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  • CR246 : villa triste - Patrick Modiano

    patrick-modiano-litterateur-solitaire,M110430.jpgGallimard vient de ressortir 10 romans de Patrick Modiano dans un seul volume souple qui sent bon la colle fraîche  et qui est agrémenté de documents divers concernant la vie de l’auteur. Sur la couverture, on voit l’écrivain, austère et bras croisé, assis sur un canapé informe au dessus duquel on distingue deux tableaux dont l’un, long et peu large représente un paysage quelconque, un peu comme ceux qui sont décrits dans ses romans. Il porte une chemise noire, un pantalon clair dont on devine qu’il est feu aux planchers.

    Le volume compte plus de 1000 pages et comporte donc 10 romans (sélectionnés par Modiano ) que voici : villa triste, livret de famille, rue des boutiques obscures, remise de peine, chien de printemps, Dora Bruder, accident nocturne, un pedigree, dans le café de la jeunesse perdue, l’horizon.

    J’ai eu le bonheur d’en lire six et sept depuis hier puisque je viens de finir le roman ouvrant le recueil à savoir villa triste. Ce roman sorti en 1975 raconte l’histoire d’un type qui se fait appeler Victor Chmara (le narrateur) et qui se souvient d’une période de sa vie post-adolescente où dans le but de fuir Paris qui l’inquiétait (à cause de la guerre d’Algérie) s’installa dans une ville touristique savoyarde située au bord d’un lac non loin de la frontière suisse. Il y fit la connaissance d’Yvonne Jacquet ( se disant actrice), rencontré dans le jardin d’un hôtel de luxe et avec qui il noua une relation pseudo-amoureuse on va dire et de tous les gens gravitant autour d’elle et notamment un certain René Meinthe (se disant docteur), personnage un peu fantasque et mystérieux, il faut bien l’admettre, et à propos duquel Victor (se disant conte) aurait aimé en savoir plus. Victor et Yvonne s’installent en ménage dans un hôtel de luxe (encore un) et passent leurs journées à faire quoi au juste, on ne le sait et puis un jour René Meinthe leur fait découvrir sa villa, la villa triste, composée de grandes pièces au mobilier sommaire et dont l’une d'elles comporte un guéridon sur lequel est posé un téléphone qui retentit souvent au milieu de la nuit mais en général y’a personne qui y répond. Pour une raison qui échappe à la raison, le couple étrange demeure dans la villa triste quelques jours. Ils s’y sentent bien et rampent pour passer d’une pièce à l’autre et notamment pour aller répondre à ce fichu téléphone. Allô, allô, ici Henri kustiker, allô, allô....nan mais allo quoi (pfff). Comme de fait, dans les romans de Modiano, les personnes au bout du fil sont fantomatiques.

    Ça se termine comme ça a commencé. Qui étaient tous ces gens ? Que sont-ils devenus ? Des années plus tard, Victor cherche toujours et revient sur les lieux. Il y retrouve l’un des protagonistes qui l'aide à monter ses bagages dans le train le ramenant à Paris :

    Le train s’ébranlait. Il s’est aperçu brusquement que nous avions oublié une de mes valises, de forme circulaire, près du banc. Il l’a empoignée, s’est mis à courir. Il essayait de rattraper le wagon. A la fin il s’est arrêté, haletant, et m’a fait un grand geste d’impuissance. Il gardait la valise à la main et se tenait très droit sous les lumières du quai. On aurait dit une sentinelle qui rapetissait, rapetissait. Un soldat de plomb.

    lecture : mai 2013
    Gallimard, collection : Quarto
    note : 4.5/5
    à suivre :

  • le printemps des fougères

    Pour l'instant, la fougère qui m'épate le plus est la dryoptéris filix-max, appelée aussi fougère mâle, une fougère que je possède depuis deux ans, je crois et qui n'avait jusque là qu'un tout petit contenant qui l'empêchait de s'émanciper. En avril, je l'ai donc rempoté et depuis, de nouvelles frondes sont sorties et je trouve qu'elle se porte beaucoup mieux, même en plein soleil je dois dire mais comme chacun sait, en Bretagne, le plein soleil, c'est souvent la pénombre. J'adore son aspect touffu, son vert lumineux et son port en général.

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    Je n'ai pas beaucoup de mérite, la fougère est une plante qui se cultive assez facilement. Il n'est qu'à jeter un regard sur les bords de route pour constater que nous sommes cernés par ces plantes (venues du fond des âges comme on le lit souvent) en particulier,  en Bretagne par celle qu'on appelle la fougère aigle et que je déteste autant que j'adore ses consoeurs :

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    Il en est une autre qu'on trouve beaucoup dans les fossés et les sous-bois et qui est bien plus élégante que la fougère aigle et que je crois être la fougère femelle (athyrium filix-femina). Elle ressemble beaucoup à la fougère mâle à tel point que je ne suis pas certain qu'elle n'en soit pas une. Il faut que j'étudie la question. Photo prise dans le fossé en face de chez moi :

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    D'ailleurs, afin de pouvoir l'étudier de plus près, je me suis permis, mille excuses ô mère nature d'en prélever pour les mettre en pot. En pot, je trouve que la fougère femelle (ou mâle) perd un peu de sa splendeur car ses tiges sont dénudées au lieu d'être tapies dans l'herbe.

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    Demain, il sera question de l'osmonde royale. 

  • la rue

    C'est pas parce que les anti-mariage gay furent des centaines de milliers à manifester qu'il faut abandonner le projet de loi. C'est normal qu'il y a des gens qui ne soient pas d'accord et qu'ils le fassent savoir. C'est la démocratie. Mais de là à abandonner un projet, non. Je pense la même chose quand ce sont les syndicats qui mobilisent. La rue n'est rien en fait. C'est très minoritaire. On fait trop de bruit avec ça. La majorité ne défile pas. Elle est silencieuse, souvent trop lisse à mon goût mais elle est. La rue n'est jamais l'avant-garde de quoi que ce soit. 

    A titre personnel, je n'ai jamais manifesté sauf au lycée mais c'était pour sécher les cours. On ne savait pas la raison du défilé et très vite, on s'était barré de ce machin pour aller faire un billard au pmu.

    J'appelle à manifester en masse contre le pouvoir de la rue !

    Et je félicite François Hollande de ne pas avoir cédé. Puisse-t-il en faire autant lorsqu'il va devoir prendre les premières décisions douloureuses (qu'on espère) de son quinquennat (sur les retraites par exemple).

    François, sache que la droite libérale et progressiste sera derrière toi quand il le faudra. Raz le bol de l'opposition systématique. 

    loïc lt

  • la France lisse

    Je me demande bien pourquoi les gens de la classe moyenne critiquent François Hollande alors que depuis un an, rien n'a changé dans leur vie : ils n'ont pas perdu leur boulot (pour 98% d'entre eux) et leur pouvoir d'achat augmente raisonnablement (de toute façon, pourquoi gagner encore plus ?), ils continuent tranquillement à rembourser l'emprunt de  leur maison, ils partent au ski en hiver, je-ne-sais-où pendant trois semaines en été. Leur berline est étincelante et la petite voiture de madame, ma foi, elle est nerveuse et pratique. La pelouse est toujours bien tondue, les enfants suivent plus ou moins bien  à l'école. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    Les soi-disantes mesures de rigueur que subiraient tous les français ne les touchent pas d'un iota. Je peux vous l'affirmer. Je côtoie cette catégorie de gens tous les jours. C'est une catégorie très hétéroclite, certes, il y en a qui ne sont pas aussi bien lotis que d'autres mais globalement, la médiane s'en sort plus que bien. On n'en parle pas assez de cette France, que moi, j'appelle 'la France lisse' et que d'aucuns appellent la France silencieuse...car elle ne fait pas de bruit, elle ne fait pas grève, elle ne revendique rien.   Je l'appelle la France lisse parce qu'elle n'a aucune aspérité. Leur vie suit une courbe rectiligne où tout se passe comme prévu, suivant un plan tacite qui se met en place dans la vingtaine d'années lorsque le couple se rencontre lors d'un anniversaire où du mariage d'un ami commun. On s'installe d'abord en location dans un appart. Ce n'est pas le Grand Amour, c'est juste l'amour comme il se doit, l'amour comme il faut. Puis vient le moment de devenir propriétaire. A peine installé dans la maison (une superbe contemporaine dans une cité pavillonnaire composée de centaines de superbes contemporaines), l'on conçoit un enfant et avant qu'il naisse, l'on se marie en grande pompe. Ensuite, on emménage, on ameuble (ikea), on s'occupe de ses extérieurs. On mange bio mais pas que, on invite des amis...on part en vacances. Ce qu'on ne fait pas ? on ne lit pas, on ne va pas au cinéma (sauf pour les gros gros succès), on ne trompe pas son conjoint, on ne se dispute jamais (parce qu'on ne parle que de choses superficielles). Surtout, on reste dans la norme, on ne se fait pas remarquer. De la sorte, tout se passe bien. 

    Et accessoirement, on critique le gouvernement. Je dis accessoirement parce que les gens de la classe moyenne discutent très peu des sujets de fond, des sujets qui ne concernent pas leur petit quotidien. C'est assez sidérant d'ailleurs que ce désintérêt totalement assumé pour la vie de la cité. On critique le gouvernement donc un peu, pour la forme, parce que ça fait bien, ça montre qu'on n'est pas dupe. On critique François Hollande. Alors que comme sous Sarkozy, la vie lisse continue...les allocs et les crédits d'impôts se créditent, des déductions diverses se déduisent, les services publics du bourg rendent toujours service. La vie banale et sans heurts de la classe moyenne s'écoule. 

    Je ne critique pas ! C'est une catégorie méritante et docile et qui se lève tôt. Je crois que j'en fais un peu partie d'ailleurs. Un peu, juste un peu.. juste un peu parce que j'ai l'impression qu'il s'est passé des choses dans ma vie qui font que je me suis un peu trop éloigné de la norme. Je ne suis pas sûr d'être éligible au label 'certifié classe moyenne' derrière lequel je ne cours pas vraiment. 

    Et si cette certification existait, il est certain qu'avoir un blog où l'on donne son avis et où l'on parle littérature serait éliminatoire -)

    llt, 14052013

  • CR245 : la vérité sur l'affaire Harry Quebert - Joël Dicker

    519xcxcektL._SL500_AA300_.jpgAu bout des 200 premières pages, je ne donnais pas cher de ce roman racontant de façon naïve et très ‘Harlequin’ une histoire d’amour entre un écrivain de 30 ans et une fille de 15 ans dans une petite ville de l’Amérique profonde. J’étais consterné qu’un récit aussi mauvais ait pu être primé par l’Académie Française et puisse être présent sur la première liste pour le Goncourt 2012. D’ailleurs, même si la suite du roman est plus intéressante, je ne comprends  toujours pas ! Enfin quoi ? Même François Busnel a aimé, même Télérama ! Au secours, je suis seul ! Que se passe-t-il ? Il y a quelque chose qui m’échappe.

    Bon, comme je le disais, les deux derniers tiers sont d’un autre tonneau car l’enquête sur la mort de la fille de 15 ans s’accélère et connaît de multiples rebondissements. C’est haletant comme se doit de l’être tout polar qui se respecte. Mais ça s’arrête là. Et ce n’est pas tant que le livre soit mauvais qui m’énerve mais plutôt cette unanimité autour de sa valeur.

    Je mets quand même la moyenne car c'est un bon policier. Je n’en dirai pas plus. Vite tourner la page.


    lecture : avril-mars 2013

    Editions de Fallois, 661

    note : 3/5
    à suivre : le tramway, Claude Simon (?)