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littérature italienne

  • CR86 - le désert des Tartares - Dino Buzzati

    488029279_L.jpgle mot de l'éditeur : Heureux d'échapper à la monotonie de son Académie militaire, le lieutenant Drogo apprend avec joie son affectation au fort Bastiani, une citadelle sombre et silencieuse, gardienne inutile d'une frontière morte. Au-delà de ses murailles, s'étend un désert de pierres et de terres desséchées, le désert des Tartares.

    A quoi sert donc cette garnison immobile aux aguets d'un ennemi qui ne se montre jamais ? Les Tartares attaqueront-ils un jour ?

    Drogo s'installe alors dans une attente indéfinie, triste et oppressante. Mais rien ne se passe, l'espérance faiblit, l'horizon reste vide.

    Au fil des jours, qui tous se ressemblent, Drogo entrevoit peu à peu la terrible vérité de fort Bastiani.


    mon avis :  Le désert des Tartares est un peu le roman du temps qui passe et surtout de l'attente, l'attente interminable, l'attente érigée en mode de vie mais je l'ai trouvé inférieur au rivage des Syrtes dont on le compare souvent (ce dernier lui étant postérieur) et ce pour deux raisons :
    un, le style du Gracq est plus limpide et on y atteint des sommets littéraires, alors qu'avec le désert des tartares, on est en face d'une écriture plus blanche, avec en plus quelques lourdeurs de style dûs sans doute à la traduction (là je fais mon difficile mais bon c'est mon blog)  avec par exemple des phrases de ce type :
    les illusions jadis si faciles et si souhaitées, on les repoussait maintenant avec rage. Bon, vous allez me dire, c'est pas grand chose, certes mais ce genre de phrases lourdes revient assez souvent. Et donc cette phrase aurait bien plus belle ainsi : on repoussait maintenant avec rage les illusions si faciles et si souhaitées.
    deux, sur le fond, j'ai été un peu déçu par le dénouement, à savoir que le fort Bastiani est effectivement attaqué, bien que le récit se termine avant l'attaque proprement dîte. Mon avis est que Dino Buzatti aurait dû aller au bout de sa logique, à savoir faire perdurer l'attente jusque la dernière ligne et faire en sorte que pour le lecteur toute attaque ennemie reste jusqu'au bout une hypothèse totalement fantasque.
    Mais la force du roman est que malgré le fait qu'il ne s'y passe rien, on ne peut pas y décrocher et ce n'est pas tant dû à l'hypothétique attaque des tartares (dont on ne croit pas) qu'à la description des fantasmes et élucubrations dont sont victimes les soldats voulant oublier la vacuité de leurs fonctions.  J'ai réussi à rire quelques fois aussi devant le degré de maniaqueries de certains officiers obsédés par le règlement (Tronk et son obsession des mots de passe) et ça m'a rappelé mon passage sous les drapeaux à Compiègne lorsqu'en pleine nuit, je devais surveiller avec mon casque et mon famas, une réserve de munition dont la rumeur disait qu'elle était vide, et que par ailleurs, même si elle ne l'était pas, le régiment était déjà surveillé de toutes parts par d'autres soldats (dont la surveillance était de toute façon aussi vaine que la mienne). Et je me souviens que je trouvais toute cette mise en scène purement grotesque et que même, tout seul dans le froid, dans la nuit ou sous la pluie, il m'arrivait d'en rire. Je m'égare mais pas tant que ça.
    Le désert des Tartares est un grand classique de la littérature mondiale, en ceci que son thème a une porté universelle : nous sommes tous concernés par la fuite du temps, tous plus ou moins ligotés par une bureaucratie implacable et tous nous espérons que le meilleur reste à venir (le meilleur pour les officiers du fort Bastiani étant la guerre...).

    année : 1940
    lecture du 11/04 au 12/04
    note : 4/5
    à venir : chroniques de San Francisco, tome 1, Armistead Maupin

  • CR7 - mort sur la lagune - Giorgio Scerbanenco

    3cee403083ccb5273c8f70e347d37a90.jpgUne fois n'est pas coûtume, j'ai lu un petit polar..et je dois admettre que j'y ai pris beaucoup de plaisir. Adolescent j'étais accroc à ce genre et j'ai dû lire tous les Agatha Christie, PD James, Patricia Higsmith qui me passaient sous la main..puis ensuite, moins. Car très vite j'ai constaté  que je tournais en rond et que, en fin de compte et excusez de la banalité, je ne tirais aucun enseignement de ce type de lecture..à part que 'tuer c'est pas bien et il faut démasquer et punir ceux qui le font'.  Je le pense toujours aujourd'hui. Plus que jamais je demande aux livres à ce qu'ils m'enrichissent dans tous les sens du terme, que ces livres soient plaisants à lire ou non. Un polar, c'est plaisant à lire, certes mais une fois la dernière page tournée, on range le livre et tout est oublié.

    Il faut que je rajoute une autre chose sur les polars : l'aspect complètement irréaliste. Dans la plupart de ces romans (et dans mort sur la lagune aussi ) , il est question d'un meurtre. Déjà, dans la vraie vie, un meurtre n'est pas si courant. Contemplez votre petite vie et dîtes-moi combien de meurtres la jalonnent. Pour 99.9% d'entre vous, aucun. Maintenant, sur les 0.01% restant qui ont vécu un meurtre autour d'eux dans un passé plus ou moins proche, combien ont eu à faire à un meurtre dont dans un premier temps on ne connaissait pas le coupable ? Je dis ça en ma qualité de lecteur régulier des faits divers : dans la plupart des meurtres, l'assassin, soit se rend tout de suite, soit se suicide, soit est pédophile ou autre pervers. Cecit dit, c'est rare, mais ça arrive que les enquêteurs aient à rechercher l'identité du meurtrier  parmi les amis, les voisins ou la famille. Bon mais ça arrive (affaire Grégory par exemple)..mais ça arrive tellement rarement que lorsque ça arrive ça fait la une des journaux et que l'inspecteur qui dirige l'affaire (dont c'est sans doute la seule affaire criminelle de la carrière) devient célèbre.
    Où voulais-je en venir : les auteurs de polars ne mettent pas assez voire pas du tout l'accent sur ce côté rare et insolite du meurtre. A lire les polars, il semble naturel pour les protagonistes qu'une personne non seulement est morte mais en plus a été tuée..et en plus on sait pas par qui.

    Celui que je viens de lire est un excellent polar. bonne intrigue, atmosphère sympa. un meurtre..quelques personnages autour et à la police de trouver qui est le meurtrier. Le tout se passe dans une petite station balnéaire italienne au début de l'automne. L'auteur restitue très bien l'ambiance un peu hors-saison, les hôtels fermés, la brume, la plage quasiment déserte. C'est un polar très classique en fait..et en tant mieux, car mon idée est qu'en la matière plus c'est classique plus c'est bon. Les cent dernières pages sont haletantes et je les aies lu d'une souffle.

    Et comme dans tout bon polar, il y a pas mal d'incohérences dont celles énoncées plus haut puis celle-ci : Rick, l'un des personnages principaux pense qu'il va être accusé du meurtre et qu'il ne pourra pas prouver le contraire. Donc son amie Marta lui dit que la seule façon qu'il a de s'en sortir est de fuir..et elle pense tout de suite a des amis  riches habitant une grande maison perdue dans la Suisse profonde. Il ne fait aucun doute pour Marta qui ses amis vont être d'accord de loger Rick, des années s'il le faut (le temps que l'affaire s'endorme). Voilà l'incohérence : on a beau être des amis sympas, habiter en Suisse (pays où on aime bien cacher les choses et les gens), dans un coin perdu, on ne peut quand même s'estimer heureux de devoir cacher un type suspecté de meurtre, fusse-t-il le compagnon d'une des nos amis..et puis en dehors de l'aspect dangereux de la chose, quand on est chez soi en famille, on n'a pas forcément envie que du jour au lendemain débarque un inconnu susceptible de rester longtemps. En plus dans le roman, l'amie sympa qui habite en Suisse est mise au courant très vite, accepte très vite comme si tout cela n'avait aucune importance pour elle. Je suis désolé mais un inconnu qui débarque dans votre quotidien 24/24, du jour au lendemain, c'est pas anodin. zut, je radote.

    Je suis dur avec les romans policiers ? Je ne devrais pas me poser toutes ces questions et les lire sans me prendre la tête et prendre du plaisir, point barre..oui, c'est ce que j'ai fait...mais il fallait bien que je dise quelque chose. dire aussi que j'aime bien la collection rivages/noir, la taille du livre, la police de caractère et les couvertures qui sont souvent très évocatrices. Je ne connaissais pas Scerbanenco mais je vous le conseille si vous chercher à passer un bon moment dans un polar qui n'a d'autre prétention que de vous faire passer un bon moment.