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  • coup de coeur : *l'établi* de Robert Linhart

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    Fin 1968, l'intellectuel maoïste Robert Linhardt décide de se faire embaucher dans l'usine Citroen de Choisy afin de vivre au quotidien avec les ouvriers et de tenter d'y instiller ses idées révolutionnaires. Ce livre est un document incroyable sur la condition ouvrière, vu ici sous l'angle unique la la lutte des classes. C'est un parti pris évidemment mais n'empêche que c'est un livre très fort doublé d'une oeuvre littéraire. Pendant 2 jours, je me suis senti presque communiste. 

    Un petit extrait savoureux pour mettre en bouche  (avant un hypothétique compte rendu) ? Un jour , un des grands directeurs, entouré de proches collaborateurs viennent faire une petite visite :

    "Trois heures et demi. Qu'est-ce que c'est que ça, encore ? L'atelier est envahi. Blouses blanches, blouses bleues, combinaisons de régleurs, complets-veston-cravate... Ils marchent d'un pas décidé, sur un front de cinq mètres, parlent fort, écartent de leur passage tout ce qui gêne. Pas de doute, ils sont chez eux, c'est à eux tout ça, ils sont les maîtres. Visite surprise de landlords, de propriétaires, tout ce que vous voudrez (bien sûr, légalement, c'est des salariés, comme tout le monde. Mais regardez-les : le gratin des salariés, c'est déjà le patronat, et ça vous écrase du regard au passage comme si vous étiez un insecte). Élégants, les complets, avec fines rayures, plis partout où il faut, impeccables, repassés (qu'est-ce qu'on peut se sentir clodo, tout à coup, dans sa vareuse tachée, trouée, trempée de sueur et d'huile, à trimbaler des tôles crues), juste la cravate un peu desserrée parfois, pour la chaleur, et un échantillon complet de gueules de cadres, les visages bouffis des vieux importants, les visages studieux à lunettes des jeunes ingénieurs frais émoulus de la grande école, et ceux qui essayent de se faire la tête énergique du cadre qui en veut, celui qui fume des Marlboro, s'asperge d'un after-shave exotique et sait prendre une décision en deux secondes (doit faire du voilier celui-là), et les traits serviles de celui qui trottine tout juste derrière Monsieur le Directeur le plus important du lot, l'arriviste à attaché-case, bien décidé à ne jamais quitter son supérieur de plus de cinquante centimètres, et des cheveux bien peignés, des raies régulières, des coiffures à la mode, de la brillantine au kilo, des joues rasées de près dans des salles de bain confortables, des blouses repassées, sans une tache, des bedaines de bureaucrates, des blocs-notes, des serviettes, des dossiers... Combien sont-ils ? Sept ou huit, mais ils font du bruit pour quinze, parlent fort, virevoltent dans l'atelier. Le contremaître Gravier a bondi hors de sa cage vitrée pour accueillir ("Bonjour, Monsieur le Directeur... blablabla... Oui, Monsieur le Directeur... comme l'a dit Monsieur le chef de service adjoint de... prévenu... les chiffres... ici... la liste... depuis ce matin... blablabla... Monsieur le Directeur") et Antoine le chef d'équipe court aussi se coller à la troupe, et même Danglois, le régleur du syndicat jaune, sorti d'on ne sait où, ramène sa blouse grise et son tas de graisse pour accompagner ces messieurs. Et tout ce beau monde va, vient, regarde, note, vous bouscule au passage, envoie chercher ceci, envoie chercher cela.
    Au milieu, leur chef, Monsieur le directeur de je ne sais plus quoi (mais très haut dans la hiérarchie Citroën, proche collaborateur de Bercot, s'il vous plaît), Bineau. Gros, l'air autoritaire, sanglé dans un complet trois pièces sombre, rosette à la boutonnière. Il a une tête de type qui lit le Figaro à l'arrière de sa DS noire étincelante, pendant que le chauffeur à casquette fait du slalom dans les embouteillages. Il mène la danse, Bineau. L'air pas commode avec ça : on n'aurait pas intérêt à essayer de lui raconter des histoires. Regard perçant, ton cassant, soyez précis, soyez bref, je comprends vite, mon temps c'est beaucoup d'argent, beaucoup plus que vous n'en verrez passer dans l'année. Un vrai meneur d'hommes. Mieux : un manager. L'œil fixé sur la courbe irrégulière du cash-flow.


  • conversation avec Gambetti # été 2012

    Enfin, si j'ai bien compris, le gouvernement de gauche aide les riches à se payer une voiture électrique ou hybride grâce au malus que les pauvres payent en achetant des voitures polluantes ? C'est à peu près ça le truc non ? (puisqu'on le sait, une voiture électrique vaut dans les 30.000€, aide gouvernementale inclue et que donc pas à portée des pauvres).

    A France Inter, l'autre matin, on était plutôt plutôt enthousiaste et l'on se permettait même de dire que si Le Figaro jugeait que ce plan "tombait à plat", c'était avant tout parce que le Figaro était un journal d'opposition...Alors, je ne doute pas que cette aide va aider les journalistes de Radio France a remplacer leur voiture....pour le reste, tout cela me désespère. Hollande n'a rien fait en 3 mois, tout est repoussé aux calendres grecques...on créé des commissions à la pelle, on met en place des chantiers etc...et personne ne dit rien. La France dort ! Comme s'il n'y avait pas de problème de dette, de délocalisation...ah, pardon, j'oubliais notre omniprésent ministre de l'enfoncement productif..cela lui n'a pas peur, on voit bien qu'il se démène -)))

    On est cerné ! Tout le pouvoir est aux mains du parti socialiste (exécutif, législatif, villes, collectivités locales), les journalistes disent amen à tout (en dehors du Figaro, bien seul), et on n'entend plus ceux qui sous Sarkozy parlaient d'Etat UMP (Bayrou, Kahn) alors que la mainmise actuelle du PS mériterait quand même un minimum de résistance. 

    Sinon, j'ai un peu honte de moi. J'ai remarqué en effet que depuis que la gauche est au pouvoir, je suis content quand il y a des mauvaises nouvelles genre des plans sociaux, alors que justement je ne voulais pas avoir cette attitude qu'avait la gauche quand elle était dans l'opposition. Ça doit être humain, je ne sais pas.

    C'est en substance ce que je disais hier soir à Gambetti. 

     

  • CR233 : Martin Eden - Jack London

    martin eden, jack londonAu début du XXe, sur la côte est des Etats-Unis, Martin Eden, marin au long cour, costaud, bagarreur traine sa misère de ports en ports jusqu'au jour où sauvant un jeune bourgeois d'une bagarre, il fait son entrée dans une maison bien tenue où il rencontre Ruth, une jolie et frêle demoiselle dont il devient éperdument  et secrètement amoureux. A partir de là, il n'a qu'une ambition : la conquérir et pour ce, il décide de parfaire son bagage intellectuel. Partant de très bas, il passe ses journées en bibliothèque et rentré dans sa piaule, il dévore des bouquins de toutes sortes jusqu'au bout de la nuit. Très vite, il se sent la fibre littéraire...il découvre qu'il dispose d'une grande aisance pour l'écriture. Il se met à écrire des poèmes, des nouvelles, des essais en tout genre qu'il expédie à des magazines. Tout est refusé. Pendant ce temps, Ruth finit par lui déclarer son amour mais lui demande de se trouver une situation car jamais ses parents n'accepteront qu'elle se marie avec un fainéant, pauvre et bourlingueur. Mais Martin Eden, croyant en son génie refuse. Il est convaincu que ce qu'il écrie finira par rencontrer le succès. En attendant, il sombre dans la pauvreté, passe des jours sans manger et doit déposer vêtements et vélos au Mont-de-Pieté. Il est rejeté de tous, saus de Brissenden un ami lettré et alcoolique avec qui il passe ses soirées à refaire le monde. Martin Eden s'intéresse aussi à la politique. Anti-système, il n'en reste pas moins anti-socialiste. Martin est nietzchéen. 

    Et puis, petit à petit, le vent tourne. Continuant à expédier ses manuscrits à gauche et à droite, ils finissent par être acceptés et à lui rapporter beaucoup d'argent. Entre temps, Ruth ne pouvant plus accepter sa situation avait mis fin à leur relation. Martin Eden devient un écrivain célèbre que tout le monde s'arrache. Mais alors qu'au tout début de sa carrière littéraire, il n'avait que dans l'idée de devenir célèbre pour l'amour de Ruth, aujourd'hui, tout cela lui semble vain. Il est dégouté par tous ces bourgeois qui le rejetaient avant et qui l'invitent à diner désormais. Martin Eden se sent plus proche des petites gens qu'ils connaissaient jadis et qui ne l'ont jamais laissé tomber. Il les arrose de sa générosité, puis, ces bonnes oeuvres exécutées, il décide de fuire, embarque sur le paquebot la Mariposa, sans trop savoir pour qui et pour quoi. Dans sa cabine, désoeuvré, déprimé, il décide d'en finir. Par le hublot et se jette à l'eau. Il nage jusqu'au bout de ses forces et puis se laisse submerger par les flots :

    Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.

    Ce fut une lecture agréable mais que j'ai pourtant failli interrompre tant je trouvais dans les premières pages le propos un peu simpliste : un pauvre, illettré et bagarreur qui tente de séduire une jolie bourgeoise à principes. Mais plus que l'histoire d'amour (de toute façon du début à la fin, je n'ai pas supporté Ruth, incapable d'aller au bout de ses sentiments), c'est tout le côté écriture et rapport avec les maisons d'édition qui m'a tenue en haleine. Cela nous ramène à une autre époque de la littérature où les auteurs pour être connus devaient avant tout publier dans des magazines, au risque d'y vendre leur âme afin de plaire au plus grand nombre. On suit Martin Eden dans son combat contre les éditorialistes et l'on devine que c'est l'histoire de Jack London que l'on suit. 

    lecture juin/juillet 2012, kindle, note 3.5/5

  • [politique] l'effort, quel effort ?

    Notre gouvernement socialiste vient soit disant d'annoncer "un plan de rigueur qui ne dit pas son nom" dixit les journalistes qui veulent nous faire croire que le 1er ministre nous ment, qu'il nous cache qu'il va nous faire souffrir. Car les journalistes ne sont pas dupes, ils ont remarqué la supercherie ! le gouvernement nous ment ! c'est bien une cure d'austérité qui attend les français !...heureusement qu'ils sont là les journalistes..sans eux, les français ne se seraient aperçus de rien...OUHHHHHHHH

    Trève de plaisanterie..j'avoue que je suis lassé de tout ça..lassé qu'on nous fasse croire qu'on nous fait croire qu'on nous ment, marre de la communication et du faux semblant. Concrètement, il y a quoi d'ambitieux dans ce collectif budgétaire ? Les entreprises vont payer un peu, les riches un chouya...et puis basta..les classes populaires et moyennes seront épargnées...soit 95% de la population française ! Malgré tout on nous vend ce plan "de rigueur qui ne dit pas non nom" comme un plan juste et ambitieux qui va redresser les finances publiques de la nation...7.5 milliards d'euros soit....0.004% du montant global de la dette (7.5/1800). J'ai dû faire le calcul deux fois pour m'en convaincre. Mais c'est bien ça.

    C'est juste pitoyable..moins que de la poudre aux yeux...un voile, que dis-je, un mirage lointain, abstrait, indistinct, une abstraction...

    Soit disant, tout le mondre devait participer à l'effort de redressement...mais quasiment tout le monde est épargné...trop de chance ! Comment les grecs n'y ont pas pensé plus tôt : pour résoudre une dette abyssale, il suffit en fait de taxer un peu plus les entreprises et les riches..mais pas trop quand même, juste un peu. 

    Décevant d'autant que j'avais été agréablement surpris que Ayrault fasse de la lutte contre les déficits sa priorité...A titre personnel, je devrais m'en satisfaire car je fais parti de ces gens qui ne vont rien payer en plus et qui au contraire vont recevoir un peu plus. 

    C'est nul et navrant. Plus dure sera la chute. On en reparlera. 

  • que nul mort ne renaisse jamais...

    0:43 : fin de lecture "Martin Eden" - Jack London

    «De trop de foi dans la vie,
    De trop d’espoir et de trop de crainte
    Nous rendons grâce en une brève prière
    Aux Dieux qui nous en délivrent.
    Et grâce leur soit rendue
    Que nulle vie ne soit éternelle.
    Que nul mort ne renaisse jamais,
    Que même la plus lasse rivière
    Trouve un jour son repos dans la mer. »

    Swinburne

  • [jardin] le coin des imperata cylindrica 'red baron'

    C'est une graminée que je voulais absolument. 5 plants de imperata cylindrica 'red baron' ornent le coin d'un parterre où l'on trouve également deux fusains, un rosier, des fetuques bleues et un arbuste vert dont j'ignore le nom. C'est un parterre où la terre est très lourde mais il est bien exposé. Hélas, le soleil est aux abonnés absents depuis quelques mois en Bretagne. Juillet démarre très mal mais on est habitué : nous n'avons pas eu un été digne de ce nom depuis 2003 (la nature est juste : pas d'hiver rigoureux en Bretagne...du coup pas d'été du tout...c'est peut-être mieux comme ça, j'ai vu des photos horribles de bambous cramés par le gel dans l'est de la France et la Belgique).

    Ceci dit, mes imperata cylindrica 'red baron' ont une belle couleur. Elles me plaisent beaucoup. Dimanche dernier, j'en ai racheté une de plus lors d'un vide-grenier.

    imperata red baron