Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

accident noctune

  • CR17 : Accident nocturne - Patrick Modiano

    caae7830b5076284c439c02ebca3747e.jpgComme je devais effectuer un voyage en train le 25.12.07 au soir, je me suis dit que ce serait l'occasion de me farcir un second Modiano. En effet, je sentais qu'après l'éblouissant roman Cendrillon de Eric Reinhardt, il me fallait redescendre sur Terre, (si je puis dire puisqu'avec PM, on est plutôt dans le vague et les souvenirs). J'ai donc choisi au Planète R de St Lo, grande librairie de la ville qui se situe en contrebas de l'avenue de la Liberté, en face de la rue Ambroise Paré (celle-là même ou très souvent un manège s'installe, ce qui créé quelques difficultés de circulation, tout du moins pour les gens qui se rendent à l'hôtel de ville par la rue Joseph Staline (perso, j'ai un truc, je me gare en face du square Carpeaux, cet endroit qui sépare la rue Gérard Janvion de l'avenue Marius Trésor)). J'ai donc pris le livre en question dans le rayon poche.  Je l'avais repéré sur la toile et y avais jeté mon dévolu suivant trois critères

    - un roman de Momo où il n'est pas question de l'Occupation

    - qui est passé quasiment inaperçu

    - une histoire banale, voire totalement indigente.

    Accident Nocturne réunissant ces trois conditions, l'ouvrage quitta définitivement les rayons du Planète R par cette triste matinée du 24.12. J'en ai profité pour acheter quelques cds, mais là n'est pas le sujet.

    25.12, 17H40. C'est Prisca qui m'accompagne à la gare. On se fait des baisers de cinéma et je monte dans le TER n°578521 qui avant d'arriver à Rennes traverse les gares de Carantilly, Marigny, Cérences, Folligny, Avranches, Pontaison-Mt St Michel, Dôl de Bretagne. Voyager la nuit à cet avantage qu'on ne voit rien du paysage et que donc, on ne perd par son temps à regarder défiler les champs et bosquets qui composent le bocage normand. Perso, j'aurais pû avoir un intérêt lors des passages dans les gares à admirer ces endroits un peu neutres qui entourent les chemins de fer...mais je les connais tellement sur cette ligne que ça ne m'intéresse plus. La wagon étant presque vide et à vue de nez, ne remarquant personne avec qui je puisse m'entretenir de quoi que ce soit, je me suis plongé dans ce roman qui s'est avéré conforme à mes attentes. Du Modiano presque caricatural avec un narrateur obsédé par des souvenirs anodins, obsédé aussi par les noms des rues de Paris et obsédé aussi par l'envie de comprendre pourquoi des choses tristement banales arrivent, en l'occurence ici, l'accident dont il fut victime à 18 ans (c'est à dire donc 30ans avant l'âge où il raconte les faits) en traversant à pied la place des Pyramides à Paris. Il n'aura qu'une petite séquelle à la cheville. Malgré tout, il se fait embarquer à l'hôtel de police le plus proche puis à un hôpital sans qu'il n'ait eu le temps de dire et de demander quoi que ce soit. Quelques jours plus tard, enfin libre, son but sera désormais de retrouver les différents protagonistes de l'accident (conductrice du véhicule qui l'a renversé etc..). Le narrateur pense que cet accident marque une rupture dans sa vie et que donc il lui est nécessaire d'en savoir les tenants et aboutissants. Pour ce, il mène sa propre enquête, jamais sûr de rien (et en tout cas pas de sa mémoire), enquête dont il arrivera à bout que par un heureux hasard. extrait :

    'Je me demande si la nuit où la voiture m'a renversé je ne venais pas d'accompagner Hélène Navachine à son train, gare du Nord. L'oubli finit par ronger des pans entiers de notre vie et, quelquefois, de toutes petites séquences intermédiaires. Et dans ce vieux film, les moisissures de la pellicule provoquent des sautes de temps et nous donnent l'impression que deux événements qui s'étaient produits à des mois d'intervalle ont eu lieu le même jour et qu'ils étaient même simultanés. Comment établir la moindre chronologie en voyant défiler ces images tronquées qui se chevauchent dans la plus grande confusion de notre mémoire, ou bien se succèdent tantôt lentes, tantôt saccadées, au milieu de trous noirs ? A la fin, la tête tourne.' grisant non ?

    J'ai aimé ce livre car c'est très fort d'arriver à écrire un roman avec si peu de matière et en plus sans une trace de sentimentalisme (et encore moins de sexe). Les 'héros' de Patrick Modiano sont des gens en dehors du temps, qui n'osent pas trop le contact et quand il en ont qui ne vont jamais dans la vif du sujet. Pour eux, le but de l'existence est d'arriver à se rappeler de choses oubliées. J'en voudrais à l'écrivain de quitter cette voie..et j'aurais l'occasion d'en reparler puisque le père-noël a eu l'heureuse idée de m'offrir 'dans le café de la jeunesse perdue' (paru chez Gallimard, achevé d'imprimer sur Roto-page par l'imprimerie Floch à Mayenne, le 11 octobre 2007. Dépôt légal : octobre 2007. numéro d'imprimeur : 69467 ISBN 978-2-07-078606-0/imprimé en France)

    ma note : 4/5

    bonne année 2008. Loïc