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jean echenoz

  • CR220 : lac - Jean Echenoz

    101910_lac.jpgJusque là, Jean Echenoz ne m’avait jamais déçu et donc je me suis dit que pour ce retour en littérature après deux mois d’errance, le plus judicieux était de repartir avec cette valeur sure de la littérature française, auréolée d’un prix goncourt à la fin du siècle dernier avec son roman je m’en vais que j’avais adoré (et je note au passage que cette trêve indépendante de ma volonté ne m’a pas guéri du syndrome des longues phrases qui se veulent subtiles mais qui en fin de compte sont pédantes et qui doivent être assez désagréables pour les deux ou trois lecteurs qui me restent - sachez que je vous aime, tous autant que vous êtes, sauf les spams qui me disent que des choses gentilles mais qui ne sont pas des vrais gens et ça c’est un peu embêtant-).
    Jean Echenoz donc, un roman assez court en plus, cocktail idéal pour s’assurer un retour gagnant avant des choses plus ambitieuses (comme l’atteste ce tambour à gauche, peu engageant et pourtant si tentant).
    Hélas, je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette parodie d’affaire d’espionnage, si ce ne sont les quelques formules typiquement échenoziennes qui font mouche. Alors pour faire dans le jeu de mot facile, je dirais que j’ai coulé dans ce lac mais ce n’est pas trop grave car au moins j’ai lu mon premier livre de cet automne 2011.
    Tant que j’y pense, s’il y en a qui sont tentés par lire, un chateau un forêt de Norman Mailer(sorti en 2007), roman qui parle de l’enfance d’Adolf Hitler, et bien j’ai envie de vous dire de passer votre chemin...mais après tout les gens font ce qu’ils veulent.
    Tant que j’y pense aussi, je lirai le système Victoria de Eric Reinhardt après les fêtes. J’espère qu’il me procurera les mêmes émotions que Cendrillon.

    lecture : novembre 2011
    minuit, double,  191 pages
    année de parution : 1989
    note : 1.5/5

  • CR82 - Courir - Jean Echenoz

    courir.jpgmot de l'éditeur : On a dû insister pour qu’Émile se mette à courir. Mais quand il commence, il ne s’arrête plus. Il ne cesse plus d’accélérer. Voici l’homme qui va courir le plus vite sur la Terre.

    mes avis (deux pour le prix d'un) :
    1 - Un petit Echenoz après un grand classique ne peut pas faire de mal. Courir est le dernier roman de l'écrivain qui a donc décidé après Ravel de continuer dans la veine biographique. J'ai lu pas mal de commentaires négatifs de courir qui pour beaucoup est un petit Echenoz et qui n'apporte rien de plus de ce qu'on savait de Zatopek. Ok mais perso, je ne savais rien de Zatopek avant. Donc, j'ai joins l'utile à l'agréable comme on dit avec ce bouquin que j'ai lu en une heure, temps pendant lequel le coureur a pied arrivait à parcourir 20kms. Le style Echenoz est bien toujours là par moment, par petites touches ici ou là mais est peut-être moins marqué que d'habitude au point que j'ai eu souvent le sentiment de lire une simple biographie.

    2 - Même si je n'ai pas retrouvé dans ce petit roman (lu en 1heure, c'est à dire durée pendant laquelle Zatopek parcourait 20kms), le style si particulier d'Echenoz, au moins j'ai découvert la vie et les exploits de ce Zatopek, coureur à pied tchécoslovaque hors norme de l'après-guerre. L'auteur rappelle également, et non sans une certaine ironie, les excès du communisme et la récupération par le pouvoir du phénomène Zatopek.
    Que dire de plus si ce n'est que c'est une bonne petite biographie sous-titrée quand même "roman" comme pour permettre à l'auteur de prendre quelques libertés dans les anecdotes relatées. On peut dire quand même qu' en dehors d'un travail de recherche (par exemple sur la technique du coureur à pied), Jean Echenoz ne s'est pas beaucoup "foulé" sur ce coup-là.
    On l'attend au tournant.


    lecture : le 28.03.2009
    note : 3/5
    à venir : la nausée, Jean-Saul Partre

    zatopek_qr.jpg

  • CR70 - Cherokee - Jean Echenoz

    22012009338.jpgJe viens de terminer cherokee et j'ai adoré ce roman tout comme j'avais adoré je m'en vais. Jean Echenoz confirme donc tout le bien que je pensais de lui. Et il ne pouvait en être autrement tant dans ma conception de la littérature, la forme compte tout autant que le fond..voire plus.   Dans cherokee, l'histoire brinquebalante d'un type un peu paumé qui se retrouve enquêteur dans une espèce d'agence de détectives où l'on enquête sur des affaires abracadabrantesques (un vol de perroquet par exemple) n'est évidemment une fois de plus qu'un prétexte à une débauche verbale d'une ingéniosité sans pareil où les mots rares et précieux côtoient des termes techniques qui tombent à chaque fois fort à propos, où des phrases insolites se succèdent comme autant de surprises et d'émerveillement ! Pour autant l'environnement échenozien n'est pas spécialement chatoyant puisqu'en général et dans cherokee en particulier, les terrains vagues se succèdent à rues sombres jonchées de déchets et à des zones péri-urbaines à moitié désertées. Mais la plume de l'écrivain donne à tous ces endroits et aux antihéros qui les fréquentent une sorte de grandeur poétique véritablement enivrante.

    Ça donne des choses de ce genre :


    Ils s'éloignèrent. Le bruit de leur moteur décrut, se fondit dans la rumeur lointaine, ils n"étaient plus là. Cependant, nous restons. Alentour le paysage est gris et terne. Il fait humide et froid. Tout est désert, on n'entend plus rien que cette rumeur lointaine sans intérêt. Que ne partons-nous pas. Mais voici qu'un autre bruit de moteur naît en coulisse, se précise, s'incarne en une nouvelle voiture qui paraît au bout du passage, s'approche, ralentit et se gare là même où stationnait la 504. C'est la Mazda locative de Fred. Va-t-il se passer quelque chose. Aurions-nous bien fait de rester. (p96) (note : narrateur extérieur au récit)

    Le perroquet Morgan était âgé d'une soixantaine d'années, ce qui correspond en gros, à l'échelle humaine, à une soixantaine d'années...
    (p138)

    Sur l'autoroute, à cette heure-ci, il n'y avait que des quinze-tonnes lancés à toute allure dans leur cortège classique de cuir, de tabac, de laine, de sueur et de gasoil et aussi quelques voitures particulières menées à toute allure par des hommes seuls, ivres et désespérés.
    (p171)


    Plus qu'un simple écrivain, Echenoz est aussi un poète, un sculpteur du verbe et et lorsqu'on lit ses oeuvres, on devine tout le plaisir qu' il a mis à les écrire. Ça se devine et ça se sent qu'il prend beaucoup de plaisir à l'écriture. Je considère Jean Echenoz comme l'un des plus grands écrivains français contemporains, au côté  de Philippe Djian (dont les romans sont différents mais qui cultive une même forme de cynisme) et de Benoit Godillon (dont un nouveau roman sort en mars).
    Alors, rejoignez le fan club de Jean Echenoz sur facebook. Et par la même occasion celui de Georges Marchais. -))
    Et puis lire l'excellente note de Pitou, le blogger au bout de la lettre.
    Et puis, aller faire dodo.

    lecture du 15.01 au 22.01.09
    note : 4.5/5
    à venir : le diable au corps, Raymond Radiguet

    Loïc

     

     

  • Jean Echenoz chez Alain Veinstein ce soir

    809c0c248d7113c6b0b094a3b623a767.jpgJean Echenoz fait partie de mes écrivains préférés. J'aime son style et sa façon d'envisager la littérature (où la forme compte autant voire plus que le fond). Alors en plus, quand il écrit un bouquin sur la course à pied, je jubile. Courir est sorti il y a quelques jours et j'ai envie de conseiller de vite courir l'acheter. Concrètement il s'agit d'une sorte de biographie du coureur de fond hongrois Zatopek. Je dis 'une sorte', parce que déjà c'est une formule que j'utilise beaucoup (et trop sans doute) et aussi parce qu'écrite par Echenoz, ça ne peut ressembler à aucune autre biographie. Le larousse de 1973 définit 'une sorte de' de la sorte : une chose ou une personne qui ressemble à. Ce qui fait que pour éviter d'utiliser l'expression j'aurais pu dire "concrètement il s'agit d'une chose ressemblant à une biographie", mais comme ici on sait que la chose est un roman, on peut affiner et ça donnerait ceci : "concrètement, il s'agit d'un roman qui ressemble à une biographie".
    On va y arriver.
    Mais la question que je me pose aujourd'hui, c'est "est-ce que courir va marcher ?". Toujours est-il qu'en ce qui me concerne, je ne vais pas lire ce roman tout de suite. Je ne paie rien pour attendre et j'ai déjà dans ma liste automnale (mes amitiés à Eric Reinhardt et qu'il profite bien de la lumière si spéciale des soirées d'octobre aux alentours du GrandPalais), cherokee que j'avais acheté sur alapage car il n'était pas cher, ok ?


    Par contre, ce que je vais faire tout à l'heure c'est écouter Monsieur Echenoz car il est l'invité d'Alain Veinstein à 23h30 sur france culture. J'aime beaucoup quand il parle aussi car il a un débit assez lent, une voix hésitante qui émet plein de heu et ce timbre si particulier qu'ont les gros fumeurs (encore que là, je m'avance un peu). Car c'est ça aussi le charme de la radio la nuit : laisser les gens parler au rythme qu'ils souhaitent.

  • souvenirs de lectures : passages avec zone.

    6eb0cb8eee4a3a438de587d4ff550123.jpgDans tous ces livres que j'ai lus dernièrement, il arrive évidemment qu'il soit question de terrains vagues. Et comme le terrain vague est un peu le fîl rouge de ce blog, (thème que d'aucuns jugeront profondément débile), j'ai décidé de retranscrire ici certains des passages en question. Et pour inaugurer cette série, il m'est revenu à l'esprit un passage exquis de je m'en vais de Jean Echenoz, livre que j'ai beaucoup aimé, je le rappelle.

    J'extrapole un peu le thème du terrain vague à des zones industrielles désertes et les zones péri-urbaines sans intérêt. Terrain vague au sens large donc...(voilà une note qui ne risque pas de faire monter l'audience - très basse - de ce blog ! Mais on s'en fout, on est entre nous (enfin non je suis avec moi))

    Entrée dans Charenton, la Fiat a viré à droite dans une petite artère qui porte le nom de Molière ou de Mozart, Baumgartmer ne se rappelle jamais lequel des deux mais il sait qu'elle aboutit perpendiculairement à une autre voie rapide, au-delà de laquelle s'étend une minuscule zone industrielle bordant la Seine. Cette zone est composée de rangée d'entrepôts, de perspectives de boxes à rideau métallique sur certains desquels sont peints des noms de firmes, au pochoir ou pas. Signalées par un grand panneau - la Flexibilité au service de la Logistique -, il y existe également nombre de cellules de stockage en location, d'une surface comprise entre deux et mille mètres carrés. Il s'y trouve encore deux ou trois petites usines très calmes qui ont l'air de tourner au quart de leur potentiel ainsi qu'une station d'épuration, tout cela distribué autour d'un tronçon de route apparemment privé de nom.

    C'est un secteur encore plus vide que partout ailleurs au milieu de l'été, et presque silencieux : les seuls bruits perceptibles y aboutissent sous forme de rumeur floue, de frémissements sourds, d'échos d'on ne sait quoi. Pendant l'année, à la rigueur, peuvent s'y promener deux couples âgés avec leur chien. Certains moniteurs d'auto-école ont aussi repéré cet endroit et se sont passé le mot, profitant du trafic nul pour y faire évoluer leurs élèves à moindre risque et parfois aussi, sa machine sur l'épaule, un cyclotouriste le traverse pour emprunter le petit pont qui franchit la Seine vers Ivry.

    Je suis subjugué par ce style décapant et déroutant en même de poétique. D'ailleurs, plus les semaines passent qui m'éloignent de la lecture de ce roman, plus il apparait qu'il m'a profondément marqué (c'est l'effet inverse au livre de Barbery qui m'a laissé sur le coup une grosse impression et qui aujourd'hui me semble d'une naïvité et d'une vacuité abyssales).

    Loïc, 22h35

    ps : la photo est extraite du site blanc de Philippe Vasset (lien en bas à gauche, merci à lui)

     

     

  • CR9 : Je m'en vais - Jean Echenoz

    8b20a10dac7980a4004ce504f4dd7392.jpgAvant de lire ce livre, je ne connaissais de Jean Echenoz que ses quelques passages réguliers dans les émissions littéraires. A vue de nez, il m'apparaissait comme un type bien, bien sous tout rapport, écrivant des romans propres, sans fantaisies, sans fioritures, sans chichi. Une sorte  d'écrivain banal dans une production littéraire 'sans estomac'.
    Si l'habit ne fait pas le moine, l'écrivain ne fait pas le roman..."Je m'en vais" est un roman au style déjanté, qui sort vraiment de l'ordinaire et ce, pour deux raisons principales :
    - la place du narrateur : on ne sait pas qui il est, il ne fait pas partie du récit et pourtant il se permet des "je" et des remarques plus que subjectives.
    - des phrases tordues, destructurées où les verbes conjugués au présent côtoient ceux conjugués au passé, où les dialogues s'interposent, l'air de rien, dans une phrase narrative. Et plein de choses bizarres comme ça..à tel point qu'on se dit que les mêmes phrases écrites par un collégien seraient évidemment sanctionnées de rouge à la correction..Mais le fait est que Echenoz maîtrise à merveille ce joyeux bordel grammatical et que la surprise des premières pages passées, on s'habitue pour finalement aimer.

    Alors, s'agit-il plus d'un exercice de style qu'un récit avec une histoire etc ? peut-être..d'autant qu'on s'attend en lisant la 4ème de couverture à un récit d'exploration dans le pôle Nord (mais le titre aussi laisse entendre que ça parlera d'un départ)..mais en fait, le voyage en question ne dure que 4 ou 5 petits chapitres dans le livre et le roman n'est ni plus ni moins que la vie banale d'un galeriste parisien, alternant des hauts et des bas et courant de jupons en jupons. On imagine d'ailleurs tout à fait le roman sans le voyage au pôle et sans les conséquences de ce voyage.

    Alors, globalement, je dis chapeau..car j'ai beaucoup ri et un roman qui fait rire aux éclats est un roman réussi. Ce n'est pas un petit goncourt (1999) comme on a pu l'entendre. C'est un Goncourt audacieux pour un livre audacieux.
    Sur ce, les amis, je vais me plonger dans un roman étranger..pour changer un peu.

    bon weekend à toutes. signé Loïc, 0h00