Dans tous ces livres que j'ai lus dernièrement, il arrive évidemment qu'il soit question de terrains vagues. Et comme le terrain vague est un peu le fîl rouge de ce blog, (thème que d'aucuns jugeront profondément débile), j'ai décidé de retranscrire ici certains des passages en question. Et pour inaugurer cette série, il m'est revenu à l'esprit un passage exquis de je m'en vais de Jean Echenoz, livre que j'ai beaucoup aimé, je le rappelle.
J'extrapole un peu le thème du terrain vague à des zones industrielles désertes et les zones péri-urbaines sans intérêt. Terrain vague au sens large donc...(voilà une note qui ne risque pas de faire monter l'audience - très basse - de ce blog ! Mais on s'en fout, on est entre nous (enfin non je suis avec moi))
Entrée dans Charenton, la Fiat a viré à droite dans une petite artère qui porte le nom de Molière ou de Mozart, Baumgartmer ne se rappelle jamais lequel des deux mais il sait qu'elle aboutit perpendiculairement à une autre voie rapide, au-delà de laquelle s'étend une minuscule zone industrielle bordant la Seine. Cette zone est composée de rangée d'entrepôts, de perspectives de boxes à rideau métallique sur certains desquels sont peints des noms de firmes, au pochoir ou pas. Signalées par un grand panneau - la Flexibilité au service de la Logistique -, il y existe également nombre de cellules de stockage en location, d'une surface comprise entre deux et mille mètres carrés. Il s'y trouve encore deux ou trois petites usines très calmes qui ont l'air de tourner au quart de leur potentiel ainsi qu'une station d'épuration, tout cela distribué autour d'un tronçon de route apparemment privé de nom.
C'est un secteur encore plus vide que partout ailleurs au milieu de l'été, et presque silencieux : les seuls bruits perceptibles y aboutissent sous forme de rumeur floue, de frémissements sourds, d'échos d'on ne sait quoi. Pendant l'année, à la rigueur, peuvent s'y promener deux couples âgés avec leur chien. Certains moniteurs d'auto-école ont aussi repéré cet endroit et se sont passé le mot, profitant du trafic nul pour y faire évoluer leurs élèves à moindre risque et parfois aussi, sa machine sur l'épaule, un cyclotouriste le traverse pour emprunter le petit pont qui franchit la Seine vers Ivry.
Je suis subjugué par ce style décapant et déroutant en même de poétique. D'ailleurs, plus les semaines passent qui m'éloignent de la lecture de ce roman, plus il apparait qu'il m'a profondément marqué (c'est l'effet inverse au livre de Barbery qui m'a laissé sur le coup une grosse impression et qui aujourd'hui me semble d'une naïvité et d'une vacuité abyssales).
Loïc, 22h35
ps : la photo est extraite du site blanc de Philippe Vasset (lien en bas à gauche, merci à lui)
 Mais en attendant, je dois finir trente ans et des poussières de Jay McInerney Et j'ai bien du mal. Je m'attendais à un roman classique à la Auster et en fait, je le trouve compliqué, tiré pas les cheveux et longuet. L'histoire se tient (encore que je me lasse un peu de l'american way of life..). A la base, je cherchais un roman qui traite du krack boursier du 18 octobre 1987, vu par des new-yorkais moyens. On m'a conseillé celui-là. Mais pas mal de clichés et de lieux communs dans ce livre..
Ceci est la première critique du livre le démon de onze heures réalisée sur la blogosphère littéraire. Déjà qu'à la base, ce blog est une rareté puisqu'il fait partie des seulement 2% des blogs du monde écrit en langue française. En conclusion, cher lecteur, on peut dire que vous êtes en train de lire un billet précieux...
Je m'entretenais tout à l'heure du politiquement et du culturellement correct avec une blogueuse ...et bien voilà un compte-rendu qui tombe à point, les milieux littéraires un peu précieux n'ayant de cesse de dégommer une certaine littérature française contemporaine dont Anna Gavalda serait l'une des réprésentantes. A titre perso, je dirais que je m'en fous. Je choisis un livre en fonction de son odeur, de son épaisseur, de mon humeur du moment et non en fonction des on-dit. Mais celui-ci je l'ai choisi encore plus arbitrairement. Le matin du 31.12, n'arrivant plus à dormir et ne voulant pas encore me lever, j'ai laissé ma main droite glissser sous le lit où elle a heurté ce livre de Gavalda qui trainait là depuis quelques mois. La lecture a commencé la minute suivante. Elle s'est terminée tout à l'heure. Bilan des courses, c'est pas mal. Après la radiographie des classes moyennes par Reinhardt (qui pénètre aussi beaucoup les classes supérieures - car tout est question de lutte des classes en ce bas monde, il faut le dire), me voici dans une sorte de radiographie de la France d'en bas..3 jeunes gens un peu bizarres hors système, plus ou moins dans la galère se rencontrent par hasard, se soutiennent, se relèvent...et finissent dans leur misère par être heureux. Ce que l'éditeur appelle 'la théorie des dominos à l'envers'. En parlant de Reinhardt, j'ai envie de vous dire que ce livre est quasiment l'antihèse de Cendrillon, sur la forme et sur le fond. Sur la forme puisque c'est un livre clairsemé d'alinéas et de chapîtres courts au contraire de Cendrillon. Et sur le fond, comme déjà dit aussi parce qu'ici, on est un peu plus dans l'optimisme de bon aloi. (dans Cendrillon aussi, il y a des pages qui font rêver mais il y a quand même l'idée que le système va un peu dans le mur...). Dans ensemble, c'est tout, non. Sa moralité serait qu'on peut s'en sortir avec de la bonne volonté, de la solidarité, par les petits bonheurs de la vie, en s'aimant...
Comme je devais effectuer un voyage en train le 25.12.07 au soir, je me suis dit que ce serait l'occasion de me farcir un second Modiano. En effet, je sentais qu'après l'éblouissant roman Cendrillon de Eric Reinhardt, il me fallait redescendre sur Terre, (si je puis dire puisqu'avec PM, on est plutôt dans le vague et les souvenirs). J'ai donc choisi au Planète R de St Lo, grande librairie de la ville qui se situe en contrebas de l'avenue de la Liberté, en face de la rue Ambroise Paré (celle-là même ou très souvent un manège s'installe, ce qui créé quelques difficultés de circulation, tout du moins pour les gens qui se rendent à l'hôtel de ville par la rue Joseph Staline (perso, j'ai un truc, je me gare en face du square Carpeaux, cet endroit qui sépare la rue Gérard Janvion de l'avenue Marius Trésor)). J'ai donc pris le livre en question dans le rayon poche.  Je l'avais repéré sur la toile et y avais jeté mon dévolu suivant trois critères
Cendrillon, que j'ai fini d'un souffle, dans un élan mystique  le soir de noël, est un roman énorme dans tous les sens du terme. Nous avons à faire dans ce livre à Eric Reinhardt, lui-même qui raconte la genêse de l'oeuvre et à ses avatars, Laurent Dahl, un trader épris de poésie, Patrick Neftel, une espèce de nihiliste frustré admiratif des attentats du 11/09, à Thierry Trockel, aussi, un chimiste désireux d'assouvir tous ses fantasmes sexuels. Je ne vais pas vous faire le résumé de tout ça, il y en a suffisamment sur le net. juste dire ce qui me traverse l'esprit.
Ce livre qui recelle de pensées profondes et pertinentes sur Paris, le temps qui passe, les saisons, les rapports dans le couple, le stress au boulot, les hedge funds, valant plus qu'une petite fiche de lecture, j'ai décidé de vous en faire partager les passages les plus exaltants. Comme je pars quelques jours fêter noel dans une abbaye, je n'aurai aucun mal à le finir, ce qui sera à regret, puisqu'il y a des livres qu'on ne voudrait jamais finir. j'ai été un peu perturbé au premier quart de la lecture par une confusion entre les personnages, à tel point que je me suis demandé s'il ne s'agissait pas d'une erreur de l'écrivain..mais vérification faite, non..c'est une sorte de procédé où la même histoire initiale aboutit sur la création de 3 personnages différents tous issus su même moule si l'on puit dire (toujours cette difficulté chez moi à formuler les choses simples !!!).
Dans son livre 'l'intervieweur', Alain Veinstein distille quelques pensées, des impressions diverses ayant émaillées sa vie d'homme de radio en sa qualité de présentateur de l'émission 'du jour au lendemain' (où il invite toutes les nuits de 23h30 à 0h15 un écrivain qui vient de sortir un bouquin). Enfin bon, on ne sait pas trop si tout est vrai, le mot 'roman' étant apposé sur la couverture. Mais on sait aussi que les auteurs contemporains aiment bien classer leurs oeuvres un peu n'importe comment pour brouiller les pistes.