Tranquillement mais sûrement, années après années et la trentaine fleurissante, il semblerait bien que la poésie, en tant que que genre littéraire ne me parle plus. Je trouve de la poésie dans les romans, dans certains regards croisés mais je ne la cherche plus dans les vers. Ce que je cherche aujourd'hui dans les vers, ce sont de jolies tournures, des exercices de styles, des choses marrantes. par exemple, je me régale des enjambements (il faut que je retrouve le poème 'l'averse' de Goudezki, notre maître à tous.
Le poème 'Zone' d'Apollinaire pourrait être, à la seule lecture du titre l'emblême de ces lieux. Mais bizarrement, il parle plutôt du centre de Paris, grouillant et lumineux. Trop à mon goût. Mais quand même, y'a de ça ! Je trouve par ailleurs qu'il a des airs du 'villes' de Rimbaud.
A la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dan une église et de t'y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventure policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thieville et l'avenue des Ternes
appolinaire
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l'hiver des poètes