Je connais Fanny Chiarello (prononcer K) avant tout pour ses romans pour adultes. J'ai décidé de suivre sa carrière pour une raison totalement arbitraire (enfin bon...). Je ne lui donne pas le droit à l'erreur ! Ce blog est si peu visité que je peux ruiner sa carrière en deux phrases -)
La dame écrit aussi des histoires pour les enfants aux éditions l'école des loisirs, maison que je connais bien car on y avait abonné les filles via l'école des lutins. Elles recevaient un livre tous les mois. C'étaient toujours des livres de qualité que ce soit au niveau de la présentation que des textes. D'ailleurs, on a décidé, comme mes Martine, de ne pas nous en séparer.
Une de mes filles a trouvé banale au pied du sapin. L'idée vient de moi. Pas très original ! Le roman est à l'image du titre : banal mais telle était la volonté de l'auteur. Clara une fille de CM1 en a marre d'être transparente, qu'on ne fasse pas attention à elle et elle envie les stars de l'école comme Jade ou Enzo qui attirent la lumière. Clara cherche la solution. Elle se dit d'abord qu'elle va se faire langue de vipère en sortant de bons mots pour se moquer d'untel ou d'untel. Mais ça ne marche pas. Faire de la musique ensuite mais il ne reste que les cours de flûte de disponible et ce n'est pas franchement ce qui rend original. Elle parvient presque à se démarquer en décidant de se vêtir d'un vulgaire t-shirt le jour de la photo de classe alors que tous ses camarades sont sur leur 31 (ce que j'ai toujours trouvé stupide, quoi de plus naturelle qu'une photo de classe sur laquelle les enfants sont habillés comme ils le sont tous les jours). Sa tenue provoque l'hilarité de l'ensemble de l'école mais lui permet de se faire remarquer par un producteur de cinéma (frère du photographe). Mais les parents s'y opposent et Clara déprime.
On attend avec impatience une dernière impertinence de Clara. Mais c'est dans la musique classique et l'opéra (pasion de Fanny Chiarello ndlr) qu'elle va trouver l'épanouissement grâce à sa copine Inès qui lui prête des albums de chanteurs d'opéra beaux gosses. Alors, elle se sent différente même si un jour, dans un supermarché où l'on diffuse de la musique, elle se surprend à aimer à nouveau un chanteur du genre Justin Bieber. Tant pis, elle aimera les deux, le classique et la variété, ce qui n'est pas banal.
Par ce roman, Fanny Chiarello a surtout voulu montrer l'univers impitoyable des écoles (du CM1 jusqu’au lycée en passant par le pire, le collège), les brimades, les moqueries et condamner le diktat imposé par la mode que chacun doit suivre à tout prix tel un mouton de Panurge. Père de deux filles, l'une en CM2, l'une collégienne, je ne peux que le constater au quotidien. On montre du doigt les originaux, les personnalités hors norme. En cela, le collège est cruel et personnellement, j'en ai un mauvais souvenir. C'est peut-être l'apprentissage du monde adulte mais c'est pire que le monde adulte car il manque aux enfants la sagesse qui vient avec l'âge et le 'vivre ensemble' qui s'impose aux adultes autant que faire se peut. Même si le livre se lit bien et que je ne doute pas que ma fille s'y délectera, je lui fais un reproche, mais c'est le reproche d'un adulte qu'un enfant sans doute ne verra pas : la façon dont s'exprime Clara (entre autres) est trop raffinée, elle utilise des termes et fait des phrases que je n'ai jamais entendues de la bouche d'un CM1. Je prends un exemple qui me tombe sous la main et encore ce n'est pas le plus frappant (p 134) :
Il me faudra beaucoup de discipline pour progresser, maman, je n'ai pas de temps à perdre. D'autant que la route est longue sera longue et semée d'embûches, comme tu peux l'entendre.
C'est un peu la difficulté des grands écrivains : mettre son style dans sa poche et arriver à se mettre au niveau de ses personnages. Mais j'ai 43 ans, pas 10 ans alors je cherche midi à quatorze heures et les éditions Gallimard à la place d'une école, l'essentiel est le message de tolérance et fraternité qui veut porter l'auteur.
lecture le 09 janvier 2016 sur papier (l'école des loisirs, 158 pages) , parution en 2015.
Loïc LT