La première partie de cette autobiographie est consacrée à la mère du narrateur, placée en asile psychiatrique alors qu’il n’avait que trois mois. Elle y mourra de faim sept ans plus tard. Charles revient sur l’enfance de sa maman, son adolescence et sa vie de femme adulte. S’adressant à elle à la troisième personne, il parle d’une femme avide de savoir et se questionnant sans cesse sur le sens de la vie, ce en quoi elle se différenciait des paysannes besogneuses et soumises qui l’entouraient.
Ce récit est très émouvant et comme dans l’année de l”éveil, C.Juliet trouve les mots justes pour dire l’indicible.
(Une question me taraude : comment a-t-il pu prendre connaissance de tant de détails concernant sa mère..alors qu’à lire le récit, pour certains d’entre eux, elle était la seule à connaître (notamment lorsqu’il est question de son premier amour) ? Quelle est la part de fiction dans ce récit ?)
La deuxième partie est plus disparate. Il y est question de sa mère adoptive, une mère entièrement dévouée, ensuite, de son entrée à l’école de troupe et surtout de sa décision de devenir écrivain, de son exigence en matière de littérature, de sa difficulté d’écrire, ce qu’il arrive finalement à faire en exhumant des pans entiers de son enfance lors de nuits d’insomnie et de violentes crises d’inspiration.
Je crois qu'on aimerait tous avoir la faculté de se replonger dans son enfance comme le fait Charles Juliet. Trouver les mots pour dire ce qui est enfouit en nous..et dans les autres. Charles Juliet est régulièrement étudié par les lycéens et on ne s'en étonne pas tant le style frôle la perfection. Un modèle d’autobiographie.
Par ailleurs, je remercie C. Juliet de m'avoir ouvert les yeux sur le fait que si j'ai beaucoup de mal à écrire, c'est que j'attend trop des phrases..même quand je veux écrire une simple lettre administrative, je ne trouve pas mes mots car je suis obsédé par la littérature ; je veux qu'il y ait de la littérature en toute phrase. Du coup, je n'arrive à rien. Je vois par exemple au boulot des gens s'échanger des mails que je serais incapable d'écrire..or ces gens, pour la plupart se foutent pas mal de la littérature. Il faut que j'arrête ! Je ne suis pas écrivain, et ne le serai jamais. Je ne dis pas ça pour faire le mec modeste et tout mais parce que c'est ainsi.
Et je profite de cette bavardage nocturne (il est 23:58), pour dire que j'ai abandonné bar des flots noirs de Olivier Rolin par abandon après la troisième reprise. Je n'ai rien compris à ce roman, par ailleurs un peu trop m'as-tu-vu..tout le contraire justement de ce que fait CJ.
autobiographie(France), parue en 1995
Folio, 155 pages
lecture du 28.06 au 30.06.2010
note : 4.5/5
Loïc LT