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  • CR292 : banale - Fanny Chiarello

    banale, fanny chiarelloJe connais Fanny Chiarello (prononcer K) avant tout pour ses romans pour adultes. J'ai décidé de suivre sa carrière pour une raison totalement arbitraire (enfin bon...). Je ne lui donne pas le droit à l'erreur ! Ce blog est si peu visité que je peux ruiner sa carrière en deux phrases -)

    La dame écrit aussi des histoires pour les enfants aux éditions l'école des loisirs, maison que je connais bien car on y avait abonné les filles via l'école des lutins. Elles recevaient un livre tous les mois. C'étaient toujours des livres de qualité que ce soit au niveau de la présentation que des textes. D'ailleurs, on a décidé, comme mes Martine, de ne pas nous en séparer. 

    Une de mes filles a trouvé banale au pied du sapin. L'idée vient de moi.  Pas très original ! Le roman est à l'image du titre : banal mais telle était la volonté de l'auteur. Clara une fille de CM1 en a marre d'être transparente, qu'on ne fasse pas attention à elle et elle envie les stars de l'école comme Jade ou Enzo qui attirent la lumière. Clara cherche la solution. Elle se dit d'abord qu'elle va se faire langue de vipère en sortant de bons mots pour se moquer d'untel ou d'untel. Mais ça ne marche pas. Faire de la musique ensuite mais il ne reste que les cours de flûte de disponible et ce n'est pas franchement ce qui rend original. Elle parvient presque à se démarquer en décidant de se vêtir d'un vulgaire t-shirt le jour de la photo de classe alors que tous ses camarades sont sur leur 31 (ce que j'ai toujours trouvé stupide, quoi de plus naturelle qu'une photo de classe sur laquelle les enfants sont habillés comme ils le sont tous les jours). Sa tenue provoque l'hilarité de l'ensemble de l'école mais lui permet de se faire remarquer par un producteur de cinéma (frère du photographe). Mais les parents s'y opposent et Clara déprime. 

    On attend avec impatience une dernière impertinence de Clara. Mais c'est dans la musique classique et l'opéra (pasion de Fanny Chiarello ndlr) qu'elle va trouver l'épanouissement grâce à sa copine Inès qui lui prête des albums de chanteurs d'opéra beaux gosses. Alors, elle se sent différente même si un jour, dans un supermarché où l'on diffuse de la musique, elle se surprend à aimer à nouveau un chanteur du genre Justin Bieber. Tant pis, elle aimera les deux, le classique et la variété, ce qui n'est pas banal.

    Par ce roman, Fanny Chiarello a surtout voulu montrer l'univers impitoyable des écoles (du CM1 jusqu’au lycée en passant par le pire, le collège), les brimades, les moqueries et condamner le diktat imposé par la mode que chacun doit suivre à tout prix tel un mouton de Panurge. Père de deux filles, l'une en CM2, l'une collégienne, je ne peux que le constater au quotidien. On montre du doigt les originaux, les personnalités hors norme. En cela, le collège est cruel et personnellement, j'en ai un mauvais souvenir. C'est peut-être l'apprentissage du monde adulte mais c'est pire que le monde adulte car il manque aux enfants la sagesse qui vient avec l'âge et le 'vivre ensemble' qui s'impose aux adultes autant que faire se peut. Même si le livre se lit bien et que je ne doute pas que ma fille s'y délectera, je lui fais un reproche, mais c'est le reproche d'un adulte qu'un enfant sans doute ne verra pas : la façon dont s'exprime Clara (entre autres) est trop raffinée, elle utilise des termes et fait des phrases que je n'ai jamais entendues de la bouche d'un CM1. Je prends un exemple qui me tombe sous la main et encore ce n'est pas le plus frappant (p 134) :

    Il me faudra beaucoup de discipline pour progresser, maman, je n'ai pas de temps à perdre. D'autant que la route est longue sera longue et semée d'embûches, comme tu peux l'entendre.  

    C'est un peu la difficulté des grands écrivains : mettre son style dans sa poche et arriver à se mettre au niveau de ses personnages. Mais j'ai 43 ans, pas 10 ans alors je cherche midi à quatorze heures et les éditions Gallimard à la place d'une école, l'essentiel est le message de tolérance et fraternité qui veut porter l'auteur. 

    lecture le 09 janvier 2016 sur papier (l'école des loisirs, 158 pages) , parution en 2015. 

    Loïc LT 

  • recensement des cabines # 33 Guémené-sur-Scorff (Morbihan 56)

    Le démantèlement des cabines va si vite que je suis obligé d'accélérer le rythme des reportages quitte presque à les bâcler. Je ne suis plus dans la contemplation et le plaisir de la flânerie, je suis dans la précipitation. Evidemment, c'est dommage mais je ne peux pas faire autrement. C'est ainsi que samedi dernier, 2 janvier 2016, j'ai effectué un périple dans le nord-ouest du Morbihan avec l'objectif de visiter un maximum de bourgs quitte à ne rester qu'une petite demie-heure dans chacun d'entre eux. Samedi donc, je suis parti de Camors, j'ai pris la direction de Guémené/Scorff où j'ai effectué la halte la plus longue, ensuite, je me suis rendu à Lignol, ensuite à Kernascléden et je suis remonté vers Saint-Caradec-Trégomel et j'ai fini à Le Croisty. J'aurais aimé en faire plus mais la nuit m'a rattrapé. Un ami libéral m'attendait au Croisty. Je retournerai par là-bas, plus encore vers le nord-ouest, quitte à déborder sur le Finistère. 

    Guémené-sur-Scorff, France

    On ne le voit pas sur la carte mais la première étape est bien Guémené-sur-Scorff et non Locmalo, petit bourg qui situe un peu plus à l'est où je ne suis pas allé. Guémené-sur-Scorff, que pour faire simple, je vais appeler GSS est connu un peu près dans toute la France ou c'est moi qui me fais des idées ? Tous les français savent-ils qu'il existe deux sortes d'andouilles,  l'andouille de Guémené et l'andouille de Vire, ou bien est-ce parce que j'habite à côté que moi et les gens du coin pensent que Guémené est vaguement connu sur tout le territoire ? Je vous serai gré de bien vouloir me le dire en commentaire. GSS est un bourg un peu particulier pour moi : mon grand-père maternel et ma grand-mère maternelle y ont rendu l'âme (hôpital), un oncle et une tante y ont travaillé toute leur vie, j'y ai travaillé un peu et quand j'étais petit et que j'allais en vacances à Persquen, nous nous rendions souvent à GSS. Pour finir, j'ai ressenti le seul tremblement de terre de ma vie dans cette bourgade (2002). 

    Tout d'abord, commençons par le but de la visite : la cabine. la cabine de Guémené ! Il y a différentes façons de placer une cabine téléphonique, il y a la méthode standard, c'est à dire, une cabine bien visible sur la place principale et la méthode guémenoise, c'est à dire une cabine placée dans un endroit tellement improbable qu'elle a peu de chance d'être utilisée et donc abîmée. Mais ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace et j'ai trouvé l'édicule dans un endroit que je connais bien puisqu'ayant travaillé quelques mois dans ce bourg, mon bureau se situait à une centaine de mètres de ladite cabine que voici. Nous ne sommes pas du tout dans le centre historique du bourg mais dans la périphérie, là où il vaut mieux ne pas traîner la nuit au risque de croiser un retraité insouciant promenant son caniche. Voici donc l'objet. 

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    Elle se situe près de la salle des sports et de la salle polyvalente et d'autres bâtiments désertés. Le téléphone semble fonctionner mais j'ai appelé avec mon smartphone au numéro 02 97 51 22 86 et aucune sonnerie n'a retenti. Je ne m'en formalise plus. J'en arrive à un moment où je suis blasé. Laissons donc cette cabine (accessible aux handicapés ce qui n'est pas le cas de la plupart) vivre ces dernières heures au pays de l'andouille et allons visiter la ville, la ville qui est pleine de gens, la ville qui est pleine de méchants, la ville qui est pleine de bruits, la ville qui est pleine de cris, la ville qui est pleine de flics, la ville qui est pleine de voleurs...

    Voici une petite vue d'ensemble du centre historique de GSS. C'est un bourg pittoresque, comme on en voit dans les Martine, avec des maisons mitoyennes et des toits de toutes formes d'où sortent des cheminées imposantes. 

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    Ce qui m'a marqué lors de la visite de GSS, c'est que de nombreux commerces avaient fermé depuis 10 ans, c'est à dire depuis l'époque où j'y travaillais. A l'époque, GSS était presque un miracle, un oasis dans cette Bretagne intérieure bien triste. Bon, il reste encore quelques vitrines mais on voit que le déclin l'emporte sur le dynamisme. 

     

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    C'est une ville qui pourrait servir de décor de film, car tout est affaire de décor et du bar l'Odyssée, je voyais le ciel gris de nuages, il y volait des corbeaux blancs qui croassaient sournoisement.

    J'ai bu un café dans cette échoppe peu avenante et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'y suis rentré. On notera en devanture la pub pour le festival du vêtement de cuir de 1964,  et je précise la chose parce que j'avais pris la même en photo à Melrand. Il y a des affiches qui résistent au temps. Quand on pense que celle-ci a été posée sous la présidence du Général ! 

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    En face de l'Odyssée, il y a le Christie qui ne paye pas de mine mais qui est ouvert, enfin je crois. J'ai demandé à Annick la patronne de l'Odyssée et elle m'a répondu qu'elle ne savait pas, ce qui est logique vu qu'une avenue les sépare et qu'on ne sait pas forcément ce qui se passe de l'autre côté. 

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    Cette bâtisse a de l'allure, elle doit être classée machin-chose mais je ne peux pas en dire plus. Wikipedia m'informe qu'il s'agissait jadis d'un hôtel ayant pour enseigne l'aigle d'or. Une autre source m'informe que Louis XVI et sa famille s'y sont arrêtés avant d'être arrêtés à Varennes-en-Argonne. 

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    Ces deux guémenois de souche n'auraient sans doute pas su m'en dire plus. 

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    GSS compte un vrai dédale de rues pittoresques qui ne mènent nulle part. J'ai du mal à faire le tri. Allez, prenons, celle-ci. 

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    Et celle-ci :

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    Mais vrai, j'ai trop pleuré, les crépuscules sont navrants, tout lune est atroce et toute pluie amère. L'âcre bourg m'a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma 206 crève pour que de Guémené je ne m'en aille. Mais il faut. Lignol m'attend. 

    Guémené-sur-Scorff (56160), Morbihan, 1131 bouffeurs d'andouille,  maire : René Le Moullec, reportage réalisé le 02 janvier 2016. temps doux et pluvieux

    Loïc LT

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  • CR291 : l'agent secret - Joseph Conrad

    joseph conrad, littérature, littérature anglaise, londres, roman, roman d'espionnageJoseph Conrad est une grande pointure de la littérature mondiale, je ne sais pas combien exactement mais il devait faire au moins du 47 sur une échelle qui va jusque je ne sais pas combien mais Marcel Proust ou Philip Roth approchant les 50, on peut considérer qu'on ne peut guère aller au delà de 51/52. Moi je chausse du 44 sauf pour mes pantoufles où je prends du 45.

    L'agent secret est donc un roman de cet écrivain anglais du début du XXème siècle et raconte l'histoire de Verloc, un agent secret londonien complètement dépassé par les événements. Il vit avec sa femme Winnie et son beau-frère Stevie un peu attardé dans une rue triste de Londres où le ménage tient un magasin où l'on vend tout et n'importe quoi, surtout rien. L'essentiel tient dans les activités de Verloc, anti-héros en puissance qui pour arrondir ses débuts et ses fins de mois est agent secret pour le compte d'une ambassade quelconque. Dans un premier temps, on ne lui demande que d'infiltrer les milieux anarchistes et révolutionnaires de Londres ce qu'ils parvient à faire sans trop de mal (tout en cachant le tout à sa famille). Ça se complique pour lui lorsqu'on lui demande de passer à l'action et de perpétrer un attentat dans un observatoire scientifique de la capitale et que cela soit mis sur le compte de terroristes d'extrême-gauche. Verloc est un peu tracassé par ce projet mais il continue à vivre sa vie monotone et son amour platonique avec sa femme Winnie. Il s'absente régulièrement à l'étranger et continue à fréquenter les organisations révolutionnaires plutôt endormies. 

    Dit comme ça, ce  roman d'espionnage semble sérieux, le fait qu'un personnage mène une double vie n'est pas une nouveauté littéraire. Son intérêt tient avant tout dans le côté pathétique des protagonistes, que ce soient la famille de Verloc, Verloc lui-même surtout, les pseudo-révolutionnaires plus clownesques que dangereux et les flics que les rivalités internes rendent ridicules et inefficaces. L'ambiance m'a un peu fait penser au roman le mouchard de O'Flaherty lu récemment mais ici tout est plus léger et décalé. Il y a juste  les descriptions de Londres qui sont un peu près crédibles avec ce brouillard et cette pluie à n'en plus finir. Tiens, l'idée me vient que l'agent secret est à la littérature ce que les tontons flingueurs sont au cinéma, c'est à dire qu'on est plus dans le pastiche que dans la volonté de raconter une histoire qui tient la route. Je ne divulgue pas la fin qui est à l'image de l'ensemble : ubuesque et triste en même temps. 

    Mon sentiment général est plus que positif. L'agent secret un roman truculent et désopilant. Je ne sais pas si l'ensemble de l'oeuvre de Conrad est du même tonneau mais si c'est le cas je suis preneur.

    lecture en janvier 2016 sur kindle (en papier = 445 pages) , parution en 1907, traduction française  par Henry-D. Devray, 4.5/5

    Loïc LT

  • Le Loir et Cher (Michel Delpech)...au pied de la lettre

    Ma famille habite dans le Loir et Cher,
    Ces gens-là ne font pas de manières.
    Ils passent tout l'automne à creuser des sillons,
    A retourner des hectares de terre.
    Je n'ai jamais eu grand chose à leur dire
    Mais je les aime depuis toujours.
    De temps en temps, je vais les voir.
    Je passe le dimanche dans l'Loir et Cher.

    Bon, qu'ils ne fassent pas de manières est une chose mais qu'ils passent tout l'automne à labourer est étonnant. L'automne est plutôt la période des récoltes. C'est vrai qu'on laboure aussi et pour peu que ce soient des céréaliers, c'est vrai que ça peut mettre du temps. Mais je ne sais pas pourquoi, je  les sens plus éleveurs que céréaliers. 

    Ils me disent, ils me disent :
    "Tu vis sans jamais voir un cheval, un hibou."
    Ils me disent :
    "Tu viens plus, même pour pécher un poisson.
    Tu ne penses plus à nous.
    On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue,
    On dirait que ça te gêne de dîner avec nous.
    On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue,
    On dirait que ça te gêne de dîner avec nous."

    Là, je n'ai pas grand chose à dire mais ils disent qu'il ne pensent plus à eux alors que dans le premier couplet, il affirme aller les voir de temps en temps. Tout dépend de ce qu'on entend par 'de temps en temps'. Bon autrement, même quand on va dans une ferme, il est tout à fait possible d'éviter d'avoir à marcher dans la boue, à moins de le vouloir, qu'il pleuve ou qu'on veuille s'amuser. 

    Chaque fois que je m'arrête dans le Loir et Cher,
    Ils ne m'laissent plus partir de chez eux.
    Je leur dis qu'il faut que je rentre sur Paris,
    Que je ne fais pas toujours ce que j'veux
    Et qu'il faut encore que je trouve un poste d'essence,
    Que j'n'ai pas le temps de finir ma bière
    Et que je reviendrai un de ces dimanches
    Passer la nuit dans le Loir et Cher.

    Le mec vient juste pour un dimanche et il est pressé. En plus, alors qu'il est du coin, il ne sait pas où se trouve le poste d'essence le plus proche. Par ailleurs, il n'a pas le temps de finir sa bière. Comment peut-on être pressé au point de ne pas avoir le temps de finir une bière ? Une bière, ça se finit en quelques secondes et perso, je n'ai jamais vu quelqu'un partir de chez moi ou sortir d'un bar sans finir sa bière parce qu'il est trop pressé. On lui demande pas de finir une barrique de cidre. Et en général, quand on prend la route, on ne prend pas une bière avant de partir. On prend un café au pire.  Il affirme ensuite qu'il reviendra un de ces dimanches, ce qui démontre qu'il vient régulièrement et donc qu'ils pensent à eux contrairement à ce que dit le refrain. Et oh surprise, on apprend qu'en plus, il dort chez eux, ce qui sous-entend qu'il arrive le samedi soir, ce qui signifie qu'il dîne avec eux le soir, qu'il dort sur place et qu'ensuite il passe le dimanche avec eux. C'est pas mal quand même. Je trouve que sa famille est dure avec lui. Surtout qu'on ne sait pas si c'est de la famille proche ou pas. Ça ne doit pas être ses parents puisqu'il dit qu'il n'a jamais eu grand chose à leur dire or on parle à ses parents. Ça peut être son frère et sa belle-sœur. 

    Mais on ne le saura jamais. Michel Delpech est parti avec son secret et a laissé une bière à moitié vide parce qu'il fallait qu'il trouve une station essence. 

    Loïc LT

  • cinéma # Winter Sleep - Nuri Bilge Ceylan

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    Winter Sleep est un film turc qui a obtenu la palme d'or à Cannes en 2014 et attiré 200.000 spectateurs en salle. Il pouvait difficilement faire mieux. Quand je pense qu'on pourrait remplir le Stade de France trois soirs de rang avec les spectateurs de ce film turc. Affolant ! 

    Je l'ai regardé en blu-ray en version originale turque (il a été doublé depuis). 

    L'histoire se déroule dans les montages turques, les gens vivent essentiellement dans des habitats troglodytes et l'hiver est rigoureux. Le personnage principal de cette série de dialogues est Aydin, un comédien à la retraite qui tient un hôtel (l'hôtel Othello) et qui en même temps écrit un essai sur l'histoire du théâtre turc (dont j'attends la sortie avec impatience). Sa femme Nihal est très belle et bien plus jeune que lui et comme elle s'ennuie un peu elle décide d'organiser une collecte de fonds pour des établissements scolaires ce qui ne plait pas à Aydin. Globalement, on peu considérer que les trois heures du film ont pour but de mettre en lumière ce différent dans ce couple qui de toute façon était déjà en difficulté et dont cette histoire de collecte ne fait que compliquer. Personnellement, je n'ai pas trop compris les arguments d'Aydin, il avait peur que Nihal ait à faire à des gens malhonnêtes ou que l'argent soit mal employé. En tout cas, à la fin du film, alors qu'elle va rendre visite à des voisins qui sont des locataires, elle leur remet une liasse de billets (est-ce un partie du fruit de la collecte) qu'un des deux frères jette au feu. Nihal repart en pleurant et Aydin qui avait prévu partir quelques mois à Istanbul est revenu mais le couple ne s'aime plus pour diverses raisons que les deux protagonistes essaient d'analyser en poussant très loin l'exercice d'introspection. Dans ce film, les gens sont honnêtes et ne font pas dans l'hypocrisie. Les personnages secondaires sont exaspérants de bonté humaine. Peut-être est-ce l'isolement dans cette région de la Turquie (l'Anatolie) qui rapproche les gens et les rend si prévenants. Il n'y a pas une once de méchanceté dans ce film et le seul acte répréhensible est celui du fils des locataires qui jette une pierre sur une vitre de la voiture de Aydin. Mais évidemment, celui-ci lui pardonne. 

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    Winter Sleep se laisse regarder, ce n'est pas un film élitiste comme je l'ai souvent entendu dire. Les dialogues sont à la portée de tous. Il se situe un peu dans la lignée des films Ingmar Bergman et il prouve s'il le fallait qu'il n'ait point besoin d'action pour faire une grande oeuvre cinématographique. 

    Et comme si cela ne suffisait pas, la campagne est magnifique, dommage que "l'action" se situe plus à l'intérieur qu'à l'extérieur mais à priori un couple n'a pas vocation à dialoguer sur son devenir sous la neige et dans le froid au sommet des collines aux arrêtes acérées. 

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    Winter Sleep, 2014, réalisateur : Nuri Bilge Ceylan, acteurs principaux : Haluk Bilginer ( Aydin), Demet Akbağ (Nihal) Turquie, durée : 196 minutes, version sous-titrée,  visionné le 03/01/2015 sur PC, 5/5

    Loïc LT

  • recensement des cabines # 32 Lanvaudan (Morbihan 56)

    En cet avant dernier jour de l'année, j'avais prévu un périple du côté du nord-ouest du Morbihan (Le Saint, Langonnet, Guiscriff..) mais étant donné les événements qui se passent là-bas, j'ai préféré rester plus au sud et visiter un petite commune charmante qui se situe entre Camors et Plouay, nichée au cœur d'une forêt typiquement armoricaine. Il pleuvait des cordes et c'est vrai qu'un reportage en plein été aurait eu une toute autre allure mais les saisons existent et nous devons composer avec elles. Mon recensement ne s'arrête pas à la belle-saison. 25 minutes de route et me voici sur les lieux. 

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    Pas de doute, j'entre bien dans le bourg. Précision ; je ne supporte pas qu'on mette aussi le nom en breton mais j'ai pas envie d'argumenter sur ce point, ce n'est pas le sujet de la note.

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    Ensuite, j'ai vite trouvé l'édicule que j'avais déjà repéré sur GoogleMap (dont je ne vanterais jamais assez les services même si ça mettrait un peu plus de piment si je débarquais dans un bourg sans savoir s'il y a une cabine ou pas). Voici donc la cabine située comme très souvent près des toilettes publiques (et près d'un sapin de noël). Elle ne fonctionne plus et son numéro est le 02 97 33 27 68, numéro qui a une haute valeur symbolique. Bon, les 02 et 97, ce sont les indicatifs d'ici, le 33 est un clin d'oeil aux 33 femmes qui furent élues députées en 1945, le 27 correspond au numéro de département où vit ma soeur et le 68 est une référence à mai 68. 

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    Le publiphone ne fonctionne pas mais est très bien entretenu. Des sticks sont colés aux vitres, le sol est propre, le combiné est rouge et je n'ai trouvé aucune trace de poussière.

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    Visitons maintenant si vous le voulez bien ce petit bourg peuplé de 750 homo sapiens. Le plus intéressant est la partie haute du bourg où se trouve la plus grande partie des chaumières. 

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    La mairie ne manque pas de charme non plus. Serge Gagneux en est le bourgmestre depuis 2001. Un rapide tour de la toile m'informe que c'est un homme sympathique et qui se donne beaucoup pour son petit coin de paradis. 

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    Voici une longère en toit de chaume dans la plus pure tradition bretonne. Je ne sais pas trop si elle est habitée, je n'ai pas croisé âme qui vive en cette fin de matinée pluvieuse. 

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    Lauvandan est un peu coupé du monde. Dans les environs, on l'appelle même la petite Sibérie. Mais le bourg dispose quand même  deux commerces (qui ouvrent tous les quatre matins) mais j'ai oublié de prendre la supérette qui jouxte le bar du coin en photo. 

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    Lanvaudan possède aussi la particularité de disposer d'une exploitation agricole en son sein. Je me rappelle y être allé poser des papiers quand j'étais comptable. J'avais une vie de dingue quand j'étais comptable, j'avais une chemise blanche et une simple ceinture et ma décontraction, mon atout majeur. 

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    Mais, comme dans tous les bourgs d'antan, il y a eu une époque, dans les années 60 et 70 où l'on ne réalisait pas la richesse du patrimoine tant il était commun. Alors, des maisons quelconques se sont greffées et donc Lanvaudan doit composer avec cette disparité qui heureusement n'est pas mitoyenne. Si vous distinguez bien les panneaux, vous pourrez constater que j'ai fait des reportages dans trois des quatre bourgs signalés. 

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    Les cornouillers est l'un des rares arbustes caducs qui gardent un intérêt un hiver :

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    J'ai plein d'autres photos mais je ne peux pas être exhaustif. Par contre, en quittant le bourg, je suis tombé sur le lieu-dit La Gare faisant partie de la commune qui nous concerne et où il m'a plu de prendre ce bar (qui était tenu par un certain Le Cavil) en photo :

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    Pour finir, revenons dans le bourg afin d'admirer cette chapelle tout en rondeur. Habituellement, je n'aime pas les églises bretonnes car elles sont moches et leur clocher est trop élevé mais celle-là est bien proportionnée et est à l'image de Lanvaudan. Les trois pratiquants qui se rendent à l'office tous les dimanche matin ont bien de la chance. 

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    Lanvaudan (56240), Morbihan, reportage réalisé le 30 décembre 2015. temps doux et pluvieux

    Loïc LT ( 30/12/2015)