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compte rendu de lecture - Page 22

  • CR64 : les choses - Georges Pérec

    9782264041289.jpgVivre, c'est passer d'un espace à un autre, ça c'est un fait, n'est-ce pas... mais c'est aussi passer d'une chose à un autre. C'est en substance ce que veut nous signifier Georges Pérec dans ce petit roman, où il nous montre, en prenant l'exemple de la vie d'un jeune couple de jeunes parisiens moyens, combien il subit  la société de consommation ou alors en profite, le tout dépendant en fait de la possibilité qu'il a (ou qu'ils ont individuellement) d'acquérir les choses. Voulant y échapper, les deux "consommateurs" décident d'aller vivre en Tunisie où Sylvie a trouvé une place d'enseignante. Mais là-bas, ils dépriment très vite dans leur grand appartement trop vide ou en se baladant dans la ville déserte..sans vitrines étincelantes. Du coup, retour à Paris...où on reprend les mêmes habitudes, les mêmes rêves et les frustrations qui vont avec.


    J'ai lu les choses lors une nuit d'insomnie après avoir trop bu la veille de Café Grand-mère. Confortablement allongé sur mon matelas Epeda acheté à but et tout en écoutant le dernier album de Françoiz Breut avec mon tout nouveau petit joujou intitulé nokia n95, j'ai consommé goulûment ce produit culturel de code ISBN 2-266-02579-1. Au bout du compte, mon avis concernant ce produit est positif.

    extrait :
    L'économique, parfois, les dévorait tout entiers. Ils ne cessaient pas d'y penser. Leur vie affective même, dans une large mesure, en dépendait étroitement. Tout donnait à penser que, quand ils étaient un peu riches, quand ils avaient un peu d'avance, leur bonheur commun était indestructible; nulle contrainte ne semblait limiter leur amour. Leur goûts, leur fantaisie, leur invention, leurs appétits se confondaient dans une liberté identique. Mais ces moments étaient privilégiés ; il leur fallait plus souvent lutter : aux premiers signes de déficit, il n'était pas rare qu'ils se dressent l'un contre l'autre. Ils s'affrontaient pour un rien, pour cent francs gaspillés, pour une paire de bas, pour une vaisselle pas faite. Alors, pendant de longues heures, pendant des journées entières, ils ne se parlaient plus. Ils mangeaient l'un en face de l'autre, rapidement, chacun pour soi, sans se regarder. Ils s'asseyaient  chacun dans un coin du divan, se tournant à moitié le dos. L'un ou l'autre faisait d'interminables réussites.

    moralité : l'argent fait le bonheur.

    lecture : nuit du 26 au 27 décembre 08
    note : 4/5
    commentaire à venir : la mort Venise, Thomas Mann.(re...)

  • CR63 : le livre d'un homme seul - Gao Xingjian

    lelivredunhommeseul.jpgLe livre d'un homme seul est le récit d'un chinois seul, ...et qui veut le rester malgré l'oppression communiste. Trouvant refuge dans la littérature, il survit tant bien que mal à la révolution culturelle (qui n'a évidemment, comme beaucoup ne le savent pas encore en France de Révolution et de Culturelle que le nom) en se faisant oublier par un opportunisme de bon aloi. Dans cette Chine maoïste où l'on peut mourir pour un geste ou un regard mal placés ou pour avoir parmi ses ancêtres quelque oncle potentiellement droitiste, il vaut mieux se ranger en attendant que ça passe.
    Des années plus tard, exilé en Europe et devenu un artiste reconnu, il témoigne de ces années de souffrance tout en mordant à pleines dents tous les plaisirs qu'offre la vie en alignant les partenaires -sexuelles- et les pièces de théâtre.

    J'ai failli abandonner à plusieurs reprises ce roman-fleuve mais je crois que je l'aurais regretté. Car en plus d'avoir une valeur documentaire indéniable, il s'agit aussi d'une oeuvre littéraire savamment construite (le même narrateur est il ou tu selon qu'il se situe avant ou après l'exil).
    Tiens, mais pas inspiré sur ce coup-là. Peut-être parce que je ne suis pas trop fan des oeuvres où l'on dénonce quelque chose...Mon côté proustien.


    extrait : 
    Sachant bien que l'utopie de la nouvelle société constitue au même titre que l'homme nouveau un mythe moderne, aujourd"hui, chaque fois que tu entends les gens soupirer en disant que les idéaux sont détruits, tu te dis qu'il vaut mieux qu'il en soit ainsi. Tu comprends bien que ceux qui continuent à proclamer leurs idéaux sont de nouveaux vendeurs de poudre de perlimpinpin. Et ceux qui veulent te convaincre par d'intarissables flots de paroles, qui te donnent des leçons, tu te hâtes de leur dire, ça va, ça va, vieux frère, à demain - et tu files à l'anglaise.

    lecture du 30.11 au 24.12.08
    note : 4/5
    compte-rendu à venir : la mort à Venise, Thomas Mann

     

  • CR62 : l'arrière-saison - Philippe Besson

    livre_besson.jpgJ'ai lu ce livre comme ça, comme un intermède entre deux œuvres de plus d'envergure. Ce fut une lecture agréable comme le sont les arrière-saisons dans les stations balnéaires (comme le chantait si bien Francis Cabrel...La mer quand même/ Dans ses rouleaux continue/ Son même thème/ Sa chanson vide et têtue/ Pour quelques ombres perdues/ Sous des capuchons/ On doit être hors-saison...). Philippe Besson a eu la très belle idée d'inventer une histoire à partir du célèbre tableau de Edward Hopper : un bar du nom de Phillies, un serveur affairé, trois clients au comptoir dont une femme vêtue de rouge et deux hommes portant costume et chapeau. A partir de ces éléments, l'écrivain imagine une histoire sentimentale dont la femme en rouge, Louise serait le centre. Elle retrouve dans le bar un homme avec qui elle vécut 5ans en même temps qu'elle apprend que son amant du moment, un homme marié,  la quitte.
    Tout ça est très bien. Le problème est qu'à aucun moment du roman, les deux hommes, Stéphen et Norman ne sont accoudés au comptoir ensemble. Et pareil, il n'est fait nullement mention que ceux-ci portent des chapeaux (type feutre). A partir de là, qui sont les deux hommes du tableau ? Le lecteur peu imaginer qui ce sont des  clients lambda qui sont là, en même temps que Louise, fidèle cliente du bar. Sauf que l'un deux est très proche de Louise et qu'on devine qu'ils se connaissent bien. Alors, il doit s'agir de Norman. Après tout, Ben, le serveur,  trouve Norman "guindé" et le narrateur n'était pas obligé de dire que'il portait un chapeau. Autre hypothèse : l'écrivain ne s'est arrêté qu'à la partie du tableau qu'on voit sur la couverture...Mais si j'avais été Philippe Besson, je crois que j'aurais été le plus fidèle possible au tableau..tant qu'à faire, autant aller au bout de son idée.
    Et je me pose trop de questions pour ce très bon roman atmosphérique. Les mots de l'écrivain sonnent très justes pour décrire les sentiments et l'automne approchant..aussi justes que fut le roman les jours fragiles dans lequel Philippe Besson imagine avec brio les derniers jours d'Arthur Rimbaud. Je conseille ces deux romans comme lectures lors de dimanches d'automne. C'est assez grisant, surtout au coin du feu, pour ceux qui disposent d'une cheminée. Pour les autres, près de la chaudière à fuel, ça peut être sympa aussi.

    note : 3.5/5
    lecture du 28/11 au 30/11

     

  • CR61 : le complot contre l'Amérique - Philip Roth

    9782070774678FS.gifCe livre de Philip Roth que je viens de terminer fait partie de ces romans qui marquent.
    L'idée de Roth fut d'imaginer ce que serait devenu l'Amérique (et du coup le monde) si l'aviateur Lindbergh, antisémite notoire, s'était présenté et avait gagné les élections de 1940 contre Roosevelt, et ce à travers le regard du petit garçon juif qu'il fut, vivant dans la ville de Newark. La prouesse de l'écrivain fut donc d'avoir imaginer comment aurait pu tourner l'histoire si les États-Unis avaient décidé de ne pas entrer en guerre contre l'Allemagne, tout en restant cohérent et crédible dans le propos. Parallèlement à la grande histoire, le lecteur suit la montée d'un antisémitisme rampant aux États-Unis, entretenu par une administration suffisamment intelligente pour inciter et entretenir de façon subtile les actes antisémites. 90% des américains soutiennent Lindbergh dans son désir de neutralité vis à vis du conflit mondial. Même des juifs influents sensibles à son aura en arrivent à le soutenir et à entrer dans son administration. Seuls quelques courageux dont le père de Philip osent dire tout haut ce que quasiment personne pense tout bas. Le père a une ligne de conduite claire et dès le départ sait où veut en venir Lindbergh. Il est donc séduit par les discours radiophoniques deWinchell , un anti-Lindbergh qui n'a de cesse d'avertir l'Amérique des intentions de leur président. Tout cela finit en guerre civile, Lindbergh disparaît et Roosevelt est réélu président.
    Moralité : rien n'est jamais acquis, le Monstre est toujours tapis quelque part au fond de nos plus sombres instincts. Une démocratie apaisée ne l'est jamais complètement.
    C'est mon premier Roth..et sans doute pas le dernier. D'ailleurs, on m'a conseillé la pastorale américaine.
    Par ailleurs, j'ai été très sensible au fait que Philip Roth ait récemment apporté son soutien à Milan Kundera (pour l'affaire qu'on sait).

    Je voudrais parler maintenant de l'idée que je me fais du roman américain : tous les romans d'auteurs américains que j'ai lus (une petite dizaine à tout casser, oui je sais, c'est peu) se ressemblent quelque part, à savoir qu'il s'agit d"histoires très bien racontées mettant en scène des familles américaines plus ou moins types avec leurs lots de tragédies, de personnages attachants (comme l'est le père Roth dans le complot contre l'Amérique) ou détestables avec toujours pour la plupart des protagonistes le rêve américain comme idéal. Si je prends par exemple middlewest de Jeffrey Eugenides ou trente ans et des poussières de Jay Mcinerney, c'est à peu près ça. Les récits sont bien construits, bien enlevés comme on dit et en général ce sont des bouquins de 500 pages. Le lecteur est pris dans l'histoire comme dans un tourbillon. Mais en fin de compte, si je prends beaucoup de plaisir à lire ces romans, je ne leur trouve que peu d'intérêts littéraires, contrairement aux romans d'auteurs français contemporains (Jean Echenoz, Alain Fleischer, Régis Jauffrey...), qui sont plus introspectifs, plus subtils, plus profonds et plus expérimentaux aussi. Chaque type a un intérêt évidemment mais le fait est que je trouve plus mon compte dans la littérature française. Maintenant, c'est vrai qu'il faudrait que je lise plus d'auteurs américains (en commençant par Faulkner) pour voir si cette idée se confirme.
    Mais en fait, à bien y réfléchir, mon malaise avec le cinéma américain est du même type. Et toutes ces séries us que je ne peux pas supporter..J'ai un problème avec les États-Unis moi.
    Ceci dit, je relirai des romans américains.

    note : 3.5/5
    lecture du 15/11 au 25/11
    à venir : l'arrière-saison de Philippe Besson

  • CR60 : prolongations - Alain Fleischer

    9782070122189.jpgC'est lorsque j'ai appris que l'intrigue de ce roman se situait à Kaliningrad, enclave russe improbable située entre la Pologne et la Lituanie que je me suis dit que qu'il fallait que je le lise. Pour le reste, je n'en connaissais ni l'auteur ni le thème. Une bonne critique dans Télérama m'a fait franchir le dernier pas. Et il m'a fallu 15 jours pour lire ce pavé de 500 pages paru chez Gallimard dans la collection l'Infini.
    Le roman débute par l'arrivée du narrateur,
    Tibor Schwarz, à  Kaliningrad en sa qualité d'interprète-traducteur français-hongrois et ce, à l'occasion d'un congrès européen qui doit décider d'on ne sait trop quoi mais qui a l'air d'être important quand même. Il trouve son hôtel, et quelques vieilles connaissances dans le métier. Tout semble partir sur des bases rationnelles. Et puis petit à petit et surtout à partir du soir où il demande son chemin à trois individus traversant un pont, le roman bascule dans une sorte de rêve où les êtres humains sont des spectres et les situations totalement ubuesques. Le congrès lui-même sombre dans le grotesque. Tout le monde se fout de tout. Kaliningrad, dépravé est un immense bordel (dans tous les sens du terme). Seuls  quelques vieillards spectraux qui se réunissent dans un sous-sol le soir, se préoccupent du sort de Kaliningrad, qui fut par le passé prussienne sous le nom de Konigsberg. Sans trop comprendre pourquoi, Tibor Schwarz  en devient le mentor et comme le congrès s'accorde sa pause estivale, son unique préoccupation devient la possession sexuelle de trois filles, donc chacune semble représenter une sensibilité géopolitique. Je dis bien "semble" parce qu'en fait je n'ai pas tout saisi.
    Mais j'ai pris beaucoup de plaisir dans cette lecture et ce roman m'a rappelé Kundera et Kafka (dans le style pour l'un et les obsessions pour l'autre), et je ne dirais même pas en moins bien tant j'ai trouvé ça brillant, de par son ambition historique et philosophique. Le style est très fluide (cela vient-il du fait qu'Alain Fleischer n'écrit pas ses romans, mais les dicte ?). Il y a bien quelques longueurs, comme on dit (notamment, la scène de l'orgie sadomasochiste géante au congrès...qui n'en finit pas) mais Alain Fleischer maîtrise tellement bien son sujet qu'on trouve tout naturel lorsque dans les 30 dernières pages, alors qu'il pénètre sans fin et plus ou moins alternativement les trois héroïnes du roman, il arrive à nous faire un parallèle entre la chose et le devenir politique de la Vieille Europe, qui ne jouerait à Kaliningrad que de bien drôles de prolongations.

    note : 4/5
    lecture du 31.10 au 15.11
    à venir : le complot contre l'Amérique, Philip Roth

    1888149.jpg
  • CR59 : Meuse l'oubli - Philippe Claudel

    IMGP5681.JPGC'est en flânant cet été sur un marché de la région que je suis tombé sur ce bouquin. Je dois dire que le titre m'a tout de suite interpellé (bien plus que l'auteur que je n'avais jamais lu). Meuse l'oubli, Meuse comme le fleuve qui arrose Charleville, cette ville où j'ai passé il y a quelques années deux jours qui resteront à jamais gravé dans ma mémoire.


    Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.


    Dans ce petit roman, Philippe Claudel fait de petites allusions au poète mais guère plus. Il faut dire que l'action ne se situe pas dans les Ardennes mais en Belgique. Mais quand même zut, je n'y peux rien, pour moi la Meuse, cela reste le fleuve des rimbaldiens.
    Venons-en au roman proprement dit : le narrateur est inconsolable suite au décès brutal de sa compagne Paule. Il décide d'aller se réfugier dans un petit village belge, paumé de chez paumé. Il débarque, trouve une chambre et des mois duranttraîne dans le village, et notamment au bar l'Ancre où il se prend des bitures avec les habitués. Il se lie d'amitié aussi avec le fossoyeur du cimetière, avec sa logeuse Madame Outsander. Il tente de noyer sa peine dans cette atmosphère bucolique et loin de tout. Les mois passent et la lourde peine devient une petite cicatrice mais hélas pense-t-il, c'est plus la marque du temps (ce grand réparateur) que de son travail intérieur.
    Ce petit roman se lit bien et malgré le sujet, j'ai eu presque sans cesse le sourire aux lèvres. Le tout est baigné dans une poésie rieuse et chatoyante. Les anecdotes* se succèdent aux descriptions très colorées et il faut dire ce qui est : on passe un bon moment de lecture. Il s'agit du premier roman et sans doute le plus méconnu de PhilippeClaudel.

    * Le fossoyeur croise par hasard le narrateur qui se promène dans le cimetière : " quand je vous ai vu la première fois, cet hiver que je vous ai vu, je me suis dit tout de suite, 230x200x110 pour la fosse, il faut toujours compter plus large, et à vue de nez, 45x60x70 pour la taille de la caisse qu'il vous faudrait, la caisse à réduction, car vous êtes tout de même assez grand...Une vraie manie de métreur, je ne peux pas m'en empêcher, dès que je vois quelqu'un, il faut que je le réduise..."

    note : 3/5
    lecture du 29.10 au 31/10
    à venir : à voir

  • CR58 : la modification - Michel Butor

    modif.jpgÇa fait un petit moment que vous  aviez programmé la lecture de ce livre. Pour de multiples raisons dont deux principales :
    - vous aviez envie de lire un roman de ce Butor dont vous ne connaissiez que l'essai consacré à Rimbaud (improvisations sur Rimbaud) ;
    - vous aimez bien vous faire un classique de temps en temps ( ce roman fait partie des  49 romans français qu'il faut avoir lu selon la bibliothèque idéale de Bernard Pivot).

    La lecture est terminée et elle fut assez fastidieuse. Vous avez eu du mal à entrer dans l'histoire de ce type marié qui prend le train Paris-Rome pour rejoindre sa maîtresse. Tout le récit se passe dans le train. Et il ne s'y passe pas grand chose, sauf dans la tête du narrateur. Le fait que le tout soit écrit à la deuxième personne du singulier ne vous a pas dérangé, non c'est plutôt un vous-ne-savez-quoi dans le style qui vous a gêné. Vous avez eu l'impression de vous heurter à chaque phrase. Et du coup parfois vous avez eu mal au ventre, comme ça vous arrive parfois quand une lecture vous fait mal. Mais à partir de quoi, du 3/4 du roman, cela a semblé aller mieux, c'est à dire en fait à partir de la modification, c'est à dire à partir du moment où le narrateur (qui est vous) se rend compte qu'il se trompe, qu'il ne doit pas prolonger l'aventure avec Cécile, sa maîtresse. Dès ce moment, le roman prend une nouvelle dimension, plus éthérée, plus aérienne. L'auteur se détache un peu du train et des voyageurs qu'il s'obstinait à décrire (et vous ne compreniez pas bien l'intérêt) pour s'attacher à expliquer pourquoi et comment est intervenue cette modification. Mais alors il vous explique :


    Vous vous dîtes : s'il n'y avait pas eu ces gens, s'il n'y avait pas eu ces objets et ces images auxquels se sont accrochés mes pensées de telle sorte qu'une machine mentale s'est constituée, (...), s'il n'y avait pas eu cet ensemble de circonstances, cette donne du jeu, peut-être cette fissure béante en ma personne ne se serait-elle pas produite cette nuit, mes illusions auraient-elles pu tenir encore quelques temps...


    La dernière partie du roman est brillante, évanescente et met en relief l'ensemble du roman. Si bien que vous terminez cette affaire mal engagée sur une bonne impression. Mais vous dîtes que c'est bien indécent de votre part de juger de la sorte des romans qui ont fait leur preuve. Trouvez à redire à des oeuvres qui font partie du patrimoine ! alors que vous êtes incapable de pondre un note ridicule sans faire de faute de grammaire ou d'orthographe.  Vous n'êtes qu'un blogueur (pardon pour l'insulte) et demain, 29 octobre est votre fête.

    note : 3/5
    lecture du 17/10 au 28/10
    à venir : Meuse l'oubli, Philippe Claudel

  • CR57 : On n'empêche pas un petit coeur d'aimer - Claire Castillon

    On_n_empeche_pas_un_petit_coeur_d_aimer.jpgDans la boite où je bosse, j'avais un collègue avec qui je discutais beaucoup. Il était beaucoup plus jeune que moi mais on s'entendait bien. (on était d'accord sur rien et c'est pour ça qu'on s'entendait bien). Il en a eu marre de continuer à se faire exploiter alors il s'est barré. Et bien ce type, Kevin -je peux dire son prénom-, il m'avait dit un jour, pensant bien me connaître "toi, t''es tout à fait le genre de mec qui discute avec un ami invisible". Touché au vif, j'ai rigolé et lui ai dit que non. Mais en fait, c'était pas faux. Je dialogue pas mal avec une sorte d'autre-moi-même . Mais les choses sont plus complexes : dans mon système interne, j'ai créé une constitution, un gouvernement, des comités de réflexion et des commissions chargées de gérer ma vie et mon quotidien. Genre : je suis en train de dépasser mon autorisation de découvert...donc il faut réunir la commission financière...Et là, alors que le vrai Loïc bosse et rêvasse, la commission se réunit et décide pour moi. Je fais se discuter en moi-même des membres à qui j'ai donné un nom etc etc. (mais en fait c'est moi qui la prend mais je fais comme si c'était la commission).
    Véridique..et après je m'étonne qu'on dise de moi que je ne fais que rêver où d'avoir l'air absent. Mais rendez-vous compte de ce que j'ai à gérer en interne !!! Tout ça pour dire que quelque part, quand il a parlé de l'ami invisible, Kévin, pourtant si proche, était loin de s'imaginer l'ampleur du truc : j'ai des centaines d'amis invisibles avec chacun des fonctions bien précises. (putain, quelle galère !). D'ailleurs, chut, l'un deux reprend l'interview commencé précédemment :


    alors, ce recueil de nouvelles ?
    - sympa, caustique, grinçant, virevoltant, amusant. Ce sont 23 petites nouvelles indépendantes avec comme thématique des scènes de vie de couple. Le narrateur est parfois la femme et parfois l'homme. Chacune fait quelques pages mais certaines d'entre elles en disent plus longs que des pavés romanesques. Car la plume de Claire Castillon va droit au but et au fond de la pensée du narrateur. Aucun tabou, tout est dit sans retenu. Je pense que tous les couples se retrouvent dans au moins une des nouvelles.

    tu y a retrouvé le tiens ?
    - oui, sans problème.

    quelle nouvelle ?
    - je te dirai pas.

    IMGP5468.JPGautre chose à ajouter ?
    - pas sur ce recueil en particulier mais sur la forme qu'est la nouvelle oui : j'ai reçu hier par la poste une enveloppe ( de taille normale). Je l'ai ouvert et à l'intérieur il y avait un recueil de nouvelles. Je l'avais commandé quelques jours plus tôt aux éditions filaplomb mais j'étais loin de m'imaginer le livre si petit. Imagine un livre de 20 pages, d'environ dix centimètres de long sur 7 de large. Et en plus, ce n'est pas un texte qu'il y a à l'intérieur..mais deux ! Ce n'est plus de la nouvelle..c'est de la mini-nouvelle, du télégramme littéraire. A suivre donc, j'en reparlerais.

    Que vas-tu lire maintenant ?
    - Je suis justement en train de contempler ma pile à lire et j'hésite entre la modification de Michel Butor et prolongations d'Alain Fleischer. pour pouf, une vache qui pisse dans un tonneau, c'est rigolo mais ce n'est pas marrant....C'est Butor qui l'emporte !

    Le prix Nobel à Le Clézio, t'en penses quoi ?
    - C'est mérité. De lui, je n'ai lu que la quarantaine et ça m'a marqué. J'en ai pas mal d'autres dans ma bibliothèque que je ne vais pas tarder à consommer je pense. Sinon, je voulais quand même dire que je ne suis pas d'accord avec Le Clézio quand il dit qu'il faudrait supprimer la tva sur les livres. Je trouve ça stupide...Sur certains produits alimentaires de première nécessité, à la limite, pourquoi pas..mais sur des produits culturels, non, non et non ! Ce serait indécent vis à vis de ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter des livres et puis ce serait le début de la fin. Pourquoi pas les disques aussi..et les spectacles etc etc. La culture doit  participer à la solidarité nationale. De toute façon, c'est impossible et il n'y a pas de débat sur la question.

    Et en plus, là, tu fais de la politique.
    - En plus ! Faut pas. Excuse-moi

    pas de problème. A bientôt Loïc


    note : 3.5/5
    lecture du 15.10 au 16.10
    à venir : la modification, Michel Butor

  • CR56 : colère et passions à Doëlan - Claude Couderc

    9782844970893FS.gifBonjour Loïc, qu'est-ce qui t'as poussé à lire ce livre ?
    - Il n'était pas dans ma liste de lecture mais je suis tombé dessus par hasard à la bibliothèque de mon petit bourg où je me rends de temps en temps. J'avais vu "Doëlan" dans le titre et une photo du port en couverture, alors forcément..


    Qu'est-ce qu'évoque Doëlan pour toi ?
    - Des balades en solitaire dans ce petit port de carte postale. J'y suis retourné il y a peu de temps et je me suis dit que j'avais idéalisé l'endroit..mais il reste les souvenirs...

    Et donc, ce roman ? - Je suis très déçu. Si Doëlan sert de décor à l'histoire, le charme de l'endroit n'y est en fait quasiment pas évoqué. Ça aurait aussi pu tout aussi bien s'appeler 'colère et passions à Etel' ou autre endroit. Et en plus, je ne suis même pas certain que la géographie de Doëlan soit respectée.


    En dehors de ça, que vaut ce livre ?
    - mmmh, pas grand chose en fait. On peut difficilement concentrer plus de clichés en si peu de pages. Un étranger débarque dans le village (un portugais...), rentre dans le bistrot où sont attablés des pêcheurs bourrus qui le regardent en chien de faïence. En moins de temps qu'il faut pour le dire, il trouve un boulot de pêcheur, tombe amoureux de la fille de la patronne du bar et se trouve mêlé à un lutte sociale pour le maintien de l'emploi dans la petite conserverie locale. Il devient le meneur..mais évidemment, il a un passé trouble, qui va éveiller la curiosité du patron de la conserverie (qui est en fait une caricature du patron cupide et méchant). On est a des années lumière de Germinal, va sans dire. Il n'y a aucune nuance ici.


    Et le style ?
    - il est quelconque. En fait, c'est un roman pour touriste, un petit roman de plage à mettre dans les vitrines des maisons de la presse du Finistère-Sud.

    Nous n'allons donc pas épiloguer sur ce bouquin. Passons à des choses plus générales. Que penses-tu de l'audience de ce blog ?
    - Je ne vais pas cacher que je suis assez déçu. J'ai très peu de visites et les mots tapés dans google qui mènent ici me laissent dubitatifs. Les commentaires sont très rares.


    Comment expliques-tu ça ?
    - plusieurs raisons. 1, c'est un blog littéraire, 2, je ne suis pas très "blogosphère", et donc je ne provoque pas de visites par des passages sur d'autres blogs. Quant aux commentaires, ce n'est pas grave, une note de lecture n'appelle pas forcément de commentaire.
    Mais globalement, je dirais que tenir ce blog me permet de me forcer à faire des notes de lecture. Ça oblige à une certaine discipline que je n'imposerais sans doute pas si les notes restaient confidentielles.


    Quelle est la spécificité de ton blog ?
    - Je ne cherche pas à me démarquer, mon blog est comme il est. Je ne calcule pas. Et je n'ai pas assez de recul pour savoir ce qu'il en est. Mais si tu veux mon avis je dirais que des blogs littéraires tenus par des ouvriers ayant fait des études en économie, il y en a pas des masses.


    Que voudrais-tu améliorer dans ce blog "sympa" ?
    La réponse est claire : mon style. Je le trouve rugueux, ampoulé...mais puis-je encore améliorer mon style à 35 ans ? J'aimerais mais ça n'est pas sûr. Par ailleurs, je retrouve pas mal de fautes de frappe après coup..ou carrément de vraies fautes d'orthographe. Ça me fout la honte à chaque fois. J'aimerais changer le titre aussi (encore, je sais...). C'est pour ça que je relis un peu de poésie : pour trouver une formule choc ! Enfin, je me trouve un peu trop outrecuidant par moments..mais je ne sais pas si je peux me changer de ce côté-là.

    Revenons à la littérature avec quelques questions pêle-mêle : y-a-t-il des romans que tu aimerais lire mais dont tu reportes sans cesse la lecture ?
    - Deux me viennent à l'esprit : la vie, mode d'emploi de Georges Pérec et le jeu des perles de verre de Hermann Hesse.


    Et y-a-t-il des romans que tu voudrais relire ?
    - Oui, il y en a quelques-uns..mais il y a tant de romans non lus que j'en envie de lire que les relectures ne me semblent pas prioritaires. D'ailleurs, en 15 ans de lecture, je n'ai jamais relu un roman. Ceci dit, je me dis souvent que je relirais bien le mépris d'Alberto Moravia, le château de Franz Kafka, l'oeuvre et l'argent d'Emile Zola.


    Quand lis-tu ?
    - Je trouve qu'au regard de mon temps disponible, mon rythme de lecture est plutôt soutenu. Dans une journée banale, comme celle d'aujourd'hui par exemple, il y a plusieurs fenêtres de lecture, la première étant le matin au petitdej avec les filles. Ça dure à peu près une demi-heure de 7h45 à 8h15 et c'est le moment pendant lequel je lis le plus vite. C'est hallucinant comme les pages défilent à cetteheure-là . Sinon, il y a la pause à midi aussi où je m'offre environ 3/4H de lecture. Le soir, je fais de mon mieux. Le problème est qu'à partir de 21h quand je commence à avoir du temps libre pour moi, j'ai souvent envie de dormir. Mais depuis quelques jours, je crois avoir trouvé la solution : au lieu du café décaféiné que je prenais habituellement en rentrant du boulot, j'enfile désormais quelques bols de vrai café. Et j'arrive à tenir jusque 1 heure du mat.


    Que penses-tu du livre numérique ?
    - Je ne  suis pas contre. Le machin sony que vient de sortir me tente bien mais j'attends une version plus élaborée..et aussi qu'un peu de concurrence entraîne une baisse de prix.

    Préfèrerais-tu que tes filles soient plutôt matheuses ou plutôt littéraires ?

    Aucune préférence, elles seront ce qu'elles seront..mais je ne leur en voudrais pas d'aimer la lecture. Par ailleurs, les plus grands passionnés de littérature que j'ai rencontré ont fait des études scientifiques. Je trouve que très souvent, les gens qui font des études en lettre ont une approche trop technique de la littérature.


    Et la poésie ?
    Je n'en parle pas ici..mais je ne l'oublie pas. Je relis beaucoup Rimbaud ces temps-ci.

    note : 2/5
    lecture du 11/10 au 14/10
    à venir : on n'empêche pas un petit coeur d'aimer de Claire Castillon

  • CR55 : le boulevard périphérique - Henry Bauchau

    51at5FI7alL._SS500_.jpgLauréat du prix France inter 07, j'attendais beaucoup de ce livre. Quasiment que des louanges un peu partout, un titre comme je les aime..et puis, c'est le flop. Si le style de Henry Bauchau est agréable et  fluide, je me suis ennuyé de la première à la dernière page. Il y a bien quelques paragraphes qui sortent du lot et qui peuvent être resservis hors contexte mais ça ne suffit pas.
    pitch : le narrateur va tous les jours à l'hôpital rendre visite à sa belle-fille qui se bat contre un cancer. Pour y aller, il doit emprunter le périphérique. Et à l'aller comme au retour, remontent en lui des souvenirs lointains de Stéphane, un ami qui l'a initié à l'alpinisme et qui, devenu résistant pendant la guerre est arrêté et tué par la gestapo . Le roman alterne présent et passé dans un jeu de miroir dont on ne sait trop les tenants et aboutissants. Tout est lugubre et pesant d'autant qu'on devine assez vite où tout ça nous mène inéluctablement.  Par ailleurs, j'ai été peut-être un peu dérangé par la fascination qu'exerce sur le narrateur le colonel Shadow, le ss ayant capturé et tué Stéphane. Et pourquoi cette place donnée à Shadow dans le roman ?
    Et puis l'atmosphère des hôpitaux lorsque la mort est proche, la famille prête à accepter le pire, les longs trajets en voiture où personne ne dit rien. Sans doute aussi, trop de souvenirs personnels douloureux qui font que ce roman ne fut pas , et c'est le cas de le dire, une réelle partie de plaisir.

    note : 2/5
    lecture du 04.10 au 10.10
    à venir : colère et passions à Doëlan, Claude Couderc

     

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    Le vendredi soir est béni des dieux. Déjà au collège, je me souviens de l'exaltation qui étais la mienne lorsque le car scolaire me ramenait chez moi, non pas en empruntant le boulevard périphérique mais en parcourant la campagne de Languidic , qu'à la longue je connaissais comme ma poche. Il me déposait ainsi que ma soeur et quelques voisins en bas du village et nous rentrions dans nos pénates pour un week-end douillet loin des turpides de la scolarité, loin de cette vie sociale agressive à laquelle nous astreint l'école. Aujourd'hui, le vendredi soir, le sentiment est un peu le même, même si l'environnement a changé. Lorsque je quitte le boulot, plein de pensées positives m'envahissent et je me rends à la garderie chercher mes deux pitchounes avec le même empressement que si je ne les avais pas vu depuis des années. Lorsque j'arrive, je peux les voir de l'extérieur sans qu'elles me voient et c'est mon petit pêché mignon que de les contempler quelques instants. J'entre et elles me sautent au coup. On rentre. Maman ne va pas tarder. Qu'est-ce qu'on est bien tous les quatre le vendredi soir à se faire des projets pour le week-end. Il arrive qu'on prenne l'apéro. Il faut profiter pleinement de toutes les secondes qui s'égrènent car un vendredi soir passe vite. Le vendredi soir, ça n'est pas encore vraiment le week-end et ça n'est plus vraiment la semaine. C'est un entre-deux délectable à souhait.