juste de temps en temps, prends un paragraphe au hasard. Il y raconte des anecdotes avec certains invités, se moquent parfois de ses derniers, de leurs tics..sans jamais citer de nom évidemment. C'est pratiquement devenu pour moi un livre de chevet.

    Par cette note, je voulais rendre hommage à Alain Veinstein dont la voix hante ou berce mes nuits, c'est selon, depuis tant d'années..

    Et dans les jours à venir, je vais vous abreuver de passages exquis repérés dans le sublime Cendrillon d'Eric Reinhardt, ce qui sera le bouquet final d'une intense année de blogging.

    Loïc, 1h00

     

  • CR15 - meutre chez tante Léonie - Estelle Monbrun

    2b3ca77de412d4218854c8d1eab75929.jpgPolar de construction classique (avec des leurres à la Agatha Christie), avec un meurtre dans un milieu huppé et le choix entre quatre ou cinq coupables possibles. Pas de quoi fouetter un chat, même s'il faut reconnaître qu'Estelle Monbrun maîtrise bien l'art du récit et connait toutes les recettes qui peuvent rendre un polar haletant. La particularité est que ça se passe dans le milieu proustien et sur les lieux mêmes où l'écrivain venait passer ses vacances. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait acheter ce livre. (publié chez Viviane Hamy dans la collection Bis...très moyen au niveau dactylographique et pour la présentation générale). Mais en fait, on a plutôt à à faire à des magouilles dans le milieu de l'édition, des manuscrits volés, des coucheries. Marcel Proust n'est qu'un prétexte. il est très peu question de la Recherche en elle-même.

    En plus, je dois me rendre à l'évidence que je ne peux plus comprendre un polar de ce genre sans prendre de note et noter au fil de ma lecture qui fait quoi etc. Comme je ne l'ai pas fait, j'ai confondu pendant toute la lecture Patrick Rainsford et Philippe Desforge. Ce qui était facheux.

    Je ne sais pas combien d'exemplaires de ce livre la dame a écoulé mais elle a au moins dû attirer nombre de proustophiles comme moi dont il a suffit lire 'tante léonie' pour acheter. Tant mieux et longue vie à elle.

    4/10

    Loïc, 0h55