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littérature française - Page 5

  • CR269 : Gâvres et l'homme qui vivait seul dans sa tête - Patrick Guédon

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    Lors de ce marché de noël à Languidic, je fis la rencontre de deux auteurs, l'un Pierre Varési dont j'ai déjà parlé récemment et ensuite, Patrick Guédon à qui j'ai également acheté un roman. Hasard de la vie, ces deux romans ont deux points communs et pas des moindres : à chaque fois l'action se situe dans un lieu bien défini et qui conditionne l'histoire (en l’occurrence ici Gâvres). Ensuite les deux romans évoquent notre triste destin à tous c'est à dire la mort (mais par des procédés totalement différents).

    Gâvres est une presqu'île du sud Morbihan que je connais assez mal parce qu'elle ne dispose pas de plages naturistes déjà mais que je connais un peu quand même pour y avoir commis il y a longtemps des cambriolages dans des résidences secondaires et en rentrant de l'un de ces méfaits, il me souvient avoir provoqué un accident où il n'y eut heureusement que des dégâts humains. A part ça, dans mon enfance, il me souvient que nous allions de temps en temps sur sa plage longue et recouverte de sable (quand on en avait marre de Plouhinec) mais  nous ne poussions jamais vers le bourg qui se situe à l'extrémité de la presqu'île. Ce roman de Patrick Guédon me donne du coup l'envie d'aller y faire un tour un jour d'hiver pluvieux et de prendre un whisky sans glaçon dans un bar quelconque.

    Le style de l'auteur est assez raffiné, un peu plus peut-être que celui de son confrère Pierre Varési. Les chapitres sont séparés par de courtes poésies qui prennent les quatre chemins, du genre: 

    Je ne me rappelle plus la route

    Ni le chemin pris.

    Il n’y a pas de doute,

    Je suis bien ici

     

    L'auteur nous plonge dans la vie quotidienne de Gâvres, de ses pêcheurs bourrus et saouls qui n'en finissent pas de finir leurs clopes. Mais je crains qu'il ne soit allé un peu trop dans la caricature..d'autant que l'histoire se déroule à notre époque puisque Lémile, le héros solitaire de cette étrange histoire surfe sur les autoroutes de l'information comme on le disait encore dans les années 90. Lémile a débarqué et s'est installé là par hasard et a tout de suite été pris pour un original par les habitants du village, d'où son surnom ridicule. Il se réfugie donc dans un monde virtuel où une inconnue apparemment vivant dans les environs lui fait plus ou moins des avances et lui fait tourner la tête. Il cogite tout ça lors de monotones balades . Mais cette inconnue n'est pas du tout ce qu'il croit. Le final est inattendu mais je n'en dirais pas plus.

     

    La Grande Falaise éditions, 2011, 197 pages, lecture : décembre 2014, note 3.5/5.

     

    configuration du dernier rivage :

    gavres.gif

     

    Comme on le voit donc, une route côtière longe la presqu'île jusqu'au bourg. Côté océan, on a donc cette longue plage pas très fréquentée par les touristes. L'endroit est plus ou moins un terrain militaire (encore qu'aujourd'hui, je ne sais pas) et il reste de nombreuses traces de l'armée. Je me souviens l'été dernier m'être promené autour d'anciens bâtiments militaires laissés à l'abandon et ça m'avait fait froid dans le dos. Je pouvais y entrer comme dans un moulin. Dernière anecdote : il existait il y a quelques années un semi-marathon qui partait de Gâvres pour arriver à Port-Louis. Je l'ai fait une fois sous une chaleur accablante et pour la logistique et bien, c'était sympa, on laissait nos voitures à Port-Louis (qu'on voit sur la carte) et on se rendait à Gâvres en bateau. 

     

    Loïc LT

     

     

    Pour une fois, je ne sais pas pourquoi, j'ai écrit cette note d'abord sur papier...l'envie de retrouver le plaisir du stylo plume peut-être...

     

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  • CR267 : Monsieur Blaise - Pierre Varési

    DSC01128.JPGDimanche dernier, alors que je déambulais dans les allées  d'un marché de noël, je suis tombé sur cette couverture représentant la plage du Courégant, une sorte de plage enclavée entre d'hostiles rochers, une sorte de digue et ces blockhaus dont je parlais précédemment. Même si je ne suis pas un grand lecteur de romans régionaux, j'engage la conversation avec l'auteur, m'enquiers du genre de roman qu'il écrit et je lui fais part de mes lectures, de ce blog etc. 

    J'ai passé un bon moment avec Pierre Varési. Parmi les ouvrages qu'il présentait, j'ai choisi ce roman pour sa couverture donc mais aussi pour son titre, qui me rappelle un peu les titres des romans de Philippe Delerm, auteur qui aime aussi  les personnages transparents (Monsieur Spitzweg), qui normalement ne valent pas un coup de cidre et encore moins un roman. 

    Mais le personnage principal de Monsieur Blaise n'est pas Monsieur Blaise. C'est Roland Pignard. Toute sa vie dans son nom. 

    'Roland Pignard, ouvrier lorientais se rend à l'usine pour sa dernière journée de travail. Il prend sa retraite. La suite ne se passe pas tout à fait comme prévu...' nous informe la quatrième de couverture. 

    Si vous voulez lire ce roman, je vous conseille de ne pas lire la suite. Entendu, Julie ?

    Donc, après avoir fêté son départ avec ses collègues, Roland et sa femme vont se promener sur la plage du Courégant (ou quelques années plus tôt, un étudiant en détresse y fit une promenade)  et en sortant de sa voiture, Roland est heurté par un véhicule et meurt sur le coup...

    Mais il ne meurt pas vraiment. Car l'idée du roman est que l'on ne meurt pas. Rimbaud disait on ne part pas, Pierre Varési s'amuse à penser qu'on ne meurt pas. Le corps meurt mais l'esprit reste. Nos cinq sens restent en éveil...même la vue quand bien même, on nous a fermé les yeux, quand bien même on n'est plus qu'un squelette.

    Roland Pignard est allongé sur son lit de mort et voit défiler tous ses proches. Il voit tout, entend tout. Il se sent bien. Ensuite, on est plongé dans l'histoire de la famille de Roland, les infidélités, les histoires d'héritage...Comme Roland a décidé de donner son corps à la science, il est pris en charge par la fac de médecine de Lorient (?) et il ne reste plus de lui que son squelette exposé dans la classe dont Vincent Poulmic est le titulaire. L'ossature Roland Pignard porte désormais le nom de Monsieur Blaise et s'avère être le porte bonheur de Vincent Poulmic, depuis que ce dernier, en sa qualité de médecin lui prodigua les premiers soins post-mortem, soins pendant lesquels il s'aperçut que le mort, d'une façon ou d'une autre lui donnait des tuyaux pour rencontrer l'amour. 

    Pour finir, lors de la rentrée scolaire, une élève pas comme les autres fait son entrée dans la classe de Vincent Poulmic. Je n'en dirais pas plus. 

    On sent que l'auteur s'est bien amusé en écrivant ce livre dont le point de vue original n'a d'égal que l'insignifiance de ses protagonistes...et l'exubérance de quelques-uns. Les Pignard m'ont rappelé un peu certaines familles qu'on rencontre dans les  romans de Djian avec leurs  lots d'infidélités, de cupidité et d'hypocrisie, même dans le deuil...Le récit est émaillé d'anecdotes truculentes (tel ce patron qui se retrouve dans un taxi conduit par un salarié qu'il a viré...). Ce roman dont le personnage principal est un mort n'a, paradoxalement, d'autre prétention que de divertir..

    Tout se passe aux alentours de Lorient et puis de sa côte ouest, cette fameuse côte qui ressemble au littoral californien (c'est mon point de vue -)...ce qui évidemment n'est pas pour me déplaire. 

    Loïc LT

    lecture du 01/12/14 au 03/12/14. éditions Lijuma. 3.5/5

    P1360463.JPG

    photo piquée ici

     

  • CR266 : le Royaume - Emmanuel Carrère

    le royaume.jpgCette fin d'après-midi fut ordinaire. Je suis rentré tranquillement du boulot et la radio m’a informé du niveau du CAC 40 et de la météo du lendemain. Avant de rentrer à la maison, je me suis décidé à faire un détour par un magasin de bricolage et j’en suis sorti un peu groggy je dois dire car aussi sympathiques les vendeurs étaient-ils, j’avais l’impression qu’ils me parlaient une langue étrangère. Pourtant, je leur demandais des choses très simples...mais trop simples sans doute. Il aurait fallu qu’ils me répondent comme s’ils s’adressaient à un enfant. Il était question de visserie et une dialogue de sourds s'est instauré. Alors, je suis reparti et  la radio m’a informé de quelques faits divers et de guerres lointaines.

    Quand je suis arrivé , j’ai tout de suite été saisi par l’instant. Il ne faisait ni chaud ni froid, ni rien, le silence était d’or et la lumière apaisante. Au lieu de rentrer dans la maison, je me suis assis sur la table au fond du jardin, j'ai pensé à Julie et je n’ai rien fait d’autres que profiter de l’instant. Puis une de mes filles est venue à ma rencontre et je m’en veux encore ce soir de lui avoir clairement fait comprendre qu’elle m’embêtait avec ses anecdotes d’école. Parfois, je n’arrive pas à avoir la patience d’écouter certaines choses. Elle est repartie sans rancune courir par monts et par vaux. Je me suis saisi de ma liseuse  et j’ai terminé une lecture. C’est toujours un moment à part lorsqu’on termine un gros livre qui nous a accompagné des jours durant.

    J’ai expliqué l’autre jour dans quel état d’esprit j’ai décidé de lire Le Royaume d’Emmanuel Carrère. Je ne vais donc pas y revenir. Ce qu’il faut par contre que je fasse, c’est d’enlever de mon esprit tout ce que j’ai pu entendre à son propos.

    Le livre comprend deux parties. Dans la première, l’auteur explique comment après avoir été brièvement croyant, il redevint athée et dans la seconde il mène une enquête approfondie sur les premières années du christianisme. Avec sa sensibilité à fleur de peau et lourd d’un bagage spirituel singulier, il tente avec  objectivité de raconter comment après le passage sur Terre d’un homme nommé Jésus, quelques-uns de ses amis marqués par le personnage ont réussi bon an mal an et contre vents et marées à transformer ce qui au départ s’apparentait à une secte en un mouvement religieux de premier ordre. Il est évidemment beaucoup question de ces écrits que les catholiques appellent ‘évangiles’ et qui sont quatre récits indépendants (mais pas tant que ça) racontant la vie et le message du mentor. L’auteur s’arrête particulièrement sur celui de Luc, figure attachante n’ayant pas connu Jésus mais qui fut un compagnon de Paul (n’ayant pas côtoyé Jésus non plus),  ce fameux Paul, moche, malade et mal coiffé et  dont tous ceux qui ont fait de la catéchèse doivent se rappeler du pétage de plomb dont il fut victime sur ‘le chemin de Damas’. L’Eglise doit beaucoup à ce fou parce qu’après l’affaire de Damas, il parcourut des pays entiers (bordant la Méditerranée) et réussit à convertir de nombreuses communautés...pendant qu’à Jérusalem, sous l’égide de Pierre et de Jacques (le frère de Jésus) se montait laborieusement les prémices de ce qui allait devenir l’Eglise catholique.

    L’auteur s’attache par ailleurs à contextualiser le récit. A savoir qu’au premier siècle, l’empire romain est à son apogée et les autorités tolèrent une certaine liberté religieuse tant qu’elle ne met pas en péril son intégrité. Pourtant, Ponce Pilate, le préfet de Judée, poussé par les juifs, fit crucifier ce dénommé Jésus qui s’autoproclama ‘roi des juifs’. Et comme l’écrit l’auteur, l’Eglise doit tout à ce préfet car s’il n’avait pas décidé de condamner Jésus, ce dernier ‘aurait continué à prêcher, serait mort très vieux, entouré d’une grande réputation de sagesse et à la génération suivante, tout le monde l’aurait oublié’.

    Globalement, pour faire simple, je dirais que Emmanuel Carrère tente de démêler le vrai du faux en opérant des recoupements entre des écrits historiques, les évangiles et tout ce qu’on a pu garder de ces temps lointains. Ernest Renan avait fait la même chose mais en s’arrêtant à la vie de Jésus alors que Carrère se concentre sur le siècle après sa ‘mort’...je ne sais pas pourquoi je mets ‘mort’ entre guillemets puisque c’est entendu, Jésus est mort sur la croix (ou autrement mais qu’importe) et l'auteur fait part de son étonnement quand il réalise qu'en 2014, la Terre compte près de 3 milliards de chrétiens parce qu’il y a 2000 ans, des plaisantins ont cru bon de sortir le défunt de son caveau pour faire croire à sa résurrection. Tout le reste n’est que légendes. Carrère n’est pas si péremptoire mais c’est à peu près le fond de sa pensée.

    Le Royaume à défaut d'être un roman ni un joyau littéraire est avant tout une enquête spirituelle et historique menée par un humaniste  ayant résolu de revenir sur une période de sa vie et si possible de la refermer. Et pour beaucoup d’entre nous, croyants ou pas, c’est comme on dit, une belle piqûre de rappel.

    Loïc LT

    rentrée littéraire 2014, lecture : septembre/octobre 2014, kindle, 4/5

  • CR265 : on ne voyait que le bonheur - Grégoire Delacourt

    delacourt.08c70161538.w400.jpgOn ne voyait que le bonheur est le titre idéal pour ce roman. On ne voit que le bonheur...de nos voisins, de nos amis membres de cette fameuse classe moyenne on ne voit qu’une face, la plus reluisante, la plus lisse, tout semble aller pour le mieux chez eux alors que chez nous, il y a plein de failles, des gouffres parfois. Comment ils font les autres pour vivre dans le bonheur perpétuel ?

    Mais évidemment, on n’est pas dupe. Tout n’est qu’apparence. Une pelouse bien tondue, deux bons boulots et des enfants beaux et studieux ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Je ne sais plus qui disait que toutes les familles sont des asiles de fous, la folie quotidienne, c’est au cœur des familles qu’elle s’épanouit mais c'est là qu’elle est aussi la moins visible des autres parce qu’en circuit fermé, parce que le secret de familles est le mieux gardé. C’est un peu ma conclusion de ce roman d’un auteur que je ne connaissais pas. Le narrateur évoque son enfance. Son père est un chimiste séduisant  qui travaille dans une droguerie où il peut préparer sur demande des mixtures répondant aux besoins de ses clientes. Il ne vend pas de poudre ni de munitions.  Je ne sais plus ce que fait la mère. Deux jumelles arrivent, Anna et Anne mais Anna (ou est-ce Anne)  meurt dans son sommeil (c’est ce qu’on croit dans un premier temps). Et tout se délite dans cette famille normale. La mère s’en va et finit son existence dans la misère. La jumelle rescapée encore sous le choc de la perte de sa sœur n’arrive plus à prononcer qu’un mot sur deux. C’est compliqué. On est pudique dans cette famille, on ne parle pas des choses essentielles.

    Et puis Antoine le narrateur évoque ensuite sa famille à lui, celle qu’il a construite avec Nathalie, une jolie rencontrée dans un magasin. Il  est expert en assurance et son but est d’être salaud et de mauvaise foi envers les assurés pour que la compagnie débourse un minimum. Un jour, par pitié pour une assurée enceinte, il décide d’accepter de bien la rembourser en établissant une fausse expertise. Il se fait virer. Nathalie le trompe et elle se barre puis revient. Ils font un deuxième enfant. Mais ça ne tourne pas rond : Antoine a peur que le mal-être soit génétique et dans un accès de folie tente d’assassiner sa fille aînée afin de lui épargner un même type d'existence...mais il la rate et elle a le visage défiguré.

    Voilà à peu près l’histoire. T'as compris Julie ? C’est écrit très simplement, les phrases sont courtes mais percutantes. Je trouve que l’ensemble se tient mais c’est le type même de roman qu’on oublie vite...pas assez long, pas assez approfondi. Il est sélectionné pour le Goncourt mais il ne l’obtiendra pas du fait de son manque d’ambition

    Mais le sujet des familles comme autant d’asiles de fous m’interpelle et correspond à ma pensée. C’est bien sûr romancé et exagéré ici mais les fondamentaux sont là. On ne voit que le bonheur. Parfois je me demande même si le bonheur ne se cache pas derrière ceux dont on ne voit que la misère.

    rentrée littéraire 2014. lecture : septembre 2014. kindle. 3/5

    Loïc LT

     

  • CR157 : l'année de l'éveil - Charles Juliet

    9782070308347.jpegprésentation de l'éditeur : Un petit paysan qui n'avait jamais quitté son village se retrouve un jour enfant de troupe. Dans ce récit, il relate ce que fut sa seconde année de jeune militaire, une année de découvertes et de bouleversements, qui le verra mourir à son enfance et s'éveiller à des réalités et des énigmes dont il ignorait tout.
    La faim, le froid, les bagarres, son avide besoin d'affection, l'admiration qu'il voue à son chef de section, sa passion pour la boxe, les sévices que les anciens font subir aux bleus, la découverte de l'amour avec la femme de son chef, le sadisme de certains sous-officiers, la nostalgie qu'il a de son village, de sa chienne et de ses vaches, ses quinze jours de cachot, son renvoi de l'école puis sa réintégration, la hantise de mourir à dix-huit ans, là-bas, dans ces rizières où la guerre fait rage…, c'est le récit d'une entrée en adolescence, avec ses révoltes et sa détresse, ses déchirements et ses ferveurs.
    Ce livre a été porté à l'écran par Gérard Corbiau, sous le même titre.

    mon avis : Depuis que je tiens l'espèce de blog (visité quotidiennement par 5 courageux), j'ai lu quelques autobiographies parmi lesquelles l'âge d'homme de Michel Leiris dont j'avais apprécié le verbe et le haut niveau d'introspection et plus récemment un roman français de Frédéric Beigbeder que j'avais aimer sur le coup mais qui aujourd'hui avec le recul, me semble quand même assez anecdotique (surtout à côté de celle que je viens d'achever). Je connaissais Charles Juliet par quelques interview (notamment chez Laure Adler récemment sur France Culture) et je trouvais le type  intéressant, modeste (mais presque trop), posé et surtout il me donnait le sentiment d'être très exigent avec la littérature . L'année de l'éveil confirme cette exigence. Le verbe y est juste, les phrases sont belles. Mais ce qui suprend le plus dans ce récit, c'est la précision avec laquelle l'auteur arrive à restituer des événements et des impressions datant de plus de trente ans (l'action se déroule dans les années 50 et  l'année de l'éveil a été publié en 1989). Certes, tout cela doit être un peu romancé mais la performance reste quand même remarquable. Un modèle d'autobiographie.
    C'est à peu près tout ce que j'ai à dire, la présentation de l'éditeur disant à peu près tout.
    Par ailleurs, Charles Juliet publie régulièrement une sorte de journal de bord où il doit quoi, je ne sais pas trop mais je suis assez tenté également par cette lecture (et j'ai sous la main lambeaux, récit qui rend hommage à sa mère).

    autobiographie, parue en 1989
    folio n°4334, 287 pages
    lecture du 10.04 au 14.04.2010
    note : 4.5/5

  • CR151 : la princesse de Clèves - Madame de La Fayette

    9782253006725FS.jpegle mot de l'éditeur : "La Princesse de Clèves" montre l'effet ravageur de la passion dans une âme qui se veut maîtresse d'elle-même.
    De la première rencontre avec le duc de Nemours jusqu'à la fuite finale dans le " repos ", en passant par un aveu qui cause la mort de son mari, Mme de Clèves assiste lucidement à une déroute contre laquelle ses raisonnements restent impuissants.
    Mme de Lafayette combat ainsi une grande partie de la littérature amoureuse avec cette arme qui s'appelle l' " analyse ". Mme de Lafayette ne l'a pas inventée. Mais jusque-là, elle ne servait qu'à expliquer le comportement des personnages.
    Ici, pour la première fois, l'analyse devient un moyen de progression et la substance même du récit. Cette audace explique la fortune exceptionnelle du roman, et sa nombreuse postérité.


    mon avis : J'espère que mes sept fidèles lecteurs excuseront cette petite parenthèse. Le fait est qu'il ne coule pas de sang bleu dans mes veines et que je n'ai que faire des histoires de princesses.  Mais comme depuis trois ans, le livre dont il est question est LE live à la mode, j'avais pensé que ce n'était pas uniquement dû au fait que le Grand Méchant qui squatte l'Elysée avait plus ou moins fait savoir qu'il n'était pas très fan de cette oeuvre.
    J'ai donc voulu vérifier par moi-même  et zut, je suis obligé d'admettre que je me suis cruellement ennuyé. Le roman n'est pas mieux que l'idée que je m'en faisais, il est même pire, à savoir que la personne de la Princesse de Clèves m'a profondément déçu puisque non seulement elle ne trompe pas son mari (le Prince de Clèves) de son vivant mais même après son décès, elle trouve encore des raisons de ne pas se donner au duc de Nemours (puisque évidemment, ce n'est pas d'un paysan dont elle est amoureuse). Autant dire qu'il ne se passe rien sous ces pâles feux de l'amour versus XVIème siècle. Le lecteur doit donc se satisfaire de sempiternels états d'âme conjugués comme il se doit au subjonctif de l'imparfait...Le tout est d'une préciosité et d'une pédanterie ridicules. Ah, bien sûr, on peut toujours dire que oui, il faut se replacer dans le contexte de l'époque, que le roman a une valeur historique. Soit, mais quand même, qu'est ce que je me suis fait chier..parce qu'en plus de cette platonique histoire d'amour avortée, il faut aussi se farcir d'incompréhensibles intrigues de cours et des histoires d'alliances avec les couronnes d'Espagne ou de Navarre. Une vraie souffrance.

    roman, paru en 1678
    le livre de poche, 269 pages
    lecture du 10.03 au 14.03.2010
    note : 1/5
  • CR150 : le Père Goriot - Balzac

    goriot.jpgÇa y est, j'ai enfin lu un Balzac. Premier sentiment : ce n'est pas pire que l'idée que je m'en faisais mais ce n'est pas mieux non plus. C'est très d'époque et ça comprend son lot de vicomtes et de duchesses, de filles à marier avec les affaires de dot qui vont avec, des dames mariées chichement et qui trompent leurs maris officiellement (et vise versa).
    (Par contre, pas plus avec Balzac qu'avec Flaubert ou Maupassant, on ne sait si tous ces gens-là copulent.)
    La figure du Père Goriot est attachante bien que trop excessive dans son amour pour ses deux filles. pour vraiment émouvoir. Quant à Eugène de Rastignac, le héros, il se situe dans les lignée des arrivistes comme surent en inventer les écrivains du XIX (Julien Sorel, Bel-ami..). Et le but semble donc pour Balzac et compagnie de nous montrer comment, dans un système aristocrate très cloisonné, on peut à force de volonté, de ruse et par la séduction, s'élever dans la hierarchie sociale. Rastignac semble avoir toutes les qualités mais son empathie envers Mr Goriot le freine dans son ascension. C'est un peu la morale de ce roman (mais concernant Rastignac, ce n'est qu'un contre-temps nous apprendra la suite de la Comédie Humaine).

    Mais plus que l'histoire somme toute banale, j'ai apprécié les réflexions générales qui comme le dit très justement Charles Dantzig dans son dictionnaire égoïste de la littérature française sont "dites avec tant d'aplomb qu'elles finissent pas être comiques" (p73, livre de poche). Un exemple avec cette description du tout Paris (qui n'a pas perdu une ride) :


    Les pensionnaires, internes et externes, arrivèrent les uns après les autres, en se souhaitant mutuellement le bonjour, et se disant de ces riens qui constituent, chez certaines classes parisiennes, un esprit drolatique dans lequel la bêtise entre comme élément principal, et dont le mérite consiste particulièrement dans le geste ou la prononciation. Cette espèce d’argot varie continuellement. La plaisanterie qui en est le principe n’a jamais un mois d’existence. Un événement politique, un procès en cour d’assises, une chanson des rues, les farces d’un acteur, tout sert à entretenir ce jeu d’esprit qui consiste surtout à prendre les idées et les mots comme des volants, et à se les renvoyer sur des raquettes. La récente invention du Diorama, qui portait l’illusion de l’optique à un plus haut degré que dans les Panoramas, avait amené dans quelques ateliers de peinture la plaisanterie de parler en rama, espèce de charge qu’un jeune peintre, habitué de la pension Vauquer, y avait inoculée.
    — Eh bien! monsieurre Poiret, dit l’employé au Muséum, comment va cette petite santérama? Puis, sans attendre la réponse: Mesdames, vous avez du chagrin, dit-il à madame Couture et à Victorine.
    — Allons-nous dinaire? s’écria Horace Bianchon, un étudiant en médecine, ami de Rastignac, ma petite estomac est descendue usque ad talones.
    — Il fait un fameux froitorama! dit Vautrin. Dérangez-vous donc, père Goriot! Que diable! votre pied prend toute la gueule du poêle.
    — Illustre monsieur Vautrin, dit Bianchon, pourquoi dites-vous froitorama? il y a une faute, c’est froidorama.
    — Non, dit l’employé au Muséum, c’est froitorama, par la règle: j’ai froid aux pieds.

    roman, paru en 1835
    le livre de poche, 354 pages
    lecture du 01.03 au 08.03.2010
    note : 3.5/5
  • CR149 : la cascade d'Enora - Bernard Fauren

    la cascade denora.jpgprésentation de l'éditeur : La visite du scénariste l’avait agacée. Elle avait perçu sa détermination comme un défi insolent, elle se sentait menacée. Sans y penser, elle prit un verre qu’elle remplit de vin blanc. Elle avait arrêté de travailler avec les chevaux, tout le monde le savait ! Pourquoi ce type était-il venu la relancer ? Pourquoi la voulait-il, elle, Enora ? Ce n’était même pas un réalisateur !Comment un scénariste avait-il pu obtenir le choix de la cascadeuse ? Il fallait qu’elle vérifie ça auprès de Charly. Au fait, pourquoi fallait-il qu’elle « vérifie ça » ?

    Une histoire en double narration, un mélange subtil entre passé et présent, rêve et réalité.

    mon avis : J'ai découvert Bernard Fauren il y a deux ans par la lecture de son premier roman Camille. Ce roman m'avait laissé une forte impression..qui ne s'est pas dissipée avec le temps. Il y a quelque chose dans Camille qui reste en moi. 
    Ayant récemment pris contact avec l'écrivain, celui-ci a eu la gentillese de m'offrir son dernier roman la cascade d'Enora, publié aux éditions brumerge, une petite maison qui se présente de la sorte :

    Brumerge est un collectif d’auteurs qui se sont rencontrés sur le net et sa réussite tient surtout à la bonne entente entre les différents auteurs réunis en son sein. 
    Le catalogue de Brumerge est exhaustif et il avantage principalement la littérature générale d’expression francophone (romans, essais, nouvelles, poésies) dans des genres très variés.


    Avant toute chose, je tenais à dire que le poche est très joli, bien relié et que brumerge n'a rien à envier à ce qui peut se faire ailleurs. Pour un petit livre de 216 pages, je trouve l'objet particulièrement lourd (et c'est agréable) et ça démontre la qualité du papier.

    Concernant le roman, et bien, j'ai été heureux de retrouver cette atmosphère particulière que sait créer Bernard Fauren...bien que les deux livres ne se déroulent pas du tout dans le même univers, il y a dans les deux romans comme une ouverture entre le réel et l'irréel, une ouverture que le personnage principal cherche à ouvrir sans trop en connaître les tenants et aboutissants. Ainsi, c'est quelque chose d'indicible qui pousse Marc, le personnage principal de la cascade d'Enora à vouloir comme actrice principal du film dont il est le scénariste, cette Enora, une cascadeuse en retraite (pour cause d'accident de cheval sur un tournage) et qui n'a jamais joué les premiers rôles. Aussi indicible que la fusion entre Enora et Jaspe, son partenaire sur le tournage et qui atteindra son apogée par une scène d'amour non simulée sous le regard des caméras. Je ne dis pas tout évidemment puisque l'histoire est plus compliquée que ça mais ce que je retiendrai je crois, c'est cette touche ésotérique qui maintient le récit en apensanteur. 
    L'écriture est assez simple. L'écrivain ne ressent pas le besoin d'épater par quelque vaine figure de style..mais juste à raconter en utilisant les mots justes et au bon moment. 
    On peut acheter le roman ici (ou le télécharger gratuitement)...ainsi que sur amazon. Et je conseille de le faire pour deux raisons, un parce que c'est un bon roman et deux parce que les éditions brumerge méritent d'être encouragées.

    roman, paru en 2008
    éditions brumerge, 216 pages
    lecture du 24.02 au 28.02.2010
    note : 3.5/5

     

  • CR148 : Malavita - Tonino Benacquista

     

    malavita-3.jpgrésumé : Ils prirent possession de la maison au milieu de la nuit. Une autre famille y aurait vu un commencement. Le premier matin de tous les autres. Une nouvelle vie dans une nouvelle ville. Un moment rare qu'on ne vit jamais dans le noir. Une famille d'Américains s'installe à Cholong-sur-Avre, en Normandie. Fred, le père, se prétend écrivain et prépare un livre sur le Débarquement. Maggie, la mère, est bénévole dans une association caritative et se surpasse dans la préparation des barbecues. Belle, la fille, fait honneur à son prénom. Warren enfin a su se rendre indispensable pour tout et auprès de tous. Une famille apparemment comme les autres en somme. Une chose est sûre, s'ils emménagent dans votre quartier, fuyez sans vous retourner...

    mon avis : Que voici une lecture jubilatoire avec tous les ingrédients qu'il faut pour rester scotché à son bouquin : une bonne histoire, des personnages au caractère bien trempé, un style agréable et des rebondissements à la pelle. J'avais d'ailleurs presque l'impression de lire un livre de Djian. Ce roman contient également tous les ingrédients pour supporter une bonne adaptation cinématographique (bien que la cinéma a déjà beaucoup exploré le monde de la mafia et celui ses affranchis...mais peut-être pas sous un tel angle). 

    Je me suis beaucoup amusé à suivre le cheminement de la Gazette de Jules-Vallès (journal de l'école de Cholong-sur-Avre ) qui par plusieurs malheureux et incroyables hasards atterit dans le seul endroit au monde où il ne fallait pas : la cellule d'une prison logeant un caid de la mafia qui recherche dans quel endroit de la planète se terre l'enfoiré qui l'a dénoncé). La fin du roman n'est qu'une effroyable boucherie mais elle est racontée avec tant d'humour qu'on compte les morts le sourire aux lèvres.
    On sent que l'auteur s'est éclaté en écrivant ce livre. 
    Ce n'est pas de la grande littérature certes mais c'est ingénieux et tout simplement divertissant.


    roman, paru en 2005 
    folio, 374 pages
    lecture du 18.02.2010 au 23.02.2010
    note : 3.5/5

     

  • CR147 : nuage rouge - Christian Gailly

    nuage rouge.jpgprésentation de l'éditeur : Un homme roule sur une route de campagne. Il rentre chez lui. Il est presque rendu. C'eût été trop simple : une voiture arrive en face, c'est celle de son ami Lucien, mais quand il la croise, Lucien n'est pas à l'intérieur, c'est une femme qui conduit, une inconnue au visage flou, dominé par le rouge. Qui est-elle ? Et Lucien, où est-il ? Et ce rouge, qu'est-ce que c'est ? Du rouge à lèvres ? De la confiture ? Du sang ? On dirait des peintures de guerre.

    mon avis : Une bonne histoire (pour dire les choses franchement, c'est l'histoire d'un viol qui "tourne mal" : la femme se défend et coupe les couilles de Lucien, le violeur et ami du narrateur et donc la personne que le narrateur croise en voiture est cette femme qui quitte les lieux du viol avec la voiture de Lucien), un style original (sans être trop précieux), une atmosphère...font un excellent roman d'un auteur des éditions de minuit que je ne connaissais pas. Je me suis laissé embarqué par ce récit, par ce ton hésitant (mais assumé comme tel). Un vrai bijou de littérature empreint de poésie et d'humour. Du travail d'orfèvre.

    roman, paru en 2000
    collection "double, éditions de minuit, 191 pages
    lecture le 11.02.2010
    note : 4/5