en savoir plus : iciDepuis maintenant plus d’un siècle la planification urbaine n’a cessé de montrer son incapacité à contrôler à grande échelle la forme de la ville. Le phénomène de métropolisation contemporaine ne fait que renforcer cet échec : les fragments qui constituent l’archipel de la ville planifiée sont dispersés sur l’immensité de la ville spontanée.
Les photos d’Emmanuel Pinard rendent compte de cette difficulté à contrôler le territoire, en s’attachant à la description de lieux qui, dans le cadre de la dialectique de la planification, sont généralement considérés comme " non qualifiés ".
Leur indétermination formelle et programmatique les rend accueillants à des pratiques sociales multiples. Ces images représentent les traces de ces pratiques, ainsi que celle des limites physiques de la planification - la limite construite entre ville planifiée et formations spontanées.
Ces fragments de ville permettent, en rendant compte, d’une part, de la résistance des territoires à la planification, d’autre part, de la qualité positive de ces situations, de tenir un propos général sur la ville contemporaine à partir de situations locales choisies pour leur exemplarité.
Un séjour prolongé dans ces lieux conduit Emmanuel Pinard à une connaissance fine de leur configuration physique et de leurs usages. Ses images sont ainsi comme des précipités chimiques qui condensent les caractéristiques des paysages photographiés. Ce travail s’inscrit dans une lignée historique qui, depuis le XIXe siècle, met la rigueur de l’approche photographique au service de la description de la ville. Cette approche documentaire permet aujourd’hui de se saisir de la complexité des paysages de la ville contemporaine au-delà de leur caractère superficiellement chaotique.
par Eric Lapierre.
photographie - Page 2
-
paysage avec zone # 5
-
paysage avec zone # 4
C'est en écoutant Métropolitains ce soir sur FC que j'ai découvert Emmanuel Pinard, un photographe de non-lieus (il parle plutôt d'espaces résiduels pour qualifier ces endroits neutres). Ce type a un débit de paroles très intéressant et assez plaisant. j'ai passé une heure d'intense émotion. Il fait ce genre de photos :
Quant à moi, muni de mon pentax optio 60, j'ai parcouru en juillet de long en large toutes les zones les plus improbables de ma région. La conclusion est qu'il est plus difficile que l'on croit de faire des photos vraiment moches.Mais quand même, j'ai trouvé cette gare désaffectée avec une caravane munie d'une parabole. Apparemment, un être humain (un peu paumé sans doute) a fait de ce lieu (gare de Baud) son quotidien..
-
paysage avec zone # 3
Ce matin, muni de mon Pentax optio 60 6MP3XZOOM12MBBUILT, j'ai dans l'idée de dégoter quelques terrains vagues. Direction Hennebont, ville pittoresque (communiste, hélas..), médiévale mais qui recelle dans ses alentours de zones industrielles pratiquement abandonnées. Deux lieux m'intéressent en particulier :
- la zone industrielle du Ty-Mor (où je vécu un an dans ce qui ressemble plus à un hangar) au bord du Blavet. Des épaves y gisent dans des marais entre deux industries navales et quelques entrepôts en taule à moitié dévastés. Quelques appartements hideux ici ou là, les restes d'un ancien bar typique : le bonheur pour un 'photographe en quête de non-lieux.
- les alentours des anciennes Forges d'Hennebont (usine ayant comptée jusque 3000 ouvriers, fermée depuis 1966) toujours au bord du Blavet. Pas mal de bâtiments en tôle rouillées, qui plus est, souvent en ruine. Cependant, quelques petites industries squattent une partie des forges mais pour l'essentiel, c'est un vrai spectacle de désolation où la végétation tente tant bien que mal de rependre ses droits.
2 soucis cependant :
- j'emmène dans ce périple aux confins de nulle-part mes deux gamines pas forcément intéressées (et on les comprend) par ces endroits.
- mon appareil photo est loin de m'apporter entière satisfaction et ce, depuis que nous l'avons acheté il y a deux ans. Je ne suis pas un pro mais je trouve le rendu approximatif, j'ai de gros soucis avec le zoom, avec le flash..etc
En fin de compte, on va dire que j'ai fait du repérage. Déjà, je ne suis pas descendu de voiture (sauf pour discuter avec un type qui pêchait en face de forges). Je reviendrai un soir d'automne quand le temps et les heures seront aussi absents et destructurés que ces endroits oubliés. Donc, je vous livre juste quelques photos pour vous donner un aperçu des lieux (clic dessus pour agrandir).J'ai une idée de titre pour illustrer cette quête de lieux moches : terrains vagues à l'âme. Je vais essayer de faire des recherches sur cette école de photographes. Pour l'instant, connaissant très peu (à part Thibaut Cuisset), je suis en train de me fixer mes propres règles à savoir :
- aucun être humain sur la photo. Un être humain est synonyme de vie or la démarche vise l'absence de vie et de temps.
- il y a des endroits comme les décheteries ou les poubelles qui sont hideuses par définition. Ce serait trop facile. Donc, pas de ces photos-là non plus
- préférer des jours nuageux et venteux. C'est plus dans l'esprit. La lumière du soleil est trop synonyme de vie. Eviter aussi la végétation, synonyme de croissance et de buccolisme.
Pour vous donner une idée de ce qui se fait de mieux dans cet esprit, admirez les photos ci-dessous (la seconde est de Wiliam Eggleston) :
-
paysage avec zone # 2
Telerama a enfin mis en ligne l'article dont je vous parlais avant hier. Le voici. (signé Luc Desbenoit). Par contre, ils n'ont pas mis la photo..alors je l'ai photographié. C'est pas net mais ça donne une idée. fantastique..
Thibaut Cuisset, un Hérault contemporain. L’Hérault vu sans complaisance. Beau, même dans les lieux les plus ingrats.
Cette photographie a été prise dans l’Hérault, à côté de l’étang de Thau. Au premier coup d’œil, on se dit que c’est la zone. Un garage de tôles rouillées, une caravane qui attend le retour de ses propriétaires, des cabanes et un poteau de béton planté en plein virage et relié à d’autres poteaux par une géométrie de fils dans le ciel. Emu par cette scène éclectique, Thibaut Cuisset a installé le trépied de sa chambre photographique au beau milieu de la route, à l’endroit précis où l’attendait cette image – comme il l’avait vue en un éclair, au volant de sa voiture. Une image qui révèle peu à peu sa complexité et en devient fascinante. Non seulement à cause du dialogue harmonieux noué entre le fouillis végétal et le bric-à-brac du bâti, qui a poussé au petit bonheur la chance. Mais aussi à cause des informations qu’elle délivre sur la recherche précaire du bien-être dans ce département touristique à forte fréquentation populaire.
En une soixantaine de tableaux, ce photographe de 48 ans, réputé pour son travail sur les paysages du monde entier, dresse ici – et à la demande d’un mécène, l’entreprise Technilum – un portrait sans complaisance de l’Hérault contemporain. Sans dénoncer quoi que ce soit. Bien au contraire, le photographe métamorphose le banal et la laideur tels qu’il est convenu de les stigmatiser – zone pavillonnaire en plein champ, camping-car stationné en bord d’étang, bétonnage du littoral à la Grande-Motte… – en tableaux rythmés, épurés et sereins. Thibaut Cuisset n’a pas d’autres préoccupations que de décrire son temps, de raconter l’histoire à travers la géographie. Il invite le spectateur à se débarrasser de tout préjugé, à débusquer la beauté dans les lieux les plus ingrats (1). A regarder les choses telles qu’elles sont. Ou plutôt telles que lui parvient à les voir . -
paysage avec zone
Je ne suis pas un grand spécialiste de la photographie d'art mais je m'intéresse depuis quelques temps à un certain type de photos représentant à peu près rien du tout, des non-lieux, des terrains vagues, en marge, près des zones industrielles, en clair des endroits totalement improbables. Je me disais (pas plus tard que hier) que fasciné par ce type de clichés, il allait falloir me lever tôt pour en dégoter. Et bien figurez-vous que le Telerama de ce jour comporte un article sur un maître du genre, Thibaut Cuisset. L'article de Luc Desbenoit trouve les mots justes pour expliquer ce qui peut toucher dans ces 'anti-clichés'. Y'a pas à dire, le métier de journaliste, ça ne s'improvise pas et nous les blogueurs, on est vraiment des charlots... Rien que le titre déjà, il fallait le trouver. D'ailleurs, je l'ai récupéré pour cette note. Les articles de Télérama sont des modèles du genre. Ceux qui les écrivent ne sont pas des tabayos. Bon mais pour illustrer cet article exquis, il y a une photo..mais je ne trouve rien de tout cela sur le site du magazine (qui ne reprend pas tout l'édition papier). Cette photo est tout simplement non-magnifique et ne pousse pas à la réflexion. C'est ça qui est bien. Mais comme je suis un mec bien, je vais quand même illustrer cette non-note par une non-photo de Mr Cuisset (tapez Thibaut Cuisset dans google-image..). L'idée, maintenant est de passer à la pratique. ça tombe bien, demain je vais à Hennebont et je connais dans cette ville de magnifiques zones de rien. Demain soir, mon premier cliché ici !!