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CR222 : autoroute - François Bon

9782814501775.main.png.pagespeed.ce.la50XaiCMw.pngS’embarquer sur l’autoroute. Partir de Paris, et ne jamais sortir de l’autoroute. Pour la beauté des paysages. Quand on descend vers le sud, quand on remonte vers l’est, comment ça se transforme, les plantes, les reliefs. On s’arrête à chaque parking, chaque péage, chaque station-service, on parle avec les gens. On leur demande de nous parler.(p7)

 

Deux types décident de faire un reportage de sept jours sur l’autoroute A6. L’un, Verne filme et l’autre, François Bon le narrateur, écrit. . On suit les deux routards d’aires en aires, de péages en péages. Les deux compères captent tout, le banal et l’insolite, comme par exemple ce couple sur une aire de repos qui recherche une alliance balancée quelques mois plus tôt suite à une dispute mais depuis ça va mieux alors équipé d’un détecteur de métaux, le mari ne désespère pas de trouver. Il y a aussi ce type qui du fait de problèmes conjugaux se refuse à quitter l’autoroute....quelques tranches de vie comme ça qu’on n’imagine pas lorsqu’on emprunte les autoroutes et qu’on ne fait pas attention à autre chose qu’à sa route et sa destination. Et puis, François bon dont on  connaît le talent pour ce type de littérature, parvient même à rendre la chose poétique :

“la station service Fina Dijon nord a ceci de particulier qu’elle s’inscrit dans une courbe montante, qu’on l’aperçoit donc de très loin comme juste déposée par hélicoptère sur les champs très verts, le grand auvent blanc éclairé dans le plein jour et la boutique comme un intérieur offert et brillant.” (p85)

voire même parfois, à faire rire..moi en tout cas, ce passage où il interroge le type qui s’occupe de l’entretien d’une aire de repos :

“le pénible, en fait, c’est les gazons à tondre. Je n’aime pas tondre le gazon. Je conduis la tondeuse, je roule dans un sens, je roule dans l’autre sens, et à quoi ça ressemblera toujours : un vieux tapis mité, où personne ne s’essuie les pieds. Je fais des variantes, au milieu trois fleurs, au bord quelques herbes sauvages et qui le regarde, qui me dira merci ? Si je ne tondais plus ce gazon, qui viendrait me le reprocher, et pourtant c’est le règlement, mercredi et vendredi : tondre le gazon....(p32).

 

François Bon nous prouve que la littérature peut trouver matière dans le quotidien, voire même le sublimer, un peu comme il le fit quelques temps plus tard avec Paysage Fer. Il y a une cohérence dans son oeuvre, quelque chose de résolument moderne. Et il ne faut pas s'étonner que le même homme soit l'un des plus vibrants acteurs et défenseurs de la littérature numérique. 

Et à ce propos,  je me souviendrai toute ma vie de autoroute pour avoir été ma première lecture sur liseuse (kindle). J’en reparlerai peut-être si le choeur mendie.

 

lecture : décembre 2011

publie.net , 168 "pages"

année de parution : 1998 (papier)

note : 4/5

Commentaires

  • Tu me donnes envie de découvrir François Bon. Ma médiathèque n'a pas cet Autoroute, mais en a plusieurs autres. M'en conseillerais-tu un plus particulièrement ?
    Et puisque c'est la période : bonne et heureuse nouvelle année à toi et tes proches.

  • Bonne année à toi également, Carla. Santé, prospérité ! désolé, pour les vœux, je suis pas terrible.
    De François Bon, je n'ai lu que "autoroute" et "paysage fer" (si tu aimes regarder le paysage à travers la vitre du train, je te le conseille). Sinon, son plus connu, c'est peut-être "sortie d'usine" qui vient de ressortir en poche (chez minuit). "Sortie d'usine" : tout est dans le titre.
    A titre perso, moi je suis assez tenté par "parking".
    Mais je préfère attendre qu'il sorte "station d'épuration" ou "supermarché" -))
    En tout cas, tu as de la chance d'avoir une médiathèque qui possède des ouvrages de François Bon. La mienne, c'est loin d'être le cas.

  • Bonne année Loïc, et qu'elle soit pleine de bonnes lectures (et de bambous aussi bien sûr !) !

    Ca m'intéresserait de connaître tes impressions sur la liseuse - et aussi, du coup, sur Après le livre de François Bon, puisque c'est en plein dans le sujet, si tu prévois de le lire ! L'émission que Veinstein lui avait consacré était bien.

  • Bonne année Julie !
    Oui d'ailleurs, Veinstein a un peu titillé Bon. Mais ce dernier a de la suite dans les idées.
    Je reparlerai de la liseuse mais une chose est sûre : je vais vite basculé totalement en numérique. Mais avant, j'ai quand même encore pas mal de livres papier à lire.

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