Colin sabre et tam-tam - Page 124
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sur france inter, en août
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lectures d'été.
LECTURES PREVUES POUR DES VACANCES SEDENTAIRES :
. le roman des phares (collectif) : il s'agit d'un recueil de nouvelles où il est question de phares. (avec des écrivains comme Alphonse Daudet ou Henri Queffélec. il se trouve qu'après avoir été obsédé quelques temps par les vieilles gares désaffectées, voici que ce sont désormais les phares qui m'omnibulent. J'aime les choses inutiles, désuetes, complètement à côté de la vie.
. l'amant de Lady Chatterley de DHLawrence :j'ai souvent entendu parler de ce livre sans avoir forcément envie de le lire. Mais là, j'ai été subjugué par le film de Pascale Ferran Lady Chatterley et l'homme des bois. On verra...
. Les invités de l'île de Vonne Van Der Meer : ce roman de poche, conseillé par Télérama a tous les attributs du livre pas prise de tête. L'auteur (hollandais) raconte les petites vies des différents locataires se succédant dans une petite maison en bord de mer. Narrer les vies normales, voilà la vraie littérature. Parler de rien, c'est encore plus beau mais c'est d'autant plus dur.
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La bande à Bonnaud
Bon une fois n'est pas coutume, j'ai signé une pétition ! Faut dire qu'il s'agit de sauver l'émission 'la bande à Bonnaud' qui passe en fin d'après-midi sur France inter et que la direction menace d'arrêter faute d'audience. Je n'écoute cette émission qu'une demi-heure en rentrant du boulot mais c'est suffisant pour se rendre compte de sa qualité...enfin moi, francinterophile, j'ai toujours eu un problème lorsqu'on veut toucher à sa programmation. C'est mon côté conservateur et aussi parce qu'on touche à des choses qui font mon petit quotidien. Par exemple, j'avais été très peiné lorsque l'émission de Macha s'était arrêtée. j'avais également signé une pétition (en tout dans ma vie, j'ai donc signé 2 pétitions).
Bon mais à part ça, objectivement, la bande à Bonnaud est une excellente émission où 3 ou 4 journalistes de talent (des poils à gratter qui ont un avis sur tout) discutent avec un invité qui fait l'actualité littéraire, cinématographique ou autre. ça vole souvent très haut et la direction de France inter a tort de penser qu'un auditeur a systématiquement besoin de légèreté en rentrant du boulot. Je me surprends d'ailleurs souvent à rire devant les questions et les argumentations qui prennent souvent des chemins improbables.
Et puis, j'aime bien Frédéric Bonnaud (qui présentait avant Charivari)
Alors pour la pétition, c'est par ici : http://bab.chiwalou.org/index.php -
printemps des poètes (5)
Au printemps 1871, Rimbaud avait résolu de nous donner une heure de littérature nouvelle et il commençait de suite par un psaume d'actualité :
Le Printemps est évident, car
Du coeur des Propriétés vertes,
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes !
0 Mai ! quels délirants cul-nus !
Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
Écoutez donc les bienvenus
Semer les choses printanières !
Ils ont shako, sabre et tam-tam
Non la vieille boîte à bougies
Et des yoles qui n'ont jam, jam...
Fendent le lac aux eaux rougies !
Plus que jamais nous bambochons
Quand arrivent sur nos tanières
Crouler les jaunes cabochons
Dans des aubes particulières !
Thiers et Picard sont des Eros,
Des enleveurs d'héliotropes,
Au pétrole ils font des Corots :
Voici hannetonner leurs tropes....
Ils sont familiers du Grand Truc !...
Et, couché dans les glaïeuls, Favre
Fait son cillement aqueduc,
Et ses reniflements à poivre !
La Grand'ville a le pavé chaud
Malgré vos douches de pétrole,
Et décidément, il nous faut
Vous secouer dans votre rôle...
Et les Ruraux qui se prélassent
Dans de longs accroupissements,
Entendront des rameaux qui cassent
Parmi les rouges froissements !Je ne vous retranscris pas ce poème parce que c'est le printemps. Contrairement aux apparences, Rimbaud se foutait du printemps. Non, pour une raison qui me dépasse, c'est le poème qui me trotte dans la tête en ce moment. J'ai toujours un truc qui me trotte dans la tête. Quand ce n'est pas une mélodie, c'est une expression et en ce moment, c'est ce poème. Ici, bien sûr, c'est du printemps révolutionnaire dont il s'agit (commune de Paris) Au delà du fond, c'est la rhétorique utilisée qui me plait ici. Tout ces noms propres, ces noms de villes et termes peu courants (banbochons, tropes..). Sur le fond des choses quand même, je vous invite à aller sur cette page : http://rimbaudexplique.free.fr/poemes/chantdeguerre.htmlJe ne suis pas si calé sur cette période de notre histoire dont tous les rimbaldiens débattent sur le fait de savoir dans quelle mesure le poète participa à la Commune. En tout cas, s'il n'y participa pas dans les faits, son coeur y était, à n'en pas douter. La révolte, c'est l'action.
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le bonheur d'être père
Demain après-midi, je vais emmener mes filles aux cirque et je trépigne déjà d'impatience non pour le cirque lui-même (vous savez, les petits cirques qui passent dans nos campagnes, ça casse pas trois pates à un canard) mais parce que je vais rendre mes filles heureuses et que pendant qu'elles rieront des pitreries des clowns ou qu'elles s'émerveilleront de quelques acrobaties, je les dévorerai du regard et verrai dans leurs yeux beaucoup de bonheur et d'innocence..
Car mes filles (Chloé et Lola) me donnent beaucoup de bonheur et je souhaite à tous les pères de vivre la même chose que moi, à savoir vivre intensément chaque jour qui passe, ne rien rater, s'emmerveiller d'un regard, d'un bon mot, d'une attitude, d'un bobo ou du début de rébellion.
Je ne vis pas par procuration à travers elles mais disons qu'elles participent à mon équilibre et donnent un sens à ma vie. Il ne faut jamais désespérer de rien et si je dis ça, c'est parce que Lola est née il y a deux ans en plein dans les heures les plus obscures de mon existence. Elle a vécu ses premiers mois sur Terre avec un père proche de l'état de légume. Je ne savais pas comment me comporter avec elle et puis, bon an mal an, la lumière est revenue, nous nous sommes 'rencontrés' et je peux dire aujourd'hui que je dois à la puce une fière chandelle. Les enfants valent souvent mieux que les psychologues.
Cet après-midi, j'ai pris cette photo de Chloé que j'adore parce qu'elle est naturelle (comme je l'aime) et en mouvement (comme j'aime que soit les choses). Je n'aime pas les photos où l'on pose. Chloé est une fille épatante et j'ai le sentiment de vraiment bien la connaître. Je sais ce qui lui fait plaisir et aussi ses craintes. Par exemple, hier vendredi, je l'emmène comme tous les jours à l'école et je file au boulot. Arrivé à cent mètres de l'usine, je me rends compte que mon mal de tête (que j'avais depuis quelques jours) n'est plus tenable et je décide de faire demi-tour et bien vous savez quelle fut ma première réflexion ? que, comme le docteur allait me mettre en arrêt, je pourrai alors faire la surprise à Chloé en allant la chercher à l'école plutôt que bien plus tard à la garderie. Malgré la douleur (s'avérant être une sinusite), je m'imaginais déjà quel allait être la réaction de Chloé en voyant son papa à une heure où elle ne l'attendait pas. Je savais aussi que ça pouvait être quitte ou double, soit elle me saute au cou, soit elle reste dans son coin en murmurant 'mais papa, je n'ai pas fini mon dessin à la garderie'. Les enfants, souvent s'attachent à des détails. Bilan : Chloé fut surprise (ceux qui la connaissent savent l'air qu'elle prend quand elle a à affaire une situation qu'elle ne maîtrise pas (elle regarde de biais et lève les yeux vers le haut). Elle fut surprise, a fait sa piplette et nous sommes rentrés à la maison (tout en prenant soin de s'arrêter devant toutes les maisons pour qu'elle puisse comme d"habitude me lire les numéros).
le bonheur.
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du sépia plein les doigts (2)
Comme mon corps a décidé aujourd'hui de ne pas aller se faire exploiter à l'usine, je me suis maté deux films avec Lino Ventura à savoir 'le bateau d'Emile' et '100.00 dollars au soleil'. Et j'ai pris beaucoup de plaisir à les regarder bien que vus déjà plusieurs fois. 'Le bateau d'Emile' n'est pas très connu (mais quand on est fan d'un truc, on aime parler de choses pas très connues -)) mais c'est un monument de drôleries, de poésie. Le tout se passe dans un petit port où chacun a ses habitudes. J'adore. '100.000$ au soleil' est plus connu. Lino joue avec Belmondo. il s'agit d'une rivalité entre camionneurs dans le désert algérien. Les dialogues sont fins (signés Audiard va sans dire) et les situations assez cocasses. (il y a dans ce film une scène de cuite avec Lino et Blier, pas aussi connue que celles des tontons flingueurs mais tout aussi bidonnante).zut, on voit pas bien. adresse : http://tontonsflingueurs.actifforum.com/index.htm
Il y a beaucoup d'autres films avec Lino que je vénère : 'classes tous risques (en plus, réalisé par Sautet..alors, t'imagine), 'les tontons flingueurs' bien sûr, 'ascenseur pour l'échafaud', 'un papillon sur l'épaule', 'un taxi pour Tobrouk'...enfin, presque tout en fait. Lino était un grand bonhomme, fondamentalement bon, fidèle en amitié, généreux etc..
Je vous reparlerai de tout ça dans une prochaine note..Pour patienter, voici, quelques musiques de ses films (et plus bas, une bannière contetant l'adresse du forum consacré à Ventura où j'officie sous le pseudo de Plouc) : -
printemps des poètes (4)
Une grosse différence entre le socialisme et le libéralisme est que le socialisme cherche à gommer les différences au 'profit' de la collectivité. Or l'homme est complexe et ne peut pas toujours se fondre dans un tout. C'est de cet état de fait que nous parle Jean Tardieu dans ce petit poème, véritable pamphlet contre la police aux ordres du socialisme :
Procès-verbal :
Cet individu était seul
il marchait comme un fou
il parlait aux pavés
souriait aux fenêtres
pleurait en dedans de lui-même
et sans répondre aux questions
il se heurtait aux gens, semblait ne pas les voir
Nous l'avons arrêté.Jean Tardieu
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printemps des poètes (3)
bonsoir les amis,
Veuillez nous pardonner cette absence de quelques jours mais le fait est que l'ensemble des membres du collectif 'Europe libérale' est affairé en ce moment à la rédaction du 'pacte poétique' qui devrait être prêt dans les semaines à venir. Il sera alors demandé aux candidats à l'élection présidentielle de bien vouloir le signer. ça vous faire rire ? pourquoi ça vous fait rire ? tous les candidats (sérieux) n'ont-ils pas signé le pacte écologique, alors que si on le lit bien, on se rend compte qu'il s'oppose totalement au projet des candidats (il parle par exemple de 'décroissance' : imaginez un instant que Royal ou Sarkozy promettre une croissance de -2%...). Donc à partir du moment où les candidats ont signé ça, ils seront bien capable de signer le pacte poétique (également appelé 'pacte d'orphée'). Ce pacte a pour but de remettre la poésie sur le devant de la scène et d'en finir avec le prosaïsme ambient. L'objectif est que dans 10ans, il soit obligatoire de faire des alexandrins (ou des octosyllabes) et de rimer ses phrases dans le langage parlé (commercial etc). Nous savons qu'il s'agit d'une révolution mais elle nous semble indispensable à l'heure où la langue française se fourvoie dans le langage sms ou dans les anglicismes.
Voici en exclusivité une ébauche des premières lignes de ce pacte :
1 - Nous préconisons la création d’un poste de vice-Premier ministre en charge du développement poétique, c’est-à-dire avec la responsabilité d'assurer cette dimension dans
tous les choix politiques. Numéro 2 du gouvernement, il élaborera et veillera sur la feuille de route de chaque ministère dont l’action concourt au développement de la poésie.
Avec son administration dédiée, le vice-Premier ministre aura des prérogatives clairement définies pour planifier, impulser et coordonner une autre politique et proposer au gouvernement une vision poétique de la société.2 - Pour stabiliser la concentration des textes techniques dans la société et éviter la catastrophe prosaïque, les publications mondiales de romans doivent avoir diminué de moitié d’ici 2050 par rapport à ce qu’elles étaient en 1990, soit une division par quatre dans les pays francophones. Il faut donc diviser par quatre notre consommation de romans.
3 - Nous proposons que les subventions culturelles de toutes sortes soit progressivement transférées vers la création poétique de qualité par un encouragement dès le cours préparatoire à l'écriture de vers. Il faudra encourager l'usage de l'alexandrin et des rimes dans le langage parlé dès la maternelle.
Voilà donc les premières lignes.
A priori, le candidat qui nus semble le plus proche (ou disons le moins loin) de nos préoccupations poétiques semble être Nicolas Sarkozy qui fait de belles envolées lyriques dans ses discours. Ceci dit, Le Pen qui manie à merveille le subjonctif de l'imparfait est pas mal non plus. Nous ne sommes pas du tout impressionnés par les propos de Royal qui dit se perdre régulièrement dans 'les contemplations' de Victor Hugo. ça ne lui colle pas. C'est de la mauvaise foi, nous pensons qu'elle n'a jamais ouvert ce recueil. Le pire candidat est Bové (mais l'extrême gauche dans son ensemble ne sait pas parler français). Nous accepterons bien sûr qu'ils signent le pacte mais nous ne seront pas dupes..
Nous vous souhaitons un joli weekend..plein de poésie...
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le printemps des poètes (2)
On sait tous évidemment ce qu'est un sonnet. C'est un peu désuet aujourd'hui, j'en conviens. Mais ça reste mon style préféré !!! (toujours du sépia plein les doigts hein). Dans un sonnet, comme dans tous les styles de poésie classique, les rimes ne se font qu'en fin de vers. Jean Goudezki lui est allé plus loin en étant le premier à composer un sonnet holorime. Voici comment wikipédia nous définie un sonnet holorime : ' Un poème holorime est un poème constitué de vers entièrement homophones ; c'est-à-dire que la rime est constituée par la totalité du vers, et non pas seulement par une ou plusieurs syllabes identiques à la fin des vers comme dans la rime « classique ».
Tout ça est très technique. Par principe la poésie ne devrait pas s'embarasser de tant de contraintes. Mais là, connaissant Goudezki (le plus grand poète de tous les temps), on peut penser qu'il s'agissait d'un jeu comment ils en faisaient beaucoup au cabaret du chat noir. Ce n'est ni plus ni moins que de la poésie sans prétention, pour s'amuser devant un verre d'absinthe.
Alors, évidemment, composer un sonnet holorime impose de faire des concessions sur le bon sens. Voici dont le fameux sonnet de Goudezki intitulé 'invitation' :
Je t'attends samedi, car Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
Allons - bravo ! - longer la rive au lac, en pagne ;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
L'attrait (puis, sens !) : une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombre, thé des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit.
Et, le verre à la main, - t'es-tu décidé ? Roule -
Elle verra, là mainte étude s'y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes ou les gens !
Comme aux dieux devisant, Hébé (c'est ma compagne)...
Commode, yeux de vice hantés, baissés, m'accompagne...
Amusé tu diras : " L'Hébé te soûle, hé ! Jean ! "Très fort. Respect à Goudezki. Si j'avais croisé Goudezki dans une station de ski, je lui aurais dit 't'es good..eh, ski !!! ' nul...ok...
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le printemps des poètes (1)
Je suppose que ce poème doit être marrant puisque hier soir, lorsqu'il me pris de le dire à voix haute à Prisca, elle a ri de bon coeur, elle qui de façon générale n'est pas trop sensible à ces choses là (encore que):
Qui qui rime avec : vingt ans ?
C'est le printemps ;
Qui qui rime avec : Beauté ?
C'est l'Eté ;
Qui qui n'inspire pas beaucoup de vers ?
C'est l'Hiver ;
Mais qui qui rime toujours avec : monotone ?
C'est fichtre bien l'Automne !!
Ce poème est tellement inconnu que je ne l'ai pas trouvé sur la toile. Celui qui l'a commis est tout aussi méconnu : Jean Goudezki. Qui est Jean Goudezki ? Là, j'ai trouvé ce poème (qui est d'ailleurs plus une plaisanterie qu'autre chose) dans l'anthologie 'les poètes du chat noir', mon livre préféré pour aller aux toilettes. Un recueil de poème comme celui ci est idéal pour le petit coin car contrairement à un roman, on peut prendre n'importe quelle page et en plus, dans le cas présent, on rie. Au Chat Noir, on riait beaucoup, fée verte aidant. Il parait clair que Goudezki ne prenait pas la poésie au sérieux. un peu l'antithèse de Mallarmé qui mettait quinze jours à finaliser un alexandrin. A part qu'il fut de l'épopée du Chat Noir, que sait-on de lui ? pas grand chose, dirait-on. Tiens, ça me donne une idée : un peu comme dans le roman 'la secte des égoïstes' de EE Schmit où un type entre dans une bibliothèque et décide de prendre un bouquin au hasard, de s'arrêter sur le premier nom propre venu et de l'étudier à l'extrême, quel que soit l'heureux élu.
Toujours est-il qu'on a ri de bon coeur. C'était la meilleure façon d'inaugurer le printemps des poètes qui aura sans doute cette année un écho assez fort du fait de la faible actualité politique et sociale en général. Demain, si vous êtes gentils, je publierai ici une de mes vieilles compositions aussi peu sérieuse que celles de Goudezki, que désormais nous vénérons tous !!