résumé (par l'auteur lui-même p372 du roman)
Un lecteur, ou une lectrice, ouvre ce livre, le feuillette, le fait traduire, comprend vaguement que l'auteur a dû faire partie d'un complot subversif difficile à identifier. Les événements dont il est question sont lointains, on n'en garde qu'un souvenir contradictoire, la plupart des historiens les classent parmi les révoltes sans lendemain. Le narrateur commence par avoir envie de se suicider, ne le fait pas, rencontre une femme qui transforme son existence. Dora est une jeune et jolie veuve, avocate, dont le mari, disparu prématurément, possédait une vaste bibliothèque. Des livres anciens, des manuscrits rares, l'ouvre d'un collectionneur. [..] Il y a aussi une pianiste célèbre, Clara, une personnage mystérieux, François, ce dernier étant peut-être un espion chinois.
Le ton général est très critique sur la société du temps de l'auteur, mais la société, au fond, à quelques transformations techniques près, est toujours la même. Les références chinoises abondent, ce qui est plutôt curieux pour un auteur occidental de cette période. Que veut-il Que cherche-t-il ? Le narrateur semble mener une vie clandestine organisée très libre, notamment sur le plan amoureux. Comme il pense à des tas de choses à la fois, son récit donne souvent l'impression d'une un tableau cubiste. Parfois on est perdu, mais on s'y retrouve toujours.
mon avis : L'oeuvre de Sollers me laisse l'impression d'un immense gâchis, car je trouve qu'il y a du génie chez cet écrivain de la suite et de la cohérence dans les idées et puis que le tout est écrit avec une verve éclatante mais que hélas, on est très vite agacé par une tendance qu'il a à se la péter, à se mettre en avant, à tout le temps à ramener la couverture à lui.
En ce qui concerne ce roman en particulier, je trouve que pour un type qui soi disant critique la société dans laquelle il vit (au point de souhaiter plus ou moins la révolution), il profite plus que bien de cette société, volant de capitales en capitales, couchant (dans tous les sens du terme) d'hôtels en hôtels etc. Son analyse de la société est plus que sommaire et ils se contente de caricaturer le capitalisme en la personnifiant sous les membres de la famille Leymarcher-Financier.
Et Dora, la "passion fixe" du narrateur (qu'on devine être Sollers, hein, ça se sent que la narrateur et l'écrivain ne font qu'un) est trop parfaite pour être vraie (mais chez Sollers, les femmes sont toujours comme ça, intelligentes, super canons, raffinées, super baiseuses et tout).
Et le tout est truffé de références à la culture chinoise, et comme personnellement je ne connais rien à la Chine, ça ne m'a pas aidé.
Sentiment mitigé donc entre un style flamboyant et un nombrilisme trop affirmé. Mais l'agacement l'emporte.
lecture du 01.05 au 08.05.09
folio, 399 pages
note : 2.5/5
à venir : Mytal, Ayerdhal
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Vincent, François, Paul et les autres...
Je ne suis pas très cinéma (pas du tout même, je trouve le cinéma globalement trop superficiel...ne serait-ce que comparé à la littérature -en fait mon idée est que l'inconvénient d'un réalisateur par rapport à un écrivain est que le réalisateur est assommé par les contraintes financières, techniques, météorologiques et cela l'empêche de se livrer entièrement alors que l'écrivain n'a pas de contraintes et peut laisser son cerveau travailler en toute liberté-*) mais j'ai quand même quelques films références. Les films de Claude Sautet en font partie. Et parmi ses nombreux chefs d'oeuvre (à part son premier film, il n'a fait que des chefs d'oeuvre), Vincent, François, Paul et les autres est mon préféré. Je passe sur les raisons, c'est mon préféré c'est tout (suivi de Nelly et Mr Arnaud). Donc évidemment, possédant le dvd de Vincent..., je peux le regarder quand je veux, où je veux etc. Ce que je fais très souvent.
Or ce soir, il passe à la télé. Sur Arte évidemment, pas sur tf1.
Mais je ne sais pas si chez vous c'est pareil mais quand bien même je possède un film en dvd, je me sens toujours obligé de le regarder quand il passe à la télé. Je cherche les raisons : il y a sans doute une saveur particulière à savoir que des millions de gens regardent un même film au même moment et puis d'un point de vue technique, les films ont un grain particulier quand ils passent à la télé.
Si on veut pousser le bouchon un peu plus loin, j'ai vu ma compagne enregistrer sur vhs un film qui passait à la télé alors qu'elle savait pertinemment qu'on l'avait en dvd. Mais comme il passait à la télé, elle s'est sentie obligée de l'enregistrer.* Je n'ai jamais eu de grandes émotions cinématographiques en salle de cinéma. j'ai beau réfléchir, je ne vois pas un seul film vu en salle qui m'ait marqué.
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haut mal - Michel Leiris
Hors de l'antre à demi clos d'une bouche
j'ai vu jaillir l'oracle trouble des crachats
Venin d'azur
tu transformes mes yeux en deux crapauds cloués
sur le roc de ma face
au sommet de la montagne de mes années
Plusieurs rues s'étiraient jusqu'à l'extrémité des mares
des lacs à fond de bourbe que l'on nomme horizons
les trompettes y criaient comme crient les amarres
et secouaient leurs échos pareils à des regrets inoubliés
Ce n'était que fracas multiplié de boucliers
hennissements de chevaux enveloppés de longues
housses métalliques
crissements d'amour des lances frémissantes
Les horloges sonnaient les balances frissonnaient les
enseignes dansaient
mais les femmes qui passaient ne voyaient pas cet
homme
dont les pieds livraient une guerre sans pitié au trottoir
et qui allait
sa tête fanée emprisonnée dans ses idées
comme celle des guerriers du passé derrière la grille
de leur heaume
ou bien les cloches en haut des tours de cathédrale
Les femmes passaient et ne le voyaient pas
cet homme
vêtu d'un grand manteau taché de craie
Elles ne s'arrêtaient pas
lorsqu'elles croisaient cette silhouette dérisoire
ce lumignon funeste et pâle
Il aurait aimé être étendu tout nu sur la chaussée
foulé par les pieds des passants
ceux des femmes surtout charmants talons d'or fin
Il aurait aimé que les immeubles s'écartassent
pour laisser place à son désir d'une rupture violente
Elles ne le voyaient pas ces femmes qui passaient
elles ne le voyaient pas
parce qu'elles avaient oublié SON NOM
son nom à lui qu'un jour l'une d'elles avait nommé
l'Amoureux-des-crachats
Passez femmes passez votre chemin si tendre
On ne peut pas toujours se rappeler n'est-ce pas
le nom de cleui dont le fantôme vous frôla
Ombre d'ennui Deuil de l'ombre
Vampire triste Inquiétante larve quotidienne
On ne peut pas toujours se rappeler n'est-ce pas
puisque pareille aux mousses des menhirs
la mémoire sombre dans la nuit des temps parfois
malgré le tournoi passager des souvenirs
le galop de la terre aux aboisl'amoureux des crachats (recueil haut mal)