dimanche 07 février 2016 (10ème bourg du périple)
Commissariat de Rostrenen, lundi 08 février 2016, 08:00. Je suis convoqué par l’inspecteur Monamour,
- bonjour, veuillez vous asseoir Monsieur Le Tortorec.
- bonjour, Mr l’inspecteur Monamour
- Connaissez-vous la raison de cette convocation ?
- Je lis la presse, donc oui, je la connais. Un cadavre a été retrouvé hier après-midi dans une cabine du bourg de Saint-Nicolas-du-Pélem et il se trouve que je suis passé dans ce bourg hier.
- Je vois que vous habitez Camors dans le Morbihan. Que faisiez-vous à Saint-Nicolas-du-Pélem un dimanche matin à 09:00 ?
- Je suis recenseur de cabines amateur et pendant tout ce weekend, j’ai fait un périple dans le sud des Côtes-d’Armor, qui m’a amené entre autres dans ce bourg.
- Recenseur de cabines, dîtes-vous ?
- Certes
- Je ne connaissais pas cette profession.
- Ce n’est pas ma profession, c’est juste un passe-temps.
- Curieux passe-temps
- Certes
- Bref, passons. Un dénommé Beauchamp a été retrouvé mort par strangulation dans une cabine de ce bourg. Les médecins légistes affirment qu’il a été tué dimanche matin entre 8h00 et 10h00, c’est à dire au moment où vous êtes passé dans ce bourg. Connaissiez-vous ce Beauchamp ?
- Je crains que oui. Mais je sais peu de choses sur lui, juste qu'il est né dans l'Oklahoma en 1932, qu'il s'est installé en France où qu'il a exercé le métier de faussaire et qu'il rêvait de vivre une autre vie, de rejoindre la Russie par le Canada après avoir traversé l'océan. Par ailleurs, je crois qu'il a vécu longtemps avec une certaine Semana Santa.
- L’avez-vous tué ?
- Non, il ne faut souhaiter pas la mort des gens.
- En dehors de vos considérations morales, aviez-vous un intérêt à le tuer ?
- Non
- On a retrouvé sur lui des lettres qui vous étaient destinées ainsi que d’autres papiers où vous êtes souvent cité. Il apparaît à la lecture de tous ces papiers que ce Beauchamp vous craignait.
- Il avait effectivement toutes les raisons de me craindre
- Quelles raisons ?
- Il m’a volé à l’arraché, il y a quelques mois à Hennebont, alors que je me promenais dans le quartier de Saint-Caradec, une mallette qui m’était très précieuse
- Et que contenait cette mallette ?
- Elle contenait un registre inventoriant toutes les cabines encore présentes en Bretagne avec tous les détails techniques leur correspondant, à savoir leur numéro d’appel, leur type, leur état de fonctionnement etc etc. Un mine d’or pour un recenseur. Le mot de passe pour ouvrir cette mallette est Cap Farvel.
- Merci de ce précieux renseignement Parce qu’il était lui-même recenseur ?
- Non, à chaque fois qu'il me téléphonait, il ne me donnait que des nouvelles vagues et me conduisait à de fausses pistes.
- Alors, pourquoi vous-a-t-il volé cette mallette ?
- Cela reste un mystère. En tout cas, il ne l’a pas volée par hasard et si ce fut le cas, en voyant son contenu, il l’aurait abandonnée, ce qu’il n’a pas fait.
- Comment savez-vous qu’il ne l’a pas abandonnée ?
- Parce qu’un jour, je suis tombé sur lui dans le bourg de Persquen. Il tenait la mallette dans ses mains, je l’ai clairement reconnu et quand il m’a vu, il est parti en courant et je n'ai pas pu le rattraper. Il s'est réfugié dans un ancien dancing où j'aurais eu un mal fou à le retrouver puisqu'il faisait nuit et que le bâtiment n'a pas d'électricité.
- Bien, on va reprendre tout du début.
- Si vous voulez
- A quelle heure êtes-vous arrivé à St-Nicolas-du Pelem ?
- Sachant que je suis parti de Lanrivain à 08:30 et qu’il fallait un quart d'heure pour se rendre à St-Nicolas-du-Pélem, mais que je me suis arrêté pour admirer un paysage, j’ai dû arriver avec celle qui ne me quittera jamais, je veux dire ma Talbot, vers les 9h.
- Et que faisiez-vous à Lanrivain ?
- Mr l’inspecteur, je peux vous proposer quelque chose qui fera gagner du temps à tout le monde ?
- Je vous écoute.
- Je tiens un blog où je raconte toutes mes pérégrinations et vous y trouverez tous les détails et notamment mon passage à Lanrivain et mon départ.
- Vous me donnerez l’adresse de votre site et j’irai voir. Nous possédons un ordinateur Bull, modèle Eleor 1986 au commissariat.
- On dit plutôt un blog mais je ne veux pas sous-estimer vos connaissances informatiques.
- Donc, quand vous êtes arrivé à St-Nicolas, qu’avez-vous fait ?
- En fait, je suis très vite tombé sur la cabine où a eu lieu ce crime affreux .Je suis arrivé par la départementale 5 et je crois que cette cabine se situe rue Louis et Marie Bertrand.
- C’est exact. Et qu’avez-vous fait ?
- Dès que j’ai vu la cabine, je me suis arrêté, je l’ai prise en photo, je me suis pris en photo devant, faute de promeneurs pour me prendre, j’ai fait mon travail quoi.
- Vous êtes rentré à l’intérieur
- Bien sûr
- Avez-vous vu quelque chose de suspect ?
- Non, en tout cas, pas un cadavre. Si ça avait été le cas, vous pensez bien que j’aurais appelé la police.
- Vous n’avez rien remarqué de suspect autour ? Des gens qui traînaient ou autres.
- Non, la rue était tranquille.
- Vous êtes resté longtemps sur les lieux ?
- Je dirais 10 minutes maximum
- Vous avez fait quoi après ?
- Je suis descendu vers le bourg que j’ai visité vite fait. J'avais encore un programme chargé pour la journée
- Combien de temps êtes-vous resté à Saint-Nicolas-du-Pélem ?
- Trois quart d’heures à peu près.
- Et ensuite, qu’avez-vous fait ?
- Je m’apprêtais à quitter ce joli village lorsque je suis tombé sur une autre cabine, rue des Martyrs de l’occupation.
- Il y avait une sorte d'épouvantail à côté et j’ai discuté avec un type portant un tee shirt Central Otago, qui nettoyait le trottoir et qui a eu la gentillesse de me prendre en photo.
- Quand vous êtes rentré dans la cabine, vous n’avez rien remarqué d’anormal
- non
- Pourtant, savez-vous ce qu’on a retrouvé dans cette seconde cabine ?
- Pas le moindre du monde
- la fameuse mallette que Beauchamp vous avait volé
- La mallette ?
- Pensez-vous que vous l’auriez vu si elle y était lorsque vous êtes entré dans cette cabine ?
- Je ne regarde pas forcément les sols des cabines en détail mais je pense que je l’aurais vu quand même.
- Donc, vous affirmez n’avoir vu ni le cadavre, ni la mallette ?
- Non, et j’en tombe sur le cul.
- Nous allons arrêter cet interrogatoire pour aujourd’hui mais évidemment, vous serez recontacté, Mr Le Tortorec sachant que vous êtes étroitement lié à l’affaire, je dirais même soudé. Maintenant, je ne pense pas que vous soyez le meurtrier mais je ne pense pas non plus qu’on le trouvera sans votre aide. En tout cas, si quelque chose vous revient, n'hésitez pas à passer nous voir.
- Merci. Au revoir Monamour, inspecteur Monamour pardon.
J'ai préféré retranscrire l'interrogatoire plutôt que de faire un reportage normal, quitte à ce qu'il y ait moins de photos mais c'est une façon aussi de montrer à mes lecteurs que je n'ai rien à cacher et que si je cherchais bien Beauchamp, je n'avais évidemment nullement l'intention de le tuer, je voulais juste récupérer ma mallette, sans même lui effleurer le paletot. Pauvre Beauchamp, tu es parti, pour qui, pour quoi ? Que voulais-tu donc faire de cette mallette ? En fin de compte, elle t'a mené à la mort. Quant à moi, il faut à tout prix que je demande à l'inspecteur qu'il me la rende, elle m'appartient. Evidemment, ayant été convoqué le lundi matin, j'ai continué mon périple le dimanche sans connaissance du drame.
Saint-Nicolas-du-Pélem, (22480), Côtes-d'Armor ,maire : Daniel Le Caër ( liste : liste 'vaincre le crime à STDP' ) , 1700 Pélémois. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 09:05, départ à 09:52) météo : beau. direction Corlay